Chapitre 52 : Admirez-moi !
Huit heures. L'heure à laquelle ma mère était entrée en trombe dans ma chambre avec pour seul pyjama une nuisette violette et des cheveux en pétard.
Cinq heures. Voilà combien de temps, j'avais dormi. Trop peu pour moi, vous approuverez.
- Joyeux anniversaire, mon gros bébé d'amour ! Dix-huit ans, ma chérie ! Dix-huit ans ! C'est un âge formidable ! s'extasia-t-elle.
- Je ne vois pas trop en quoi c'est si génial, maugréai-je en me rappelant quel jour nous étions.
- Comme tu vas passer la journée avec tes amis, j'ai décidé de te donner ton cadeau en avance ! m'ignora-t-elle en tapotant mon coussin. Et, il est déjà dans ta chambre !
J'observai la pièce à la recherche d'un quelconque nouvel objet, malgré mes yeux encore à moitié fermés. Ma mère avait l'habitude de m'acheter des livres, des vêtements, des figurines et d'autres trucs dans le genre. Pourtant, il n'y avait rien de ce genre.
Ce fut à ce moment que je remarquais un énorme ourson en peluche, de la taille d'un homme dont j'avais toujours rêvé depuis des années.
- Tu l'as acheté ! hurlai-je de joie en me jetant sur l'ourson brun. Il est exactement comme dans la série ! T'es la meilleure, maman !
Je la remerciai en l'embrassant de toutes mes forces sur la joue. Ma mère n'était pas du genre à me combler de cadeaux, elle trouvait que les enfants de ma génération étaient bien trop gâtés et ... elle avait raison. Alors, elle passa aussitôt à autre chose
- Chérie, tu peux me rendre un service ? Je dois être au restaurant à onze heures et regarde ma tête, paniqua-t-elle en désignant son visage bouffi.
Son rencard avec son nouveau petit ami égaillait sa journée. Elle m'en avait parlé pendant des heures hier soir, d'où mon manque de sommeil. Mais, j'avouais m'être fait à l'idée depuis, sans compter que ma mère se confiait enfin sur sa vie sentimentale. Puis, mon anniversaire y était aussi pour beaucoup.
Hélène sonna à la porte lorsque je fus enfin prête. Nous avions convenu d'une matinée révision dans mon salon, avant de bien se défouler l'après-midi. Je ne lui avais pas dit qu'aujourd'hui était le jour de mes dix-huit ans, pour éviter d'en faire tout un pataquès.
Ma colocataire se réjouissait de passer une journée à la fête foraine avec nos amis, bien que la présence d'Alec ne l'enchantait guère. La veille, au téléphone, j'avais dû user de toutes les excuses possibles pour lui faire entendre raison. Et au final, avouer que j'en pinçai pour lui me paraissait être une bonne excuse. Elle s'était tue pendant quelques secondes, puis avait lâché un « oh » lourd de sous-entendus.
Cet après-midi était donc le moment opportun pour renouer entre ces deux-là.
- Et donc, où comptes-tu nous emmener ? me demanda-t-elle en enfournant dans sa bouche son huitième bonbon à la réglisse.
- La meilleur fête foraine de l'Utah ! Enfin, pardon. Le parc d'attraction plutôt, me corrigeai-je en imitant la voix d'Angie.
- J'ai toujours pas compris la différence entre les deux, ria-t-elle. On voit bien qu'Angie est plus habitué au monde des humains que moi.
- Au final, il y aura toujours des attractions, c'est le plus important. Ah ! m'écriai-je en claquant des doigts.
Je me levai du parquet sur lequel nous avions disposé une énorme couverture molletonnée et une dizaine de coussins puis me dirigeai vers le meuble du salon où étaient accrochées mes clés de voiture.
- Si je les oublie, on sera bien embêté. Tu as ton permis ?
- Non, ma mère trouve ça dangereux. Mais je compte bien la faire plier d'ici l'année prochaine ! Si à dix-huit ans, tu ne me vois pas souiller les rues d'Ogden en voiture électrique, je ne réponds plus de rien !
- Voiture électrique ? Donc, tu sais déjà ce que tu veux ? m'étonnai-je.
- Je reste une fée, ma chère. Hors de question de polluer cette planète.
La sonnerie mit fin à notre conversation. J'hésitai entre Angie et Alec.
- Tu vas ouvrir ? demandai-je à Hélène en espérant la voir entrer avec son frère dont elle ignorait même l'existence. Je dois aller chercher mon sac en haut.
Après avoir hoché la tête, elle partit aussitôt en repassant sa robe patineuse à fleurs. Malgré la fraîcheur, Hélène avait juré de rester en jupe, et ce, même en hiver. Aller savoir pourquoi cette fille avait des fois des idées tordues.
Une fois mon sac en main, je rejoignis les voix dans le salon et à ma bonne surprise, les deux garçons se tenaient à l'arche de l'entrée. Angie arrangeait ses cheveux blonds dans le miroir et Alec le fixait en secouant la tête.
