Alec traversa les jardins à une vitesse hallucinante. Le froid faisait claquer mes dents, certainement par la faute de cette tenue légère qui en dévoilait un peu trop à mon goût, mais la confusion et la précipitation de ses pas me réchauffèrent un tant soit peu.

Les petits sous bois du temple de Poséidon rassemblaient une variété d'arbres impressionnants, pire encore que la source des brumes où je m'étais presque crue en plein rêve. Alec zigzaguait parmi les chênes verdoyants, les érables en fleurs et les racines noirs et blanches qui rendaient notre course périlleuse sans grande difficulté malgré la pénombre, pendant que je prenais les fines branches en pleine figure. Au bout de quelques minutes et craignant d'avoir le visage déformé par les griffures, j'en eus assez.

- Lâche-moi, ordonnai-je enfin en dégageant violemment mon bras de sa main chaude. Pas besoin de s'éloigner aussi loin, dis moi ce qu'il ne va pas.

Amael m'attendait certainement à la fête à l'heure qu'il était. Hors de question de louper une mine d'informations pareille !

- Tu te fous de ma gueule ? maugréa-t-il avec un air sidéré. Tu as disparu juste avant la cérémonie. Et comme par hasard, tu t'es retrouvée seule avec Vlad. Ta naïveté commence sérieusement à me faire peur.

Ce fut à mon tour de rester pantoise. Pourquoi fallait-il toujours qu'il agisse de façon mignonne et protectrice quand je n'étais pas d'humeur ? Manque de bol, mon coco, ma mémoire ne me faisait pas défaut.

- Je ne t'ai pas demandé de me materner, Alec. Si je veux prendre des risques, ça ne regarde que moi. À l'avenir, mêle toi de tes affaires si c'est pour agir de cette façon, lui répondis-je calmement en me souvenant très bien de ce qu'il faisait pendant la cérémonie avec sa chère Kate, cette pé... pé...péniche.

Essayons de rester polie.

Je voulus le planter là et rejoindre la salle des fêtes avec le peu de fierté qu'il me restait, mais Alec claqua soudainement sa langue contre son palais en soufflant de lassitude. Il se téléporta juste sous mes yeux et me barra le passage avec son torse à moitié dénudé.

- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, s'empressa-t-il d'ajouter sans quitter mes yeux. Arrête de faire ton bébé et file dans ta chambre.

Je ne pus m'empêcher de rire en entendant cette dernière phrase et pensais sincèrement à une plaisanterie avant qu'il ne croise sévèrement les bras sur ses pectoraux d'un air sérieux.

- N-o-n, articulai-je lentement en me rapprochant de ses lèvres. J'ai un rendez-vous important, avouai-je finalement tout en rabattant ma queue de cheval derrière mon dos comme Céleste le faisait si bien.

Je passais sous son bras en vitesse, fière du petit effet provoqué, mais il me tint pas le col de ma robe pour me retenir.

- Alec ! râlai-je en continuant de marcher comme un bébé. Sérieusement, je dois y aller !

- Je peux savoir qui est-ce que tu vas rencontrer à cette heure ? Tu ne connais personne. Et qu'est-ce que t'as foutu pendant ton absence ?  Je veux tous les détails.

Ce garçon est parfait seulement quand il a la bouche fermée ...

Je soufflai bruyamment en m'avouant déjà vaincue. De toute manière, il ne me laissera jamais partir tant qu'il n'aura pas ses réponses. Alors, je lui racontai le plus rapidement possible ma rencontre avec Vlad, puis la rescousse d'Amael en omettant volontairement le « problème Dragon ».

- Donc, parce qu'un mec t'aide brièvement ... et encore, on ne peut même pas appeler ça « aider », se rectifia-t-il avec un sourire moqueur, tu es prête à le suivre et passer la soirée avec lui ? Je comprends maintenant pourquoi t'es tombée sous mon charme ...

- Espèce de sale ...

Je toussotai et me repris mon calme à la dernière seconde.

Ne rentre pas dans son jeu, ne rentre pas dans son jeu, ne rentre pas dans son jeu, merde !

- Tu as tout compris, sur ce, je te laisse, un magnifique jeune homme m'attend en tenue d'Adam dans sa chambre, m'empressai-je d'ajouter avec un sourire satisfait. Je crois qu'il en a une plus grosse que toi, d'ailleurs ...

Je le dépassai en tapotant son épaule, puis accélérer le pas pour m'extraire de cette forêt aux odeurs de pins et de roses en me retenant de regarder sa réaction. J'imaginais déjà sa bouche entre-ouverte et ses yeux lancer des éclairs !

Pourtant, une fois que le château fut dans mon champs de vision, je sentis une présence derrière mon dos et devinai sans difficulté qui se tenait dans ce magnifique khiton.

- Quoi, encore ?

