Chapitre 129 : L'immortel
Alec avait tout juste eu le temps de se téléporter avant que Leith n'arrive dans le café où il m'avait laissée plus tôt. Il sembla alors soulagé de m'y retrouver, sans doute s'attendait-il à ce que je gambade dans la forêt. Leith avait eu raison d'avoir peur, car il y a pas plus tard que deux minutes, je discutais encore avec Anna.
- Pas stressée ? me demanda-t-il en serrant puis desserrant son poing.
- Pas pour le moment et toi ?
J'étais en réalité morte de peur à l'idée de rencontrer tous ces vieux surnaturels. Ils étaient tout de même à la tête du conseil depuis des années et décidaient de toutes les lois de ce monde. Des tas de légendes à leur sujet s'échangeaient entre les étudiants dans les couloirs. Personne ne les avait jamais vu, ou alors, ils étaient tous morts après avoir fait leur rencontre. Pourtant, Leith en connaissait et même son son air confiant, il n'avait jamais été aussi tendu.
- Je suis impatient d'y être, me répondit-il.
Nos mensonges nous rassureraient certainement, et nous en avions conscience. Leith se versa une coupe de champagne qu'il but à grandes goulées pour lui donner du courage, comme je l'avais fait plus tôt. Le descendant de Zeus qui portait habituellement des vêtements de couleur clair, avait tronqué son costume blanc contre une chemise noire qui faisait ressortir la couleur de ses yeux. Son pantalon à pince aussi sombre que ma robe nous donnait l'air d'un couple parfaitement assorti, mais notre manque d'enthousiasme en disait long sur la situation.
Leith se préparait à vaincre ses ennemis, quant à moi, j'essayais encore d'y voir clair entre les protecteurs qui me voulaient dans leur camp et les atrocités dont ils étaient capables si je ne les suivais pas.
Je ne comptais pas me sacrifier. Jamais. Rien ne me garantissait qu'ils laisseraient ensuite mes amis tranquille et, s'ils désiraient la pierre, l'avoir en leur possession ne résoudrait rien au conflit. Aucune idée de quoi ce fameux objet magique était capable ni où il demeurait précisément, mais les différents camps surnaturels le convoitaient bien pour une raison : les protecteurs, les membres du conseil, les descendants, sans oublier la descendante d'Athéna.
- Mon père est arrivé, on peut y aller, m'avertit Leith en rangeant son téléphone dans sa poche.
Il prit alors ma main qu'il posa soigneusement sur son bras avant de m'adresser un clin d'œil équivoque.
- Je préfère t'avertir de suite, mais si tu t'attends à ce que je danse devant tous ces gens, tu rêves.
- Tu danseras, nous sommes obligés d'ouvrir le bal.
Je secouai négativement la tête comme une enfant en tentant d'enlever mon bras emmêlé au sien.
- Hors de question, je ne sais même pas danser.
- Ce n'est pas vraiment la danse qui posera problème.
- Alors, qu'est-ce que c'est ?
- Ta façon de parler. Et ta fâcheuse manie de lever les yeux au ciel, exactement comme ce que tu fais en ce moment.
Leith n'avait pas tout à fait tort. Je ne me rendais même plus compte lorsque je le faisais surtout depuis que je fréquentais des surnaturels dégénérés.
- D'abord, soignons ta posture. Ne te tiens pas comme une vieille, me corrigea-t-il en imitant mes épaules voûtées. Prends exemple sur moi.
Leith bomba le torse et marcha à la façon d'un Jean-Kevin accro au tunning. J'éclatai aussitôt de rire en m'imaginant faire la même chose.
- C'est si ridicule.
- Je t'assure que tu m'imiteras quand tu les verras en action. Et jette moi ce chewing-gum, on dirait une ado en crise.
Un sentiment de tristesse me fit perdre soudainement le sourire.
- Je suis une adolescente. Enfin ... c'est ce que je suis censée être.
Si mâcher un chewing-gum m'éloignait de ma condition et me faisait ressembler à ce que je voulais le plus au monde, alors soit.
- Très bien, garde le. J'adore le goût de la menthe, ne put-il s'empêcher d'ajouter en haussant les épaules.
Son sous-entendu pervers me fit grincer des dents.
- Je vais te tuer.
- Je tremmmmble de peur, chantonna-t-il en imitant ma posture et ma voix.
Je ne pus me retenir de rire lorsque Leith perdit bien cinq centimètres à force de se courber et qu'il fit tomber son verre sur le sol en marbre.
- Merde ! jura-t-il.
Mon ventre me faisait si mal qu'il m'était presque impossible de reprendre ma respiration. Leith jurait très rarement et le voir agir comme un garçon normal et maladroit était très plaisant à voir.
- Monsieur ?
Leith recula d'un bond et toussa maladroitement lorsqu'un des serveurs du bal fut à notre porte.
- J'arrive, lui dit-il en reprenant une voix plus viril qu'à son habitude, certainement pour reprendre contenance. Nettoyez-moi ça, Jean.
- C'est Charles, Monsieur.
