22.
22. Chan, Mina, Félix.
Chan avait accepté de rendre service à Félix. Il était son ami et son air inquiet l'avait convaincu de faire ce qu'il lui avait demandé. La situation était tout de même compliquée pour le rouquin. Avoir une relation avec une femme mariée, et de surcroît, avec la mère de sa meilleure amie et ex copine, ce n'était pas vraiment la solution de facilité. Mais maintenant, tout était terminé et il serait fort dommage que leurs petites parties de jambes en l'air soient dévoilées à cause d'une foutue gourmette égarée.
Dans la chambre de Mina, les deux amoureux étaient installés sur le lit de cette dernière. Allongés et enlacés, ils s'échangeaient quelques langoureux baisers tout en discutant des cours, de leurs amis et de leurs prochaines sorties. Mais Chan n'oubliait pas sa mission pour autant.
— Tu veux rester manger ce soir ? proposa la jeune femme en caressant la joue de son petit ami.
— Ça ne va pas déranger tes parents ?
Elle déposa un bref baiser sur les lèvres de Chan et secoua négativement la tête lorsqu'elle se recula. Elle lui adressa un mince sourire qui, finalement, se voulait plus triste qu'autre chose.
— Mon père sera pas là de toute façon…
Chan fronça les sourcils devant la mine peinée de la blonde.
— Il est pas souvent là, non ?
— Hm, c'est vrai… C'est assez rare de le voir, il travaille tout le temps. Et sinon… Il essaye de passer le plus de temps à l'extérieur de la maison.
— Comment ça se fait ?
Mina lâcha un profond soupir et baissa les yeux.
— Mes parents sont séparés. Enfin, ils vivent toujours ensemble par obligation. C'est juste pour sauver les apparences…
— Je suis désolé…
Chan enlaça sa petite amie aussi fort qu'il put. Il voyait à quel point cette histoire pouvait la toucher et ça lui faisait mal au coeur. Même si elle était très discrète, Mina souriait toujours. Elle avait l'air d'être une jeune femme épanouie et heureuse dans sa vie, avec une famille aimante et une bonne situation. Tout ceci n'était qu'une façade. Sa mère était sortie avec un étudiant et ses parents étaient séparés. Visiblement, tout n'était pas rose dans cette famille que Chan avait pourtant un peu idéalisée.
Il se redressa un peu et déposa un tendre baiser sur le front de la jeune femme. Il remarqua que quelques larmes s'étaient nichées aux coins de ses yeux. Il les essuya avec soin et l'embrassa à nouveau.
— Tu veux qu'on regarde un film ? proposa-t-il. Ça te changera un peu les idées.
Mina hocha vivement la tête. Elle quitta le lit et tendit une main à son petit ami pour l'inciter à faire la même chose. Elle lui caressa le torse, effectuant quelques cercles imprécis avec son index au-dessus de son t-shirt.
— On a qu'à aller dans la salle de cinéma au sous-sol.
— T'as une salle de ciné chez toi ?
— Oui. Et on a tous les films possibles et imaginables. Tu voudras regarder quoi ?
— Tout ce que tu veux, je suis pas difficile.
Elle sembla réfléchir un instant quand Chan la coupa dans ses réflexions.
— Je vais d'abord passer aux toilettes.
— Je vais nous préparer de quoi boire et manger, tu n'auras qu'à me rejoindre dans la cuisine.
Ils sortirent de la chambre et, avant de disparaître dans les escaliers, Mina adressa un petit signe de la main à Chan. Il lui répondit par un sourire et se dirigea vers la salle de bain. Mais c'était juste pour faire illusion. Dès qu'il comprit que Mina était plus loin, il fit demi-tour pour rejoindre la chambre parentale. La pièce était immense et bien rangée, ça n'allait pas être très compliqué de trouver une gourmette égarée ici. Il regarda vite les alentours et se dit que peut-être, Madame Miyoui l'avait trouvée et cachée dans un tiroir. Ça l'embêtait de devoir fouiller. Surtout de devoir fouiller pendant que Mina était en bas, il avait l'impression de la trahir et il savait qu'il allait culpabiliser. Mais c'était pour son ami qui était en galère, et Chan n'était pas du genre à abandonner ses amis. Il ouvrit la première table de chevet et passa la main dedans pour retourner ce qu'il y avait à l'intérieur. Rien d'intéressant, juste quelques mouchoirs en tissu, une bague et une paire de boucles d'oreilles. Il essaya de tout replacer correctement pour que son passage ne soit pas remarqué. Il contourna le lit pour se diriger vers l'autre petit meuble et répéta l'opération. Il y avait là la boîte d'une montre hors de prix, quelques papiers, mais ce qui attira l'attention de Chan fut un petit paquet transparent contenant des cachets. Il cligna plusieurs fois des yeux avant de se pencher davantage. Il ne voulait pas le toucher, par peur de comprendre de quoi il s'agissait. Mais au fond de lui, il savait ce que c'était. Et ça le terrifiait.
