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Partie 3

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Partie 3 : Les rois devraient être immortels
(Eugène Ionesco)

Prisoner — Miley Cyrus & Dua Lipa

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— T'as pas trop peur que les voisins se plaignent du bruit ?

— La vieille du dessous a rendu l'âme y a deux mois et impossible de trouver acheteur depuis. 'Paraît qu'il est hanté, son taudis maintenant. Les autres voisins j'en ai rien à péter, et pour le temps qu'il me reste avant de partir, qu'ils se plaignent ! Ils ont l'habitude de toutes manières.

Jisung a lâché un rire sale et rauque, raclant sa gorge, crachant de la fumée. Il a jeté son mégot dans l'herbe humide du parvis de l'immeuble avant de l'écraser. Nous n'en avions rien à faire si ça polluait. J'ai aidé Minho à sortir du coffre les quelques bouteilles et snacks que nous avions acheté en chemin. Une chance que les épiceries de nuit existent, aussi miteuses soient-elles.

— D'ailleurs, t'as trouvé un nouvel appart ? s'est intéressé Hyunjin, curieux, alors que nous envahissions l'ascenseur.

Felix n'a pas répondu de suite, il m'a lancé un regard alarmé, me suppliant du regard de l'aider. La tapisserie jaunie et gorgée d'humidité m'apparut soudain bien intéressante. Il avait beau l'avoir déjà annoncé aux filles, rien ne l'avait préparé à le répéter encore une fois. Il avait peur Felix, il était terrifié à l'idée de dire à ses meilleurs amis qu'il s'en allait. Il avait peur de l'abandon et peur qu'on lui en veuille. Je ne pouvais pas l'aider. Felix ne dira rien à nos amis ce soir-là, il attendra le lendemain matin, quand nous serons six entassés sous ses draps et qu'il n'ait pas d'autre choix que de larguer la bombe à l'odeur de napalm. En entendant, ils étaient juste persuadés qu'il changeait de domicile. Vu la taille du studio, il n'était pas difficile de comprendre pourquoi. C'est tout juste si on pouvait y circuler.

Son lit deux-places avait beau faire la largeur de l'appartement, il n'a jamais pu se résoudre à s'en séparer pour un plus étroit. Nous ne nous en sommes jamais plaints, bien au contraire. Pourtant, il fallait escalader son lit pour atteindre le petit balcon. Sur le mur face au lit, il avait accroché un écran de télévision. Ses affaires étaient déjà empaquetées, sa commode vidée et l'espace restant était occupé par une dizaine de cartons. Pourtant, Felix n'avait pu se résoudre à débrancher sa Nintendo Switch. Il avait un curieux sens des priorités. Un toilette et la salle de bain à gauche de l'entrée, on arrivait sur une cuisine ouverte, séparée de l'unique pièce de l'appartement par un bar bancal qui manquait de se renverser si on s'appuyait dessus.

— Enfin ! s'est exclamé Jisung en tombant tête la première sur le matelas.

Il n'avait pas attendu d'être dans l'appartement pour retirer sa cravate. Hyunjin a balancé ses chaussures dans le petit couloir de l'entrée et Felix est directement allé ouvrir la baie vitrée. Jisung s'est occupé d'allumer la télévision et la switch. Nos actions transpiraient l'habitude. Pour ma part, j'avais passé tant de temps chez Felix que je considérais son studio comme ma maison. Il était plus accueillant que l'habitation qui portait ce nom.

— On s'fait un Mario Kart ?

— T'as fini Rajì ?

— Avant-hier, je l'ai claqué en six heures. Vous avez foutu où les deux autres manettes ?

— Aucune idée.

Minho et moi nous sommes affairés à ranger nos achats dans le frigo. Changbin nous a distribué de grands verres remplis d'un mélange de soju et de bière et il s'est à son tour affalé sur le lit, rejoignant le débat bruyant du choix du jeu.

— Mario Kaaart !

— Sérieux les gars, levez vos gros culs. Je veux retrouver mes manettes.

Minho s'est adossé au plan de travail à ma droite. J'ai senti son regard sur moi. Il était écrasant, j'étais accroupi, la tête à moitié dans le frigo. Ça m'a rappelé les scénarios clichés des films porno. Je n'en menais pas large.

— Minho, tu peux me passer le gin s'il te plaît ?

Il a refusé de me tendre la bouteille, se justifiant que le gin tapait plus fort sur le crâne s'il était chaud.

— Alors comme ça, t'as laissé tomber les honorifiques ?

— Je ne les ai jamais utilisés, lui ai-je répondu en me levant.

J'ai encadré ses hanches de mes bras en m'appuyant sur le bord de l'évier.

— Pourquoi ? Tu voulais que je t'appelle « grand-frère » en te suçant la bite ?

Un sourire hautain m'a échappé, il tirait une tête de merlan frit, les yeux ronds comme des soucoupes. J'ai ricané, m'en suis amusé un instant, puis j'ai récupéré mon verre et ai rejoint les autres sur le lit de Felix. Nous allions jouer à Mario Kart. Néanmoins, chacun d'entre nous connaissait les enjeux de nos parties, et tout le monde savait comment cette soirée allait se terminer. J'ai retiré mon écharpe et ma veste de costume et les ait balancées sur un des cartons. J'ai défait le seul bouton de ma chemise afin de me mettre à l'aise et me suis avachi sur les jambes de Hyunjin. Il braillait comme un enfant.

J'ai un souvenir un peu flou de ce qui nous a amené à la chute. A l'état instable et euphorique où nous ne contrôlions plus rien. Nous étions déjà saouls. Minho est venu s'assoir sur le sol, entre la baie vitrée et le lit. Il a posé ses bras sur les cuisses de Changbin et il s'est emparé d'une manette. Jisung a apporté le cendrier de verre sur le lit et je me suis placé entre les jambes de Hyunjin. Il a entouré ma taille de ses bras, serrant mon corps contre lui. J'ai pris une manette et nous avons commencé à jouer.

— On fait quoi comme pénalité pour le gagnant ?

— C'est pas le perdant qui a une pénalité normalement ? s'est étonné Changbin.

Hyunjin m'a serré un peu plus fort contre lui et j'ai senti son souffle amusé contre mon oreille, m'arrachant un frisson.

— Ça, c'est parce que tu n'as jamais joué avec nous, a souri Felix. C'est un peu les deux tu verras mais on veut tous gagner, crois-moi.

J'ai douté que son sourire mutin soit vraiment inconscient alors qu'il léchait langoureusement sa lèvre inférieure. Changbin n'a rien ajouté mais j'ai pu attester de la contraction nerveuse des muscles de son dos.

— On n'a qu'à faire comme d'hab, a soupiré Jisung. Allez 'Lix, lance la partie.

Felix, Jisung, Minho et moi avons concouru le premier quatuor de courses. Ce n'est qu'à la deuxième course que Hyunjin a commencé à bouger. Il a doucement plongé sa tête dans mon cou et ses cheveux retombant sur ma nuque m'ont tiré des frissons.

— Toujours aussi chatouilleux, a-il murmuré à mon oreille.

Du bout des lèvres, il a tracé une ligne de baisers sur ma jugulaire, remontant jusqu'à mon oreille avec délice. Ses mains ont glissé sur la peau offerte de mon ventre, écartant les pans de ma chemise et il s'est amusé de mes muscles qui se contractaient par réflexe à chaque caresse. Ma respiration s'est coupée, comme si une boule m'obstruait la gorge et j'ai senti mes joues rougir. J'ai poussé un soupir en m'affalant un peu mieux sur Hyunjin, mon kart manquant de peu un arbre après avoir enchainé une série de hors-piste.

— Arrête, tu vas me faire perdre, ai-je grogné, reculant ma tête pour cogner le menton du noiraud.

— C'est le but.

— Traître !

Les attentions de Hyunjin avaient beau être délicieuses, je me suis forcé à rester concentré sur la course, refusant la défaite sans m'être battu. Je ne pouvais et ne devais pas perdre. Je devais être le meilleur, j'étais le roi, je ne pouvais pas être un imposteur.

— Et merci, a ricané Minho alors qu'il prenait fièrement la tête de la course.

— Enculé ! Qui a lancé une carapace bleue ? a crié Felix, se retrouvant deuxième.

— Je ne suis pas désolé, s'est moqué Jisung.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le brunet était plusieurs places derrière moi. Je me suis demandé s'il perdait volontairement. Semblant lire dans mes pensées, Hyunjin a soufflé :

— Il fait exprès...

Il ne s'adressait à personne en particulier mais sa remarque m'a fait pouffer.

— Concentre-toi sinon tu vas ruiner ses efforts pour être dernier, m'a taquiné le noiraud avant de me mordre légèrement le cou.

Je me suis tendu et j'ai senti ses lèvres esquisser un sourire contre moi. Nous semblions être sur la même longueur d'onde. Je lui ai offert mon cou et la dernière course de notre petit tournoi s'est lancé. Changbin a connecté son téléphone à l'enceinte et les basses lentes mais puissantes de la musique ont explosé dans l'appartement. Nous eûmes l'impression d'entrer en transe après ça. Je sentais le coeur de Hyunjin battre contre moi et j'aurai pu parier que nos six palpitants frappaient la même mesure. Ça m'a rendu fébrile.

