Chapitre 4 : The Attack
Chapitre 4 : The Attack
L'attaque
Tony joua avec ses boutons de manchette pour la millionième fois en dix minutes. Ils étaient bloqués dans les embouteillages depuis une demi-heure, sur le chemin qui les conduisait à la Cour Suprême. Il avait déposé la Civic dans un garage à Chelsea, et s'était glissé dans la Rolls Royce qu'Happy avait garée au bord d'un trottoir dans une rue déserte.
La voiture avança de nouveau, s'approchant de quelques mètres vers la Cour – Tony pouvait la voir à travers la fenêtre, maintenant, mais la foule de journalistes qui se pressait dans la rue faisait que ça leur était presque impossible d'avancer. Tony reposa sa tête sur le repose-tête. Il luttait pour rester réveillé – ce qui n'était pas une sensation nouvelle, mais il trouvait que le manque de sommeil lié à ses activités au laboratoire, et l'épuisement d'être resté debout toute la nuit à imaginer le petit en train de se vider de son sang dans une rue sombre, quelque part, étaient deux choses tout à fait différentes. La première le laissait avec des yeux irrités, mais avec la sensation du travail accompli. La seconde le réduisait à un corps douloureux, nauséeux et au bord de la crise de nerfs, et il ne pouvait simplement pas s'arrêter de trembler.
La porte juste à côté de lui s'ouvrit soudainement, en dépit de la voiture qui avançait toujours lentement.
- Qu'est-ce que – haleta Tony, en se reculant dans le siège et en lançant un regard à Happy, assis derrière le volant.
Son cœur, qui s'était soudainement mis à tambouriner, se calma presque immédiatement quand des jambes bioniques s'assirent juste à côté de lui.
- Je pensais vraiment ce que j'ai dit à propos du baby-sitter, tu sais, dit Tony avec un air renfrogné, alors que Rhodey refermait la porte derrière lui, le cachant ainsi des flashes des caméras qui avaient suivi chacun de ses pas jusque dans la Royce. Je peux rester tranquillement assis dans une salle d'audience – en dépit de ce que toi et le Captain semblez penser.
- Oh, je n'en doute pas, répondit Rhodey, en regardant les paparazzis, qui avaient collé leurs nez contre la fenêtre, à travers la vitre teintée. Je suis plus là pour protéger Ross que toi. Et je pense que Steve est juste un peu tendu, sûrement parce qu'il est bloqué au Complexe toute la journée, ajouta-t-il. Il est nerveux à l'idée que quelque chose arrive et qu'il ne soit pas là pour aider.
Tony souffla, tournant son attention vers les paparazzis alors que les yeux de Rhodey se posaient sur lui.
- C'est Steve maintenant, alors ?
Sans même le regarder, Tony sut que Rhodey lui lançait un regard éloquent.
- Un nouveau départ – c'est ce qu'on avait convenu, non ? dit Rhodey.
Tony haussa les épaules.
- D'ailleurs – même toi tu l'appelles Steve, occasionnellement, continua Rhodey, en attendant clairement sa réponse, son regard fixé sur lui.
- Ouais, ben, ce serait idiot si je jouais les rancuniers, marmonna Tony avec zèle, jouant avec ses boutons de manchette à nouveau. C'est pour ça que je comptais sur toi – mon meilleur et mon plus vieil ami – pour être rancunier à ma place, mais je vois comment c'est, hein, souffla Tony.
Un sourire étira les lèvres de Rhodey alors qu'il secouait la tête.
- Les muscles avant les frères, ronchonna Tony. Au moins, le gamin, lui, essaie toujours de le détester – avec son air adorable de petit chiot qui dit je mangerais littéralement mes lance-toiles si tu me le demandais, Steve, tu vois le genre –
Le sourire disparut des lèvres de Rhodey.
- Tu babilles, dit-il, en coupant Tony, sans lui laisser la chance de continuer.
Il avait l'habitude des conneries de Tony.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Rien.
Tony haussa les épaules, ses yeux fermement fixés sur les photographes qui leur bloquaient l'accès aux escaliers de la Cour, et pas sur Rhodey qui cherchait son regard.
- J'attends juste avec impatience de perdre une journée de plus à regarder Ross et à attendre qu'il meure d'une combustion spontanée – je pense que j'y étais presque, la dernière fois. Il faut simplement que j'utilise davantage la « Force » et alors je –
Rhodey le coupa.
