Chapitre 13 : La bibliothèque
Comme l'avait fait remarqué Marcus, la bibliothèque était lié à un « sort » de distorsion de l'espace. Ce qui la rendait incroyablement grande. Mais l'architecture du lieu était d'autant plus impressionnante.
Le premier étage était plutôt conventionnel. Cependant, plus on regardait au loin, et plus cela sortait de toute logique. Il y avait des marches d'escaliers qui bougeaient d'un sens à un autre, des étagères collées aux murs ou encore des mezzanines avec des espaces beaucoup trop grands pour un saut humain.
Marcus observait les marches et les plateformes mouvantes avec des yeux écarquillés, incapable de dissimuler sa stupéfaction. Cette bibliothèque, immense et déroutante, dépassait tout ce qu'il avait pu imaginer.
Les escaliers changeaient de direction, les mezzanines étaient parsemées de trous béants qu'il semblait impossible de franchir sans risquer une chute vertigineuse. Il suivait ses deux amis, mais son rythme ralentit lorsqu'ils atteignirent un large trou entre deux plateformes.
Le jeune comique, toujours enjoué, se retourna vers lui avec un sourire moqueur.
— Allez, Marcus, c'est juste un petit saut, tu vas voir, c'est rien, plaisanta-t-il en lui tapotant l'épaule.
— Tu te fous de moi ?! Je vais jamais réussir à sauter ça, répliqua Marcus, une pointe de panique dans la voix.
L'Élu, déjà prêt à bondir, lança un regard complice à Natalia avant de répliquer :
— C'est pas si large que ça, t'inquiète. Et puis, si tu rates, au pire... bah, c'est pas comme si t'allais mourir ! plaisanta-t-il, l'air de rien.
— Hm, il y a plus de chance que cela se réalise que l'inverse, contredis Natalia d'un ton faussement sérieux.
— Mais... tu ne m'aides pas là, murmura Felix en chuchotant à son amie tout en jetant un regard désespéré à Marcus, qui devenait de plus en plus blême.
— Oh. Ne t'en fais pas Marcus, c'est sans danger ! lui cria-t-elle depuis l'autre côté, le pouce levé.
Le souffle court, Marcus observa l'écart. Il n'était vraiment pas sûr de vouloir sauter. Le trou semblait immense, et les escaliers mouvants sous ses pieds n'arrangeaient rien. Mais, prenant une profonde inspiration et sentant l'encouragement muet dans les regards de ses amis, il se lança finalement, le cœur battant la chamade.
Il atterrit maladroitement sur l'autre plateforme... en plein sur ses amis, qui s'écroulèrent sous son poids dans un éclat de rire. Grognant en essayant de se relever, Felix fit une grimace.
— T'aurais pu atterrir un peu plus doucement, quand même !
Mais Marcus n'écoutait pas. Une sensation étrange venait de le traverser. Le saut qu'il venait d'effectuer était bien au-delà de ce qu'il aurait normalement été capable de faire. Il jeta un coup d'œil à ses jambes, perplexe. Ses muscles ne ressentaient pas la fatigue habituelle après un tel effort, et il comprit soudainement que quelque chose avait changé.
— Attends... ce saut... c'était pas humain, murmura-t-il, les yeux écarquillés. Avec juste une pincée de Blund, je... je suis beaucoup plus fort. C'est pas normal.
Natalia hocha la tête calmement.
— Mais non ... Marcus sait utiliser ses oreilles, se moqua-t-elle avec une pointe d'amusement.
Felix se redressa et épousseta son pantalon, un sourire en coin.
— Ouais, mon gars. Tu es officiellement une petite créature mutante maintenant. Bienvenue chez les X-Men ! lança-t-il avec une tape sur l'épaule de Marcus.
Encore sous le choc de la révélation, Marcus scruta la vaste bibliothèque, son esprit tourbillonnant. Tout semblait soudainement s'emboîter : leurs capacités physiques surhumaines, la facilité avec laquelle ils se déplaçaient, couraient, sautaient, dans des situations autrefois inconcevables pour des êtres humains ordinaires.
