Bon pour les habitués vous savez bien que lorsque je dis la suite dans quelques jours ça signifie quelques semaines ... sorry  >< 

Bref! Voici la suite ! 

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Je le suis sans me poser de questions.

Sans un remord lorsque mes doigts s'enroulent autour de leur gorge, sans un frisson lorsque leurs cris percent mes tympans, couvrant le bruit des crépitements du feu. Un décor apocalyptique noircit les laboratoires jadis d'une blancheur chirurgicale. Le visage de cet endroit prend désormais des traits à l'image des activités qui s'y déroulaient. Les traits de l'Enfer.

Je suis blessé. Eux le sont aussi.

Le sang colore nos vêtements miteux mais nous ne sentons plus la douleur. Elle n'est rien à côté de la haine pure qui guide nos pas. Je pense que mon cœur a cessé de battre comme celui d'un Homme. Il ne ressent plus rien, reste inerte et muet dans ma poitrine. Un bloc de pierre à l'état brut. A tel point que le visage de cette gosse entre mes mains ne m'effraie pas. Ses yeux grands ouverts me supplient de la laisser vivre. Elle est arrivée ici il y a quelques semaines, elle ne sait pas se battre, elle est terrifiée et je la terrifie.

Elle est si faible. Si pitoyable.

Je la lâche et elle s'effondre sur le béton en pleurant. Je sais que n°318 marche derrière moi et se chargerait de mettre le feu à cette salle aussi. Elle mourrait dans les flammes comme les dizaines d'enfants qui étaient enfermées avec elle. Et les centaines d'autres déjà ensevelis sous les décombres ou réduits en cendres.

Une partie mourrait des conséquences de cette mutinerie, de la destruction, des balles perdues. Mais les militaires eux, subissent en quelques minutes ce que nous avons subit depuis qu'ils nous ont enfermés ici. Il ne s'agit plus de les tuer, nous les brisons comme eux nous ont brisés. La torture que nous leur infligeons n'est jamais assez vive et cruelle, pas assez douloureuse et destructrice. Le sang qui colore nos mains n'est jamais assez rouge et l'odeur de fer ne couvre pas encore celle du brasier. Je veux voir leur visage se tordre de souffrance et les voir me supplier de les épargner avant de rendre leur dernier souffle. Tels des hyènes ou un trio de charognards, plus personnes n'a de grâce à nos yeux aveuglés par la noirceur des lieux.

N°318, N°429, N°26 nous ne sommes rien d'autre que cette suite de chiffres. Je ne connais pas leurs prénoms. N°26 nous a choisi pour une raison qui m'échappe mais aurait pu en choisir aussi bien deux autres au hasard ou quatre autres, ou une armée, ou bien aurait pu continuer seul. Nous étions égaux, subissions les mêmes entrainements, le même supplice. L'armée venait de créer plus fort qu'elle, plus dangereux qu'elle. Nous n'avions aucun effort à faire, nous connaissons tout d'eux, leur manière de bouger, de réfléchir et d'agir.

Le seul obstacle qui aurait pu se dresser devant nous est absent. Nous sommes là, tous les trois, dans le bureau du directeur de cet enfer mais la salle est vide.

- Il a dû fuir.

- Il n'est nulle part.

- Je retrouverais ce lâche et lui arracherait le cœur de mes propres mains. Siffle N°26

- Si tu le retrouve, il te tuera.

- Non... Je vais dans un endroit où ils m'aideront à le détruire.

- Personne ne voudra se mêler de cette histoire. Et personne ne t'accueillera à bras ouvert. Nous devons disparaitre, recommencer à zéro, se forger une nouvelle identité. Déclare N°318

- Tu ne pourras pas vivre dans ce monde. Nous sommes trop différents. Ces gens sont faibles, ces gens sont fermés, ont peur, ils te verraient comme un monstre.

N°26 observe ses mains couvertes de sang et trace sur un mur salit par les flammes, les courbes d'un symbole que je n'ai jamais vu.

- Ce symbole est celui des Glyster. Un groupe de criminels. Je deviendrais ce que l'armée chasse. Je deviendrais ce que l'armée craint.