Minho était déchainé. Il était si hargneux sur la manette que Changbin dut poser une main sur son dos pour le calmer. Je pense que Felix ne respirait plus, désespéré à l'idée de perdre un jeu qu'il affectionnait tant. Nous n'avions que peu de fois réussi à battre Felix à la switch. Il adorait jouer et il détestait perdre.

Le deuxième tour venait d'être entamé. J'étais troisième, observant les deux autres personnages au coude à coude pour prendre la tête de la course. Felix a repris la première place et Jisung a étouffé un grognement. Hyunjin s'est marré, j'ai obtenu un cube « ? » et le brun a tourné la tête vers moi, semblant me supplier du regard, désespéré.

— J'aurai quoi en échange ?

— Putain, tu soules Seungmo ! a-t-il râlé.

J'ai aperçu du coin de l'oeil l'expression curieuse de Changbin. Il nous regardait sans trop comprendre nos messes basses, les deux autres n'y avaient même pas fait attention.

— Je te laisserais une fois, s'est mis à négocier Jisung, pressé.

— Deux fois.

Hyunjin s'est marré dans mon dos. Je ne voyais pas son regard mais j'étais persuadé qu'il se divertissait à se moquer de Jisung.

— Tu déconnes ? Une fois, c'est tout.

— Tant pis alors...

« Il va craquer » a commenté Hyunjin dans mon oreille. J'étais presque admiratif de la détermination de Jisung à vouloir perdre et faire gagner Minho. Ç'aurait presque été touchant si les raisons de son envie n'avaient pas été teintées de vice.

— Une fois et...

Il s'est penché à mon oreille pour me murmurer sa condition à l'oreille. Hyunjin n'en a pas perdu une miette, il m'a serré plus fort, étouffant un hoquet plaintif contre mon épaule. J'ai senti contre mes reins combien la proposition l'avait atteint. Mon coeur a manqué plusieurs battements. Moi non plus, je n'étais pas calme.

— Vendu.

Renonçant à finir dignement la partie, Jisung s'est allongé sur le lit avec un soupir soulagé. Il était essoufflé, l'air d'avoir couru un marathon.

— Minho, ralenti, ai-je lancé.

Il m'a lancé un regard incompréhensif et Changbin l'a incité à diminuer sa vitesse. Il ne m'a fallu que quelques secondes pour être à son niveau. Une fois son personnage dépassé, j'ai lancé deux de mes trois carapaces rouges sur Felix.

— Vas-y.

Ni une ni deux, Minho a repris de la vitesse, doublant Peach qui se remettait difficilement de mon attaque. Felix a braillé comme un beau diable, hurlant à la triche. Je riais tellement que j'avais du mal à contrôler mes virages. La ligne de fin en vue, Felix a manqué de reprendre la tête. Sans remord, j'ai lancé sur sa voiture ma dernière carapace.

— Désolé Lix, Jisung a eu de trop bons arguments.

— C'est dégueulasse ! J'allais gagner !

— Dis-toi que tu gagneras surement la prochaine, l'a rassuré Changbin, l'air ingénu. Je suis super nul à ce jeu !

Mon meilleur ami a battu des paupières, ses joues ont pris feu. Changbin venait de se vendre et il le savait très bien. Les mains de Hyunjin sont remontées le long de mes côtes, détournant mon attention. Il a caressé mes tétons un instant avant de redescendre. Ses paumes étaient brûlantes.

— Tu t'amuses ? lui ai-grogné.

— Beaucoup.

Son ton était moqueur et je me suis promis une vengeance. Avant cela, je lui ai fourré ma manette dans les mains. Changbin a reçu celle de Jisung et celui-ci s'est levé, étirant son dos et faisant craquer ses épaules.

— Mets-toi sur le lit, je déteste être par terre, encore plus qu'être à genoux.

Le ton de Jisung était sans appel, Minho n'a pas trouvé utile de renchérir. Il s'est emparé de son verre de bière et soju et l'a vidé d'une traite avant de s'assoir sur le matelas, le dos appuyé contre la tête de lit. Ça a semblé faire réagir Felix parce qu'il a sauté du lit pour aller chercher d'autres bouteilles d'alcool. Pour ma part, j'ai volé le tabac de Jisung et je me suis roulé une cigarette. Changbin est venu s'assoir près de nous. Il y avait quelque chose de dérangeant à observer ainsi ses amis s'embrasser à pleine bouche. Ça nous plaisait bien au fond, ce goût d'interdit, cette sensation d'être témoins d'une scène intime qui ne nous appartenait pas. Il était exaltant de savoir qu'on pouvait en faire partie. J'avais cessé de faire la part des choses depuis longtemps, j'avais arrêté de croire que ce n'était pas « normal » justement. A l'époque, je pensais qu'il n'appartenait qu'à moi seul de refaire le monde. Nous étions passés maîtres dans l'art de nous prendre pour des saints. Tant pis si ce n'était pas normal, nous n'étions pas des dépravés, c'était l'univers qui était trop pur pour nous.

J'étais le roi de ce monde.

— Aah... Enfin !

Le soupir excité que poussa Jisung en ondulant des hanches contre le bassin de Minho refléta tout son soulagement. Il en avait crevé d'envie et il s'était forcé à attendre. Hyunjin a repris ses caresses du bout des doigts sur mon ventre et il a posé son menton sur l'épaule de Changbin pour mieux voir les deux garçons. La température de l'appartement a augmenté d'un coup. J'ai allumé ma clope en me délectant du spectacle. Il n'y avait rien de doux dans leur baiser, il n'y avait que de l'envie. Tenant les cheveux oranges de notre ainé par poignées, Jisung l'incita à reculer la tête. Ses lèvres ont rejoint son cou après qu'il ait desserré de deux doigts la cravate nacre, la laissant glisser jusqu'au sol. La bouche de Minho s'est ouverte sur un gémissement silencieux et Changbin a tremblé sous l'à-coup des dents de Hyunjin qui s'étaient refermées sur l'anneau à son oreille.

Ils avaient beau être intouchables et nous que des gamins, j'eus l'impression de les avoir réduits à mon niveau d'imposteur en jouant de leurs envies de sexe et de leurs besoins d'affection. Ils avaient pu voir combien on est seul une fois au sommet. Je n'ai su que plus tard qu'ils avaient eux-aussi été des imposteurs, mais à ce moment-là, je me gorgeais d'orgueil et mes veines de dopamine et de lulibérine. J'étais en proie à un désir indicible qui me rendait invincible. Jisung a poursuivi sa descente sur le corps de Minho, le défaisant de son haut et il a ouvert son pantalon. Il ne l'a pas entièrement retiré, il s'est juste laissé assez d'espace pour cueillir son du. Longuement, nous l'avons regardé apprécier de sa paume l'érection marquée du rouquin par-dessus son caleçon, avant qu'il ne le fasse glisser à son tour. Felix est revenu vers nous avec le gin et le Schweppes tonic.

Damn, they're hot.

L'anglais lui a échappé, ça nous a fait sourire. Mon meilleur ami a de nouveau rempli nos verres et nous n'avons plus rien contenu. Felix m'a attrapé les jambes et les a posées en travers de ses cuisses. Nous avons trinqué tous les deux « à cette soirée ! », à notre dernière soirée, avant d'engloutir la moitié de nos verres.

— Ralentis ta descente 'Lix, ce serait con que tu te retrouves impuissant dans un moment pareil.

L'alcool brouillant sa pudeur, il ricana, tirant de deux doigts sur son pantalon de costume pour replacer son service.

— Avec un spectacle pareil, aucune chance !

— C'est ça vos gages ? a sifflé Changbin grivois, le regard fixé sur les deux autres. Sexy.

Hyunjin s'est moqué et ils ont commenté la scène comme des présentateurs de football. Leur vocabulaire n'était ni le plus beau ni le plus recherché mais ça nous a fait marrer.

— Fermez-la, a grogné Minho, les sourcils froncés et les joues rougies. Putain c'que t'es bon...

Son soupir nous a tous atteints et Jisung a échappé un bruit de gorge appréciateur en remerciement. Je me suis puissamment mordu la lèvre, les mains de Hyunjin ont glissé de mes hanches à mon entrejambe. Au final, Felix a continué à se toucher par dessus son pantalon. Les basses ont fait battre mon coeur plus fort dans mes oreilles. En fond, l'écran d'accueil de Mario Kart diffusait en boucle une musique insupportable que nous remarquions à peine. Soudainement rabattu vers l'avant, le corps de Hyunjin me plia en deux. La main de Changbin tenant fermement sa nuque, ils s'embrassèrent longuement, lentement, quand bien même aucune de nos trois positions n'était un temps soit peu confortable. Ils se détachèrent essoufflés et le ricanement de Minho quand Jisung s'étouffa un peu lorsqu'il tourna les yeux vers nous, me tira de ma contemplation.