En vérité, il en avait toujours eu conscience, mais l'accepter pleinement restait difficile. Ces nouvelles capacités ne représentaient pas uniquement un gain de pouvoir. Pour beaucoup, cela signifierait perdre leur humanité, devenir quelque chose de plus... quelque chose qui transcendait leur nature.
En vérité, était-ce encore leur nature ? Marcus se demanda ce que cela impliquait vraiment. Devenir un être au-delà de l'humanité, était-ce le début d'un rêve ou d'un cauchemar ?
Puis, une autre pensée traversa son esprit : ses parents. Comment réagiraient-ils s'ils le voyaient ainsi, changé, transformé ? Marcus se surprit à imaginer leurs visages. Est-ce qu'ils l'accepteraient, ce qu'il était en train de devenir ? Mettraient-ils de côté leurs carrières un instant pour le soutenir, ou continueraient-ils en l'encourager à rester discret, à faire profil bas, à ne surtout pas attirer l'attention ?
Il ne le savait pas. Il n'en savait vraiment rien. Et cette incertitude le hantait, un poids invisible pesant sur ses épaules, même au milieu de cette étrange bibliothèque, où tout semblait possible.
— Alors, c'est ça... on a déjà muté, souffla Marcus en réalisant pleinement l'ampleur des changements qui s'opéraient en lui.
Natalia, toujours aussi blagueur, se pencha vers lui afin de lui apporter de bonnes nouvelles.
— Hé, Marcus, rassure-toi. Les filles a-dorent les mecs originaux. Et quoi de plus original ... qu'un « super » ?
Un éclat de rire s'éleva parmi eux, mais derrière l'humour, l'excitation de leur transformation grondait. Ils n'étaient plus tout à fait humains... et la véritable aventure ne faisait que commencer.
Une fois ces défis relevés, ils découvrirent Caleb, Rita, et d'autres Élus qu'ils avaient croisés auparavant. Bien que les sentiments envers Caleb et Rita ne soient pas des plus chaleureux, nos héros savaient reconnaître la valeur des individus, malgré leurs propres secrets et erreurs.
La lumière blanche que certains Élus avaient pu apercevoir précédemment était en fait la manifestation des prémices de leur aura « personnelle ». Ces prémices se formaient dans deux cas précis : soit lorsque l'utilisateur évacuait une grande quantité de toxines en un court laps de temps, laissant entrevoir cette aura embryonnaire.
Dans le deuxième cas, l'individu a simplement évacué toutes les toxines et est encore un débutant. L'aura personnelle, aussi appelée « Jaya » est donc un stade supérieur, facilement atteignable. Cependant, dans un premier temps, l'individu aura dû alterner entre son aura blanche et son jaya.
Après un certain temps, l'aura blanche aura totalement disparu, laissant place à l'aura personnelle. Celle-ci représente donc le premier pas de l'utilisateur vers la maîtrise du Blund. Ainsi, lorsque ces impuretés disparaissent, cela signifie que le corps de l'utilisateur est maintenant apte à manier le Blund.
Rita, perchée tête en bas, observa la scène avec amusement. Elle esquissa un sourire en voyant arriver l'énergie débordante que représentait le trio. Après avoir franchi les obstacles avec agilité, ils semblaient presque insensibles aux lois de la gravité. Autour d'eux, le décor de la bibliothèque avait changé : les escaliers n'étaient plus qu'un souvenir.
À la place, de petits chemins serpentant le long des murs servaient désormais de passage. Les routes inversées reliant les deux côtés de la salle créaient un labyrinthe où le haut et le bas ne faisaient plus vraiment sens.
Quand Marcus, Felix et Natalia entrèrent dans la pièce, l'attention de Rita se fixa sur eux.
— Oh, ma brésilienne préférée, regarde ça ! s'exclama-t-elle joyeusement, en voyant Natalia.
— Woah, t'as réussi à coller tes pieds au mur ? répliqua Natalia, impressionnée. T'es incroyable !