Au vu de leurs tenues, je pensai plutôt à une excursion dans les enfers qu'à une sortie entre amis. Alec portait un vieux sweat-shirt à capuche noir et un jean du même ton. Ses cheveux ébouriffés donnaient l'impression qu'il avait combattu une armée entière, sans oublier sa position favorite : bras croisés sur la poitrine et sourcils froncés.
- Eh, détends-toi l'ami ou ma mère va faire une syncope en te voyant, le conseillai-je en imitant sa posture.
Son sourire narquois fit surface, pour mon plus grand bonheur. Les bruits de pas des escaliers attirèrent mon attention. Ma mère descendit les marches de notre escalier, en prenant bien son temps, certainement pour qu'on admire sa tenue des grands jours. Une robe cintrée couleur corail dont une ceinture marquait sa taille avantageuse.
- Bonjour, les garçons, les salua-t-elle avec un sourire Colgate.
Ma mère avait souvent la fâcheuse manie de se donner un air de femme fatale devant les invités. Elle ne se lâchait qu'avec ses amis proches ou ceux avec qui elle avait un bon feeling.
- T'as un rendez-vous ? s'inquiéta Angie en désignant sa tenue d'un doigt accusateur.
- En effet, dit-elle fièrement en tournant sur elle-même. Comment tu me trouves ?
- Plutôt pas mal, répondit-il sans véritablement y faire attention.
- Tu connais Angie, il se fiche un peu de ce genre de chose, ajoutai-je pour rassurer ma mère en la voyant déjà repartir se changer.
Alec s'avança de trois pas avant se tenir face à ma mère. Leur différence de taille me fit tout drôle au départ, mais la scène qui suivi fut d'autant plus étrange.
- Madame, dit poliment Alec en tenant élégamment sa main. Vous êtes ravissante.
Angie, Hélène et moi nous regardèrent au même moment. Nos bouches étaient si grandes ouvertes qu'une nuée de mouches aurait pu facilement y entrer.
- Oh là là, ricana niaisement ma génitrice en ramenant timidement une mèche de cheveux derrière son oreille. Je l'aime déjà.
Personne ne pipa mot, lorsque Alec et ma mère échangèrent sur le beau temps et tout autre sujet futile.
Ces deux-là se ressemblaient beaucoup, finalement ...
- Prenez bien soin de ma fille. Ce n'est pas tous les jours qu'on faite ses dix-huit ans !
À ce moment, Hélène m'hurla au visage des mots incompréhensibles, mais je compris tout de même un : « pourquoi tu ne me l'avais pas dit ? » suivant d'un « joyeux anniversaire à la meilleure de toutes les amies ».
- Fallait pas le dire, râla Angie, je voulais lui faire croire que j'avais oublié.
Je levai les yeux au ciel.
- Hilarant. Je peux savoir ce que tu as décidé de m'offrir ?
Angie trouvait chaque année un cadeau tordu à m'offrir et je redoutais beaucoup celui-ci.
- Je te paye absolument tout ce que tu veux à la fête foraine, deal ?
- Tout ce que je veux ? lui demandai-je sans y croire vraiment.
- Absolument tout ce que tu veux.
J'avais la parole d'Angie et dieu seul sait combien j'allais lui faire dépenser aujourd'hui. Décidément, j'allais être gâtée !
Alec s'était contenté de me souhaiter un joyeux anniversaire devant tout le monde, mais lorsque je partis chercher une bouteille d'eau dans la cuisine, il ne manqua pas de désigner la poche de ma veste.
Je plantai ma main dans ma poche et sentis comme une petite bille à l'intérieur. À quel moment avait-il pu faire ça sans que je le remarque ? Je faillis m'étouffer en sortant le petit objet doré de la taille d'une cacahuète dans ma paume.
- Une pépite d'or ! Une pépite d'or ! répétai-je en ayant presque de la bave qui coulait de ma bouche. Mais, comment c'est possible ?
- Quand on s'est rencontré, tu défendais corps et âme la bague en or d'Hélène, alors je me suis dit que ça pourrait te plaire. On ne manque pas vraiment de ce genre de choses chez les surnaturels.
- Tu parles, c'est certainement l'un des meilleurs objets de ma collection !
Je le remerciai chaleureusement avant que nous soyons interrompus par Angie, impatient de partir.
___
Je m'installai au volant de la voiture, puis Hélène et Angie se mirent d'accord pour occuper la banquette arrière de notre Honda Jazz. Alec resta sur le perron en hochant un sourcil pendant ... au moins deux minutes sans faire le moindre mouvement.
- Ça, être voiture. Engin permet emmener humain partout, articulai-je lentement en ouvrant la fenêtre. Bon, tu bouges ton cul ?
Il s'approcha lentement du véhicule comme si ce dernier allait le dévorait tout cru.
- Je croyais qu'on y allait à pied, râla-t-il en gardant une distance raisonnable. Le parc d'attraction n'est qu'à trente minutes.
- Trente minutes en voiture, Alec. Ça va nous prendre une heure sinon. Allez, dépêche.