- Qu'importe.
Il m'adressa un sourire amusé avant de passer la porte. Je doutais pourtant que le bal serait aussi drôle que ce petit moment passé entre nous deux.
___
La musique des violons accompagnait les rires des convives. Si je n'étais pas consciente des enjeux diplomatiques de ce bal, j'aurais pu croire à un banal rassemblement. Pourtant, les regards inquisiteurs et les rictus qui se formaient sur le visage de certains me ramenèrent très vite à la réalité. Accrochée au bras de Leith, je mettais presque tout mon poids sur lui. Car, si par malheur, il me lâchait, je menaçais de tomber de tout mon long à cause de ces talons peu confortables.
Notre démarche était lente, extrêmement lente, mais Leith n'en était pas le moins du monde accommodé. Il prenait le temps de me donner le nom de chaque membre avant de les saluer.
- Gustave Hope, un vieux loup-garou de cent ans qui a dévoré dix femmes le printemps dernier.
- Q-quoi ?
- Bonsoir, Zeus, quel honneur d'être en votre compagnie, se réjouit faussement le loup-garou en me détaillant des pieds à la tête. Qui est donc cette ravissante jeune femme ?
Il déglutit péniblement comme si l'envie de me dévorer toute crue lui était soudainement venue à l'esprit. J'eus un mouvement de recul lorsque ses yeux oranges, presque jaunes se posèrent sur les miens. Le loup-garou ne faisait certainement pas son âge. La cinquantaine tout au plus avec ses cheveux grisonnants, mais sa carrure de rugbyman lui donnait bien vingt ans de moins. Il me gratifia alors d'un sourire avant de prendre ma main en coupe, sûrement pour un baise main, mais Leith fut plus rapide.
- Je vous déconseille de la toucher, c'est une hybride.
- Oh, quelle surprise, dit le centenaire en lâchant ma main presque avec dégoût. Enchanté, Mademoiselle.
- Ambre Riva, enchantée, lui répondis-je sans faire de courbette ou quelconque mouvement comme me l'avait demandé Leith.
Le loup-garou ouvrit des yeux ronds, mais il fut si rapide que j'aurais juré rêver sa réaction pour le moins étrange. Il nous adressa ensuite un dernier sourire poli avant de prendre congé vers la table ronde où amuse-gueules et coupes de champagne reposaient sagement.
- J'ai la peste ou quoi ? demandai-je à Leith qui ne l'avait toujours pas lâché des yeux.
- Les hybrides sont puissants et craints. On ne les approche pas imprudemment.
Ayant pourtant côtoyé la famille adoptive d'Hélène, j'avais trouvé Phil et son fils particulièrement chaleureux. Peut-être étaient-ils une exception ou que Leith exagérait. J'optais pour la deuxième option.
- Et ce ne serait pas mieux d'avouer tout simplement qui je suis réellement ?
- Tu veux créer une troisième guerre mondiale ? me coupa-t-il en ricanant. Je n'ai rien contre, mais je n'aimerais pas que mon magnifique costume soit abîmé.
Il y eut quelques secondes de silence avant que Leith n'ajoute :
- Tu as encore levé les yeux au ciel.
- Je n'y peux rien si je suis enchaînée à un débile, me justifiai-je en me calant sur ses pas.
- C'est pourtant toi qui m'as demandé d'être ton cavalier.
- À croire que tu ne le voulais pas.
- J'assume tout ce que je ressens contrairement à d'autres, se vanta-t-il en haussant un sourcil.
J'allais lui répondre une phrase bien cinglante lorsque Rhett débarqua dans la salle. Les membres du conseils et certains invités prestigieux comme les rois et reines de pays lointains furent congédiés dans une salle à part, voisine à celle des étudiants. Deux lustres en cristal brillaient sous l'éclairage artificiel et un immense espace vide, certainement pour les danses, menaçait de faire rompre mon estomac. Des serveurs, dont le fameux Charles, proposaient des coupes d'alcool sur des plateaux en argent pendant que certaines femmes se montraient leurs bijoux et leurs robes. Jamais je n'avais vu autant de surnaturels à la beauté aussi mystérieuse et envoûtante. Parés de multiples accessoires, ils conversaient d'un ton enjoué de tout et de rien. J'avais plutôt imaginer une ambiance tendue, mais il était évident que seuls les descendants connaissaient les risques de cette soirée.
Rhett, vêtu d'une veste de costume rouge s'avança parmi les invités et m'adressa un regard entendu. J'ignorais où se trouvait le vieux vampire ni comment l'aborder étant donné que Leith ne me lâchait pas d'une semelle. Vu sa réaction, mieux ne valait pas lui révéler mes réelles intentions. D'un regard circulaire, je tentais néanmoins de repérer un homme à la beauté ravageuse et aux yeux rouges, mais quasiment tous les vampires invités au bal répondaient à ces critères.
- Quelque chose ne va pas ? me demanda Leith en regardant dans ma direction.
- Je me demandais seulement qui étaient les membres du conseil.
