- Tu es vraiment chiant.

Leith avait toujours le bras autour de mon cou tel un serpent et crachait son venin parmi les couloirs bondés d'élèves. Tous les regards étaient posés sur nous de quoi me faire rougir de colère pendant des décennies.

- J'ai beaucoup réfléchi cette nuit, commença-t-il en se tournant vers mon visage.

Nos lèvres n'étaient qu'à quelques centimètres l'une de l'autre, mais j'étais bien trop absorbée par ses yeux bleus. Leur couleur m'avait toujours fascinée, un mélange entre un diamant et un bleu cérulé qui me rappelaient mon voyage dans les eaux clairs des Caraïbes. Je coupai court à notre échange en fixant l'un des tableaux représentant un paysage marin.

- Alec a de plus beaux yeux que toi, ne pus-je m'empêcher de dire.

Leith m'adressa un regard curieux, mais ignora ma remarque. Ses cheveux parfaitement coupés ne laissait aucune mèche virevolter dans tous les sens à l'inverse de Sean ou d'Amael. Il faisait bien une tête de plus que moi et son bras musclé me tenait fermement, si bien que tenter de partir était une cause perdue d'avance.

- Au départ, on se détestait, me rappela-t-il avec un sourire arrogant. Et nous avons fini par nous rapprocher quand ...

- « Tu », le rectifiai-je avant même qu'il n'ait terminé sa phrase. Tu t'es rapproché et je n'ai jamais changé d'avis à ton sujet.

- Tu mens. Regarde, tes narines se dilatent et tu mords tes jolies petites lèvres.

J'arrêtai aussitôt ce maudit tic et fronçai durement les sourcils pour lui montrer qui était le patron. Autant vous dire que mon comportement était aussi efficace qu'un couinement de lapin.

- Arrête ton cinéma à la fin. Qu'est-ce que tu veux exactement ?

Son regard se fit si sérieux et intense que je m'arrêtais en plein milieu du couloir, menaçant de bousculer un fae.

- Je te veux toi, c'est évident.

Je tournai immédiatement la tête à l'opposé ne souhaitant pas le regard davantage tant l'embarras me rongeait l'estomac. Comment pouvait-il dire ça en public sans même ciller ?

- J'ai décidé de changer de stratégie, reprit-il en caressant du bout des doigts une mèche de mes cheveux. Quand j'essaye de te laisser un peu d'espace pour ... disons, te faire oublier mes méfaits, tu m'ignores complètement. J'ai horreur de ça.

- Sans blague ...

- Je sais que de simples mots ne suffiront pas à te montrer combien je suis navré de cet incident, mais je n'ai jamais été aussi sincère, Ambre. Tu crois qu'Alec peut t'apporter quelque chose ? Quant bien même, il ne serait plus qu'un misé... un humain, se rectifia-t-il, il ne désire que sa liberté. Rester auprès d'une femme jusqu'à la fin de sa vie est loin d'être sa priorité, crois moi.

- Et tu penses que c'est avec ce genre d'argument que je vais soudainement tomber folle amoureuse de toi ?

- C'est loin d'être le cas, je te l'accorde, mais je te plais. Tu auras beau le nier autant de fois que tu le souhaites, nous savons très bien ce que ça signifie.

- Comment ça « je te plais » ? lui répétai-je en imitant son ton supérieur. C'est dingue comme tu vis dans un monde parallèle.

- Tu as vu Alec lors du charme de Léo, mais qui t'est apparu à la dernière seconde ?

Mes souvenirs étaient encore vagues, mais je me souvenais en effet d'avoir aperçu le visage de Leith pendant un court instant. Cela ne voulait rien dire pour autant. Léo manipulait les esprits, mais il ne montrait pas ce que je désirais le plus au monde.

- Désolé, je ne voulais pas te faire rappeler ce moment, s'excusa-t-il en grimaçant. Léo ne sera bientôt plus de ce monde, tu n'as pas à t'inquiéter.

- Quoi ?!

Leith ricana aussitôt en m'adressant son plus beau sourire et certainement l'un des plus sincères.

- Je plaisantais. Même si l'envie ne me manque pas, tuer l'un de ses descendants serait similaire à s'arracher une partie de soi-même. Tu n'as pas à avoir honte de ce que tu as vu, ajouta-t-il après quelques secondes de silence, agis comme tu l'as toujours fait.

Aucune idée ce qu'il voulait dire par cette dernière phrase, mais son regard calme et nostalgique me rappelèrent le petit garçon accroché à sa gouvernante. Il en faudrait toutefois plus pour me faire plier. Regret ou non, Leith était allé beaucoup trop loin.

