
⇢ six
Les mains de Felix étaient figées en l'air comme si elles étaient dotées de leur propre libre-arbitre et qu'elles refusaient obstinément de repousser Changbin. Ce dernier prenait un malin plaisir à les stimuler, alternant baisers et morsures, et plus il les léchait, plus elles devenaient rouges. Elles brûlaient Felix, tellement qu'il avait presque l'impression que sa chair se consumait au moindre contact.
Le cerveau totalement hors service, il ne trouva même pas le courage d'ouvrir les yeux, ni l'envie de se reculer. Il resta planté là sans rien faire, immobile, extérieur à la scène, alors que son patron l'embrassait à pleine bouche. Ce dernier laissait filer de longs soupirs qui rappelèrent à Felix le jour où il l'avait trouvé torse-nu dans les vestiaires. Ce souvenir fit monter en lui une vague de chaleur qui se manifesta instantanément au niveau de ses joues. Il avait vu de ses propres yeux à quel point le corps du plus vieux était désirable et maintenant qu'il était si proche de lui, qu'il n'avait qu'à passer une main sous son t-shirt pour effleurer sa peau brûlante, il se sentait défaillir.
Mais bientôt, il se rendit compte de quelque chose : sa salive avait le goût âpre de l'alcool. Ce fut comme si on avait allumé une ampoule dans son esprit. Ce comportement là, était celui d'un homme dont l'esprit était brouillé par l'alcool comme lui avait pu l'être lors de cette fameuse nuit qui lui avait coûté son job. Changbin n'avait aucune idée de ce qu'il faisait, l'éthanol lui retournait le cerveau et il était hors de question de le laisser faire quelque chose qu'il allait regretter par la suite.
Dans un élan de motivation, le jeune homme posa ses paumes contre les épaules du noiraud, prêt à le repousser fermement. Mais Changbin fut bien plus rapide ; il encercla sa taille pour le serrer encore un peu plus contre lui. À partir de ce moment là, Felix sentit au fond de lui qu'il ne contrôlait plus rien. La langue de son patron s'était frayé un chemin entre ses dents et explorait désormais sa cavité buccale avec fougue. Le son de sa voix resta bloquée au fond de sa gorge alors que ses doigts s'étaient resserrés sur ses épaules.
Il ne savait déjà plus pourquoi il avait voulu s'extirper de l'échange, dès qu'il essayait de remettre le doigt dessus, le plus vieux bougeait ses lèvres et il oubliait instantanément. C'était beaucoup trop agréable, le monde autour devenait flou comme s'il était plongé dans le brouillard. Les sons semblaient lointains, les formes sous ses paupières, distordues. C'était un mélange explosif de sensations qui le faisait frémir autant qu'il lui donnait chaud, des étincelles ardentes qui crépitaient dans le creux de son estomac.
Soudain, Changbin se détacha de lui. La séparation de leurs lèvres humides produisit un léger son qui se perdit dans les mélodies entêtantes des différentes machines qui les entouraient. Felix ouvrit instantanément les paupières, il avait besoin d'observer l'expression de son patron. Et contrairement à ce à quoi il s'attendait, il ne faisait pas la grimace, ni ne souriait comme le gars bourré qu'il était à ce moment même. Non, il le regardait. Ou plutôt : il le dévorait du regard. La lueur d'un néon bleu se reflétait dans ses pupilles et faisait briller encore plus les petites étoiles humides qui s'y trouvaient.
Felix déglutit alors qu'un frisson incroyablement puissant escaladait son échine. Il sentait son coeur cogner dans sa poitrine et bourdonner dans ses oreilles. Bordel. Qu'est-ce qu'il venait de se passer ?
– Chef...
– Chut, le coupa le concerné en effleurant ses lèvres du bout des doigts. Tu parles vraiment beaucoup trop.