- Je viens avec toi, répondit simplement Alec en marchant à mes côtés. Un plan à trois, ça peut être cool.

- Mais ! Pourquoi ?! protestai-je en faisant semblant de m'arracher les cheveux.

- À part si tu as autre chose à cacher, je ne vois pas où est le problème.

- Je vais confesser mon amour à Amael, mentis-je alors avec la tête la plus sérieuse qu'il m'était possible de faire.

Alec sourit tout en secouant négativement la tête. Bon, cela le faisait rire, était-ce bon signe ou plutôt le contraire ?

- Je n'écouterai pas ta « confession », je sais déjà comment ça va se finir, se moqua-t-il. Je resterai suffisamment près pour intervenir en cas de problème et ce n'est pas négociable. Amael n'a pas grandi avec nous, on ne le connaît pas aussi bien que tu le penses.

- D'accord, d'accord, Papa, concédai-je avec un air lasse. Mais t'as pas intérêt de ramener ta sale tête.

- Pucelle, cracha-t-il en me dépassant.

____

Minuit, salle des fêtes de l'Olympe

J'avais bien perdu trois minutes à tenter de frapper la tête d'Alec dans les jardins du château. Et une de plus pour me recoiffer, lorsqu'il secoua mes cheveux en guise de vengeance.

Pourtant, je crus réellement m'être trompée d'endroit lorsque mes spartiates dorées foulèrent les carreaux en marbre.

La musique avait doublé de volume et des invités chahutaient au milieu de la piste de danse sans faire attention à leurs tenues qui se salissaient à force de marcher dessus. L'odeur, un mélange d'alcool et de transpiration, faillirent me faire ressortir illico.

Alec ne sembla pas surpris et s'avança en ignorant les regards aguicheurs. Un groupe de femmes, dont certaines d'âge mûr, passèrent la langue sur leurs lèvres pulpeuses lorsqu'elles nous détaillèrent. Des nymphes, à coup sûr ...

- Tu es sure que tu veux toujours te confesser à ce petit garçon ? J'ai plutôt la côte, tu sais, me dit-il en me bousculant légèrement.

- Waouh, des cougars aux seins tombants, quelle chance, répondis-je en les saluant de la main. Celle aux cheveux blancs m'a l'air plutôt pas mal.

Alec fronça les sourcils en faisant mine de bouder.

- T'es jalouse.

Je voulus répondre une phrase bien cinglante, mais Leith apparut soudainement avec un air paniqué sur le visage.

- Vous êtes là ! cria-t-il en me tenant par les épaules. Bien sûr, bien sûr, allons parlez dehors si vous le voulez.

Alec et moi échangeâmes un regard curieux, mais Leith nous tint tous les deux par le bras et nous précipita vers la sortie. Les jeunes filles soupirèrent de lassitude et se tournèrent vers le buffet dont une fontaine de champagne dégoulinait sur des centaines de verres pleins a rabord.

Bordel, ils sont tous soûls.

- Vite, vite, chuchota Leith en nous dépêchant vers les portes.

Une fois que l'air frais fouetta son visage, Leith s'assit sur les marches et souffla bruyamment.

- Ces bécasses vont finir par me tuer, déplora-t-il en arrangeant ses cheveux bruns. Vous étiez passés où tous les deux ?

- On vient de se croiser, mentit Alec.

- Alors, qu'en penses-tu, Ambre ? L'olympe est-il à ton goût ? me demanda le descendant de Zeus avec un sourire suffisant.

- Ça passe, ça passe.

Vlad veut me séquestrer, Amael en sait plus sur les Dragons que moi alors qu'il est un putain de descendant, Alec a failli me tromper avec une catin et Livia veut ma peau.

Je passe l'une des meilleures soirées de ma vie.

- Je vais me chercher un verre, nous dit soudainement Alec en m'avertissant d'un regard sévère de ne pas partir d'ici.

- Je ne pensais pas qu'il buvait, remarquai-je une fois qu'il avait disparu dans la salle.

- En effet, il ne le supporte pas, avoua Leith tout en regardant le paysage fantasmagorique qui se peignait sous nos yeux.

Des petites lucioles aux multiples couleurs virevoltèrent autour des gigantesques statuts représentent chacune des divinités. Je m'installai aux côtés de Leith puis finis par le détailler. Perdu dans ses pensées, des rides se formaient sur son front et ses yeux, pourtant si lumineux habituellement, avaient perdu toute leur beauté.

- Tu as l'air ailleurs, dis-je doucement en posant ma tête sur mes genoux.

Leith se tourna brusquement vers moi et haussa un sourcil. Comme il ne répondit rien, je voulus creuser davantage.

- Tu n'es pas content d'être ici ?

- Depuis quand ça t'amuse de jouer les psychologues ?

Sa remarque me fit sourire. Je n'y voyais aucune animosité et Leith semblait prêt à me parler à cœur ouvert, du moins ... sans vouloir me planter un couteau dans la gorge.