Chose qui était vraie.
- Tu as rencontré Gustave, le loup-garou et certainement le plus tranquille de tous. C'est un criminel suffisamment puissant, mais tout ce qui l'intéresse est de vivre avec sa meute dans sa forêt. Il paraît assez coutumier de ce genre de représentation, mais il n'en demeure pas moins une bête sauvage qui déteste les humains.
- Personne ne le punit pour ses crimes ?
- Notre politique est similaire à la vôtre. Les dirigeants créent des lois qu'ils ne respectent pas.
Un ricanement ironique m'échappa. Les surnaturels et les humains n'étaient pas si différents tout compte fait.
- Tant qu'il reste tranquille et qu'il suit son meneur, il n'aura aucun problème.
- Il y a donc des membres plus influents que les autres ?
- Bien sûr, en fonction de l'ancienneté et de leur communauté.
- Comme ?
Leith sembla ennuyé de me répondre, mais le fit tout de même surtout lorsque je l'incitai d'un regard assassin.
- Les vampires sont les plus influents surtout avec l'organisation d'investigation surnaturelle.
L'OIS dirigée par le père d'Ali faisait acte de FBI surnaturel. Ces vampires n'étaient décidément pas commodes.
- Olivier Delacroix est le plus vieux vampire du monde à ce qu'il parait, poursuivit-il. C'est lui que mon père déteste le plus.
- Est-ce qu'il est présent en ce moment ?
- Je ne l'ai pas encore vu, mais il doit certainement être déjà là.
Génial ... Je suis vachement avancée avec ça.
J'allais rejoindre Rhett pour lui demander directement la question lorsque Vlad débarqua dans mon champ de vision tel un fantôme. Le voir continuellement vêtu de son costume le rendait beaucoup plus fade ce soir, bien qu'il reste très imposant. Tout son être, de ses cheveux blonds à sa barbe, hurlait sa virilité, à croire que tous les autres garçons de cette pièce n'étaient plus que des bambins.
- Bonsoir, susurra-t-il avec un air ravi. Tu es ravissante, Ambre.
- Merci, le remerciai-je en tentant de décrisper les rides qui barraient mon front.
- La fête te plaît ?
- Pour le moment, tout va bien.
- Bien, se réjouit-il. Et toi, fils, tu sembles tendu. N'oublie pas que nous sommes en présence de nos ennemis, montre-toi fier.
Leith se tenait déjà parfaitement droit comme un militaire. Il hocha la tête et lui répondit un « évidemment » plein de confiance. Son père sembla alors s'en satisfaire.
- Viens donc avec moi, Ambre, je vais t'offrir à boire, me proposa-t-il en posant déjà sa main froide sur mon bras nu.
Je lançai un regard suppliant en direction de Leith qui me laissa à la merci de son père sans bouger le petit doigt.
- Je serai juste à côté, voulut-il me rassurer.
Hélas, me laisser seule en tête à tête avec Vlad ne m'enchantait guère. Et que nous soyons entourés d'une, deux, trois ... de centaines de personnes n'y changeait rien. Cet homme me terrifiait plus que n'importe qui.
Vlad salua une fée à la chevelure enchanteresse avant de se diriger d'un pas rapide vers une table à l'écart où reposaient coupes de vin et crevettes marinées. Il n'y avait aucune chaise dans la salle, peut-être afin de ne pas les utiliser pour assommer son voisin, qui sait ...
- Diafosa te plaît, mon enfant, je le vois à tes yeux, m'assura Vlad en piquant dans une olive. Je chéris également cet endroit, mais il est aujourd'hui menacé par une bande de sauvageons. Tu sais déjà de qui il s'agit.
- Je ne partage pas non plus leurs valeurs, mais une guerre ne ferait qu'empirer les choses.
- Détrompe-toi, cela permettra enfin de mettre un terme à des années et des années de conflits. Si tu veux rester à nos côtés, je te conseille de ...
- Vous n'êtes pas en position de me menacer. Je sais ce que vous voulez et vous ignorez comment l'obtenir, n'est-ce pas ? Je ne veux ni d'une guerre, ni perdre mes amis, mais je serai prête à me battre contre vous si le besoin s'en fait sentir.
L'éclat de rire de Vlad fit écho dans la pièce comme une sirène d'alarme. Les invités nous dévisagèrent, mais détournèrent aussitôt les yeux lorsqu'ils le virent, lui et son regard menaçant.
- Ta sagesse te mènera tout droit à ta perte.
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Salut !
Pour les impatients, vous serez bientôt servi niveau action 😏
Il y a un ÉNORME indice à la toute fin du chapitre qui concerne Vlad. Allez, je vous aide, c'est la dernière phrase ( et il est fort probable qu'il y en ait deux autres 🤫 ). C'est bon, vous l'avez ? 😰 Regardez le chapitre 33, ça pourrait vous aider :3
Bon là si vous trouvez pas, j'abandonne 😂
Merci aux correctrices de cette semaine m, vous avez été géniales ! 🥰
À dimanche ! 😚
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