Chapitre 6 : Illusion
Le lendemain serait le jour où ils atteindraient enfin la capitale. Alors qu'ils dressaient leur dernier campement avant cette étape cruciale, une atmosphère lourde de doutes et d'espoir planait sur eux.
Leur regard fixé vers l'horizon sombre, ils murmuraient des questions qui restaient sans réponse. S'étaient-ils réellement transformés en monstres aux yeux des autres ? Et si oui, pourquoi ?
Malgré cette incompréhension, l'excitation de l'arrivée imminente à la capitale montait en eux. Ils se serraient les uns contre les autres pour se réchauffer et, pour une fois, leurs accolades se faisaient plus sincères et plus appuyées, comme pour puiser du courage chez l'autre.
Felix, les yeux embués de larmes qu'il peinait à retenir, essuya d'un geste brusque son visage et laissa échapper un rire nerveux.
— On y est presque, hein... J'ai encore du mal à y croire, balbutia-t-il, la voix un peu étranglée.
Rita lui adressa un sourire rassurant, tandis que Marcus lui tapota le dos, le bras passé autour de ses épaules. La peur, tapie au fond de leur cœur, ne disparaissait pas totalement, mais l'idée de découvrir enfin les réponses leur donnait la force d'avancer.
La capitale n'était plus qu'à quelques heures de marche, et ils se sentaient prêts à affronter tout ce qui les attendait.
Ils se mirent en route avant l'aube, leurs pas résonnant sur le sentier silencieux, le cœur battant à l'unisson, leurs esprits enfiévrés par l'espoir et l'angoisse mêlés. Ensemble, ils faisaient face à l'inconnu, convaincus que, quoi qu'ils découvriraient à la capitale, ils y feraient face unis.
Les Élus progressaient le long du sentier lorsqu'ils croisèrent un groupe de voyageurs tirant des charrettes. Les deux groupes s'arrêtèrent, échangeant des salutations hésitantes. Le regard des chasseurs se posa sur eux avec une curiosité discrète, et leur chef, une femme à la chevelure aussi sombre que la nuit, prit la parole d'une voix douce, teintée de respect.
— Ainsi, vous êtes des Élus, murmura-t-elle, comme si le mot portait un poids sacré. Certains parlent de vous, de votre retour. Certainement un signe du ciel, quelle chance.
Malgré la surprise qu'ils lisaient sur les visages des chasseurs, aucune menace ne transparaissait dans leur attitude. Cette absence d'hostilité déconcerta les Élus, surtout Felix, qui s'attendait à des regards empreints de crainte ou de méfiance. Mais au lieu de cela, la femme leur adressa un sourire calme, presque bienveillant.
— Tout le monde ne vous redoute pas vous savez ? ajouta-t-elle, comme pour les rassurer. Et certains se réjouissent même de votre retour.
Mais alors qu'ils échangeaient, un vent porteur d'une odeur écœurante se leva, frappant de plein fouet les narines de Felix. Il fronça le nez et regarda la charrette d'un air interrogateur.
— Et... qu'est-ce que vous transportez là-dedans ? demanda-t-il, une pointe d'appréhension dans la voix.
Un jeune homme d'une vingtaine d'années, au visage marqué par des journées de chasse, se pencha vers lui, posant une main sur le rebord de la charrette.
— Rien de bien différent de d'habitude. Juste quelques carcasses de monstres, chassés dans la forêt. On les revend pour les composants.
Rassurés, les deux groupes échangèrent quelques mots supplémentaires avant de reprendre leur route respective. Les Élus marchèrent en silence, les images des dépouilles de monstres défilant dans leur esprit. Felix, pourtant, restait troublé par l'odeur âcre qui les avait surpris.
Marcus, le regard perdu dans les ombres de la forêt, finit par croiser les yeux de Rita. Dans ce bref échange silencieux, ils semblaient partager le même malaise, la même intuition que quelque chose ne tournait pas rond dans ce monde.
Après une vingtaine de minutes de marche, les traces laissées par la charrette des chasseurs apparurent sur le sol meuble. Marcus, intrigué, proposa un détour pour observer les lieux de chasse.
