Nous avions quitté la plaine depuis plusieurs minutes, maintenant. Mes chaussures s'enfonçaient dans la boue des marécages, sous les plaintes incessantes de Leith. L'eau vaseuse et presque noirâtre tant elle était sale, m'arrivait déjà aux genoux. Et vous croirez sans mal que je n'avais strictement aucune idée d'où j'allais.

Mon plan était assez simple et plutôt utopiste. Trouver une occasion de leur voler le bâton blanc. À quel moment ? De quelle façon ? Je n'y avais pas encore réfléchis, ce qui expliquait peut-être mon envie de perdre du temps. Le Minotaure ne m'inquiétait pas pour le moment, mais je n'avais aucune envie de les y mener, au risque de devoir combattre aussi.

- Dis, très chère, tu ne te serais pas un peu foutue de nous ? rala Leith en s'arrêtant soudainement tout en croisant les bras sur son torse.

Bon, autant y aller franchement.

- Les falaises, dis-je simplement. Je nous emmène aux falaises.

Alec souffla bruyamment puis agrippa mon épaule pour m'arrêter.

- C'est à l'opposé d'ici. Tu es perdue, avoue le.

Surtout, ne l'avoue jamais, Ambre.

- Ah bon ? Je pensais trouver un endroit tranquille pour utiliser ta téléportation, c'est tout.

- Parce que les marécages sont plus sûrs que la plaine, peut-être ? ajouta Leith en ricanant.

- Le Minotaure pourrait sans mal y ...

- Bon, réglons cette affaire le plus rapidement possible. Avant de t'évanouir, tu l'as aperçu sur les falaises, si j'ai bien compris, résuma Alec avec un regard dur. Allons-y.

- Tu me dois une paire de chaussures, m'informa Leith en me faisant une pichenette sur le crâne.

- Comme si tu n'en avais pas déjà assez, marmonnai-je en me frottant le front.

Et merde. Foutu Minotaure ! Comme ci, ce n'était pas suffisamment difficile de leur voler quoi que ce soit à ces deux enfoirés. À croire que les équipes ont été volontairement déséquilibrées.

Allez, réfléchis, bordel. Comment est-ce que je peux réussir à ...

- Reste ici en attendant, m'ordonna Alec en commençant à partir.

- Quoi ? Me laisser ici avec de la boue jusqu'à la moitié des genoux ? Tu es devenu très drôle. Je viens et c'est non négociable.

- Tu ne devrais pas plutôt essayer de récupérer ton bâton et ta partenaire ? se moqua Leith en haussant les épaules.

- Vos jeux ne m'intéressent pas, mentis-je tout en leur adressant un sourire hautain.

- Ce n'est pas ce que j'ai pu croire tout à l'heure, mais bon, seuls les descendants ont de véritables esprits de compétition.

C'est ce qu'on va voir, mon grand.

___

Une heure avant la fin de l'épreuve, Labyrinthe du Minotaure.

- Les traces nous mènent directement dans son entre, si c'est pas beau ça ?

Je me sentais toute petite face au gigantesque passage qui nous faisait face. Un vent spectaculaire s'engouffrait dans ce qu'il semblait être l'entrée du labyrinthe. Les murs en pierre laissaient entrevoir des petits reliefs dont dépassait des mauvaises herbes et une mousse jaunâtre. Mais, ce sont surtout les cris sinistres qui m'inquiétaient le plus. Autant vous dire que je ne voulais pas y mettre un pied.

- Des criards, m'apprît Alec en restant derrière moi. Ils ne sont pas spécialement dangereux, mais ce sont les plus bruyants.

La comparaison avec le chien du voisin me vint immédiatement à l'esprit. Un petit caniche pas plus haut qu'une crotte qui s'amusait à aboyer sur quiconque oserait s'approcher du portail et pourtant, dès qu'on faisait un pas vers lui, il s'enfuyait en courant. Comme quoi, ceux qui gueulent le plus ne sont pas les plus redoutables.

Leith était déjà entré d'un pas déterminé dans le labyrinthe prétextant un « combat rapide «  contre le Minotaure afin de l'y enfermer pour de bon.

- Alec, tu veux vraiment récupérer tous les bâtons des équipes ? Ça ne te ressemble pas.

Je croisai les bras sur ma poitrine, le vent me faisant grelotter de froid.

- Tu crois vraiment que j'ai le choix avec cet abruti ? Je n'ai pas ... attends, s'interrompît-il en lorgnant sur mon épaule. Tu es blessée.

Ses sourcils se froncèrent une nouvelle fois. Bien qu'au début, j'avais en horreur cette expression sur son visage qui lui donnait l'air d'un membre de gang, je le trouvais presque mignon à s'inquiéter pour une simple égratignure.

- Je souffre le martyr, plaisantai-je en le bousculant avec mon épaule.

- Tu es si fragile comparé à nous. Un simple poison peut te mettre dans cet état ... sans oublier ta maladresse à tout épreuve.

Sa main se déposa alors délicatement sur ma joue et ce geste, aussi simple qu'il soit, avait le don de provoquer une nuée de frisons sur ma nuque. Quand Alec me touchait, je pouvais être en enfer, dans une salle de torture, en train de me noyer ... que tout cela me semblait être illusoire.

Le temps s'arrêtait, il vous regardait profondément avec des yeux aussi éblouissants que des joyaux et vous en oubliait jusqu'à votre prénom. Son pouvoir était monstrueux et je me croyais folle d'aimer ça à ce point.

Sa main glissa lentement sur mon cou et je crins que c'était à ce moment là que je retins ma respiration. Il ne me quitta pas des yeux lorsqu'il baissa la bretelle de mon t-shirt pour entrer en contact avec la peau brûlante de mon épaule.

Je n'avais pas spécialement mal à ma blessure, mais j'appréciais qu'il s'en soucie autant.

- Je ne peux qu'atténuer la douleur, mais il faudra soigner tout ça en rentrant, murmura-t-il avec une voix qui ne lui ressemblait pas.

- Ce n'est pas grand cho-...

La détonation d'une explosion nous détacha soudainement l'un de l'autre. Le souffle fut tel qu'il faillit me projeter en arrière, mais je me rattrapai de justesse en agrippant le pull d'Alec. 

- Qu'est-ce que c'était ?

- Aucune idée, mais rien de bon qui vaille, me répondit-il en scrutant l'entrée d'un regard menaçant. Leith n'est pas en forme depuis la cérémonie, je doute qu'il puisse s'en sortir aussi bien que l'année dernière.

- Et c'est maintenant que tu le dis ? aboyai-je en me précipitant vers le labyrinthe.

La main chaude d'Alec se posa sur ma nuque et m'empêcha d'avancer davantage.

- Je peux savoir où tu comptes aller, moustique ?

Je tournai la tête avec une grimace dégoûtée.

- Arrête avec ces surnoms ridicules, Leith est peut-être blessé, alors ...

- Et depuis quand est-ce que j'en ai quelque chose à faire ?

- Tu vas trop loin, l'avertis-je en grinçant des dents. Écarte toi pendant que je suis encore gentille.

Je le bousculai violemment d'un coup de coude. Leith n'allait pas être en danger pour si peu, ce type était un véritable monstre, mais l'occasion de prendre son bâton ne pouvait pas se présenter une deuxième fois.

Profitons de toute cette agitation pour le lui voler et partons en douce ni vu ni connu ...

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Yoooo
Cette fois, je ne me suis pas trompée, nous sommes bien jeudi :3
Comme pour Noël, je le poste plus tôt au cas où vous fêteriez le jour de l'an

Bonne année ! ❤️