— C'est ça, moque-toi, râla le brun entre deux toux. Bon, vous reprenez la partie ou pas ? Ce s'rait bête qu'il me jouisse dans la bouche avant que la partie ne soit finie et qu'on sache s'il en a le droit.

Il a eu un air absent, presque dédaigneux. Minho en est resté effaré, balbutiant un « Quoi ? » rauque et Changbin a éclaté de rire.

— Ah ouais ! Je comprends mieux la pénalité du gagnant !

Nous n'avons pas mis longtemps à reprendre notre sérieux. Ou du moins, un peu. Nous avons trinqué une nouvelle fois, j'ai écrasé mon mégot dans le cendrier et Hyunjin s'est correctement replacé contre la tête de lit. Je me suis affalé confortablement entre ses jambes et il a étouffé un gémissement dans mon oreille à la friction de son sexe contre mes reins. La deuxième partie de notre tournoi s'est vite lancée. Comme prévu, Changbin était bon onzième, échappant on ne savait comment à la dernière place. Chaque virage conduisait Bowser Jr. dans le décor. Felix en tête, il était tellement concentré que son genoux tressautait nerveusement et faisait bouger mes jambes. Minho a tenu le milieu du peloton de tête pendant la moitié des courses, nous en sommes restés ébahis. Je me suis amusé tout du long à onduler innocemment des hanches lorsque le noiraud derrière moi le doublait. Pourtant, vint un instant où je ne pus plus rien faire pour laisser à Minho un sursis.

— Ouais, aah. Comme ça...

Désarçonné par le soudain gémissement proche de son oreille, Changbin a grogné, plantant son kart contre un tramway. Hyunjin a soupiré contre mon cou, son entrejambe prenant de l'ampleur contre moi. J'ai ricané, tirant sur une nouvelle cigarette. J'étais dans le même état. La fumée blanche s'échappait lentement par la baie vitrée, remontant jusqu'au plafond, tamisant l'ambiance. Sa manette abandonnée, l'une des mains du rouquin alla disperser la frange de Jisung. Il observa son visage longuement, redessinant ses paupières et pommettes du pouce, et le brun a souri, se délectant de leur jeu de regard tandis qu'il apposait des caresses franches et appuyées sur son gland du bout de la langue. Sans le quitter des yeux, il le reprit en bouche. De deux doigts, Minho me fit signe d'approcher, son visage parfait tourné vers moi. Les doigts de Jisung se crispèrent sur le haut de ses cuisses pour le maintenir sur le matelas. Sans même s'en rendre compte, Minho bougeait son bassin vers le haut, refusant presque de quitter la bouche délicieuse de son cadet. Je ne savais que trop bien combien Jisung était doué avec sa langue, surtout depuis qu'il l'avait percée. Minho répéta son geste à mon égard, articulant un « approche-toi » silencieux. Ses lèvres entrouvertes sur une respiration irrégulière ne m'avaient jamais paru autant attirantes, il avait l'air débauché.

Minho avait cette flamme inextinguible dans le corps. Ses yeux reflétaient l'univers, les spots du dehors, la lumière bleue de la télévision et l'enfer de plaisir dans lequel il sombrait. Il m'apparut comme le démon de luxure qui désirait être comblé. Ça m'a rendu fou.

Je me suis difficilement dépêtré des bras de Hyunjin qui m'entouraient afin de pouvoir jouer, et je me suis glissé entre Changbin et Minho. Je me suis laissé aller à la fièvre et je n'ai rien regretté.

Sans attendre, la main libre de Minho s'est accrochée à ma taille, glissant sous ma chemise grande ouverte. J'eus l'impression d'être hypnotisé. Il se lécha la lèvre inférieure, réprimant un gémissement plus franc dans sa gorge alors qu'il tirait par réflexe sur les cheveux bruns, Jisung se fit plus bruyant lui aussi.

— Putain Hyunjin, tu fais chier ! a râlé Felix alors que Peach se remettait difficilement de l'attaque d'une plante piranha.

Seems like a you problem, a-t-il rigolé, l'accent absent.

Ils ont commencé à se chamailler, Changbin intervenant pour calmer le jeu mais ne récoltant que de brimades : « Qu'est-ce que tu parles, t'es dernier ! ». Je n'y ai pas fait attention. Le deuxième tour de la dernière course venait de commencer. Minho a planté ses ongles dans mon dos et m'a tiré vers lui. Assis à genoux, les fesses sur les talons, j'ai attrapé son visage entre mes mains et je l'ai embrassé. J'eus l'impression d'expulser un soupir bienheureux contenu depuis trop longtemps. Mon estomac s'est retourné et j'ai senti toute l'excitation de Minho à travers notre baiser. Ça a parcouru mes veines à la vitesse de l'éclair, hérissant les poils de mes bras, laissant pour seule trace dévastatrice, une sensibilité à fleur de peau sur mon corps entier. J'ai adoré embrasser Minho. Il avait été mon premier baiser de la soirée. Minho, comme Changbin, au fond je ne les connaissais pas. Je n'ai pas compris comment nous avions pu en arriver là, je n'avais rien contrôlé et j'ai adoré ça.

En vérité, je n'avais rien d'un roi.

Minho avait les lèvres fines et humides, délectables, il était maladroit dans ses gestes mais il semblait me guider, m'induire, me soumettre, m'inciter à prendre tout ce qu'il pouvait m'offrir. Dans une respiration, j'ai souri contre lui. Il a pressé ses doigts plus fort contre ma taille et je me suis avancé à genoux, soutenant son menton vers le haut en encadrant sa mâchoire. Au fond du gouffre de nos envies désespérées, Minho a entrouvert la bouche, accueillant ma langue. Il s'est crispé. Il était à bout. Lorsque sa respiration se fit lourde, il me força à me détacher de lui.

— Hm... Putain, vous allez me faire jouir...

— Ah non Hyung, ça ne va pas être possible, a souri Jisung, se détachant de lui, essuyant sa bouche.

Il s'est installé à notre niveau, de l'autre côté de notre ainé et il a attrapé sa main gauche pour l'empêcher de se toucher. En m'allongeant, je me suis collé contre lui, coinçant son bras droit sous mon corps et Jisung m'a adressé un clin d'oeil en ébouriffant ses cheveux vers l'arrière. J'ai roulé des yeux dans mes paupières.

— YES ! a hurlé Felix en s'étendant de tout son long sur le matelas, laissant choir la manette au sol.

Sa tête pendait dans le vide et il a déplié ses jambes sur celles de Changbin et de Minho.

— Dans ton cul Hyunjin !

Le plus grand a fait la moue, déçu. J'ai capté le regard brûlant et amusé de Changbin à ma droite. Je n'ai jamais su s'il était réellement mauvais à Mario Kart mais j'étais persuadé qu'il avait adoré voir mes deux meilleurs amis se battre pour lui. Pris d'une envie de vengeance, Hyunjin se jeta sur Felix, grattant ses côtes et chatouillant son ventre jusqu'à ce qu'il rît aux larmes.

— Du coup, je dois faire quoi ? a questionné Changbin, perplexe et hilare, une fois que les deux autres furent calmés.

Il semblait avoir beaucoup de mal à contenir ses sourires, d'autant plus quand Hyunjin s'allongea sur Felix qui geignit. Le grand noiraud eut un sourire en coin, provoquant Changbin, le tentant, ses doigts passant et repassant sur la chemise froissée du blond. En réponse, l'une des mains de Felix a glissé dans ses mèches noires, massant le cuir chevelu.

— Ça dépend Hyung, a soufflé Felix, la voix rauque d'envie. Tu te sens capable de t'occuper de nous deux à la fois ?

— Hm ? s'est étonné Hyunjin, rougissant jusqu'au bout des oreilles.

Changbin a étouffé un rire dans sa gorge. J'ai mordu le cou de Minho pour m'éviter une remarque grivoise et malvenue.

— Tu veux parier ? Il y a peu de choses que Seo Changbin ne sache pas faire.

Hyunjin a levé les yeux au plafond et Felix s'est moqué, répétant sa phrase d'une intonation de fausset.

— Je ne demande qu'à voir, monsieur le génie.

De nouveau grave, la voix de Felix m'a provoqué un frisson. Jisung a attrapé mes doigts et ensemble, nous avons fait frémir Minho sous nos caresses, griffures et pincements. Il poussait parfois de petits couinements et honteux, il ne pouvait s'empêcher de grimacer, fronçant des sourcils. Pourtant, Minho ne pouvait se cacher, son membre était trempé. Nos têtes posées sur ses deux épaules, nous observions ainsi le manège des trois autres garçons, à quelques centimètres à peine de nous. Jisung et Minho se sont embrassés longuement et plusieurs fois après ça mais je n'y ai pas fait attention. Faisant craquer son cou, Changbin s'est relevé.