La sonnerie avait sonné depuis bien trois minutes, si bien que le couloir se vida, ne laissant qu'une poignée d'élèves.

- Tu veux coucher avec moi ? lui demandai-je en réussissant cette fois à lui enlever son bras de mon cou.

Son visage se figea comme une statut.

- Q-quoi ?

- C'est la deuxième fois que tu bégayes depuis notre rencontre, ne pus-je m'empêcher de remarquer.

Il toussota en faisant mine de reprendre contenance.

- Disons que je ne m'attendais pas à une telle question.

- Donc, quelle est ta réponse ?

- C'est une question piège spécifique aux humaines, c'est ça ? J'ai entendu dire que les femmes étaient très douées en matière de remarques sibyllines.

Cette allusion me fit sourire malgré moi. Leith avait vu juste, mais je n'étais pas de cette trempe là.

- Ce n'est ni un piège ni un sous-entendu. Je veux seulement une réponse sincère.

- Alors, oui.

- Bien, je m'y attendais. Tu vois, ça ne peut pas marcher entre nous.

Le descendant de Zeus lâcha un grognement agacé.

- Tu penses que ton petit Alec n'a jamais trempé son biscuit et qu'il est aussi innocent qu'Artémis elle-même ?

- Non, mais il ne m'aime pas pour une potentielle progéniture aux dons exceptionnels. Leith, tu n'as jamais remarqué que tout, absolument tout était calculé chez toi ? Lorsque tu fais des efforts, ce n'est pas seulement par bonté, mais par désir de possession. C'est exactement de cette façon que tu me vois, comme une sorte de trophée.

Leith grimaça aussitôt en se pinçant l'arête du nez.

- C'est ce que j'aime et déteste à la fois chez toi. Une confiance aveugle en tes propos alors que tes arguments sont calamiteux. Ne te mets pas à ma place comme si tu savais déjà tout, Ambre, tu te trompes lourdement à ce sujet.

Il marqua une pause avant de reprendre d'une voix plus espiègle.

- Mais, c'est un challenge que j'accepte avec grande motivation.

Mon regard blasé ne lui manqua pas, mais j'avouais être très amusée par ce changement de ton. Leith le prenait à la rigolade, et soit, tant qu'il n'y avait pas de morts pour le moment, c'était de cette façon que je le supportais.

- Jeunes gens, n'êtes-vous pas supposés être en classe ? demanda une voix étrangement familière au bout du couloir.

Une femme taillée comme une guêpe s'avança vers le tableau d'affichage. Droite comme un I dans son tailleur, elle croisa ses bras sur son imposante poitrine et nous intima d'un geste de la main de partir. Je reconnus immédiatement ses cicatrices rosâtres sur le visage et son carré brillant. Cette femme faisait partie du jury lors de notre épreuve, et de nouveau, un sentiment étrange me tirailla l'estomac.

- Un problème ? me demanda-t-elle lorsqu'elle me vit la dévisager.

- N-non.

Je suivis Leith qui était déjà près de l'escalier.

Pourquoi est-ce que cette femme me dit quelque chose ?

En me retournant une dernière fois pour la regarder, j'aurais juré qu'elle m'avait sourie.

- Dis, c'est qui cette professeur ?

Leith pencha la tête sur le côté comme le ferait un enfant.

- Tu me pardonnes ?

- Non, mais réponds à ma question.

Il fit la moue, mais répondit aussitôt.

- Dans ce cas, ne compte pas sur moi.

- Je croyais que tu allais me prouver que tu étais ..., hésitai-je en cherchant le mot juste, « quelqu'un d'honorable » ? C'est le moment de le prouver. Tu as l'occasion de faire quelque chose seulement par bonté et non dans tes intérêts.

- C'est petit, très petit, râla-t-il en tirant la tronche. Mais, soit.

Je retins un cri de joie.

- Elle a été recommandée par un de nos professeurs. Très compétente d'après ce qu'on dit, mais assez flippante à regarder, ne put-il s'empêcher d'ajouter.

- Est-ce qu'elle était une ... sorte de soldat surnaturel ?

- Tu veux dire l'organisation d'investigation surnaturelle ? me reprit-il en secouant déjà la tête. Impossible que les chiens du conseil travaillent pour nous. Elle est peut-être issue d'un trafic d'enfant, c'était un problème sérieux il y a presque trente ans. Lorsqu'un lot était particulièrement intéressant, on le marquait au visage pour que l'enfant perde sa liberté.