Peut-être pourraient-ils en apprendre davantage sur les créatures qui rôdaient dans cette région. Les autres acquiescèrent sans hésiter, et ils s'enfoncèrent ensemble sous les frondaisons épaisses.
La forêt qui s'étendait autour d'eux semblait ordinaire, paisible, presque belle dans sa simplicité sauvage. Mais la paix n'était qu'apparente, et une tension sourde pesait dans l'air, comme si la nature retenait son souffle. Aucun monstre ne se montrait, leurs pas résonnant seuls dans le silence lourd.
Ils se dispersèrent un peu, chacun cherchant un signe, un indice. Puis Marcus, de sa voix grave, les appela, indiquant un arbre coupé net, son tronc brisé gisant parmi les feuilles mortes. Ils se regroupèrent autour de la découverte, pensant que le champ de bataille entre les chasseurs et les créatures de la forêt devait être tout proche.
L'odeur nauséabonde, plus forte qu'auparavant, leur arriva en vagues étouffantes, et chacun ressentit une étrange appréhension. Soudain, un coup de jaya déchira l'air, retentissant comme un cri de mort. Un loup surgit des ombres, ses crocs luisant dans la lumière crue. Rita réagit instinctivement, protégeant Felix d'un bond, son arme brillant d'une lueur argentée.
Felix, déséquilibré par la surprise et la peur, recula précipitamment, trébuchant contre l'arbre coupé. Marcus, la mâchoire crispée, posa son sac et saisit sa dague. Ses doigts tremblaient légèrement, mais la peur le rendait plus vif, plus déterminé.
Il activa le revêtement de jaya sur sa lame, et en quelques coups précis, il mit le loup à terre. Un dernier regard de pitié passa dans ses yeux avant qu'il n'achève la bête d'un geste rapide, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine.
Le silence retomba, pesant, presque oppressant. Mais ce silence fut soudain brisé par un hurlement terrifié, un cri qui semblait avoir été arraché des entrailles mêmes de Felix.
Les autres se tournèrent vers lui et virent l'horreur dans ses yeux, une terreur si pure qu'elle leur glaça le sang. Felix fixait quelque chose au sol, ses lèvres tremblantes, le visage pâle comme la cendre. Il tenta de détourner le regard, mais l'effroi le paralysait.
Rita et Marcus approchèrent lentement, le cœur battant à tout rompre, et découvrirent à leur tour la cause de sa frayeur. Là, entre les racines noueuses de l'arbre, gisait un corps. Ou plutôt, ce qui en restait : un tronc humain, mutilé et laissé à l'abandon, son visage figé dans une expression de souffrance éternelle.
Le monde sembla vaciller autour d'eux. Rita porta une main tremblante à sa bouche, ses yeux s'emplissant de larmes qu'elle n'avait pas versées depuis si longtemps. Son masque de leader se fissurait devant cette vision insupportable. Elle détourna le visage, incapable de soutenir la vue de cette cruauté.
Marcus, lui, se sentit faiblir, son souffle coupé comme si un poing invisible s'était refermé sur sa gorge. Un flot de pensées contradictoires l'assaillit, comme une tempête ravageant les dernières bribes de certitudes qu'il avait encore.
Un voile sombre obscurcit son regard, une douleur profonde se lisant dans ses traits. Le monde qu'il avait commencé à accepter, avec ses monstres et ses règles étranges, venait de lui montrer un autre visage, plus terrifiant encore.
Felix, à genoux, s'effondra en sanglots, ses épaules secouées par le désespoir. Des larmes coulaient le long de ses joues, brûlantes, comme si son corps cherchait à expulser la terreur qui l'envahissait. Un goût amer de bile monta dans sa gorge, mais il lutta pour ne pas vomir, pour ne pas s'effondrer davantage.
Les yeux écarquillés, leurs esprits essayant en vain de rationaliser cette scène d'horreur. Mais rien ne pouvait expliquer la barbarie de ce qu'ils voyaient. Rien ne pouvait apaiser la peur qui s'insinuait en eux, une peur primaire, viscérale.