Lentement, il s'est approché d'eux, retirant ses bijoux et ouvrant un à un les boutons de sa chemise carmin, la laissant sur ses épaules. Hyunjin s'est redressé sur un coude, attrapant son verre au sol pour prendre une gorgée. Tirant sur ses cheveux, Felix a amené son visage jusqu'au sien. Du bout de la langue, il a retracé le contour de ses lèvres et fondant sur lui, Hyunjin lui a transmis une gorgée de sa boisson dans le baiser. Fou de désir, les mains de Felix ont griffonné le long de son dos, venant agripper ses fesses. Il les a malaxées un moment, appréciant leur forme et leur rebondi, il a même fini par passer ses paumes à même la peau, sous son sous-vêtement. D'une pression, il a aidé Hyunjin à se frotter contre lui. On les aurait cru en rut. Changbin n'en pouvait plus. Déjà, il retirait son pantalon de cuir avec une certaine difficulté.

Essoufflés, les deux garçons se séparèrent, leurs brûlants regards perdus l'un dans l'autre. Changbin étouffa un grognement alors qu'il se dressait sur les genoux. Je n'apercevais que son profil, principalement son dos. Hyunjin et Felix se retournèrent vers lui. Changbin, il était à la fois un voyeur et un exhibitionniste. Il aimait voir et aimait être vu. Il raffolait du spectacle et il adorait être admiré pour son physique. On connaissait son nom et son exploit, il était une tête avant d'être une personne mais il voulait être vu comme un corps. Je me suis dit que parfois, il s'interdisait de réfléchir. C'était peut-être pour ça qu'il avait tant apprécié être maîtrisé par Felix et Jisung.

Il aimait lâcher prise.

Il m'était apparu comme le plus instable de tous.

Changbin a lâché prise.

Sous nos cinq regards, il s'est défait de sa chemise et s'est dressé totalement nu devant nous. Son dos s'est dévoilé. Les marques noires, telles des barbelés, remontaient le long de ses biceps, embrassant ses épaules, frôlant ses clavicules. Ses trapèzes étaient un jardin fleurissant qui coulait sur ses omoplates et ses pectoraux. Plusieurs figures et objets se croisaient ci et là, certains écrits en écriture gothique se détachaient d'un décor industriel, robotique, mécanique et ancien. Il n'y avait aucune couleur sinon une morsure de prédateur fondue sur un lit de flammes terre de sienne, au creux de son épaule droite. La profondeur de la couleur m'a rappelé les cheveux de Minho. Je me suis demandé la signification derrière tant d'artifices, de pansements et de couvertures.

Néanmoins, Changbin n'en était pas moins magnifique. Il l'était même d'autant plus maintenant que j'apercevais chez lui une fracture. J'aimais la faiblesse des hommes, ils n'en ressortaient que plus beaux et plus puissants. J'étais peut-être comme eux, j'y aspirais.

Changbin portait de même une représentation cadavérique d'une nymphe sur une cuisse, « (Ex) » gravé sur son front voilé. Le reste de son dos et son ventre était vierge, sa peau halée semblait délicieuse et j'ai remarqué Hyunjin déglutir. Minho a soupiré, la main de Jisung flattant de nouveau son intimité. Quant à celle de Changbin, je ne parvenais pas à la distinguer mais Felix avait les yeux figés dessus, les joues rouges, et ne semblait pas prêt à détourner le regard.

Je me suis demandé si Changbin était tatoué aussi bas.

J'ai frissonné. Ça a semblé faire réagir Minho parce qu'il m'a serré un peu plus fort contre lui et m'a caressé le flanc, repoussant un pan de ma chemise de mon épaule. Jisung a attrapé mon visage de deux mains pour m'attirer à lui. Nous avons ri dans ce baiser, parce que nous étions toujours beaucoup trop enjoués, pressés et désespérés quand nous nous embrassions, nous y mettions toujours plus de fougue que nos bouches seules ne pouvaient contenir. Et aussi parce que j'adorais la boule en titane qu'il portait à la langue et que j'appréciais plus que tout la suçoter. Minho a glissé sa main sur mes fesses et il s'est occupé de défaire nos pantalons. Il s'est roulé une cigarette et il l'a tenue entre ses dents quand Jisung et moi avons trouvé le moment propice à sa première et méritée jouissance. Tous les deux entre les jambes de notre ainé, Jisung n'a pas tardé non plus, et j'ai moi aussi fini par me répandre sur le torse de Minho.

La musique changea presque brusquement, remplaçant les basses électroniques par des raps graves et doux. Ça ne nous a pas dérangé, n'importe quoi aurait pu nous convenir dans de tels états. J'avais ma tête sur la cuisse de Minho lorsqu'il se décida à se lever. Il laissa à terre les mouchoirs humides qui avaient servis à le nettoyer et il se dirigea nu vers son sac. Jisung et moi avons remplis nos verres de deux doigts de gin pur et nous avons trinqué. A nos côtés, nos deux amis avaient encadré Changbin de leur corps. Felix dans son dos, Hyunjin face à lui. Cajolant ses flancs, baisant son visage, éparpillant sa frange humide de sueur, mordillant son cou, pinçant ses tétons, massant ses fesses, marquant ses cuisses, jouant de la langue sur le dydoe courbé et argenté qui perçait son prépuce circoncis, et lapant le creux entre ses pectoraux, ils semblaient faire une ode à son corps. On l'a cru béni par le Diable, Changbin, il donnait l'impression d'être aux anges.

Une moue boudeuse sur les lèvres, Jisung s'est relevé. Il est venu se placer derrière Hyunjin, a posé une main sur sa tête, a caressé ses longs cheveux un moment et est venu l'embrasser, se mêlant au trio. Je pense que Jisung était jaloux. Il aimait avoir de l'attention et il aimait encore plus celle de Hyunjin. J'ai longtemps pensé qu'il était amoureux, lui autant que moi avons refusé de l'admettre. Une bouffée de chaleur a enveloppé tout mon corps quand Changbin a joui, arquant son dos, crispant ses orteils. Hyunjin a recouvert de baisers sa cuisse et a mordu la partie tendre sous ses adducteurs. Felix l'a embrassé à pleine bouche, étouffant son gémissement rauque et puissant. Changbin eut l'air abandonné, la respiration courte. C'est Felix qui a suivi, son bras droit agité par des va-et-viens rapides qui le comblèrent. Hyunjin s'est abandonné aux mains de Jisung et il n'a pas tenu bien longtemps. Leurs gémissements se sont éteints sur un souffle rapide qu'ils avaient en commun. Ils étaient magnifiques, j'étais déjà de nouveau dur.

— Tu ressembles à un consul, s'est marré Minho alors qu'il s'asseyait en tailleur à mes côtés.

Par pudeur sûrement, il avait remonté son caleçon. De la pudeur, peu de nous en avait. Personnellement, je n'avais aucun scrupule à m'afficher ainsi devant eux, si c'était nu qu'ils pouvaient attester de la beauté du corps meurtri et modelé que je portais. Seule ma chemise, froissée au creux de mes coudes me recouvrait un peu. Appuyé sur un bras, je devais probablement avoir une position identique aux représentations antiques. J'ai aimé la puissance du nom que Minho m'avait attribué. En un sens, j'étais au niveau d'un roi.

Avec curiosité, je l'ai observé installer son téléphone sur le lit. Il a balancé un pochon opaque à côté et Changbin s'est redressé.

— Finalement, ça a bien perduré ton truc, a-t-il remarqué, le ton lent et reposé.

Felix l'a ramené contre lui d'une main sur son épaule et l'a nettoyé avec des mouchoirs. Jisung et Hyunjin m'ont lancé des regards perdus. Nous sommes restés incompréhensifs, dans l'expectative.

— Evidemment, j'ai bien éduqué mes successeurs !

— C'est quoi ? a lâché Hyunjin.

Minho a eu un sourire en coin. Il a ouvert le pochon et a sorti trois comprimés carrés et de couleur rouille.

— MD. Je demande direct, si tu veux pas de ça chez toi Felix y a pas de problème.

— J'm'en fous, t'inquiètes, a répondu le blond, nonchalant, ailleurs, saoul.

Minho nous a tous observé tour à tour, attendant une quelconque confirmation à sa prise de drogue. J'étais curieux. Je n'étais pas le seul. Jisung se mordillait encore la lèvre, l'air pensif, et puis il a fini par craquer :

— Je pourrais essayer ?

Minho a eu un drôle d'air.

— Ça dépend, tu me rembourseras ?

Jisung a froncé les sourcils, Changbin a souri et Minho a éclaté de rire.

— T'inquiètes bébé, c'est gratis pour toi.

Il a ponctué sa remarque d'un clin d'oeil tendancieux et d'un généreux passage de sa langue sur ses lèvres. Il a ajouté « pour chacun de vous d'ailleurs, si ça vous tente. »

Curiosity killed the cat, comme on disait. Néanmoins, aucun de nous n'a fait marche arrière. Ils nous ont laissé le choix. Nous connaissions les risques, surtout avec une prise d'alcool aussi forte, mais nous nous sommes laissés tenter. Prendre de la drogue, ça avait l'air si anodin pour eux, je me suis dit que je paraîtrais ridicule si je refusais. Je voulais me prouver que j'étais le plus fort, que j'étais étrange, sauvage, que j'étais un roi. Que j'étais libre de mes choix. Je voulais en prendre.