- Happy a dit que tu étais allé voir le petit.
Tony détourna le regard du chaos à l'extérieur pour lancer un regard noir en direction d'Happy.
- Traitre.
Les yeux d'Happy rencontrèrent les siens dans le rétroviseur.
Rhodey attendait toujours une réponse – et n'en démordrait pas jusqu'à ce que Tony rassemble ses idées et commence enfin à parler.
- Ouais, on a parlé, murmura-t-il finalement, s'appuyant contre son siège alors que la voiture avançait de nouveau.
- Et ?
- Et il ne s'est pas fait tirer dessus, ce qui est toujours ça de gagné, répondit Tony.
La foule de journalistes se rapprocha, courant pour rester à hauteur de la voiture qui continuait à avancer vers le palais de justice. Rhodey attendait qu'il s'explique. Le silence entre eux s'étira jusqu'à ce que Tony ne puisse plus le supporter.
- Il n'y a pas grand-chose de plus à dire – je lui ai juste expliqué, tu sais, continua Tony, en essayant de paraître nonchalant et en échouant complètement.
- Et comment est-ce qu'il l'a pris ? demanda Rhodey.
- Comme un Soldat Impérial (1), répondit Tony.
Le silence se fit à nouveau.
- C'est pas comme s'il avait vraiment le choix – aucun d'entre nous ne l'a, marmonna Tony, en levant finalement les yeux pour rencontrer ceux de Rhodey. Faire profil bas est la seule façon de surmonter tout ça.
Rhodey acquiesça.
- Et après ?
Les yeux de Tony, qui s'étaient reposés sur la fenêtre, retrouvèrent ceux de Rhodey.
- Quoi ?
- Quand on aura surmonté tout ça – parce que Ross ne gagnera pas. Il le sait, et on va s'assurer que ce soit le cas, expliqua Rhodey, avec une fermeté dans la voix qui ne laissa place à aucune argumentation. Qu'est-ce qui se passera ensuite ?
La confusion de Tony ne fit qu'augmenter.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
Les yeux de Rhodey se radoucirent.
- Tu ne peux pas écarter le gamin juste parce qu'il pourrait être blessé, Tony.
Tony s'agita sur son siège pour cacher le spasme douloureux qui secoua ses épaules.
- Le garder près de moi ne lui a pas vraiment rendu service, jusque-là.
La réponse de Rhodey fut instantanée.
- Alors garde-le encore plus près, dit-il.
Les yeux de Tony se reposèrent sur lui. Rhodey l'observait ouvertement, maintenant, et Tony dut résister au besoin urgent de détourner le regard. Ces yeux avaient toujours clairement vu en lui. Plus que ce que Tony lui-même voyait.
La Royce avança encore de quelques mètres. Rhodey resta silencieux.
- Tu sais, il me rappelle un ami que j'avais à l'école, dit-il finalement, quand la jambe de Tony qui bougeait nerveusement atteignit une intensité telle qu'elle aurait pu creuser un trou dans le plancher de la voiture. Un petit garçon un peu brisé avec un cœur et un cerveau bien trop gros pour son propre bien, abandonné dans un monde qui faisait tout son possible pour l'engloutir.
Rhodey lui lança un regard alors que Tony secouait la tête – mais ne pouvait retenir le petit sourire qui étirait ses lèvres.
- Mais il n'était pas aussi fragile et cassable qu'il n'y paraissait – avec un peu de soutien, il n'y avait rien qu'il ne puisse faire, continua Rhodey. Et c'est toujours le cas aujourd'hui.
Tony le regarda pendant un moment, avant de poser une main sur sa poitrine.
- Je crois que tu viens littéralement de toucher mon âme, Winnie l'Ourson.
Roulant des yeux, Rhodey secoua la tête.
- Ce gamin te suit comme s'il était ton caneton –
Tony souffla et voulut le couper, mais Rhodey continua.
- Et tu le sais –
- C'est une terrible décision de sa part, vraiment –
- On est d'accord sur ce point, dit Rhodey, avant de regarder Tony d'un air sérieux. Ne le laisse pas tout seul, Tony. Il ne mérite pas ça. Et toi non plus.
L'air irrité de Tony se radoucit – mais Rhodey n'avait pas terminé. Non. Il avait gardé le meilleur de son argumentation pour la fin.