Le vent souffla à travers les branches, emportant avec lui l'odeur infecte et le silence lourd de la clairière. Et, au milieu de cette scène tragique, Marcus s'avança d'un pas incertain, une étrange force le poussant vers l'avant.
Il plongea son regard dans celui de ses compagnons, son visage marqué par une détresse qu'il ne parvenait plus à contenir. Sa voix brisée résonna dans l'air, portant le poids de leur incompréhension commune.
Ses mots se perdirent dans le vent, mais la douleur qu'ils ressentaient, elle, resta ancrée dans leurs cœurs, indélébile. Et tandis que les larmes de Felix coulaient silencieusement sur le sol, quelque chose d'innocent en eux se brisa à jamais, emporté par la violence de la réalité qui les entourait.
Le groupe avançait en silence, l'atmosphère chargée d'une tension oppressante, lorsque Marcus s'arrêta soudain. Ses yeux, d'ordinaire empreints d'une lueur malicieuse, s'élargirent sous le coup de la stupeur.
— Eh... regardez, souffla-t-il, sa voix brisée par l'émotion. Il pointa du doigt une vision au loin, et sa main trembla, comme si elle portait le poids du monde.
Le ciel, jusqu'alors gris, se fit plus sombre encore, comme s'il réagissait à la gravité de la scène qui se déroulait sous ses yeux. Une ombre glacée enveloppa la forêt, et l'air se chargea d'une froideur mordante.
Rita, toujours si forte, si droite, sentit une vague d'émotion la submerger, brisant ses défenses comme un torrent incontrôlable. Sa main se porta à sa bouche, un réflexe presque enfantin, alors que ses yeux s'emplissaient de larmes. Elle se battit pour les retenir, mais son visage se décomposa sous l'impact de la douleur qui se diffusait dans chaque fibre de son être.
Marcus, debout près d'elle, avait perdu toute la vivacité qui le caractérisait. Il fixait les ruines, son regard vide trahissant le choc qui le traversait. Ses lèvres, blêmes, tremblaient, et un murmure, à peine audible, s'échappa de sa gorge nouée :
— L'histoire se répète...
Ces mots, teintés d'une douleur profonde, résonnèrent dans l'air comme un écho funèbre. Ils frappèrent les autres membres du groupe avec une force brutale, ramenant à la surface les souvenirs douloureux de pertes qu'ils avaient tout fait pour enfouir.
Devant eux s'étendait un spectacle de désolation : un manoir en ruine, le même qui avait jadis abrité leurs espoirs. Mais désormais, il n'était plus que cendres et gravats, le reflet de leur propre histoire, un rappel cruel d'un passé ensanglanté.
Les trois survivants avancèrent, les jambes lourdes, le cœur en miettes, incapable de détourner les yeux de cette tragédie. Pour eux, ce n'était pas seulement une bâtisse qui avait été détruite. C'était la mémoire d'un autre refuge, d'une autre vie volée par la violence, où l'odeur de la fumée se mêlait à celle du sang, ranimant des souvenirs qui lacéraient leur âme.
Marcus, ses poings serrés au point que ses ongles s'enfonçaient dans sa paume, s'approcha des ruines. Son visage, figé dans une expression de souffrance pure, trahissait le bouleversement intérieur qui le ravageait. Il scrutait les débris avec une frénésie désespérée, cherchant le moindre signe de vie parmi les gravats.
Puis, son regard se posa sur ce qui allait le hanter pour le reste de sa vie. L'horreur, absolue et crue. Là, à demi enfoui sous les décombres, gisait le corps d'un enfant, noyé dans une mare de sang épais. Les vêtements de la petite étaient en lambeaux, maculés de boue, comme si elle avait lutté jusqu'à son dernier souffle pour échapper à la mort.
Les plaies sur son dos, béantes et profondes, racontaient la brutalité inhumaine de l'attaque qu'elle avait subie. Et son visage... oh, ce visage... figé dans une expression de terreur déchirante, les yeux grands ouverts, hurlant encore dans un silence insoutenable.