— Vous êtes sûrs de vous ? s'est tout de même assuré Changbin. Hors de question qu'on supporte le blâme.

— Allez, c'est bon. Tu veux pas une autorisation parentale non plus ? a raillé Hyunjin, levant les yeux au ciel.

Changbin a haussé les épaules, marmonnant un « pourquoi pas, bonne idée ! », et nous avons ri aux éclats. Minho a posé un véto :

— Felix, je veux pas que t'en prennes par contre.

— Quoi ! Mais pourquoi ? s'est insurgé mon meilleur ami. Tu m'as pris pour un gamin ou quoi ?

Jisung a secoué la tête, cherchant à le calmer. Changbin y est allé de sa petite attention sur sa cuisse.

— Tu tiens même pas d'bout mec, t'es saoul comme jamais, a développé Minho. T'as probablement bu plus que nous tous réunis, j'vais pas te laisser prendre de l'ecsta comme ça, c'est tout. J'suis venu pour passer la meilleure partie de baise de ma vie, pas pour m'occuper d'un type ivre mort que je pourrais pas baiser.

— C'est moi qui te baise Hyung, a boudé Felix d'une voix profonde.

Changbin a frissonné d'envie, Minho s'est mordu l'intérieur d'une joue. Les traits de mon meilleur ami étaient crispés mais je savais qu'il n'était pas vraiment en colère, seulement frustré.

— Ce n'est pas juste ! a-t-il pesté.

— Ok 'Lix, tu sais quoi ? ai-je lancé, Hyunjin rigolait déjà. Si t'arrives à tenir dix secondes sur un pied, bras sous le genou et le pouce sur le nez, tu pourras en prendre.

— Cette vieille technique inutile, s'est marré le grand noiraud.

Néanmoins, Felix s'est tout de même levé. Il était nu comme au premier jour mais il s'en fichait. J'ai revu le garçon solaire que je connaissais bien quand il a souri, déterminé à nous prouver qu'il pouvait réussir. Il nous a impressionné. Non seulement, il n'a pas tenu plus de deux secondes dans la position, mais il a en plus réussi à atterrir sur un des cartons qui contenaient du linge de maison, de salle de bain et des produits de toilette. Jisung en a pleuré tant il a ri.

Le blond s'est assis au sol en pestant. Il a eu un beau bleu sur le haut des fesses le lendemain.

— J'avoue, c'est un échec, s'est-il marré, entrecoupant ses mots de gloussements hilares. Mais au moins, matez ce que j'ai là !

Il a exhibé du carton écrasé un tube de lubrifiant neuf qui portait encore l'emballage et deux boîtes de capotes.

— T'es le meilleur 'Lix, l'ai-je félicité.

Il est revenu sur le lit, non sans douleur, et Changbin s'est écarté pour reprendre sa place d'origine, entre ses jambes.

— T'as chopé ça où, au fait ? a demandé Jisung à Minho, curieux.

— On vit à la campagne frérot, c'est pas compliqué de trouver des dealos.

— Et sans mentir ? lui ai-je souri, peu dupe. Désolé mec, mais j'suis sûr de savoir qui te les a donnés. Je t'ai vu.

Minho et Changbin se sont échangés un regard. Soupirant, Minho s'est ouvert sur un pan de son histoire. Je me suis demandé pourquoi d'un coup, il nous avait raconté tout ça, il aurait pu éluder, balancer un quelconque mensonge qui serait bien passé. Au fond, nous n'étions là que pour coucher. Peut-être qu'il en avait besoin, qu'il cherchait à s'en débarrasser à quelqu'un d'autre que Changbin depuis longtemps. Peut-être aussi qu'il souhaitait nous apprendre qu'ils n'étaient pas des types biens, avant que l'aube ne pointe, avant que cette nuit ne dérive encore plus loin, avant que nous ne soyons plus maîtres de rien.

— Changbin vous a dit que j'étais président du club de journalisme ?

— Ouais, un peu, ai-je confirmé.

— Je vous la fais courte. Quand j'me suis inscrits, j'étais comme les autres du club. J'en avais rien à péter du journal, je voulais juste une excuse pour rester plus longtemps au lycée, pourquoi pas rater des cours aussi et pioncer tranquille. Y avait que des bouffons et des repêchés dans ce club, la loose totale. J'étais carrément pas mieux. Officiellement, je me suis pris d'amour pour le journalisme. Officieusement, ces types m'ont fait rencontrer des gens pas vraiment recommandables et j'me suis retrouvé dans un petit trafic de banlieue. J'étais en première année, paumé, j'voulais fuir ma piaule avant de me faire tuer parce que j'étais pédé. C'était pas la joie. Dieu sait comment j'suis tombé dans la drogue. J'y avais jamais touché mais j'avais une tête de p'tit con innocent donc j'ai servi de distributeur. Le pire taff de la terre mais ça rapportait pas mal et je voulais m'émanciper. En parallèle, je faisais figuration en cours et j'suis passé en deuxième année. J'ai rencontré Changbin et...

Il a fait une pause pour prendre une grande respiration. Il parlait à demi-mots, donnant une information, la noyant sous d'autres. J'ai ri de mes pensées passées. Lee Minho, c'était carrément un gamin brisé, le pire des imposteurs. Jisung l'a rassuré, Hyunjin lui a dit de prendre son temps.

— Ça va, j'vais pas chialer, non plus. J'suis plus en verre.

Il a eu un rire sans joie. Je me suis demandé comment on avait pu arriver sur un thème aussi sérieux. Changbin avait même diminué la musique. Pour se distraire surement, le rouquin a pris un des comprimés, l'a écrasé entre l'écran de son téléphone et sa T-money et s'est occupé à le broyer en miettes, créant quatre petites lignes identiques.

— Ça me tue, y a eu tout ça dans notre lycée et on a jamais rien vu, s'est étonné Jisung. Tu le savais toi ?

Hyunjin a seulement acquiescé de la tête, ça ne m'a pas surpris. Il était au coeur des rumeurs qui tournaient, il avait forcément été mis au courant de la machinerie du club de journalisme. Il ne nous a jamais rien dit.

— Tu veux peut-être raconter la suite 'Bin ? s'est échappé Minho.

— En gros, on est devenu pote. Je réfléchissais trop, ça me complexait. Il m'a fait entrer au club de journalisme, m'a filé de la MD pour faire taire mon cerveau, et on a remonté le club. Minho-Hyung est devenu président, et on a décidé qu'arnaquer les lycéens était un bon moyen de dorer l'image officielle. Minho-Hyung a ouvert un marché via le club de journalisme. Des infos véridiques et des potins sur les grandes gueules et chaque type qui nous revenaient pas, contre des un gramme. Il était largement remboursé par la vente des journaux. Ça a carrément marché. C'était un Robin des Bois pété quand j'y repense, ricana-t-il. Le journal marchait bien, les échanges aussi et on avait réussi à détacher le trafic d'une personne, c'était le club qui organisait. Tous les deux, on a continué à prendre de l'herbe ensemble, de l'ecsta' et de la coke parfois. T'as été élu roi, on a couché ensemble plusieurs fois.

— Carrément beaucoup de fois ! s'est marré Minho.

Ça nous a fait rire, évacuer la pression.

— Ensuite Minho a quitté le lycée et puis...

— Et puis, mon père m'a planté. Changbin l'a tabassé. Avec l'argent du crack, j'me suis barré dès que j'ai été majeur. Changbin a quitté le club, reléguant le boulot aux années suivantes. Et Soobin est maintenant le dealeur du lycée. Fin de l'histoire.

— C'est à cause de ça, vos cicatrices ? a murmuré Felix, pointant du bout d'un ongle le sourcil du noiraud.

Changbin a haussé les épaules. On ne savait plus quoi dire. Je me suis senti si désolé pour Minho. J'étais à des lieux d'imaginer une histoire si sordide. Ça m'a paru affreux, presque uchronique.

— Putain, j'ai plombé l'ambiance, a rigolé le rouquin. Faites pas ces têtes, j'suis vivant et j'en ai plus rien à faire.

Le côté morbide de ma curiosité m'a effaré. Plongeante sur le bas de son ventre, à gauche de son nombril, une cicatrice un peu boursouflée et blanche déformait sa peau. Lee Minho était fissuré, jusque sur sa façade. J'eus envie de la toucher, de l'embrasser.

— Bon, maintenant que je vous ai bien dégoûtés, vous êtes toujours partants ?

Son ricanement cynique et je-m'en-foutiste crissa à nos oreilles, il n'eut rien d'amusant. Minho m'apparut terrifié mais il avait trop de fierté pour le laisser paraître. Pour le faire taire, pour le rassurer peut-être, pour lui transmettre tous nos sentiments en demi-mesure, pour éviter d'avoir à dire des mots inutiles qui ne répareront rien, Hyunjin s'est brusquement relevé. Ce n'était pas de notre faute, mais nous nous sentions coupables. Il a attrapé le visage de Minho avec force et il l'a embrassé. Loin de ce que cela laissait paraître, ils exprimaient une douceur palpable, fragile, comme s'ils étaient faits de verre. C'était si précieux que nous n'osions plus respirer. Un lot de consolation qui n'exprimait que tendresse. Ils étaient beaux, presque immobiles, s'appréciant d'un baiser de surface. Ça m'a fait sourire et a diffusé une douce chaleur dans mon corps. Ils se sont séparés lentement, chacun d'eux revenant pour déposer de légers smacks sur les lèvres de l'autre.