- De mon point de vue, si ça n'avait pas été pour toi, le petit n'aurait pas réussi à s'en sortir, près de ce lac, ajouta Rhodey, les mots pesant dans l'air, alors que la voiture atteignait enfin le bas des escaliers de la Cour.
Semblant sentir l'effondrement imminent de Tony – ou en voyant simplement que toute couleur avait déserté son visage – Rhodey le coupa avant même qu'il essaie d'argumenter avec lui.
- Ne dis rien. Réfléchis-y juste, dit-il fermement alors que la voiture s'arrêtait. Considère, pendant une minute, que tu n'es pas le centre de l'Univers.
Rhodey haussa les épaules, le fantôme d'un sourire étirant ses lèvres, mais n'atteignant pas ses yeux.
- Et que les mauvaises choses arrivent, parfois.
L'attention de Tony se porta sur la fenêtre quand un mouvement brusque à l'extérieur attrapa son regard. Ross se tenait en bas des marches, et les paparazzis l'assaillaient pour l'enregistrer alors qu'il fendant la foule – en gesticulant de façon exagérée, ses yeux plein de colère.
A la vue de cette rage, celle de Tony sembla se bloquer dans sa gorge. Se solidifiant en quelque chose de froid, de dur, et le consumant. Cela glissa jusque dans sa poitrine, et dans chacun de ses membres. Le laissant tremblant.
- Ce n'est pas juste arrivé.
- Elle t'a juste kidnappé, comme ça ? dit Ned en regardant Peter avec des yeux ronds, depuis son siège sur lequel il était assis, derrière un ordinateur du labo.
Peter était penché par-dessus ses épaules, les yeux baissés sur l'écran de l'ordinateur, tout en gardant un œil sur l'enseignant qui effectuait des rondes.
- Elle t'a genre hypnotisé jusqu'à Midtown, souffla Ned, les yeux grands ouverts. T'as trop de chance –
Les doigts de Peter tapotaient nerveusement le bureau – ses yeux se posant rapidement sur l'enseignant qui s'était arrêté pour aider un groupe d'étudiants.
- Est-ce que ça marche ? demanda-t-il.
- Laisse-moi une petite minute, dit Ned, ses doigts survolant le clavier. Quoi que ce soit, c'est juste énorme.
- Ça fait déjà cinquante minutes, marmonna Peter, son stress augmentant comme l'enseignant se rapprochait d'un groupe plus près d'eux.
Il se pencha légèrement pour cacher l'écran.
- Est-ce que tu sais ce que c'est ?
Ned haussa les épaules.
- Il y a un peu de tout, je pense, dit-il. Vidéo. Audio. Documents.
Ses doigts s'arrêtèrent, et une barre de chargement verte apparut sur l'écran noir. Avançant tout doucement. Les mains de Ned se retirèrent du clavier, seulement pour être entrecroisées et craquées entre elles.
- Est-ce qu'on devrait vraiment regarder ce qu'il y a dedans ?
L'enseignant s'éloigna soudainement d'eux – appelé par un autre groupe d'élèves – et l'angoisse de Peter redescendit, légèrement. Il se rassit sur la chaise juste à côté de Ned, la rapprochant pour observer la barre de chargement.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Bah, elle a dit de donner ça à Mr. Stark, non ?
- Ouais – mais il est – tu sais – un peu occupé, en ce moment, dit Peter en faisant un signe du menton en direction de la vidéo silencieuse de l'audience qui se jouait sur son téléphone.
Tony était face à eux, au centre de la pièce – et regardait Ross avec un visage dénué d'expression, alors que l'homme semblait hurler quelque chose à la foule. Les yeux de Peter se reposèrent sur l'écran de l'ordinateur.
- Et elle n'a pas dit de ne pas regarder, alors – argumenta Peter, et l'air d'appréhension sur le visage de Ned ne fit que s'accroitre. En plus, elle a dit que ça aiderait Mr. Stark, alors il faut qu'on sache ce qu'il y a dessus, ajouta fermement Peter. On doit pouvoir aider.
- Comment ? demanda Ned.
Peter n'eut pas besoin de répondre car la barre de chargement atteignit la fin, et cela débloqua la clé USB.
Une liste sans fin de fichiers apparut sur l'écran noir.
- Putain de merde, qu'est-ce que c'est que tout ça ? dit Ned en scrollant à travers les milliers de fichiers.