Il lui sourit et ses yeux disparurent de moitié sous ses paupières inférieures, faisant fondre le cœur de Felix qui était définitivement très faible lorsqu'il agissait de cette manière. Il savait qu'il avait toujours eut un faible pour son patron, il s'agissait surtout de son physique à vrai dire, mais ce soir-là, il se demandait sincèrement s'il n'y avait pas autre chose en plus. Il déglutit. Il avait l'impression d'être dans une attraction et de faire des loopings. Et si Changbin continuait son petit jeu, qui sait ce qu'il serait capable de faire.
Toujours autant souriant, Changbin abandonna sa taille pour faire glisser ses mains contre ses joues, puis dans sa nuque où il exerça une faible pression afin de le forcer à se pencher un peu vers lui.
– Embrasse moi... souffla-t-il contre sa bouche entrouverte.
Il laissa un espace entre eux, minuscule. Ils pouvaient sentir la chaleur des lippes de l'autre sans pouvoir la goûter, imaginer leur texture, sans pouvoir la toucher. Felix comprit très vite qu'il s'agissait d'un test. Changbin voulait qu'il soit celui qui prenne l'initiative cette fois. Il prit une petite inspiration alors que ses yeux louchaient sur la bouche de son vis-à-vis. En avait-il vraiment le droit ? Il lui semblait que non.
– Vous êtes ivre, murmura-t-il en bougeant ses lèvres le moins possible.
Le dire à voix haute lui fit l'effet d'une baffe. Il venait de se rendre vraiment compte que dans l'esprit de son chef, tout ce qu'ils avaient fait ce soir-là ne serait plus qu'un vague souvenir alors que lui venait de se rendre compte qu'il nourrissait des sentiments à son égard. Il eut pitié de lui-même. Dépité, il tenta de se reculer mais les doigts de Changbin se resserrèrent sur sa nuque.
– Embrasse moi, répéta-t-il d'une voix plus ferme.
Felix laissa filer un soupir.
– Je ne peux pas.
– Si, affirma le noiraud. Bien sûr que si tu le peux.
– Mais vous-
– Je te dis que tu peux.
Le plus jeune ravala sa salive. Il lui avait presque dicté cette phrase comme un ordre. Comme s'il n'y avait qu'une seule finalité possible à cette situation et que Changbin avait déjà décidé de laquelle il s'agissait. Et Dieu sait qu'il était un homme têtu.
D'un coup, son visage s'adoucit alors que ses doigts allèrent caresser les petits cheveux lisses de Felix qui tombaient dans sa nuque. Il baissa les yeux puis commença à tracer des cercles sur sa peau, comme si de rien n'était.
– J'ai gagné le pari, tu me dois bien ça non ? tenta-t-il un posant une main contre le torse du plus jeune.
Il n'attendait pas vraiment de réponses ; il n'y en avait qu'une et il la connaissait déjà. De ses phalanges, il froissa le tissu de son t-shirt pour se maintenir puis se mit sur la pointe des pieds en se collant à son vis-à-vis.
Son corps s'affaissa légèrement sur Felix qui ne put faire autrement que de passer ses bras autour de sa taille pour leur éviter une chute. Ce réflexe permit à la bouche de Changbin d'échouer sur son menton et le jeune homme ne perdit pas une seconde pour commencer à faire mouvoir ses lèvres contre son épiderme, comme s'il grignotait sa peau au fur et à mesure.
Le cendré ouvrit la bouche pour protester mais sa voix craqua en un gémissement aigu ; Changbin venait de dévier jusqu'à son cou qu'il léchait de toute sa longueur. Sa poitrine s'embrasa. Voilà que les sensations de tout à l'heure refaisaient surface, mais décuplées. Il ne parvenait à rien d'autre que de soupirer en s'accrochant aux vêtements de son chef. Celui-ci venait d'entamer une série de baisers près de son oreille alors que ses dents mordillaient son lobe de temps à autre. Son souffle chaud lui faisait perdre la tête. Avait-il toujours été aussi sensible à cet endroit là ? Il était incapable de s'en rappeler mais ce que Changbin était en train de lui faire vivre était incroyable.