— Je vais prendre ça pour un oui, a souri Minho, cachant son émotion sous un ton hautain et fier.

Changbin a élevé le son de la musique. On est reparti en transe. Assis à cheval sur une des jambes de Minho, Hyunjin a été le premier à prendre deux traces à l'aide d'un bout de carton roulé, arraché au paquet de feuilles de Jisung.

— Bouche ton autre narine et souffle bien avant de t'approcher sinon tu vas en foutre partout, l'a conseillé le noiraud. Hyung, tu me passes le pochon s'il te plaît ?

D'un lancer, la petite poche a traversé le lit. A son tour, Jisung s'est approché à quatre pattes pour inspirer deux lignes de poudre vermeille. Hyunjin a doucement posé sa tête sur l'épaule de Minho, soudainement ailleurs, un grand sourire sur ses lèvres. Jisung s'est répandu sur le lit. Changbin a sorti un des cachets et avant de l'ingérer, Felix l'a supplié.

— Hyung s'il te plaît... Donne-m'en la moitié !

Il a fait la moue, dessinant du bout des doigts les tatouages qui recouvraient les pectoraux de Changbin.

— Je t'en donne un quart.

Felix a sauté de joie, j'ai eu un rictus colérique. Le noiraud a coupé le comprimé avec ses dents et a rapidement avalé le reste. D'un geste du pouce, il a fait glisser le petit morceau d'ecstasy entre les lèvres du blond et il a relevé le menton, l'embrassant à la suite.

A mon tour, je me suis assis.

— Tu veux l'avaler ou le sniffer ?

— C'est quoi la différence ? ai-je demandé à Minho.

— Honnêtement, pour un écrasé, pas grand chose. C'est comme tu préfères.

— Avaler alors.

J'ai fait un sourire du bout des lèvres et il a très bien compris mon sous-entendu. Vu la gâterie qu'il avait reçu quelques minutes auparavant, je pense qu'il s'en était douté. Il a coupé le dernier comprimé en deux et il m'en a donné une moitié.

— T'es vraiment un enculé ! a soudainement gueulé Felix. Ça se fait trop pas !

— Hum ? ai-je fait incompréhensif, avant d'avaler le demi-taz.

— Il l'a repris ! Putain ! Je ne te roulerai plus jamais de pelles Hyung, c'est fini.

— Boude pas Lixou, moi je t'en ferai plein plein des bisous.

— Merci Ji', y a que toi de vrai.

Jisung s'est affalé sur Changbin et Felix, recouvrant leurs deux visages de baisers bruyants. Je n'ai même pas eu le temps de m'esclaffer. Une brusque bouffée de chaleur a enveloppé ma tête dans un carcan. J'ai vu trouble quelques secondes durant lesquelles Minho m'a pris dans ses bras, caressant lentement mes bras qui se couvraient de chair de poule. J'étais désorienté mais lucide, je n'entendais que mon coeur battant au rythme des basses. Je ne me rendais pas compte que je riais.

— Tu te sens comment ? m'a demandé Hyunjin alors qu'il embrassait doucement l'épaule du rouquin, ondulant lentement des hanches sur sa cuisse, y pressant son sexe qui durcissait de nouveau.

— Trop bien... ai-je soupiré, secouant la tête. Pas si différemment en vrai...

Après ça, la nuit a tourné au ralenti. J'eus l'impression qu'elle dura une éternité. Une infinité de temps tissée par un plaisir qui nous a comblé et amené jusqu'aux limites de ce que nous croyons possible. Je crevais d'un désir absolu d'amour et j'avais pour moi cinq magnifiques garçons, tout juste des hommes, qui m'attiraient diablement et qui n'espéraient que ça. Je n'aspirais pas à la débauche mais à l'affection. Néanmoins, j'ai pris tout ce qu'ils avaient à m'offrir et tant pis si ce n'était pas de l'amour. J'osais l'avouer, l'apothéose du roi eut quelque chose de délectable. J'étais fait sacré et m'étais élevé semblable à Dieu.

Enlacé fermement entre les bras de Hyunjin, les mains de Jisung retracèrent mes hanches, pressant mes fesses, et avec un hoquet que je ne pus retenir, je sentis ses doigts venir flatter mon anus. Il me pénétra lentement, d'une seule phalange. N'aimant pas me savoir si distrait, Hyunjin fit la moue et Minho eut un bruit de gorge boudeur, ramenant d'une main mon visage à leur niveau. La position avait beau être particulière, j'avais toujours aimé embrasser deux personnes à la fois, il y avait là quelque chose de follement amusant et de terriblement sensuel. Plus prononcés cette fois, les doigts lubrifiés de Jisung ont fondu dans mon intérieur. Je l'entendis soupirer dans mon oreille.

— Tu es bouillant...

Incapable de retenir un spasme, j'ai planté mes ongles dans les bras de Hyunjin. J'eus presque du mal à agiter mes hanches sur le noiraud après ça. Chaque ondulation vers l'arrière poussait les doigts de Jisung un peu plus profondément en moi. Il semblait s'appliquer, prendre son temps, se délectant de mes réactions. Le brun échappa un gémissement soudain et Minho se retrouva arraché à notre baiser par une main ferme qui bascula son visage vers le plafond. A genoux, nous surplombant, Felix maintint d'une pression la cambrure de notre ainé et l'embrassa voracement. J'ai deviné que c'était Changbin qui avait causé la soudaine immobilité de Jisung, reproduisant avec certitude les gestes que le brun exerçait sur moi.

— Putain, j'ai chaud, marmonna Hyunjin.

— Tu ne peux pas être plus à poil que maintenant, a ricané Felix.

Nos gestes se sont faits plus appuyés, plus pressés. Le tube de lubrifiant est passé de mains en mains. Jisung s'est détaché de nous et il s'est retourné vers Changbin, le poussant doucement jusqu'à ce qu'il s'allonge. Il s'est placé au-dessus de lui et le noiraud m'a paru hurler lorsque la bille en titane sur la langue de Jisung a rencontré son piercing, cueillant au passage une goutte épaisse de liquide séminal. Jisung a souri, la langue tendue. D'une main habile, il a recouvert le membre de Changbin de lubrifiant, s'amusant de ses réactions fébriles lorsqu'il flattait la couronne et ses bijoux de baisers.

— J't'en supplie, dis-moi que t'es clean, a soupiré le brun. Ce serait une torture de pas pouvoir correctement sentir cette merveille au fond de mon cul.

— Quel poète, a raillé Hyunjin, échappant un halètement.

J'ai haussé un sourcil, mes doigts étaient maintenant fichés dans le sien, y avait-il vraiment besoin d'un vocabulaire pudique ? Exprimant mon humeur, j'ai courbé un peu plus mon majeur et mon annulaire, accélérant mes mouvements et il s'est abandonné aux gémissements dans mes bras.

— Totalement clean et prêt pour toi bébé, a confirmé le noiraud. On est allé faire les tests la semaine dernière parce que cet abruti a décidé de coucher sans capote avec une inconnue et ne plus s'en souvenir après.

— Je t'emmerde Seo Changbin ! a grogné Minho avant de retourner à sa besogne, à savoir embrasser mon meilleur ami de tout son saoul.

— Super ! s'est réjoui Jisung.

Il n'a pas perdu une seconde pour chevaucher le noiraud. Sa précipitation et son envie nous firent sourire, il était mignon. Poussant un geignement audible, il a laissé son corps s'ouvrir. Changbin y est allé de petites attentions pour le calmer, griffonnant sur sa taille fine, massant ses cuisses, caressant son ventre et son membre tendu, liant leurs mains ensemble. La respiration lourde, Jisung tenta de se redresser, amorçant un léger mouvement circulaire des hanches. S'appuyant sur ses jambes, elles se dérobèrent sous lui, poussant Changbin — et son piercing — au plus près de sa prostate, le faisant sursauter.

— Aah... Putain, c'est... Terrible, ce truc !

— C'est le but bébé, a souri Changbin, peu silencieux, lui non plus. Prend ton temps.

— T'as cru j'étais une meuf ou quoi ? J'vais pas me casser non plus. Et j'croyais que tu voulais me baiser, pas me faire l'amour. T'es amoureux ?

La voix espiègle de Jisung ne comptait que pour deux sous. Sa respiration hachée, ponctuée de tremblements en disait suffisamment sur sa condition. Il n'était pas en mesure de faire le fier mais il a joué à provoquer Changbin, il avait une idée en tête et il comptait par-dessus tout parvenir à ses fins.