Il cliqua sur un au hasard, ouvrant une sorte de rapport. Les deux se rapprochèrent de l'écran.
- Ça c'est pas de l'anglais ni de l'espagnol, commenta Ned, alors qu'ils lisaient le rapport – enfin, du mieux qu'ils pouvaient.
C'était du charabia.
- Je pense pas que ce soit une langue, dit Peter. Je pense que c'est simplement codé.
- Génial, souffla Ned.
- Ouvre une des vidéos.
Ned s'exécuta. Il ferma le rapport et descendit pour cliquer sur le premier document vidéo qu'il trouva. Quand elle s'ouvrit, les deux se penchèrent si près de l'écran que leurs fronts se touchaient.
- Putain de merde, croassa Ned, les yeux fixés sur l'écran. Est-ce que c'est Ross ?
C'était lui. Il était debout au milieu – il attendait. Il n'y avait pas de son sur la vidéo, mais il était clair qu'il attendait quelque chose.
Il faisait les cent pas dans ce qui ressemblait à une vieille maison abandonnée, entouré de grosses boites en bois, regardant sa montre à chaque pas qu'il faisait, et en lançant des regards furtifs en direction de quelque chose qui se trouvait hors de l'écran. Il ne portait pas d'uniforme – pas de costume, rien – il était simplement vêtu d'un pantalon et d'une veste sombres, et ses mains étaient appuyées sur ses hanches. Après seulement quelques secondes, un autre homme entra dans le champ de la caméra – et c'était cet homme à la tenue impeccable, portant un costume très cher et des chaussures qui brillaient même à travers la basse résolution de la vidéo.
Un tremblement inconfortable secoua Peter.
- C'est l'homme que j'ai vu l'autre nuit, souffla-t-il.
- Quoi ? haleta Ned, ses yeux faisant l'aller-retour entre le visage de Peter et l'homme à l'écran. Le type qui voulait...
Sa voix s'évanouit alors qu'il regardait Ross et l'homme parler.
- Vendre Wanda, ouais, finit Peter.
Quelque chose bougea dans l'ombre qui entourait les deux hommes. Un instant plus tard, trois hommes arrivèrent, portant un cercueil sombre sur leurs épaules. Ils le posèrent doucement mais ne l'ouvrirent pas.
- Oh mon Dieu.
Les yeux de Ned s'ouvrirent si grands qu'ils manquèrent de sortir de leurs orbites.
- Est-ce qu'il y a une autre personne là-dedans ?
La compréhension frappa Peter comme si une brique lui était tombée dans l'estomac.
- Il les vend.
Les yeux agrandis de Ned se posèrent sur le visage de Peter.
- Il vend qui ?!
- Les personnes avec des capacités « améliorées », dit Peter, en observant attentivement les mouvements des deux hommes à l'écran. Il les vend à Ross.
Les yeux de Ned se reposèrent sur l'écran.
- Putain de merde.
Tout fit soudainement sens.
- Elle lui avait tendu un piège, souffla Peter.
Les sourcils de Ned se froncèrent.
- Wanda, expliqua Peter alors que Ross et l'autre homme bien habillé quittaient l'écran, les trois autres hommes remettant le cercueil sur leurs épaules pour les suivre. Elle voulait être vendue.
Les yeux de Ned se reposèrent à nouveau sur Peter alors que la vidéo s'arrêtait.
- Oh, dit Ned en se mordant la lèvre. Oups.
Peter se pencha et ferma la vidéo, et commença à scroller parmi les milliers de fichiers.
- Il y en a combien là-dedans ?
- Quoi, des vidéos ? demanda Ned.
Peter acquiesça en continuant à scroller.
- Une douzaine, dit Ned, ses yeux faisant l'aller-retour entre l'écran et le visage de Peter rapidement. Tu penses que chacune d'elles montre une transaction ?
Peter s'arrêta pendant une seconde – et acquiesça.
- Merde, souffla Ned en prenant une profonde inspiration, redevenant aussi pâle que la nuit précédente. Il faut qu'on amène ça à Mr. Star –
Sans prévenir, l'ordinateur s'éteignit subitement.
- C'est quoi ce bordel ?! murmura Ned, alors qu'ils se penchaient tous les deux vers l'écran.
- Qu'est-ce qui vient de se passer ? demanda Peter alors que Ned tapait sur le clavier frénétiquement.