Marcus resta pétrifié, les jambes flageolantes, les mains se crispant autour de ses bras comme pour contenir un tremblement irrépressible. Il ne pouvait détourner le regard de cette vision insupportable. Les mots se brisèrent dans sa gorge, et ses lèvres bleuies restèrent entrouvertes, incapables d'articuler la douleur qu'il ressentait.
Rita, qui avait rejoint Marcus, lâcha un gémissement sourd, ses genoux cédant sous elle. Elle s'effondra à terre, les mains tremblantes posées sur son visage, comme pour tenter de cacher la vision de l'horreur. Mais rien n'y faisait, les images s'imposaient à elle, pénétrant son esprit comme des éclats de verre. Elle suffoquait, sa respiration hachée par les sanglots, incapable de reprendre le contrôle de ses émotions.
Felix, qui s'était avancé à son tour, sentit son estomac se nouer à mesure qu'il découvrait la scène. Il mit une main sur sa bouche pour étouffer un cri, mais des larmes incontrôlables roulèrent sur ses joues. Une vague de nausée le submergea, et il vacilla, le visage tordu par la douleur de l'injustice qui leur était infligée, à eux, à cet enfant.
Le jeune comique se détourna, mais quelque chose attira son regard parmi les débris. Une autre vision, encore plus insoutenable. Il trébucha, puis se redressa lentement, la voix tremblante et brisée lorsqu'il appela les autres :
— J'ai trouvé... sa tête... la tête de la petite...
Le silence qui suivit fut si lourd, si dense, qu'il sembla absorber le monde entier. Marcus se retourna, son visage se tordant de douleur en découvrant ce que Felix avait trouvé. La tête de la fillette, détachée de son corps, gisait à ses pieds, comme un dernier vestige de son cri, pétrifié dans le marbre de l'horreur. Ses yeux, vides de toute vie, fixaient Felix, comme s'ils tentaient encore de communiquer une ultime détresse, figés pour l'éternité dans l'expression du désespoir.
Le sang séché formait des traînées sombres sur sa peau devenue pâle. Les gouttes de pluie, indifférentes, se mêlaient aux larmes silencieuses de Marcus, glissant sur sa peau pour se perdre dans la boue.
Il s'approcha davantage, les poings si serrés que ses ongles perçaient la peau de ses paumes, et le sang se mêlait à la pluie. Son cœur, broyé par la souffrance, semblait vouloir éclater dans sa poitrine. La pluie masquait à peine les sanglots brisés de Felix, et les gouttes, en frappant le sol, créaient un écho sinistre, comme si la terre elle-même pleurait la cruauté de ce monde.
Dans un murmure rauque, Marcus, les lèvres blanches, finit par articuler, les mots roulant hors de lui comme un poison :
— Elle... elle fuyait. Elle a essayé de courir, de s'échapper. Mais ils l'ont frappée... si fort que la lame a traversé son corps et l'arbre avec.
Il recula d'un pas, comme si cette simple image le repoussait, le forçant à reconnaître la brutalité démesurée de cet acte barbare. Le sang sur ses mains, le visage pâle de l'enfant, l'arbre brisé... tout cela se mélangeait dans un tourbillon de douleur qui le dévorait.
Les autres membres du groupe, accablés par la scène macabre, restaient immobiles, comme pétrifiés par la tragédie qui se déployait sous leurs yeux. La pluie battante, sourde à leur désespoir, continuait de tomber sur eux, inlassable, lavant leurs visages de leurs larmes, mais jamais de la douleur qui s'inscrivait au fer rouge dans leur âme.
Dans ce décor de désolation, entre les ruines du refuge détruit et le corps mutilé de l'enfant, les survivants comprirent que quelque chose en eux venait de mourir aussi, quelque chose qu'ils ne retrouveraient jamais. Leurs cœurs se refermèrent sur cette douleur indélébile, une blessure qui ne cicatriserait jamais vraiment, un deuil silencieux gravé dans leurs regards vides.