- Comment connais-tu l'existante de ce groupe ? Et qui te dit qu'ils t'accepteront ?

- Il en parlait avec les militaires l'autre soir. Il les recherches et était certain de pouvoir les éradiquer grâce à nous. Ces braves petits pantins prêts à se jeter sous les balles d'assassins pour qu'il puisse remporté la gloire d'avoir défait l'un des clans les plus craints du continent. Il est si superficiel... si lâche.

- Si ce groupe existe, ils doivent savoir que le directeur de Danathor veut leur peau et en voyant ta marque, ils te tueront.

- Alors ils ne verront pas ma marque.

N°26 frappa contre le mur de pierre calciné et plusieurs morceaux se décrochèrent. Il en ramassa un, le porta à sa joue avant d'entamer sa peau sur plusieurs centimètres. La plaie barra la marque de Danathor, la dissimulant sous le sang. Il répéta le même geste plusieurs fois, abimant sa chair sous nos yeux impassibles.

Je ne dis rien. Où que j'aille je resterais ce que je suis. Quel intérêt de rejoindre un groupe criminel ? Quel intérêt de reprendre une vie à zéro ? Rien à de valeur, nous n'avons rien à protéger, rien à aimer, rien à comprendre. Il nous est même impossible de nous racheter pour le massacre que nous venons de commettre. Ils débattent sur un sujet qui me parait utopique.

- Alors nos chemins se séparent ici.

- Vous serez forcés de trouver un endroit qui vous ressemble...

*****

N°26 ? Yoongi ? Oui... Yoongi avait surement raison ce jour-là.

Jungkook ouvrit les yeux sur le plafond blanc de sa chambre. Ses yeux étaient secs. Son cœur battait lentement, aucun tremblement n'agressait son corps. Il était d'un calme effrayant.

C'était irréel.

Cet homme au regard vide et sans brillance, au visage marbré de sang et de cicatrice, aux mains meurtrières. Avait-il vraiment été cet être dénué d'humanité ? Son caractère actuel en était tellement éloigné. Et pourtant en ce dimanche matin, Jungkook se trouva terrifiant de n'avoir aucune réaction. Quelques mois en arrière il en aurait surement pleuré et crié de peur mais aujourd'hui ses yeux était secs.

Il se leva, lentement, presque robotiquement avant d'enfiler un jogging et de descendre torse nu. Il était tôt et les Glyster dormaient encore ou vaquaient déjà à leurs occupations. Quoiqu'il en soit il ne croisa personne dans les couloirs.

Ses pas le menèrent jusqu'à la cuisine où, à moitié absent, il se fit couler un café. Il observait les volutes caramel danser dans sa tasse sans vraiment en apprécier l'odeur. Ses yeux, grands ouverts semblaient aussi ternes que dans le souvenir qui venait de frapper son esprit. Mais ce simple geste, appuyer sur le bouton de la machine à café, lui sembla idiot, banal, futile. Comment ce passé, ces horreurs pouvaient-ils se concilier avec ce quotidien commun et ordinaire ? Comme si une partie de cette vie tendait à le maintenir dans le mensonge.

Il s'installa sur une chaise posant sa tasse fumante sur la table. Il ne fut sorti de sa contemplation pour boire un café désormais froid, lorsque Yoongi passa la porte.

- Bonjour Jungkook.

Jungkook ne répondit pas, toujours obnubilé par la mousse de sa boisson. Yoongi haussa un sourcil en le voyant si distrait. Ses yeux dévièrent sur son torse marqué de traces rouges et de morsures.

- D'où viennent ces marques Jungkook ?

Le plus jeune ne réagit pas. Yoongi reconnaissait ce type de stigmates. Des suçons.

- Jimin t'as fait ces marques ? Tu sais que lui non plus n'a plus aucun sentiment Jungkook. Vous allez vous blesser.

- En quoi ça te concerne ? Qu'est-ce que ça peut te faire Yoongi ? Je couche bien avec qui je veux.