- Il a été court-circuité, dit Ned, ça a été coupé –
L'estomac de Peter se retourna, ses cheveux se dressèrent sur sa nuque –
Et alors les lumières s'éteignirent.
Le labo fut plongé dans l'obscurité. Les étudiants autour d'eux se mirent à crier, le bruit des chaises – et de leurs occupants – que l'on poussait résonna dans le noir, en dépit de l'insistance de l'enseignant à demander le calme. Deux élèves eurent le bon sens d'aller vers les fenêtres et d'ouvrir les volets roulants pour au moins laisser rentrer quelques rayons de lumière dans la pièce. Cela illumina les visages du reste de la classe – et celui, terrifié, de Ned.
- C'est quoi ce bordel, haleta-t-il alors que Peter jetait des regards frénétiques autour de lui. Qu'est-ce qui se passe ?
Il y eut quelque chose à l'extérieur du labo que Peter put tout juste entendre – un bruit qui résonna pendant quelques secondes, et qui disparut aussi vite.
- Qu'est-ce que – commença Ned.
Il n'eut jamais la chance de terminer sa phrase.
L'alarme incendie résonna dans la pièce – dans un bruit assourdissant – et couvrit le son étrange que seul Peter semblait avoir été capable d'entendre. Mais ça n'avait pas d'importance, parce que Peter avait déjà compris pourquoi ça lui avait paru aussi familier.
Pourquoi le pop pop pop avait effroyablement résonné dans sa poitrine et y était resté bloqué.
Oh mon Dieu. Oh mon Dieu.
- Reste là, souffla Peter, en se levant lentement de sa chaise, osant à peine respirer alors qu'il se concentrait sur le bruit des coups de feu qu'il entendait sous celui de l'alarme incendie.
- Peter – commença Ned.
- Reste là, siffla Peter, en se déplaçant rapidement dans la pièce.
Il n'arrivait pas à l'entendre. Il ne pouvait plus l'entendre – pas avec l'alarme incendie.
La porte du laboratoire s'ouvrit juste au moment où Peter l'atteignit, le surprenant à tel point qu'il fit un bond en arrière, avant de s'accroupir et de couvrir Ned – qui l'avait suivi.
Personne ne fit à attention à lui. La classe était bien trop occupée à regarder Flash, qui avait refermé la porte derrière lui avant de se laisser glisser sur le sol, tremblant.
Avant que quiconque demande ce qui était en train de se passer, il parla.
- Ils prennent d'assaut l'école ! cria-t-il, des larmes coulant le long de ses joues.
Plusieurs autres élèves se mirent à pleurer également, avant de se mettre à couvert sous les bureaux. Peter crut qu'il allait être malade en les voyant faire.
L'enseignant s'approcha de Flash, s'apprêtant à parler. Mais Peter le coupa avant même qu'il puisse commencer.
- Qui ?! demanda Peter d'une voix rauque, bondissant de derrière le bureau sous lequel il s'était caché avec Ned, et atteignant Flash avant que l'enseignant ait pu le faire.
Flash tremblait, tout son corps semblant convulser alors qu'il essayait de respirer correctement. Les mains de Peter se serrèrent autour de ses épaules, essayant de le calmer en dépit de son propre cœur qui cognait contre sa poitrine et l'empêchait presque de parler.
- Un élève ? Qui ?! répéta Peter, en secouant Flash juste un peu alors qu'il commençait à hyperventiler.
- Je sais pas – haleta-t-il. Je pense pas – ils – ils portaient des vêtements militaires –
Les mains de Peter retombèrent loin des épaules de Flash, laissant ce dernier ramper jusqu'à un bureau proche de lui et se recroqueviller en dessus, sanglotant. Les autres élèves étaient proches de l'hystérie. Même l'enseignant avait abandonné l'idée de les réconforter – il était occupé à se cacher sous un bureau avec d'autres étudiants.
Chaque visage était baigné de larmes – mais le seul bruit venait de l'alarme incendie. Tout le monde était silencieux.
Personne n'osait faire un bruit.
Peter se retourna vers Ned qui était toujours debout derrière lui – plus pâle que Peter ne l'avait jamais vu, serrant la clé USB contre sa poitrine.
- Il faut qu'on y aille, souffla Peter, le cœur au bord des lèvres. Il faut qu'on y aille maintenant.