— C'est pas comme ça que tu vas me faire bouger, a ri le noiraud. T'étais pressé, maintenant tu vas prendre ton mal en patience. Montre-moi combien tu voulais me monter.

Échappant un grognement, Jisung n'a rien répondu et c'est malgré son corps sensible qui se crispait nerveusement de plaisir, qu'il a entamé une série de va-et-viens délicieux sur la verge de Changbin. Il devait s'appuyer sur son torse pour se soulever, il eut l'air en peine, transpirant, les joues rougies jusqu'aux oreilles et la nuque couverte de morsures. Tirant Hyunjin jusqu'à eux, je me suis penché à l'oreille de Changbin.

— Ne le laisse pas jouir. Un déni, c'est ce qu'il me doit pour avoir fait gagner Minho.

Changbin a rigolé, le ton rauque et il a hoché de la tête. J'ai essuyé son front trempé du revers de la main et je l'ai embrassé. Il avait beau faire le malin face à Jisung, il avait été aussi impatient que lui. En me reculant, j'ai poussé Hyunjin jusqu'à ce qu'il soit face à Jisung, les jambes de part et d'autre du torse de Changbin. D'une main ferme, le noiraud est venu lui masser les fesses, claquant la gauche durement, lui soutirant un glapissement surpris. J'ai souri. Nous nous sommes embrasés, le monde entier aurait pu brûler que nous n'aurions pas réagi. Il n'importa plus que la jouissance et le plaisir, il n'importa plus que le désir des corps et de l'affection câline que la MDMA avait exacerbés. C'était si intense, grondant dans mon âme, que j'ai pensé que ce manque devait traîner depuis des années.

D'une poigne brusque, Changbin a attiré Hyunjin plus haut sur lui, jusqu'à ce qu'il soit assis sur son visage, sur sa bouche. La musique n'arrivait en rien à cacher leurs gémissements. Ils m'excitaient encore davantage. J'ai abandonné ma chemise que je ne sentais même plus et Jisung m'a indiqué de me lever, retrouvant les lèvres de Hyunjin qui perdait pied. Debout sur le lit, je me suis senti tanguer, comme sur un bateau. Je me suis retenu au plafond d'un bras et mes deux meilleurs amis se sont occupés de moi. Je me suis dit que si les voisins de l'immeuble d'en face avaient été réveillés, ils auraient eu une belle vue. J'ai éjaculé là, sur leurs beaux visages placés si proches de mon sexe, alors qu'ils posaient simultanément leurs lèvres sur mon gland sensible. C'était si délicieux que j'aurai pu en mourir, j'avais été incapable de me retenir. Le noeud dans mon bas-ventre s'est intensément resserré. J'ai senti mes jambes trembler comme des feuilles. Le corps plié en deux, le regard porté vers le bas, j'ai honteusement chanté mon plaisir, exprimant une certaine frustration et un puissant abandon.

— 'Bin-Hyung, je vais- Aah putain, continue. Je- Je vais jouir...

Rebondissant sur les cuisses de Changbin, Jisung a eu un gémissement aigu, presque paniqué. Poursuivant la gâterie qu'il m'accordait plus en profondeur, Hyunjin s'est relevé sur ses genoux, laissant à Changbin la liberté de bouger et parler.

— Désolé bébé mais c'est non, a-t-il simplement souri, soulevant Jisung par les cuisses pour se retirer de lui.

« Non », il lui a dit. Et il n'a rien dit d'autre après ça. Jisung a lâché une plainte pitoyable, son sexe rougi et luisant semblait au bord de l'implosion, ballottant contre son aine, tendu au possible. Son orgasme nié l'avait rendu si sensible que la simple caresse des draps aurait pu suffire à le faire venir. J'ai souri, fier de moi. J'adorais le voir comme ça.

— J'te déteste Seungmo, bordel, que je te déteste.

— Je sais que tu m'aimes Ji'.

— Hum... a-t-il geignit, désespéré.

Pourtant, il aurait très bien pu se masturber devant nous, s'abandonner sur le matelas, allongé tel qu'il l'était à mes pieds. Il n'en a rien fait, il aimait bien trop ce type de sensation, sans quoi jamais nous ne lui aurions fait subir ça. Jisung s'est contenté de serrer des dents et de crisper ses doigts sur le matelas. Entre ses jambes, son membre pulsait, sursautant. Sa respiration erratique a fini par se calmer. Je me suis rassis et Hyunjin a attiré Changbin à lui, dévorant ses lèvres. Le tatoué s'est laissé entraîner, glissant entre les cuisses ouvertes et sur le corps offert du noiraud. Je l'ai vu lécher les traces de ma propre semence sur ses joues. Les jambes enroulées autour des fesses musclées et tatouées de Changbin, Hyunjin s'est laissé prendre tendrement, le balancement de leurs bassins agitant le lit sans que cela nous gêne. C'était doux, presque amoureux. C'était de l'affection comme j'en rêvais.

— Je n'ai plus de place pour tendre mes jambes, a râlé Jisung, absent, me faisant ricaner.

— Un lit plus grand coûte trop cher et ne serait pas rentré dans mon appart, a renchéri Felix.

Surpris de ne pas lui avoir prêté attention avant, j'ai tourné le regard vers mon meilleur ami. Caressant affectueusement les cheveux roux de notre ainé, il lui a relevé la tête, détachant sa bouche de son membre. Minho a pris une inspiration puissante et a toussé un peu, cherchant à oublier son mal de gorge et la désagréable irritation qu'il sentait encore.

— Ce n'est pas ton lit qui est trop petit, c'est vous qui faites six kilomètres de long ! s'est enflammé Jisung et Hyunjin l'a fait taire, l'incitant à les rejoindre.

La double du noiraud s'est faite en douceur, il faut dire aussi qu'il en avait sacrément l'habitude. Ils ont presque vidé le tube de lubrifiant. C'était bien loin de l'image du porno bon marché que l'on distribuait à tout bout de champ, le tableau choc, limite violent. Pourtant, nous vendions du fantasme soldé en attribuant des titres et des manières à des gamins brisés qui ne savaient plus quoi faire pour se sentir exister. J'avais troqué l'amour et la liberté contre une couronne dix carats cartonnée.

Felix s'est installé confortablement contre la tête de lit, a recouvert son membre couvert de salive d'un préservatif et il a exhibé Minho comme un trophée. Tenant fermement ses cuisses délicieuses qui me faisaient saliver, il lui a écarté les jambes, plaquant son dos contre son torse. Minho a soulevé son bassin et a laissé Felix s'enfoncer dans ses chairs. Son gémissement fut exutoire. Il souffla beaucoup, régulant sa respiration. Je me suis amusé de ses orteils crispés et de ses jambes tressautantes qu'il cherchait à refermer pour cacher son sexe un peu court à ma vue, oubliant que je l'avais même sucé. Par pudeur, par honte, il parût soudainement mal-à-l'aise de me savoir le regarder. Plantant ses doigts dans ses muscles, Felix l'a maintenu offert, me laissant la liberté d'observer la manière dont son anus avalait la verge de mon meilleur ami. Ils étaient magnifiques et je n'ai pu me retenir de me toucher devant eux.

— T'as que de la gueule en fait Hyung, a rigolé Felix avant de l'imiter. « Ouais, gnagnagna, j'baise des culs moi, on me la met pas ». T'as l'air de bien apprécier pourtant, t'as bien l'habitude, hm...

Il a ponctué sa phrase d'un puissant coup de bassin vers le haut. Minho a sifflé entre ses dents, riant, espiègle. Je me suis demandé comment il pouvait porter tant d'orgueil dans une situation pareille. Peut-être parce qu'au final, il n'y avait aucune honte à aimer se faire prendre, à aimer le plaisir, à aimer le sexe. Il n'y eut rien de féminin ce soir, il n'y en avait jamais eu. Minho était un homme qui se faisait prendre par un homme et comme un homme. Qu'il était beau Minho, qu'ils étaient beaux, tous les cinq. Juste à cinq. Finalement, la soirée devait se terminer ainsi, il n'y avait nulle autre apothéose. Je n'appartenais pas à leur monde. J'étais un roi sans royaume, avec un titre obsolète et une couronne de papier et j'ai cru que j'avais touché l'éternité. Mais je n'étais qu'un homme, laid et miséreux, qui n'est même pas aimé de Dieu. J'étais un imposteur et un égoïste. Je devais partir comme tel.

— Viens... Viens, m'a appelé Minho.

A genoux, je me suis rapproché d'eux, massant contre ma paume mon sexe tendu et douloureux, j'étais à bout de force. Alors que Minho s'accrochait à mon cou, Felix m'a attiré à lui et derrière l'épaule de notre ainé, je l'ai laissé m'embrasser. Notre baiser eut le goût de l'éternité. Le plaisir et le désespoir l'avait teinté d'un parfum d'adieu. J'eus envie de pleurer, le corps soudainement glacé et un malaise douloureux placé en fond de gorge.

— T'es magnifique, m'a soufflé Felix alors que je geignais.