- Hors de question que je monte là dedans, affirma-t-il sans bouger d'un poil.
____
Quinze minutes plus tard, c'était un Alec agrippé à sa ceinture de sécurité et respirant comme un asthmatique qui m'hurlait des « attention », « moins vite », « ça bouge trop ». Angie s'amusait à filmer ce moment mémorable, et je n'avais pu m'empêcher d'éclater de rire depuis que nous avions quitté mon quartier. Ce grand garçon tout en muscle, gardien des Tilion, descendant de l'effroyable Hadès, maître en combat et stratégie militaire ... ne supportait pas les voyages en voiture.
- Je vous jure que lorsque je descendrais, je vous exterminerais tous.
- Oui, oui, c'est ça, l'ignora Angie en braquant son téléphone à quelques centimètres de son visage. Plus besoin de te craindre maintenant.
- Arrête, Angie, lui ordonna Hélène en attrapant l'appareil. Tu vois bien qu'il est effrayé.
Angie et moi rirent de plus belle. Si Hélène le prenait en pitié désormais, Alec serait d'autant plus en rogne.
Je me concentrai de nouveau sur la route. Nous avions quitté toute circulation depuis cinq bonnes minutes et traversions un petit chemin de campagne aux abords d'une forêt. Dur d'imaginer qu'un parc d'attraction s'y trouvait à proximité, et pourtant, le GPS ne pouvait pas se tromper. Le silence s'abattît alors dans l'habitacle, comme si un danger nous guettait.
- T'es sûre que c'est par là ? Ce chemin me donne la chair de poule, remarqua Angie en imitant un frisson.
- On devrait peut-être utiliser une carte. Je crois que j'en ai une dans mon ...
Hélène ne finit pas sa phrase. Un obstacle percuta violemment la voiture, sans même que j'ai pu le voir. Le choc fut tel, que la petite Honda Jazz se renversa dans le fossé. Ma tête se cogna contre le volant malgré le bras puissant d'Alec pour empêcher mon corps de partir en avant.
Ma vision se troubla pendant quelques secondes, mais l'odeur du gazole me fit très vite reprendre mes esprits. Un mal de crâne phénoménal m'intima de ramener ma main contre ma tempe. Je saignai, mais pas suffisamment au point de m'empêcher de bouger.
- Ça va derrière ? demandai-je en essayant de me retourner.
Angie avait détaché sa ceinture et avait Hélène dans les bras. Son corps de loup-garou était assez résistant pour supporter un tel accident.
- La voiture s'est retournée du côté des plus robustes, on a eu de la chance.
Angie repoussa les débris de verre qui restaient coincés dans les cheveux d'Hélène. Je me retournai vivement vers Alec qui resta immobile.
- Rien de cassé ?
Ma voix, beaucoup plus éraillée qu'à son habitude me fit froncer les sourcils. Après deux secondes sans réponse, Alec détacha sa ceinture et s'approcha de mon côté. La voiture étant complètement retournée et collée au fossé, si bien qu'il ne restait plus que le côté gauche par lequel nous pouvions sortir. Alec essaya d'enfoncer la porte avec ses deux mains, mais à l'exception d'un grincement strident, la portière ne bougea pas.
- Essaye d'enfoncer la porte. Tu as plus de force que moi, me demanda-t-il en détachant ma ceinture.
Mes doutes ne lui échappèrent pas, mais il m'intima d'un hochement de tête d'essayer. J'obtempérai et posai mes deux mains à plat sur la portière au trois quart cabossée. Après seulement une poussée, celle-ci s'arracha dans un bruit perçant. Je voulus sortir la première, pour ensuite aider Angie et Hélène qui restaient derrière, mais la main d'Alec s'appuya sur mon épaule.
- Restez ici, je m'occupe du type dehors.
- Quel type ? paniqua Hélène avec une voix aiguë. Ne me dis pas qu'on a écrasé quelqu'un !
- C'est plutôt lui qui nous a écrasé, rectifia-t-il. Connor est à ce jour le surnaturel le plus puissant de notre monde.
- Connor ? Ce type, plus fort qu'un loup garou ? Ça m'étonnerait, renchérît Angie en défonçant sa portière d'un violent coup de pied.
Ce spectacle de force fit secouer sa tête d'exaspération.
- Connor ou pas, je ne veux pas rester une seconde de plus ici avec la tête à l'envers, ajoutai-je.
- Très bien, restez dehors dans ce cas, mais n'intervenez pas. Et si jamais ça se passe mal, appelle le premier numéro, m'ordonna-t-il en me jetant son téléphone.
- C'est quoi ce type au juste ? le coupa Hélène.
- Connor Mora, le descendant d'Arès.
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YOUHOUUU ARÈS FAIT SON APPARITION ~ 😚
C'est l'un des Dieux qui ressortait le plus, donc j'espère que vous serez satisfait. Vous en saurez plus à son sujet dans les prochains chapitres.
Vous l'imaginez comment physiquement ? 🤔 Pour rappel, Arès est le Dieu de la guerre, des crimes, et de la violence ... sympa ! 😌
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