- On ne va pas se détester jusqu'à la fin de nos jours, lui répondis-je en me mordillant la lèvre inférieure.

Bordel, le champagne doit vraiment me faire dire des conneries.

- Amael doit certainement être le problème, continuai-je en ignorant ma maudite conscience.

- Ce garçon me rend ... nostalgique, avoua-t-il enfin après une minute de silence.

Un cri aigu retentit depuis la porte. Certainement une des invités qui devait danser à poil sur le banquet, rien de bien intéressant.

- C'est la première fois qu'un descendant de Zeus fait ce genre de cérémonie ?

- Pas vraiment, cela arrive souvent que des descendants meurent, mais la sensation est terrible. C'est comme ci ... on nous arrachait une part de nous-même. Étant le descendant de Zeus, je le ressens encore plus que les autres. Le lien qui nous uni peut-être terrifiant parfois. Je ... je ne m'étais jamais préparé à ça.

- Tu ne penses pas plutôt qu'il s'agit surtout de ton attachement pour lui ?

- Lui ?

- L'ancien descendant de Poséidon.

Leith baissa soudainement la tête et fronça les sourcils.

- Le favoritisme est proscrit chez les ...

- Ne répète pas les paroles de ton père, le coupai-je en levant ma main, dis moi ce que TOI tu en penses.

- Il y en a que je déteste, avoua-t-il avec un sourire amusé certainement en pensant à Sara et Alec, et d'autres qui ... ne me dérangent pas, je dirais.

- C'est déjà mieux. Mais ... je sens qu'il y avait bien plus avec ce descendant.

- Jaad et moi avons été élevés ensemble, alors j'imagine que nous avions beaucoup en commun. Tu l'aurais adoré si tu l'avais rencontrée, se souvint-il avec un sourire. Il ne se plaignait jamais et gardait toujours le sourire, même quand je lui ai demandé de partir à Atlanta pour y diriger le conseil à ma place, j'ai halluciné qu'il accepte. Je pense que c'est le seul qui ne faisait pas les choses sous la contrainte de la malédiction, mais plutôt parce qu'il en avait réellement envie, comme ... un ami.

- J'ai l'impression que tu les imagines tous comme Alec, lui répondis-je en posant une main apaisante sur son bras. Il y a d'autres descendants qui sont comme Jaad et qui voudraient même partager des moments avec toi sans forcément penser à tes responsabilités. Sortir au cinéma, à la plage, prendre un café lors d'un après-midi, ce sont ces choses simples qui nouent de véritables liens.

Leith hocha la tête et sembla réfléchir à la proposition, mais les portes s'ouvrirent soudain violemment, si bien que Leith et moi nous tournions à quatre-vingt-dix degrés.

- Leith, viens vite, Sean est en train de fouetter les fesses de Lisa devant ton père ! rugit Kate en débarquant sur ses petites ballerines.

- Je vais le massacrer, gronda Leith en se levant d'un bond. Qu'est-ce que les Dieux veulent que je fasse avec un type pareil.

Leith fit un pas pour rejoindre Kate, mais se ravisa comme s'il venait de se souvenir de quelque chose.

- On se voit demain, Ambre, ne soit pas en retard pour les jeux olympiens.

- Les jeux ?

Leith ne m'entendît pas et fonça vers Kate qui me tira soudainement la langue. Je lui rendis son geste en tendant mon majeur et fus fière de mon manque de féminité - pour une fois.

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On en parle de ces titres qui me font plus penser à un chapitre de Cinquante nuances de Grey qu'autre chose ?

Hum-hum 🤫, bonjour !

J'ai hésité à poster ce chapitre ce mardi pour me rattraper des pauvres 1000 mots de ce dimanche.
Beaucoup d'entre vous se sont plaints de la taille des chapitres, donc je vais essayer de faire au mieux ! Comme j'ai deux semaines chargées ( post partiel OUAIS ENCORE ), j'ai préféré prendre de l'avance 🥴

ET AVEC 2000 MOTS J'ESPÈRE QUE MES PETITES RÂLEUSES FAVORITES VONT AVOIR LE SMILE 😌❤️

J'ai l'impression de patauger un peu dans la soupe avec les précédents chapitres, dans le sens où il y a pas mal de dialogues avec différents personnages et pas « trop » d'action, disons ...

Mais il me semblait nécessaire de vous familiariser avec certains d'entre eux qui vont fréquemment apparaître par la suite ! Si vous voyez des points sur lesquels je pourrais m'améliorer ( notamment mes descriptions qui sont de moins en moins développées ) n'hésitez pas à me donner vos idées !

De toute manière, ils seront réécrits / améliorés pendant les vacances 😋

Je souhaite également la bienvenue aux nouveaux lecteurs 🤗

Bonne lecture et à dimanche ! 🖤