- Pourquoi es-tu si agressif dès le matin ?

Pour seule réponse Jungkook se tourna brusquement face à lui, saisissant la tasse encore pleine qu'il lui lança dessus. Yoongi s'écarta de justesse avant que le récipient n'explose en morceaux contre le mur. Le café vint repeindre la tapisserie et le sol, les marquant de larges trainés sombres.

- Mais qu'est-ce qui te prends ?!

Jungkook enjamba les quelques mètres qui le séparait de lui et l'attrapa à la gorge, surprenant Yoongi qui vit pour la première fois ses yeux complètement ternes. Son bassin heurta le plan de travail où il amorti quelque peu la force soudaine du plus jeune.

- Pourquoi moi ?!

- Lâche-moi Jungkook.

- Pourquoi nous avoir choisi Jimin et moi ? Pourquoi ne pas tous nous avoir tué !

Yoongi fronça les sourcils et repoussa Jungkook d'un coup dans l'estomac. Il glissa sur le côté, lui attrapant un bras qu'il retourna dans son dos où il était hors d'atteinte. Il le força à avancer vers la table où il plaque le haut de son corps contre le bois. Maintenant ses deux bras dans son dos, Jungkook était incapable de bouger à moins de se déboîter une épaule. Yoongi, à moitié allongé sur son corps lui susurra à l'oreille :

- N'oublie pas que tu n'as pas le quart de ma puissance à l'heure actuelle.

Jungkook déglutit.

- Pourquoi nous avoir épargnés ? Tu voulais partager l'horreur avec d'autres ? Ne pas vivre ce cauchemar seul ?

Yoongi laissa échapper un grognement sourd de fureur lorsqu'il resserra sa prise sur Jungkook, lui arrachant un gémissement de douleur.

- T'as du culot gamin...

Yoongi et Jungkook levèrent brusquement les yeux vers Jimin qui venait de passer la porte.

- De quelle horreur tu parles Jungkook ? Tu ne te souviens que de ta petite vie de famille... Tu parles de ce que tu ne connais pas. Je me suis posé la question plusieurs fois aussi mais Yoongi... Tu n'as rien choisi n'est-ce pas ?

- Non... ç'aurait pu être deux autres personnes au hasard ou quatre autres ou une armée, ou j'aurais pu continuer seul mais ça s'est déroulé ainsi. Vous me suiviez, vous partagiez le même objectif, ça s'est fait c'est tout.

- Au hasard... siffla Jungkook

- Oui au hasard. Tu t'attendais à quoi, à ce que je te réponde que tu avais un don particulier, que tu étais plus fort que les autres ? Non, Jungkook, tu étais là mais j'aurais très bien pu te tuer.

Le plus jeune se débattit quelques instants avant que Yoongi ne le lâche enfin et il quitta la salle fuyant une réalité qu'il aurait préféré ne jamais savoir.

Dans la cuisine, Jimin s'était installé autour de la table face à Yoongi détaillant le même type de marques qui sertissaient le cou de Jungkook.

- On a rien fait.

- Ne joue pas avec lui. Il ressent des choses contrairement à nous.

Jimin haussa les épaules.

- Je lui donne ce qu'il veut. Il ne recherche pas tant les sentiments dans ce genre de rapports. Qu'est-ce qu'il s'est passé avant que j'arrive ?

- Je pense qu'il s'est souvenu de certaines choses. J'aimerai que ça s'arrête...

- Comment ça ?

- Tu l'as retrouvé lorsqu'il avait déjà passé quelques mois ici, il a été enlevé avec moi, assisté à des séances de torture, vu des gens se faire tuer, il avait déjà perdu de son innocence lorsque tu l'as récupéré mais il a cette part d'humanité, d'innocence que je crains de voir disparaître.

Jimin hocha la tête.

- Il nous donne de l'espoir.

- Oui.