Marcus leva les yeux vers le ciel, ses lèvres tremblantes, la gorge serrée par des sanglots qui déchiraient le silence de la nuit. La pluie, glaciale, ruisselait sur son visage, se mêlant à ses larmes. Il articula d'une voix brisée, entrecoupée de spasmes :
— Alors... c'était ça qu'ils voulaient dire par 'des monstres'...
Son regard, perdu dans les nuages sombres au-dessus de lui, cherchait désespérément une réponse, une explication à l'horreur. Puis, comme si une digue cédait en lui, sa douleur se mua en rage. D'un coup, il perdit son sang-froid, ses mains se crispant jusqu'à en devenir blanches. Il se mit à crier, sa voix éclatant comme un coup de tonnerre :
— C'est ça qu'on est pour eux ? Des putains de monstres bons à être tués ? Du bétail ?!
Le hurlement de Marcus se répercuta contre les ruines du manoir, emportant avec lui les dernières illusions qu'il avait sur l'humanité de leurs ennemis. Ses poings s'écrasèrent contre le sol boueux, faisant jaillir la terre détrempée tandis que ses épaules se secouaient sous le poids des sanglots.
À côté de lui, la jeune Mexicaine, dont le visage habituellement dur s'effondra, repensait aux sourires des chasseurs croisés plus tôt. Sa mâchoire se serra si fort que ses dents crissèrent. Les images défilèrent devant ses yeux embués de larmes—les regards presque bienveillants, les mots légers qui masquaient une cruauté impensable. Elle s'étrangla de colère, crachant presque ses mots :
— Ces enfoirés... Ils nous ont souri. Ils nous ont parlé... avec gentillesse... alors qu'ils venaient de massacrer des enfants. DES ENFANTS, putain !
Sa voix se brisa sur la fin, la douleur dans son timbre faisant trembler l'air autour d'eux. Elle se mordit la lèvre, jusqu'à sentir le goût métallique du sang, ses poings si serrés que ses ongles s'enfonçaient dans sa chair.
Notre protagoniste, les yeux rougis par la douleur, s'assit sur une pierre brisée, les jambes fléchies, les épaules voutées. Chaque respiration semblait le déchirer de l'intérieur, et ses mains tremblaient incontrôlablement. Sa voix, tremblante mais empreinte d'une gravité terrifiante, fendit le silence :
— Alors... dites-moi... qui sont les vrais monstres, ici ? Les Élus... ou eux ?
Il regarda ses compagnons, cherchant un semblant de réponse dans leurs yeux perdus, mais ne trouva que la même incompréhension, la même souffrance.
Leur langage corporel parlait pour eux, bien plus que les mots qu'ils n'osaient prononcer. Leurs visages se décomposaient, pétris par l'horreur de ce qu'ils venaient de découvrir, la cruauté qui imprégnait chaque centimètre de ce lieu damné.
Marcus, les larmes aux yeux, se redressa lentement, comme un automate, ses mouvements saccadés par la colère sourde qui bouillonnait en lui. Un sourire amer, déchirant, étira ses lèvres, une grimace grotesque sur son visage habituellement serein. Il hocha la tête, d'un geste à la fois résigné et dégoûté, la voix rauque :
— J'ai été si con... si con de les traiter de fous. De presque rire de ceux qui voulaient se venger. Maintenant, je comprends...
Il baissa les yeux, sa poitrine se soulevant sous les coups de sa respiration haletante, son cœur battant si fort qu'il résonnait dans ses tempes. Ses yeux, autrefois doux, étaient devenus deux abîmes de haine et de douleur. Une lueur sombre et menaçante y dansait, une fureur inédite, comme une tempête prête à tout emporter sur son passage.
La pluie redoublait d'intensité, et dans ce déluge, Marcus sentit quelque chose en lui se briser définitivement. Comme un verrou cédant, une porte s'ouvrit sur une noirceur qu'il ne connaissait pas. Pour la première fois dans ce monde, une envie violente, brutale, le dévorait de l'intérieur.
Un désir terrible et insondable s'empara de lui, une soif de sang, de vengeance. Ses mains tremblaient, mais cette fois, ce n'était plus de peur.
Il désirait sincèrement tuer.
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