- C'-c'est horrible, couinai-je, est-ce que le conseil a fait quelque chose ?

- Pas vraiment, mon père s'en est occupé, mais ces trafics n'ont jamais véritablement disparu.

Leith ne pourra donc rien m'apprendre de plus, mais j'étais toujours persuadée que cette femme avait un lien avec les protecteurs. Amael avait parlé d'une fille lorsqu'il était allé dans leur bar. La probabilité pour que ce soit elle était peut-être trop belle ou signe d'un mauvais présage, mais il fallait tenter le tout pour le tout.

- Ambre, tu voudrais être ma cavalière au bal ?

Ma tête faillit tomber de mon cou tant mon mouvement fut brute. Jamais j'aurais pensé qu'il soit assez fou pour me demander une question aussi ridicule. Ma conversation avec Rhett me revint néanmoins en mémoire. « Donne une lettre à Leith, demande lui d'être sa cavalière ». L'occasion était vachement belle, mais je n'avais pas changé d'avis.

- Je comptais y aller avec Alec, lui répondis-je avec franchise.

- Il n'acceptera pas ta demande. On peut parier, si tu veux. S'il accepte, tant mieux pour toi et tu pourrais batifoler où bon te semble, mais s'il refuse ... tu devras m'accompagner.

Il accompagna sa remarque d'un haussement d'épaule, déjà sûr qu'il allait gagner.

- Depuis le billard, je me suis jurée de ne plus accepter un seul de tes défis.

Leith ne pariait seulement lorsqu'il était convaincue à cent pourcent de sa victoire. Cette réalité m'attristait plus que je ne le pensais, car j'en arrivais à la conclusion qu'Alec n'allait véritablement pas m'accompagner, malgré cette foutue lettre reçue il y a à peine quelques heures. Il le faisait dans mon intérêt, je ne l'oublias pas, mais la déception me tordait quand même les entrailles. Un problème supplémentaire s'ajoutait donc à la pile déjà existante, qui était l'auteur de cette lettre ?

- Je te rappelle que tu n'as pas honoré la part de notre dernier contrat, susurra-t-il avec un sourire arrogant. Tu te souviens du verre que je t'ai promis ?

- Je le ferai, mais ça ne signifie pas que je t'accompagnerais. J'ai reçu plusieurs demandes, figure toi, mentis-je en bombant la poitrine.

- Ah oui ? me répondit-il en se retenant de rire comme s'il ne me croyait pas. J'en doute.

- Quoi ? Tu as réceptionné toutes mes lettres à la Dobby et tu comptes me laisser enfermer dans ma chambre jusqu'à la fin de mes jours ? ricanai-je en émettant toutefois la possibilité que ce malade soit allé aussi loin.

Leith ne répondit pas, mais son sourire hautain me donna une idée de la réponse.

- Ne me dis pas que tu as vraiment fait ça ?

La porte de la classe s'ouvrit avec fracas, laissant apparaître un professeur rouge de colère.

- Vous avez dix minutes de retard Riva et Cassano, rouspéta l'expert en mythologie. Sachez que la classe se moque de vos conquêtes, Mademoiselle. Maintenant, à vos places.

Leith me passa devant sans oublier de m'adresser un clin d'oeil, mais j'étais bien trop paralysée par la honte pour lui dire quoi que ce soit.

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Coucou,
j'espère que vous survivez à cette chaleur extrême. 30° à Montpellier, j'ose à peine imaginer ce que ce sera en Août ... 🥵

Il y a un 2ème big indice dans ce chapitre ! Et vu que vous êtes trop forts, vous savez déjà ce que c'est 😏

J'en profite pour vous annoncer que le concours a été mis en place. Il sera sûrement ouvert le 18 Juin au soir ( après le bac de français et de philo ). Le brevet étant le 29, ça fait un peu trop long 😭 Il ne s'agit pas d'un concours classique, mais d'une sorte de projet d'entraide où un tirage sera effectué tous les cinq jours. À la suite des conseils que vous aurez reçus, le concours débutera ( en gros ça va vous permettre de cibler les points qui ne vont pas ou de développer les atouts de votre livre afin de maximiser vos chances de gagner ).
Bref, vous aurez tous les détails plus tard. 😋

Il y aura 12 places par catégorie :
- Fantastique
- Fantasy
- Science-Fiction / Dystopie
- Romance
- Mystère / Thriller / Horreur
- FanFiction

Voili voilou ! 😁

À dimanche ! 🖤