Oui. Jungkook était un intermédiaire ; un être doté des capacités de Danathor mais aussi capable de sentiments, d'humanité. Ils voyaient en lui l'image perdue de leur enfance ou de l'être humain qui se cachait derrière leur cœur de glace. Mais la réalité les rattrapait. Si Jungkook redevenait petit à petit comme eux, ils se retrouveraient confrontés de nouveau à leur reflet et aucun d'eux ne souhaitait vivre cela une fois encore. Les pièces du puzzle s'assemblaient dans le silence le plus angoissant. Son habilité à manier une arme, ses connaissances en médecine, son instinct sexuel, ses réactions de moins en moins nombreuses et démonstratives ou bien agressives. Yoongi était encore stupéfait de n'avoir vu aucune réaction sur son visage lorsqu'il avait appris le récit de son passé. Et Jimin ne pouvait que témoigner de cette même observation.

- Je pense qu'il emmagasine tout au fond de lui jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus.

- C'est certain. C'est aussi ce que le système de Danathor nous apprenait. Acquiesça Yoongi.

- La tristesse d'apprendre que sa vie est un mensonge, la colère de savoir que ses « parents » lui ont mentit, mais aussi la frustration Yoongi... envers toi notamment.

L'aîné soupira. D'après les dires de Jimin, ils n'avaient pas été bien loin la nuit dernière et si Jungkook s'était couché le corps bouillonnant avant de rêver de bribes de leur passé, il était forcément à fleur de peau ; très susceptible ; et particulièrement irritable.

Un indicible fracas retentit soudain dans toute la demeure.

- C'était quoi ça... ?

Hoseok débarqua dans la cuisine l'air paniqué, des verres brisés dans les mains dont certains bouts avaient entamés ses doigts à l'en faire saigner.

- Ils se battent... souffla-t-il visiblement choqué.

- Qui ?

- Tae et Jungkook !

- Quoi ?! Mais pourquoi ?!

- J'en sais rien, Tae l'a cherché, Jungkook est partit au quart de tour.

Yoongi expira de colère lorsqu'il imagina les remarques déplacées que TaeHyung avait pu dire au plus jeune.

- Ils sont où ?

- Au salon, Jin et Mary tentent de les séparer.

Les deux garçons se précipitèrent dans le salon. Et à la longue liste de ce que Jungkook avait gardé des laboratoires, ils pouvaient désormais ajouter sa force...

*****

Le dos de TaeHyung heurta le carrelage avec une telle force que son souffle en fut coupé. La paroi glaciale du sol sembla le paralyser sur place tant la douleur fut fulgurante. Son cri fut happé par la main qui s'abattit sur son visage terminant de cogner l'arrière de son crâne contre les carreaux de pierre.

- Jungkook stop ! Cria Yoongi au moment où il s'apprêtait à donner un coup dans ses côtes déjà bien abîmées.

Il reconnut sa voix et se tourna vers lui, les faisant frissonner lui et Jimin. Ses pupilles étaient aussi dilatées que celles d'un fauve. Un regard que Jimin avait vu la nuit dernière dans un contexte bien différent mais tout aussi intimidant.

- Jungkook calme-toi.

- Me calmer... ?

Jungkook délaissa le corps marqué de coups de TaeHyung sur le sol pour avancer d'un pas féroce vers Yoongi qui para son premier coup de son bras. Jungkook émit un grognement sourd. Son poing vola une deuxième fois arrêté encore par les réflexes de son aîné. Yoongi attrapa sa veste pour le retourner sur lui-même et se mettre dans son dos là où Jungkook aurait le moins de mobilité et visibilité mais Jungkook n'était pas dupe.

- Tu ne m'auras pas une deuxième fois... susurra-t-il en retirant brusquement sa veste, attrapant les avants bras de Yoongi à travers le tissus.

Il le tira en avant de toutes ses forces mettant le visage de Yoongi à hauteur de son coude qui s'abattit brutalement sur sa joue, le précipitant dans un roulé-boulé sur le sol. Son aîné se releva piqué dans son orgueil. Il essuya d'un geste rageur le sang qui colorait sa lèvre fendue et s'avança bien déterminé à mettre Jungkook au tapis et lui apprendre le respect.  Jungkook était encore pleinement conscient de ce qu'il faisait et le conflit se transformait en règlement de comptes. Les Glyster n'intervinrent pas. Tous connaissaient la force de Yoongi et savait pertinemment qu'ils ne lui arrivaient pas à la cheville. E revanche ils étaient loin d'imaginer que Jungkook puisse se défendre contre lui avec tant de férocité.