Peter ne lui laissa pas la chance de répondre. Il l'attrapa par sa veste et les fit sortir tous les deux de la pièce.
- Non ! Qu'est-ce que vous faites –
La voix de leur enseignant retentit derrière eux alors qu'ils passaient la porte avant de la fermer – arrachant la poignée en métal pour la jeter dans le couloir. Il n'y avait pas de fenêtre qui donnait sur la salle, dans le couloir – et la porte était plutôt solide. Personne ne rentrerait à l'intérieur. Ils iraient bien. Ils iraient bien.
Mais les autres ?
- Qu'est-ce qu'on fait ?! murmura Ned en se balançant sur ses pieds, en gardant la clé USB pressée contre sa poitrine. Qu'est-ce qu'on fait ?!
- Je – je sais pas, haleta Peter, en tirant Ned à travers le couloir et en les conduisant tous les deux jusqu'aux escaliers de secours.
L'alarme incendie était toujours très sonore – mais les coups de feu devenaient définitivement de plus en plus fort.
- Je veux dire – si c'est Ross, il ne va pas vraiment blesser qui que ce soit, si ?
Ned ne répondit pas.
Peter serrait et desserrait les poings si rapidement qu'il commençait à avoir des crampes.
- Il faut qu'on donne ça à Mr. Stark.
- Ouais, acquiesça Ned. Ouais.
Il essaya de mettre la clé USB dans les mains de Peter.
Peter le repoussa.
- Il faut que tu la gardes.
- Quoi ?! s'écria Ned – et lui et Peter mirent une main sur sa bouche.
D'autres coups de feu se firent entendre, assez forts pour résonner au-dessus du bruit assourdissant de l'alarme incendie. Peter et Ned sursautèrent et se collèrent contre le mur.
- Non. Non. Non, non, non, marmonnait Ned, en essayant toujours de mettre la clé USB dans les mains de Peter.
- Ned ! siffla Peter en l'attrapant par son sweat pour le faire s'accroupir avec lui. Il faut que tu lui amènes !
- Je peux pas !
- Bien sûr que si ! insista Peter.
Ned secouait toujours la tête.
- Tu es le seul qui – il faut que je m'occupe des soldats –
Ned secoua la tête encore plus vigoureusement.
- Non ! Non, Peter –
Peter le rapprocha de lui.
- Je te fais confiance – plus qu'à n'importe qui d'autre ! siffla-t-il. Tu peux le faire !
Des larmes débordaient des yeux de Ned, maintenant, et sa terreur évidente retourna l'estomac de Peter.
- Tu peux le faire ! répéta-t-il.
D'autres larmes glissèrent le long des joues de Ned, mais il finit par hocher la tête. Peter acquiesça avec lui.
- Ils arrivent – ils arrivent par le gymnase, dit Peter, en se concentrant sur les coups de feu intermittents et les bruits provoqués par les bottes de soldats, qui avançaient le long de l'aile Nord jusqu'à eux. Ok, il faut que tu coupes par le couloir de Chimie jusqu'au parking – tu sais, celui qui est à côté du labo de –
Ned hochait la tête à une vitesse vertigineuse, maintenant.
- Ouais.
- Bien – ensuite il faut que tu ailles à Stark Industries –
- Quoi, à Manhattan ?! s'écria Ned. Est-ce que tu m'as vu ? Je porte un pull de Stark Trek – ils vont pas me prendre au sérieux !
- Il faut que tu fasses en sorte que si ! dit Peter en tenant la porte des escaliers de secours ouverte, et en les faisant rentrer tous les deux dans le couloir. Il faut que tu donnes ça à Mr. St –
Ils eurent à peine le temps de faire un pas qu'ils se retrouvèrent face à une cagoule noire et le mauvais côté d'un fusil d'assaut.
Non pas qu'il y ait de bon côté, certes. Pas du tout, même. Mais dans cette situation particulière, c'était le côté le moins appréciable auquel faire face.
Peter plaça Ned derrière lui avec plus de force qu'il n'avait jamais osé utiliser sur son ami – mais l'arme leur faisait face et les sens de Peter lui criaient désormais de foutre le camp d'ici.
Ned recula dans les escaliers d'urgence, descendant les premières marches. Un coup de pistolet provenant du canon du fusil fit tomber Peter à sa suite – mais il ne fut au sol qu'une minute. Avant que le tireur ait pu faire plus qu'un pas dans les escaliers, Peter se jeta sur lui – une main serrée autour du canon et l'autre autour de la gorge à découvert de l'homme.