— Eheheh merci, répondit Rita en riant. J'ai l'impression d'être une enfant qui redécouvre mon co...
— Oh mon dieu ! Un animal sauvage ! s'écria Marcus en apercevant Rita la tête à l'envers.
Le visage de Rita se figea un instant, puis elle plissa les yeux, faussement outrée.
— Mais tu veux que je t'en colle une ou quoi ? rétorqua-t-elle, un brin moqueuse.
— Vraiment désolé. J'ai juste pas l'habitude de voir des trucs aussi gros la tête à l'envers, balbutia Marcus, tout penaud.
— Mec, mec, tu t'enfonces, murmura Felix en lui donnant un coup de coude.
Rita, avec une élégance provocante, fit un salto et retomba gracieusement sur ses pieds. Elle s'approcha de Marcus, un sourire taquin aux lèvres, et le fixa droit dans les yeux.
— Pauvre chou, tu avais si peur de sauter que, maintenant que c'est fait, tu viens chercher l'attention de ta maman, c'est ça ? Oh, que c'est mi—
— Hein ? Mais non ! Je-j'ai jamais—
— Chuuuuut, le coupa Rita, tout en posant un doigt sur les lèvres de Marcus. J'ai compris. Allez, les enfants, je vais vous montrer quelque chose d'intéressant.
Avec un petit clin d'œil complice, elle se retourna et commença à marcher. Felix, amusé par la scène, passa près de Marcus et lui lança d'un ton moqueur :
— Allez Marcus, ta maman est en train de partir sans toi.
Marcus soupira et, avec un sourire gêné, se mit à suivre Rita et le reste du groupe à travers les méandres de la bibliothèque étrange.
Rita en savait définitivement plus que nos héros, mais elle ne semblait pas particulièrement pressée de partager ses connaissances. Tandis qu'ils exploraient la bibliothèque sous sa direction, il devint évident que Rita prenait un malin plaisir à les guider d'une manière aussi ludique que déconcertante. Chacun de ses pas semblait les mener dans un univers où la logique était bousculée et où les réponses n'étaient jamais aussi simples qu'il n'y paraissait.
Felix, toujours attentif aux détails, fronça les sourcils en remarquant une chose étrange. Chaque livre qu'ils croisaient semblait avoir des titres répétitifs, presque comiques, comme « Le Blund pour les Nuls » ou encore « Les Fondements du Blund ».
— Regarde, tous ces bouquins ont des titres dignes de manuels de cours, s'étonna-t-il en s'adressant à Rita.
— Tu as raison, Felix, répondit-elle en haussant les épaules avec nonchalance. Les deux premiers étages sont essentiellement destinés aux novices, ceux qui veulent apprendre les bases du Blund. Mais la vraie magie de cette bibliothèque... ce n'est pas ici qu'elle réside.
Intrigués, ils la suivirent en montant vers l'étage supérieur, où les choses semblaient inversées. Des étagères se dressaient de façon chaotique, défiant les lois de la gravité, et des livres semblaient léviter dans l'air.
— Ici, expliqua Rita, les livres deviennent plus variés. À chaque étage, les défis et les connaissances deviennent de plus en plus complexes. Mais je suppose que pour certains... cela peut être un peu intimidant, n'est-ce pas ? ajouta-t-elle avec un sourire en coin, fixant Marcus.
Marcus sentit une vague d'agacement. Son regard moqueur ne lui plaisait pas, et pourtant, il ne pouvait s'empêcher d'admirer l'assurance de Rita.
— En tout cas, continua Rita d'une voix légèrement plus sérieuse, je suis certainement celle qui a passé le plus de temps dans cette bibliothèque. J'ai découvert des choses fascinantes. Comme ce livre, par exemple, qui parle de capacités transmises à la naissance.
— Des capacités héréditaires ? demanda Felix en plissant les yeux. Tu veux dire que certaines personnes naissent avec des pouvoirs spécifiques ?