L'altercation tournait court. Jungkook faisait preuve d'une agressivité à laquelle Yoongi ne s'était pas confronté depuis longtemps. Tout ce qu'il lui avait enseigné la veille en salle d'entrainement, Jungkook semblait l'avoir emmagasiné, et décuplé.

Repoussé par Yoongi, Jungkook s'écrasa contre la table du salon dans un râle de souffrance lorsque le bord saillant heurta sa colonne vertébrale. Le vase et quelques objets se renversèrent sur le bois avant qu'il ne débarrasse la table d'une geste vif du bras. Le vase se brisa répandant de l'eau sur les canapés et le tapis, jonchant le sol de morceaux tranchants et transparents. Il empoigna la table basse à deux bras et la lança avec rage vers son adversaire sans vraiment viser. Le meuble se disloqua sur lui-même forçant les Glyster à reculer pour ne pas recevoir des éclats de bois.

- Jungkook arrête-toi ! Tenta Jimin.

Mais Jungkook n'entendais plus ses dires depuis quelques minutes maintenant ; guidé par la seule envie de réduire à néant celui qui se dressait devant lui. A moitié conscient, à moitié sauvage il restait assez lucide pour se souvenir de l'état de Yoongi. Il se précipita sur lui agrippant ses cheveux et trouvant sans mal une de ses récentes plaies. Il enfonça ses doigts dans le creux de sa clavicule, déchirant les points de suture, ravivant une souffrance qui fit plier les genoux de Yoongi. Son cri ébranla la salle et Jimin intervint, attrapant Jungkook par les épaules pour le tirer en arrière. Mais le plus jeune était loin d'être fatigué et il échappa à sa prise en lui griffant profondément le visage.

Il ne formulait plus aucune phrase et ne sortaient d'entre ses lèvres, que des sons rauques et presque animaux.

- Putain Yoongi ! Tu as lu son dossier ! Comment ils l'ont arrêté la dernière fois !? Cria Jimin

L'aîné deglutit.

- Yoongi ?!

- Ils lui ont tiré dessus !

- C'est une blague... ?!

Jimin planta son regard angoissé dans les yeux sombre de Jungkook, tentant de retrouver le jeune garçon qu'il était sans avoir recourt aux armes. Mais il se débattait entre ses bras comme un effréné et fini par faire lâcher Jimin en le frappant au cou et à l'estomac. 

- Yoongi ! L'interpella Jin en lui lançant un revolver. 

Yoongi rattrapa l'arme et la regarda avec incertitude. Jimin lui adressa un regard alarmé en secouant la tête lorsque Yoongi visa Jungkook du canon de son arme. Il se tenait devant lui, avançant lentement d'une démarche inhumaine, transpirant l'aura d'un prédateur. Agité par la vue du revolver et l'odeur de la poudre à canon, Jungkook sembla devenir plus sauvage. Sa réaction à la menace se décuplait proportionnellement à l'audace que celle-ci adoptait au fil des minutes. jusqu'à présent, le corps à corps induisait un combat de l'ordre de la bagarre et de la lutte de pouvoir. Désormais le revolver induisait la possibilité d'un mort et Jungkook, guidé par son instinct réagirait à hauteur de ce nouvel ennemi. 

Yoongi le savait, il agissait de la même manière depuis toujours. Il tira devant ses pieds, tentant de le dissuader mais Jungkook n'arrêtait pas sa progression. 

- Tire ! Cria Jin. 

- La ferme! Que tout le monde se taise ! Ordonna Yoongi d'une voix puissante. 