Il secoua la tête et s'empressa de refermer le tiroir pour continuer ses recherches. S'il prenait trop de temps, Mina allait s'impatienter et surtout se demander ce qu'il pouvait être en train de faire. Si elle le surprenait là, il était cuit. Il réfléchit un instant avant de se mettre à plat ventre pour regarder sous le lit. Il prit son téléphone et alluma la lampe torche. Aussitôt, il aperçut le bijou échoué sur le sol. Il tendit la main et l'attrapa. Dessus était bien inscrit « Felix », ainsi que sa date de naissance. Il se releva, l'enfonça dans sa poche de jean et quitta la pièce. Une fois sur le palier, il soupira.
— Chan ? Tout va bien ?
Il sursauta à la voix de Mina.
— Oui ! Oui, j'arrive !
Il descendit les escaliers en quatrième vitesse et déclara un sourire à sa petite amie, comme si de rien n'était.
— Je savais pas ce que tu voulais boire… dit-elle en l'emmenant dans la cuisine.
— De la limonade ça ira très bien, répondit-il en pointant la bouteille sur le plan de travail.
Elle lui servit un verre et le déposa sur le plateau qu'elle avait préparé, juste à côté des petits biscuits secs. Chan fixait un point devant lui, l'air absent. Ce ne fut que lorsque Mina lui attrapa une main, inquiète, qu'il revint à lui.
— Tu as l'air pensif…
— Oh… C'est juste que… Je me posais des questions…
— Ah ? À quel sujet ?
Il secoua la tête.
— C'est indiscret, je veux pas t'embêter avec ça.
— Tu ne m'embêtes pas, dis-moi, demanda-t-elle en lui caressant la joue.
— Pourquoi tes parents sont séparés ?
Elle força un petit sourire.
— Ma mère a découvert que mon père la trompait. Un jour, elle a retrouvé un faux ongle dans sa veste et… Je te laisse imaginer la scène qu'elle lui a faite ensuite.
Mina émit un petit rire. Elle préférait prendre cela à la légère, c'était peut-être moins douloureux. Chan la serra dans ses bras et l'embrassa tendrement.
— Allez, on va le regarder ce film.
***
Le lendemain, Chan avait donné rendez-vous à Felix dans un parc non loin de chez lui. Il l'attendait depuis déjà une bonne dizaine de minutes et ce fut les mains dans les poches de son hoodie et la capuche sur la tête qu'il vit le rouquin arriver. Il traînait les pieds, l'air nonchalant.
Une fois face à face, ils se saluèrent d'un geste de la main et s'échangèrent un sourire. Felix avait les yeux cernés, il avait dû peu dormir.
— Je sais, je ressemble à un zombie… anticipa-t-il.
— J'allais rien dire, s'amusa Chan.
— J'ai juste… pas beaucoup dormi avec cette histoire de gourmette…
— C'est bon, tout est réglé maintenant.
Chan plongea la main dans la poche de son pantalon et en sortit le bracelet pour le confier à son ami. Ce dernier le saisit et le garda fermement dans son poing.
— Merci, t'es vraiment un ami. Si t'avais pas été là…
— T'inquiète pas, l'interrompit Chan, j'allais pas te laisser dans la merde.
Il lui asséna une petite tape sur le bras et Félix le frotta aussitôt.
— Ah au fait… Je t'en voulais un peu de te taper la mère de Mina mais… vu que son mari la trompe, elle peut bien en faire autant.
Felix écarquilla les yeux.
— Quoi ?
— T'as bien entendu. Je vois pas pourquoi elle pourrait plus te voir si lui est pas fidèle.
Le coeur du rouquin manqua un battement. Il voyait ça comme une ouverture. Pour sûr, il n'allait pas laisser passer cette occasion en or de reconquérir le coeur de Madame Miyoui.
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