— Oui, des pouvoirs qui évoluent en fonction de la procréation. Dans ce monde, beaucoup naissent avec des dons différents. Enfin... ce serait plutôt cool de pouv—
— Attends, attends, coupa Natalia, les sourcils froncés. Le Blund, alors... ce n'est rien d'autre qu'une simple source d'énergie ? Comme de l'électricité, en quelque sorte ?
Rita, soudainement excitée par cette réflexion, saisit Natalia par les épaules avec une lueur d'admiration dans les yeux.
— Natalia, tu es une génie ! C'est exactement ça ! Quand tu branches ton sèche-cheveux ou ta télé à une prise, c'est la même source d'énergie, mais pas la même finalité ! Le Blund, c'est l'énergie. Ce que tu en fais, c'est ta capacité.
Natalia resta sans voix, réalisant l'ampleur de cette découverte.
— Alors, ça veut dire... qu'on a tous des capacités différentes ? demanda Felix en passant nerveusement la main dans ses cheveux, tentant de comprendre.
— Je ne vois pas pourquoi ce serait faux, répondit l'Élu bénit par le Soleil en haussant les sourcils. Regarde Tashi. Elle manipule la terre, ce que Windel n'a jamais fait. Et comme tu l'as dit Felix, nos corps... on est des mutants. Nos esprits sont terriens, mais plus nos corps.
Rita éclata de rire.
— Je ne te pensais pas aussi clair d'esprit, Marcus, taquina-t-elle. Mais tu as raison. Nous sommes sans doute plus proches génétiquement de Madame Windel que de ce vieux prof que vous détestiez tant au lycée.
— Tu as dit qu'il n'y avait pas de livre pour apprendre à marcher sur les murs, mais tu viens de dire que les étages proposent des enseignements de plus en plus complexes. Il devrait bien y avoir un livre à ce sujet, non ?
— Bien sûr, mais ça ne serait pas amusant. Agir d'instinct et créer sa propre expérience, ça, ça l'est.
Caleb, qui écoutait la conversation, commença à grimacer en tentant de marcher sur les marches du chemin collé. Il semblait avoir du mal à s'adapter. Ethan, quant à lui, s'adaptait incroyablement bien. Même tout aussi bien que Rita. Lorsque Marcus tenta de marcher sur le mur, il réalisa rapidement qu'il n'y arrivait pas aussi facilement qu'il l'aurait espéré.
— Certains ont plus d'aisance que d'autre et progresse donc plus vite dans la bibliothèque. Mais ne vous inquiétez pas, vous finirez par vous habituer avec le temps.
La compétition amicale entre les héros continuait de battre son plein, chacun cherchant à dépasser ses propres limites dans ce dédale de savoir et de mystères qu'était la bibliothèque. Marcus, bien décidé à suivre ses amis, luttait pour maîtriser ses nouvelles capacités.
Chaque fois qu'il posait le pied sur un des murs magiquement inclinés, il perdait son équilibre. La gravité semblait vouloir jouer contre lui, et malgré les encouragements de Felix, qui lui répétait de « se concentrer sur son aura », ses efforts restaient infructueux.
Tandis que Marcus galérait à se stabiliser, Felix, Natalia, et Rita progressaient avec plus d'aisance, chacun maîtrisant un peu mieux le contrôle de leur énergie. Mais du côté d'Elias et Giulia, l'ambiance était bien différente.
Plutôt que de se joindre à la course effrénée, ils optèrent pour une approche plus studieuse. Installés confortablement entre deux étagères, ils feuilletaient des manuels sur les fondamentaux du Blund, s'imprégnant des bases pour mieux comprendre et affiner leurs pouvoirs.
La journée s'étira, remplie d'entraînements, d'essais et d'erreurs. Lorsque le soir arriva, les efforts fournis laissèrent des traces. Éreinté et découragé, Marcus retourna tout simplement dans sa chambre. Après une douche rapide, il se laissa tomber sur son lit, les muscles endoloris et l'esprit vide. Il s'endormit presque instantanément, sans même prendre la peine de manger.
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