Il avait vécu ça tellement de fois. Il savait que s'il le touchait d'une balle, la douleur le rendrait fou et incontrôlable à moins qu'elle ne lui soit fatale. En revanche le son de détonations pouvait le déconcentrer. Il tira plusieurs fois à quelques centimètres de lui, parcourant à chaque fois le corps de Jungkook de sursaut. Yoongi attendit que Jimin soit bien positionné derrière le plus jeune pour lui faire comprendre d'un signe d'attraper ses jambes. 

- Maintenant ! S'écria Yoongi.

Jimin se jeta sur Jungkook, enroulant ses bras autour de ses genoux et Yoongi lui asséna un violent coup sur la nuque. Le plus jeune s'écrasa sur le carrelage, bien vite immobilisé par Yoongi qui prit place sur son dos en maintenant ses bras dans son dos. Finalement cette prise était bien la seule efficace pour immobiliser une bête.

Jungkook criait sa rage en luttant sous son corps et le maintenir face contre le sol était une épreuve. D'une main, Yoongi emprisonna ses bras tandis que son autre main vint se poser sur ses yeux. Il se baissa vers lui, la bouche à hauteur de son oreille, évitant du mieux qu'il le pouvait les coups de tête sauvages que Jungkook lançait de temps à autre.

- Jungkook...calme-toi...

Jimin tenait ses jambes avec force empêchant Jungkook de donner des coups de talon dans le dos de leur aîné. Il supervisait d'un œil prudent ses faits et gestes prêt à intervenir si Jungkook se libérait. Yoongi répéta doucement son prénom plusieurs fois d'une voix basse, desserrant la pression de ses doigts sur son visage et ses poignets pour lui faire comprendre qu'il ne lui voulait aucun mal. Qu'il n'était ni un ennemi, ni une menace.

- Respire lentement...

Petit à petit la respiration de Jungkook se calma, ses mouvements et sa fureur également. Privé de sa vue vulnérable, il sentit la peur envahir ses muscles un par un.

- C'est moi, Yoongi... Je ne vais pas te faire de mal Jungkook, tout va bien, calme toi.

Jimin le regardait, impressionné par le ton de sa voix. Il aurait été incapable de le tranquilliser ainsi. Bientôt le corps de Jungkook sous lui se mit à trembler légèrement et Yoongi se déplaça, laissant libre ses bras et ses yeux. Jimin fit de même et Jungkook ramena ses bras au creux de son corps effrayé.  Yoongi passa une main rassurante sur son dos, jusqu'à ce qu'il se relève en chancelant.

- Doucement... murmura son aîné en le maintenant debout.

Jungkook observa ses propres mains éraflées par le verre, le bois et le sang, puis la tache écarlate qui fleurissait sur le t-shirt de Yoongi.

- Je suis... désolé...

- C'est rien. Est-ce que ça va ?

Jungkook hocha la tête, incertain. Ses jambes devenues faibles manquaient de se dérober à chaque instant et Yoongi le sentit en maintenant sons corps soudain très las.

- Assied toi un peu.

Il le fit avancer vers le canapé ou Jungkook se laissa tomber le teint livide. Il prit place à côté de lui et caressa son dos de bas en haut très lentement pour réguler sa respiration essoufflée.

Un silence de mort régnait dans la salle. TaeHyung, les yeux encore écarquillés, souffrant des coups qu'il avait subis, regardait Jungkook avec une toute nouvelle opinion de lui et beaucoup d'interrogations. De même que Mary, Jin et Hoseok qui réalisaient troublés que Jungkook avait la même force que Yoongi... Une perspective bien plus inquiétante que celle d'un simple étudiant avec des connaissances anormales en médecine.

Ce n'est que lorsque Namjoon revint du marché avec SeulRi et JiWoo que l'ambiance se decristallisa. Le leader n'eut pas besoin de demander quoique ce soit, il comprit ce qu'il s'était passé en voyant les blessures de Jimin, Yoongi et TaeHyung ainsi que Jungkook en état de choc sur le canapé. Il demanda aux membres d'aller récupérer les provisions dans la voiture avec les filles et s'approcha de Jungkook et Yoongi. Il s'accroupi devant le plus jeune et posa une main bienveillante sur son genoux.

- Jungkook, comment tu te sens ?

