D'un regard déterminé, je fis comprendre à Alec que je ne quitterai pas sa chambre tant que nous n'aurions pas une discussion sérieuse. Pourtant, lui n'était clairement pas disposé à m'écouter. Avachi contre la fenêtre, il regardait d'un air maussade à travers la vitre embuée.

- Je sais déjà ce que tu penses, lui dis-je avant qu'il ne soupire. Je n'aurais pas du ...

Alec daignait à peine jeter une œillade vers moi. La pluie qui s'était de nouveau remise à tomber ruisselait sur les carreaux, signe d'un mauvais présage.

Je serrai les poings, mes ongles formant des petits croissants de lune sur mes paumes.

Je ne voulais pas qu'il parte.

- Je regrette, repris-je d'une voix plus forte.

Alec secoua la tête d'un air faussement désolé.

- Tu te fiches complètement de ce que je pense, Ambre, sinon tu m'en aurais parlé dès le départ. Je ne suis pas en train de te le reprocher, se justifia-t-il cette fois en me regardant dans les yeux. Moi le premier, je t'ai laissé faire ce choix. Mais, de là à ce que tout le monde le sache ...

- Je ne pouvais pas en parler, on me l'avait interdit, le coupai-je sans pouvoir retenir le timbre tremblant de ma voix.

Il haussa un sourcil curieux.

- Qui te l'a interdit ?

Je n'hésitai pas cette fois.

- La voix ... Kallisté. Les autres l'ont découvert sans que j'en parle, je t'assure. Amael, Leith, le Minotaure, Vlad ... et je n'avais personne d'autres à qui me confier. Je ne veux pas vous impliquer davantage avec tout ça. Tu as suffisamment de problèmes avec Leith et ta sœur ...

- Quand est-ce que tu comprendras que tes amis sont là pour ça ? Ça ne fait que quelques mois que tu es ici et regarde toi. Tu n'avais qu'Angie au départ.

Alec n'avait pas tort. J'avais rencontré des personnes formidables à Diafosa, et c'était l'une des choses qui ne me faisait pas regretter mon admission. Mais, c'était aussi ce qui justifiait mes agissements. Qu'allais-je devenir s'il leur arrivait quelque chose par ma faute ?

- Je ne pourrais jamais assez te remercier pour ta patience. Tu ne m'as pas mis la pression pour me laisser le temps de la réflexion, mais il s'est passé tellement de choses ensuite. Les protecteurs ont sûrement avoir avec le meurtre de mon père et ... je suis un Dragon. Je ne suis pas ... « bien » pour vous, avouai-je en fixant honteusement mes chaussures.

Lorsque je relevai la tête, Alec n'était plus qu'à quelques centimètres de mon visage.

- Tu crois vraiment que ce sont tes origines le problème ? s'énerva-t-il en se redressant. Tu penses qu'un pestiféré comme moi en a quelque chose à foutre de ça ?

- Peut-être pas toi, mais les autres si.

- Et ça suffit à te réduire au silence ? Simplement parce que ...

- Parce que j'ai peur ! hurlai-je en m'avançant d'un pas.

Je murmurai cette fois d'un ton plus calme.

- Je suis terrorisée, Alec.

- Je peux m'occuper personnellement des descendants comme Léo si jamais ...

- Ce ne sont pas eux qui me terrifient, le coupai-je une nouvelle fois. Leith, Vlad, Léo ... bien sûr que je les crains, mais combien de fois a-t-on essayé de me nuire ? C'est triste à avouer, mais je me suis faites à l'idée qu'on voulait l'utiliser.

Un silence s'installa. Une véritable tempête s'abattait sur le campus désormais. Les branches des arbres se tortillaient douloureusement sous le vent froid, laissant des sifflements tortureux nous parvenir depuis dehors.

- J'ai peur que tu m'échappes, que tu m'ignores, que tu disparaisses du jour au lendemain sans donner de nouvelles. J'ai l'impression que d'un claquement de doigt, tu puisses quitter mon monde, chuchotai-je sans le regarder dans les yeux de peur de voir sa réaction. Tu sais, Léo m'a dit quelque chose pendant le match. Il m'a répété que ... que tu avais tué des gens, beaucoup de gens, dont des enfants.

Je vis Alec reculer d'un pas.

- J'ai menti en disant que je ne le croyais pas. Malgré cette triste vérité, malgré toutes les atrocités qu'on me raconte à ton sujet, combien il faut te fuir et te rejeter, je n'y arrive pas . Peu importe ce que tu as fait ou ce que tu feras, je t'aime, et ça ne changera jamais. Alors ... alors, je veux qu'on ...

Je me tus lorsque ses lèvres rencontrèrent doucement les miennes. La différence avec la fois précédente me sauta aux yeux. Il s'agissait d'un baiser de pardon, de réconciliation, d'acceptation. Ses mains chaudes se posèrent sur mon cou frigorifié et une bouffée de chaleur se diffusa dans mon estomac. C'était comme si je me retrouvais sur une plage ensoleillée.