Ma tête s'est mise à tourner et Minho m'a repoussé sur le lit jusqu'à ce que je m'allonge. Il a marmonné à l'oreille de Felix et mon meilleur ami a hoché la tête. Minho s'est retiré et a surplombé mon corps. Je l'ai laissé prendre place entre mes cuisses et je me suis accroché à lui comme si j'allais tomber, déterminé à voler tout ce qu'il était prêt à m'offrir. Je l'ai reçu en moi et j'ai grimacé de douleur. Minho n'était pas bien grand, il était même sous la moyenne, mais son membre compensait en largeur. La douleur du tiraillement n'eut toutefois rien d'insurmontable. Il lubrifia mieux son sexe et je me suis laissé aller. Glissant ses doigts sur mon torse et jouant de sa langue sur mes tétons, j'eus l'impression qu'il était partout à la fois. Je tremblais de délice, exprimant mon extase. Je tremblais autant que ses bras qui peinaient à le soutenir.

— Si bon... T'es... hmm... si bon, il m'a soufflé.

Mon coeur m'a paru éclater, se consumant à la manière d'une étincelle. J'étais comme fait de coton. Et puis Minho a échappé un gémissement plus marqué, plus fort, et la voix grave de Felix a grondé à nos oreilles. Nous avons souri. Nos mouvements se sont faits plus pressés, plus aléatoires. Entre nous, notre ainé oublia toute retenue, il ne bougeait plus mais je sentais à travers lui chaque poussée de mon meilleur ami dans son corps. J'ai levé ma main au-dessus de ma tête, cherchant les draps auxquels me raccrocher avant de perdre définitivement pied.

— C'est ma jambe ça, Seungmin.

Répondant à ma détresse, Changbin s'est placé derrière moi, ma tête entre ses genoux et il a attrapé ma main dans la sienne que je manquai de broyer sur l'enthousiasme d'un coup de hanche plus prononcé. Il m'embrassa, courbant son corps, étouffant mes gémissements et mon souffle erratique qui ne s'arrêtait plus. Changbin s'est avancé lentement, à quatre pattes, jusqu'à ce que je sente la caresse humide de sa langue sur mon membre négligé. Je l'ai incité à abaisser un peu le bassin, flattant de ma bouche son gland percé et trempé.

Tout s'est passé bien vite après ça. Tout était devenu trop et j'ai sombré sans pouvoir y réchapper. Je tremblais de tout mon long, par spasmes violents que je n'appréciai pas. A la fois, je ressentais un plaisir tel que je ne l'avais jamais connu. La libération nous a fait nous abandonner à elle et c'est sans rechigné que l'on s'est laissés aller vers elle. Je ne me suis pas senti venir mais Changbin a ralenti au-dessus de moi et j'ai senti sa gorge se contracter violemment alors qu'il s'étouffait, surpris par ma semence qu'il venait de recevoir sans prévenir. Il a un peu râlé mais j'étais dans un état second.

— Je... vais jouir Hyung, a marmonné Felix. Je peux... Aah... Dedans ?

Minho a agité la tête plusieurs fois, ses yeux presque révulsés vers l'arrière et Changbin est venu l'embrasser après qu'il ait gémi :

— Oui.. Oui.. Moi aussi, je...

Doucement, j'ai caressé ses cuisses, son ventre et il s'est retiré de moi, éjaculant sur mon torse, le sien et celui de Changbin en de longs jets chauds et épais. Il s'écroula sur nous. Felix a suivi dans un gémissement aigu de sa voix craquée. Je n'ai aucun souvenir de ce qu'il s'est passé après. Je n'en garde qu'une sensation affreuse de vide qu'il m'a fait trembler. J'étais glacé et j'eus l'envie irrésistible de pleurer toutes les larmes de mon corps, celles que j'avais du retenir trop longtemps. Pourtant, j'avais le coeur satisfait de tant d'affection et d'amour. Je me suis senti comblé.

Je me suis réveillé deux petites heures plus tard. Le soleil peinait à se lever, la baie vitrée était encore ouverte et la chambre-salon était sans dessus-dessous. Le lit était recouvert d'un enchevêtrement de jambes et de bras qui s'enlaçaient, courbés inconfortablement afin de ne pas tomber du matelas. Je me sentais vide. Voici était venue la fin du roi. J'ai souri en enfilant mon caleçon, amusé de découvrir que Hyunjin avait bien tenu le pari de Jisung, à savoir s'endormir en lui. J'ai recouvert mon corps frigorifié de ma chemise noire et je me suis faufilé jusqu'au balcon. J'ai esquivé les quelques préservatifs usagés qui avaient été noués et jetés là.

J'ai inspiré plusieurs fois l'air froid de l'aube et j'ai soupiré, incapable cette fois de retenir mes larmes. Je connaissais un mal-être profond, comme si j'étais déjà mort. J'ai regardé le sol quelques étages plus bas, serrant la rambarde entre mes mains jusqu'à en avoir mal. Je n'en pouvais plus, et maintenant que ma vengeance avait été accomplie, c'était ainsi que le nouvel imposteur devait finir. Je n'avais rien à moi et je n'avais rien compris. J'ai gâché l'amour que j'avais reçu et j'ai abandonné.

Voilà, en arrivant à cette soirée, je savais pertinemment comment elle allait se terminer. Comment elle devait se terminer. Il y avait quelque chose de pénible dans l'air, quelque chose d'absolu et de fataliste. En même temps, je sentais aussi un regret immonde dans mon coeur, une tristesse qui m'a emmené à la panique, il y avait un goût d'espoir sur mes lèvres sèches et meurtries par les dents de mes amis. Cet espoir nouveau, que j'avais longtemps attendu et auquel j'avais renoncé. La nuit est trop belle pour mourrir aujourd'hui. Ça fait partie des choses que m'a dit Changbin lorsqu'il m'a trouvé sur le balcon. J'avais déjà une jambe de l'autre côté.

— Qu'est-ce que tu fais ? il m'a dit, les sourcils froncés.

Il était encore nu, s'affichant ainsi dehors, des marques de sperme sec sur son bas ventre. J'ai pensé que l'ironie était bien faite. J'allais me faire sauver par un inconnu et nous n'en parlerons plus. Je ne l'ai pas dit à mes meilleurs amis. Je n'ai pas dit que le soir d'apothéose, j'avais manqué de me foutre en l'air. J'étais trop amorphe, engourdi par la descente horrible que je venais de subir. Et ils ont eu leur dose suffisante de malheur quand Felix a annoncé qu'il partait. Ça leur suffisait. Je ne voulais pas être un poids de plus qu'ils devraient porter.

C'est resté entre Changbin et moi.

Il m'a éloigné de la rambarde et m'a pris dans ses bras. Nous nous sommes assis sur le balcon poussiéreux et il m'a bercé toute la matinée. Je n'ai pas arrêté de pleurer. Il m'a fait boire beaucoup d'eau et il a eu le temps de fumer un paquet entier avant que les autres ne se réveillent. J'ai parlé sans discontinué, j'ai confié ma vie entière à un inconnu, à un génie devenu toxico pour ne plus avoir à penser, à un type magnifique qui avait été légende et qui portait une représentation d'ecstasy sur la cuisse. Comment avions-nous pu en arriver là ?

Je fus presque déçu que les mythes s'effondrent ainsi. Tout n'était que fantasmes et chimères. Ce n'était qu'une illusion que notre orgueil nous avait poussé à croire et à idéaliser. C'est dans la tendresse de ses bras qui me soutenaient que j'ai trouvé mes réponses. Oui, dans ce torrent de tendresse, à l'heure où l'aube brilla, avec le souvenir de leurs cinq corps aimants sur le mien.

Être roi, ce n'était rien. Nous n'étions que des Hommes, nous étions des imposteurs. C'était très bien comme ça, je devais l'accepter. Personne ne pouvait nous sauver.

Même Dieu avait renoncé.



G O D    S A V E    T H E    P R O M    K I N G



END

_____________________
Voici la fin de GSPK !

Même si j'avoue avoir adoré l'écrire, j'ai mis siii longtemps à le faire que je ne ressens presque que du soulagement. Je n'arrive pas à savoir si j'en suis satisfaite, mais j'aime la fin parce que c'est ainsi que je l'avais prévue, dès la première phrase.

Merci à tous d'avoir lu, j'espère que vous avez apprécié et à bientôt sur d'autres histoires !

Prenez soin de vous,
Ash (:

NB : Je ne comptais pas mettre de disclaimer sur la drogue parce que j'ai livré la vision de Seungmin et des réactions que je connais mais je préfère en faire un quand même. Afin de rester dans le fantasme (notamment en considérant qu'ils étaient propres du derrière 💀), j'ai donné une réaction à la MD vraie mais qui n'est pas celle de tout le monde et encore moins celle de personnes avec beaucoup d'alcool dans le sang. Dans la mesure du possible n'y touchez pas, surtout en ayant bu. Ne prenez rien que vous ne voulez pas, sans en connaître les risques, ou parce que vous pensez — comme Seungmin — que vous serez ridicules à ne rien prendre, ce n'est pas « cool » de se droguer.

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