Ses doigts s'enroulèrent autour de son cou, serrant fort. L'action aurait dû effrayer Peter – il n'avait jamais frappé à la gorge, avant ça. Jamais. Aux jambes, et aux bras, même au torse, parfois, mais jamais à la gorge – il n'avait jamais voulu tuer quelqu'un. Mais quelque chose avait changé ça. C'était descendu de sa gorge – menaçant de l'étouffer – jusque dans ses entrailles, qui bouillonnaient et le brûlaient.
La terreur.
Il n'était pas Spider-Man, ici. Il n'était pas un héros.
C'était son école. C'était ses amis.
C'était sa vie – sa vraie vie – et qui que soit cet homme, qui était en train de chercher un pistolet dans un étui à sa taille, il menaçait sa vie. Il menaçait ses amis – et tout ce qui comptait pour Peter.
Les doigts de Peter se resserrèrent davantage. La main qui tenait toujours le canon du fusil fléchit douloureusement sous ses doigts, et le métal gémit. Et se tordit. Peter retira le fusil de la poigne du soldat avec toute la force qu'il avait – attirant le bras du soldat avec, à en entendre le craquement de son épaule et les cris d'agonie poussés par l'homme – et le fit passer par-dessus la balustrade.
Avec sa main désormais libre, le soldat attrapa Peter, sa main recouverte d'un gant s'enroulant autour de son épaule et serrant. Ce fut au tour de Peter de crier.
Qui qu'il soit, il était fort. Trop fort. Il avait une force modifiée.
Peter devait mettre fin à ça – il fallait qu'il y mette fin comme la veille.
La main du soldat réussit enfin à atteindre le pistolet à sa taille. Il le sortit avant même que Peter ait pu bouger, étirant le bras, mais le canon n'était pas dirigé vers Peter. A la place, il visa Ned, qui était toujours derrière lui, quelques marches plus bas.
- NON !
Une toile sortit du poignet de Peter, attrapant le pistolet et le projetant contre le mur.
Mais l'arme avait déjà fait feu.
Peter ne put pas voir si la balle avait atteint sa cible.
La force de la toile avait déséquilibré le soldat, le faisant trébucher jusqu'à la balustrade, et Peter – qui était pratiquement penché au-dessus de l'homme alors qu'il luttait pour garder sa main serrée autour de sa gorge – trébucha avec lui.
Ils suivirent le fusil par-dessus la balustrade et firent une chute d'environ dix mètres jusqu'au sol.
Peter heurta le bêton en premier – sa tête percutant le sol froid, d'autant plus douloureusement qu'il était écrasé par le poids du supersoldat.
Un instant plus tard, une main recouverte d'un gant s'enroula autour de sa gorge. Et serra. Des points noirs envahirent sa vision. Il ne pouvait pas bouger. Il ne pouvait rien... sentir. Il ne pouvait pas – il ne pouvait –
Et puis, après avoir essayé vainement de prendre une inspiration, l'obscurité l'engloutit.
- Objection.
Les yeux du juge se posèrent sur Tony, assis avec ses pieds posés sur la table en dépit de ses nombreux avertissements. Ses yeux se plissèrent.
- A quoi, exactement, Mr. Stark ? demanda-t-il lentement.
- Au fait qu'on a déjà parlé de ça, et que je m'ennuie vraiment, dit Tony.
Son avocat, qui avait essayé pendant des jours de le convaincre d'arrêter de trop les interrompre, laissa retomber sa tête contre l'appui-tête dans un signe de défaite.
- Et que j'ai faim, aussi, ajouta Tony.
Les yeux du juge se plissèrent à tel point que Tony se demanda s'il voyait toujours à travers ses paupières.
- Rejetée, gronda-t-il entre ses dents.
- Ça, ça, là, c'est ce que j'essaie de vous expliquer, Votre Honneur. Mr. Stark n'a aucun respect des lois –
La voix de Ross intervint de nouveau. Tony pouvait à peine comprendre ce qu'il disait, maintenant. Sa voix était comme un bruit de fond, pareille à la musique sonore d'un ascenseur. En moins apaisant – même si Tony n'avait jamais vraiment trouvé la musique dans les ascenseurs apaisante. Qui avait décidé de mettre de la musique dans un ascenseur, d'ailleurs –
Buzz.