Ses longs doigts remontèrent sur mon visage, parcourant avec délicatesse mon menton, mes joues légèrement rosies par le froid et mes pommettes.  La chair de poule me faisait trembler des pieds à la tête et lorsque sa langue trouva la mienne, un gémissement m'échappa. Sa main fut bientôt dans mes cheveux et je me cambrai lorsque l'autre se posa sur le bas de mon dos.

Je me mis sur la pointe des pieds pour le sentir davantage, mais il s'écarta lentement, me laissant sur ma faim. Je ne savais combien de temps il s'était écoulé, mais la nuit était déjà tombée depuis longtemps.

- Je ne sais pas exactement ce que t'as fait Léo, alors je préfère ne pas te brusquer.

Son attention faillit me faire déchanter. Oui, Alec était totalement différent de Leith. Le simple fait d'être dans la même pièce que lui me suffisait amplement, mais j'avouai ressentir une pointe de déception. Si Leith et Léo m'avaient précédemment dégoûtée, ce n'était pas son cas.

Une colère monstrueuse me frappa soudainement.

Il ne les méritait pas. Aucun des descendants n'était digne de partager quoi que ce soit avec lui. Si auparavant, je m'étais jurée de le libérer des griffes de ces monstres, mes convictions n'avaient jamais été aussi intenses en ce moment même. Peu importe avec qui je pactiserai ou qui je trahirai, mais les descendants seraient bientôt une histoire ancienne.

- Tu sais que quand tu es en colère, tes narines se dilatent ? J'ai trouvé ça très flippant la première fois que je t'ai vu, se moqua Alec en voyant que j'avais perdu de mon énergie.

Je pouffai de rire lorsque je regardai mon reflet dans le miroir de sa commode.

- Tu sais que quand tu es en colère, ta mâchoire se contracte, comme ça, lui répondis-je en l'imitant, mais personnellement, je trouve ça très sexy.

Il leva les yeux au ciel, mais je ne manquai pas son sourire en coin.

La sonnerie de son téléphone me fit alors sursauter. Alec aussi ne s'attendait pas à ce qu'on nous interrompe, mais lorsqu'il vit le numéro affiché sur l'écran, il ferma les yeux pour ensuite les réouvrir avec un regard dur.

- Viens, me demanda-t-il en voyant que j'étais toujours face au miroir pendant qu'il posait son téléphone sur la table de chevet.

Je l'écoutai et m'assis sur le lit juste en face de lui. Alec posa un doigt sur sa bouche pour que je ne fasse aucun bruit et décrocha.

- Où est-ce que tu es ?

Je reconnus la voix éraillée de Leith à travers le combiné. Aussitôt, ma bouche se tordit d'horreur.

- Bibliothèque, un problème ?

- Plutôt oui. Notre cher Philippe est parti avec son gentil papounet.

J'interrogeai d'un regard curieux Alec. Qui de nos jours portait un prénom pareil ?

- Oublie la clé et tout le reste, on change de plan, reprit-il après quelques secondes de silence. Wildes va essayer de convaincre les membres du conseil surnaturel de rejoindre la réception de demain. Je ne veux pas un seul descendant manquant à l'appel.

- Ne me dis pas que tu comptes les tuer ? demanda Alec avec un ton neutre.

- Honnêtement, j'y ai pensé, mais mon père ne vaudra jamais qu'on aille aussi loin. Nous avons fait une alliance avec Wildes, et même si nous comptons rompre notre accord tôt ou tard, il faut un minimum lui inspirer confiance. Plus nous serons renseigné et mieux ce sera. Ah, vérifie qu'Ambre soit bien dans sa chambre, je serai occupé jusqu'à demain.

Alec mit du temps avant de répondre et ce fut à son tour d'hocher un sourcil.

- Pourquoi est-ce qu'elle serait ailleurs ?

- Cette fille est aussi sensible qu'une fée, j'ai peur qu'après le match, elle veuille retourner chez sa mère.

J'allais insulter Leith de tous les noms possibles, mais Alec mit une main sur ma bouche pour me faire taire.

- C'était quoi ce bruit ? demanda Leith sur un ton méfiant.

- Un livre qu'à fait tomber la bibliothécaire. Je suppose que je m'occupe de prévenir les autres ?

Le mensonge d'Alec était si fluide que je lui adressais un regard admiratif.

- Oui, sauf Léo. Sean va s'occuper personnellement de lui.

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Kewkewww !
À cause de mes rattrapages, les chapitres reviendront à une longueur « normale » :3 Il est aussi possible que j'ai du retard, mais j'essayerai de poster les chapitres prévus 😌

Breeef, ce moment Ambrec, Alambre ou comme vous voulez a été galère à écrire 😂 Du coup il sera à 100% réécrit 🤓
Je voulais ABSOLUMENT que ce soit  la fille qui se déclare OUVERTEMENT en premier ☺️ Parce que bon, même si Ambre assumait ses sentiments dans sa petite tête, Alec allait désespérer à force de la voir avec Leith 🥲

Si vous n'avez pas oublié, il y a le fameux bal où toutes les divinités sont conviées ( et auquel Ambre se prépare depuis un moment ) qui va arriver dans les prochains chapitres. Du coup, profitez bien des prochains moments de tendresse, parce que ça va pas mal bouger ensuite 😈

À plus ! 🖤