- Je... ce n'est pas moi...

Yoongi se mordit fortement la lèvre. Non... effectivement cet animal n'était pas lui mais un monstre créé par l'armée. Voir Jungkook si choqué le peinait. Jimin debout à côté d'eux regardait Jungkook avec la même douleur. C'était cruel de lui faire miroiter l'espoir d'être une personne dite « normale » avant de tout réduire à néant. L'armée avait-elle pensée sa réinsertion à court terme ? Lorsque Jungkook commencerait à se rappeler qu'avait-elle prévu de lui faire ? Le tuer ?

- Jungkook... je sais que tu viens de te lever mais tu devrais te reposer un peu. Tu n'as pas du dormir beaucoup si ta nuit a été agitée de cauchemars. Et tu n'as plus de forces... souffla Yoongi.

- Je ne veux pas dormir...

- Il a peur de refaire des cauchemars. Dit Jimin.

- Qu'est-ce que tu veux faire Jungkook ? De quoi as-tu envie ? Demanda Namjoon.

- Je ne veux pas que ça continue... Je ne veux pas devenir ce que j'ai été...

Namjoon regarda tristement Yoongi et Jimin qui détournèrent les yeux sans solutions.

- Jungkook, je sais que ce sera dur pour toi, mais nous ne pouvons pas arrêter ce phénomène. Tu vas devoir être fort. Nous sommes là pour t'aider à surmonter tout ça.

Que de paroles vides. Jungkook savaient pertinemment que Yoongi et Jimin ne l'avait toujours pas surmonté et ne le ferais jamais. Cette réalité le boufferait comme elle les dévorait. Et ils en étaient tous deux bien conscients.

- Tu veux aller dans la serre ?

Jungkook hocha la tête.

- Allons-y.

Yoongi resta à ses côté en cas de chute jusqu'à la serre où le plus jeune s'allongea dans l'herbe. Ses yeux brillants suppliaient sans un mot son aîné de rester avec lui. Il accepta après être allé chercher la trousse de soin. 

- enlève ton t-shirt. 

Jungkook se dévêtit sans broncher et Yoongi pris soin de recouvrir les hématomes avec de la pommade et du frai sur les plus importants. Bien que Jungkook encore trop choqué n'avait pas et ne ressentait toujours pas la douleur, il était sacrément amoché. Une étrange impression de déjà vu le laissa deviner qu'ils auraient une discussion comme ils en avaient eu une la dernière fois que Yoongi avait pansé ses plaies. Les coups lui avaient été portés par Yeo mais cette fois-ci, c'était lui l'auteur de la plupart des marques qui bleuissait sa peau. 

- De quoi vais-je me rappeler encore ?

- Jungkook...

- Dis-moi Yoongi.

- Des notions stratégiques, de tout ce que j'ai commencé à t'enseigner sur l'analyse de tes adversaires te de ton environnement, de l'absence d'émotions et... Il s'arrêta.

- Et ?

Yoongi ferma les yeux, serrant les poings.

- Du goût pour le sang et la mort.

Jungkook rouvrit brusquement les siens.

- Quoi ?

- Nous n'avons connu que ça à tel point que s'en est devenu une habitude. Une drogue ?

Jungkook le regardait horrifié et Yoongi déposa de nouveau sa main sur ses yeux. Le préservait-il d'un reflet qui serait bientôt le sien ?

- N'y pense pas. Nous aviserons en temps voulu. Pour l'instant repose-toi Jungkook.

Il passa un bras autour de lui.

- Repose toi tant que cette liberté t'es offerte... murmura-t-il doucement.

Malgré sa peur de se rendormir, Jungkook sombra dans le sommeil bercé par la chaleur de son aîné et épuisé par sa récente démonstration d'agressivité. Il dormi longtemps dans la serre. Seul. Yoongi ayant quitté la salle dès que la respiration du plus jeune s'était apaisée.

Il savaitaussi que les Glyster se posaient désormais des questions auxquelles ilsseraient bientôt forcés de répondre    

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Accrochez-vous bien pour les prochains chapitres ~

A bientôt !