Doucement, il ferma les paupières tandis qu'il se sentait pousser vers l'arrière. Son dos rencontra la vitre d'une machine qui couina de sa musique insupportable au passage. Les sons, les lumières tout étaient amplifiés et pendant une seconde, il se demanda sérieusement si ce n'était pas plutôt lui, qui était ivre.
Changbin se détacha de son cou pour lui préférer ses clavicules. Il leur fit subir le même sort avant de remonter vers son visage. Un rire lui échappa lorsque ses prunelles se posèrent sur son employé. Ce dernier l'observait par la fente de ses paupières, il avait l'air ailleurs et était tellement rouge qu'il donnait l'impression de pouvoir exploser d'un instant à l'autre.
– Si tu es déjà dans un état pareil pour si peu, je me demande ce que ce sera tout à l'heure, plaisanta le noiraud.
Felix se redressa légèrement.
– Tout à l'heure ?
– Ne crois pas que je vais m'arrêter en si bon chemin.
Ses lèvres se fendirent d'un sourire malicieux tandis qu'il passait une main sous le t-shirt du plus jeune. Il lui caressa l'abdomen, traça le contour de ses pectoraux, avant de faire glisser ses doigts lentement jusqu'à sa boucle de ceinture qu'il empoigna avec force, sans jamais cesser de le défier du regard.
Felix cligna des paupières alors qu'il peinait à déglutir. Il avait l'impression que les yeux de Changbin étaient en train de le brûler, que tout son être prenait feu. Il remua ses orteils qui étaient prit de fourmillements. Où était passée sa motivation de tout arrêter avant que les événements dérapent ? Les choses prenaient des proportions démesurées mais mettre un stop à tout ça s'avérait être clairement au-dessus de ses forces. Et puis, Changbin paraissait si sûr de lui Était-ce l'oeuvre de l'alcool ou en avait-il vraiment envie ? Impossible d'en être certain.
Felix se mordit l'intérieur des joues. Il en avait marre de se prendre la tête, de capituler dès que le noiraud le touchait. Le plan de départ était qu'ils se réconcilient, pas qu'ils se galochent au milieu de machines à pinces.
Changbin le coupa net dans ses pensées d'un bref baiser sur les lèvres.
– Arrête de réfléchir, tu m'énerves.
– Vous aussi vous m'énervez, soupira-t-il en laissant tomber ses bras le long du corps.
– Très bien, on s'énerve tous les deux alors je propose qu'on la ferme et qu'on s'embrasse.
Felix émit un léger rire qui fut bien vite étouffé par la bouche de son patron. Ils s'embrassèrent langoureusement, presque tendrement et le plus jeune se promit qu'il s'agissait du dernier baiser qu'il s'octroyait. Le lendemain, il ferait comme si rien de tout ceci n'était arrivé et ils reprendraient leur vie normalement chacun de leur côté.
Oui, c'était la bonne chose à faire.
Soudain, un des genoux du plus vieux se fraya un chemin entre les cuisses de Felix et appuya doucement contre son entrejambe. Le cendré hoqueta de surprise en fermant aussi fort que possible les paupières.
– Ch-ef... balbutia-t-il en plongeant le visage dans son cou.
– Quoi ?
– On est dans un lieu publique
Changbin se recula légèrement, un sourire carnassier au visage. Il réitéra son geste encore plus franchement, peu soucieux de l'avertissement. Felix couina alors que son corps se cambrait sans qu'il ne put y opposer résistance, l'arrière de son crâne heurta la vitre derrière lui. C'était comme si un courant électrique l'avait traversé tout entier. Le souffle court, il tâtonna pour trouver quelque chose à quoi se raccrocher et trouva finalement refuge dans les bras du noiraud qui le cajola doucement.
– Tu as raison, admit celui-ci au creux de son oreille, allons plutôt chez moi.
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