Le téléphone de Tony vibra, tout au fond de la poche de sa veste. Il l'ignora. Il s'était déjà fait réprimander pour l'avoir regardé au cours de cette session.
Il se redressa dans son siège et coupa Ross au milieu de sa phrase. L'homme n'avait jamais l'air de finir ses phrases, cependant, donc ce n'était pas vraiment comme s'il le coupait.
- J'ai plus de respect pour les lois que n'importe qui d'autre – ceux pour qui je n'ai pas de respect sont les gens qui me font perdre mon temps. On a parlé de ça de façon extrêmement prolongée, répliqua Tony, en faisant un geste en direction de Ross. Oui, j'appelle un connard un connard quand j'en vois un, et vous savez pourquoi ? Parce que c'est mon foutu droit dans ce pays !
Cela fit rire la foule derrière lui – et lui valut un regard noir de la part de Ross.
- Si c'est ce pour quoi on est ici, vous avez assigné à comparaître la mauvaise personne – votre problème est avec la constitution, pas avec moi.
Buzz. Buzz.
Le téléphone de Tony vibra encore. Il l'ignora. Encore.
- Mon problème est avec le flagrant manque de respect que vous avez pour les institutions de ce pays – commença à répondre Ross.
Buzz.
Bon sang – ça commençait à devenir irritant.
- Non, le coupa Tony. Mon flagrant manque de respect vous est réservé, à vous et à vous seul, clarifia-t-il. D'ailleurs, la dernière fois que j'ai vérifié, vous n'avez même pas effectué votre service militaire – et Dieu merci pour ça, mais pour le respect des institutions, on repassera.
Il se retourna dans sa chaise pour avoir une meilleure vue sur le visage rouge de rage de Ross.
- Sans vouloir vous offenser, il y a bien une raison pour laquelle ils n'ont pas mis votre visage sur les affiches de recrutement.
Les dents de Ross se serrèrent si fortement que Tony jura qu'il aurait pu les entendre, même au-dessus des rires de la salle d'audience.
- Diffamation –
- Ce n'est de la diffamation que si c'est faux, rétorqua Tony.
Il lança un regard au juge.
- Et je vous assure que son visage n'a jamais été sur les affiches de recrutement, Votre Honneur, j'ai vérifié.
Même le Juge sembla perdre patience.
- Mr. Stark –
Buzz. Buzz. Buzz. Buzz. Buzz.
Bordel de merde. Au diable les réprimandes.
Tony plongea la main dans sa poche et en sortit son téléphone. L'écran s'alluma.
Et la salle d'audience entière se figea.
Tony leva lentement les yeux de l'écran – un voile obscurcit sa vision. Obscurcit tout le reste.
Ce qu'il put voir fut l'ombre d'un sourire sur les lèvres de Ross alors qu'il regardait le sang déserter le visage de Tony. Il n'y avait plus de rage. Plus de frustration. Tout ça n'avait été qu'une ruse. Une distraction.
Ses lèvres bougèrent un instant plus tard – mais aucun son n'en sortit. Il n'y en avait pas besoin. Le message était pour Tony.
Échec et mat, articulèrent-elles silencieusement.
Tony s'était déjà levé et avait traversé la salle d'audience quand le Juge sortit de sa stupeur et l'appela.
- Mr. Stark ! Mr. Stark – revenez dans cette –
Les doubles portes de la salle d'audience s'ouvrirent brutalement.
Et Tony avait disparu.
< Messages de Legolas >
Viens au Lycée de Midtown.
Maintenant.
Maintenant Tony.
Maintenant.
Maintenant, putain.
Regarde ton putain de téléphone.
Putain de merde, regarde-le !
ARRÊTE TON PUTAIN DE SHOW DE MERDE
ET RAMENE TON CUL DANS CETTE PUTAIN D'ECOLE MAINTENANT BORDEL DE MERDE
< Message de L'araignée que j'aime le moins >
Peter a disparu.
(1) Il y a ici clairement un jeu de mot avec le mot « trooper » (que j'ai traduit par « soldat impérial », du coup) et les Stromtrooper (ou « soldat impérial ») de Star Wars. Juste avant ça, Tony parle de la « Force », donc encore une référence à Star Wars, ce qui lui vient clairement de Peter. Et c'est adorable.
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