Chapitre 2 : The Call
Chapitre 2 : The Call
L'appel
Il y avait quelque chose de particulier à propos de New-York quand elle était sans dessus-dessous. Quelque chose qui, peu importe le nombre de fois où Peter s'était retrouvé la tête en bas, accroché au bord du toit d'un immeuble, faisait que c'était différent à chaque fois. Les bâtiments semblaient toujours comme sortir du sol dans le seul but de s'agripper au ciel. Effleurant parfois l'horizon mais ne touchant jamais vraiment l'abîme noir infini.
Les gens, aussi, étaient différents. Il n'y avait aucune mauvaise intention quand le monde était à l'envers. Il n'y avait pas de sens du tout. Seulement le besoin désespéré de rester accroché au sol.
Un petit grésillement résonna dans l'oreille gauche de Peter.
- Le geek-dans-le-fauteuil à Spider-Man, dit une voix dans les oreillettes. Tu me reçois ?
En soufflant doucement, Peter se releva, quittant le large rebord auquel il s'était accroché, au quarante-septième étage d'un immeuble.
- Spider-Man ?!
- Ouais – je te reçois, Ned.
La voix étranglée de Ned grésilla à travers l'oreillette.
- Mec, siffla-t-il. Noms de codes ! Allez.
- Tu sais qu'il n'y a que Mr. Stark qui écoute cette fréquence, hein ? dit Peter, en bâillant légèrement. Et il sait qui tu es.
- Ok, on va passer sur le fait que Tony Stark sait qui je suis – parce que c'est beaucoup trop génial pour que ça ait du sens – babilla Ned, alors qu'on pouvait l'entendre taper sur son clavier à toute vitesse en fond sonore.
Ned avait fabriqué son propre microphone, qu'ils avaient trouvé dans une friperie de la 29ème Avenue, mais dont le son était très mauvais et ils l'avaient réparé. Peter devait admettre que c'était assez réconfortant. Avoir Ned dans les oreilles au cours des dernières semaines avait calmé le trou béant qui avait élu résidence dans sa poitrine depuis l'attaque du Complexe. Enfin, ça ne l'avait que légèrement calmé. Peter ne pouvait nier que le trou était toujours là. Et qu'il grandissait.
- Mais les noms de code sont cool ! continua Ned à travers les oreillettes. Et si des mecs hackaient le serveur et commençaient à écouter ?
Peter rit franchement – ce qui le surprit lui-même pendant une seconde.
- Quoi, comme t'es en train de le faire ?
- Exactement ! s'exclama Ned – et puis, les mots firent sens dans son esprit. Attends – non.
Sa voix grésilla dans l'oreillette. Peter monta jusqu'au toit et regarda la ville qui lui faisait face.
C'était silencieux, ce soir. Ou aussi silencieux que le Queens pouvait l'être. Il avait déjà arrêté une bagarre dans le métro, attrapé un pickpocket et aidé une fille à retrouver son téléphone – qu'elle avait laissé dans un restaurant chinois de Middle Village. Ça avait été plutôt cool. Elle lui avait offert des raviolis chinois, après ça.
La voix de Ned grésilla de nouveau dans son masque.
- Qu'est-ce qui va pas ? demanda-t-il. Tu n'as pas bougé au cours de la dernière demi-heure.
- Je sais. Je suis juste fatigué, dit Peter en se mettant sur la pointe des pieds et en étirant ses bras au-dessus de sa tête jusqu'à ce que ses épaules craquent. Mr. Prichard m'a fait venir à six heures ce matin pour me faire rattraper l'examen de maths que j'avais raté la semaine dernière.
- Eww.
- Ouais.
Peter se percha sur le bord du toit, scannant les environs à la recherche de ce qu'il pourrait faire du côté de Sunnyside – et ne trouva rien. Il était presque minuit, en ce mardi, et même dans la ville qui ne dormait jamais, les gens rentraient chez eux à des heures raisonnables, certaines fois. Quelques personnes s'amusaient à la sortie d'un bar, à l'angle de Greenpoint et de la 45ème Avenue, et il pouvait entendre le bruit caractéristique d'un ballon de basket avec lequel on s'amusait, dans un petit parc près de l'endroit où il se trouvait – mais à part ça, les rues étaient plutôt désertes.
- Bon, il n'y a rien de particulièrement excitant sur les scanners, intervint la voix de Ned. Tu veux arrêter là ?
- Ugh, souffla Peter, en penchant sa tête d'un côté à l'autre pour soulager la raideur dans son cou.
Oww. Il fallait vraiment qu'il arrête de s'endormir dans ses toiles.
- Je vais attendre vingt minutes et après je rentre.
Il secoua la tête et étira une nouvelle fois ses bras le plus haut possible pour détendre les muscles de son dos, puis sauta de l'immeuble sur lequel il était perché.
L'air froid, et une incroyable sensation de liberté, le frappèrent d'un seul coup.
Il lança une toile sur l'immeuble juste à côté de lui et s'élança au-dessus de la 46ème. Il continua le long des rues sombres. Il voltigea dans les rues du Queens, surveillant les allées sombres, les trottoirs. Personne n'avait l'air d'avoir besoin de lui, alors il continua à bouger. Survolant la 48ème avenue, il sauta devant le cimetière.
La voix de Ned résonna de nouveau dans son oreille.
- Mr. Stark écoute vraiment cette fréquence ?
Peter lança une toile sur une maison en pierres rouges, et s'élança vers elle, à l'angle de la 49ème.
- Je sais pas, dit-il, en se perchant sur le toit d'un des immeubles qui surplombait le cimetière. Il dit qu'il n'écoute pas – mais parfois il dit des trucs qu'il ne pourrait savoir qu'en écoutant la fréquence, alors –
Peter s'interrompit.
En-dessous de lui, une berline noire venait de s'arrêter devant l'entrée du cimetière – ce qui, en soi, n'était pas très suspect – mais Peter se tut en regardant un homme sortir du côté conducteur et poser un pied sur le trottoir. Il faisait sombre, et l'homme portait une écharpe autour du cou, qui couvrait une bonne partie de son visage, mais Peter pouvait encore le distinguer – même depuis l'autre côté de la rue. Il avait une coupe de cheveux à la mode, dans un style militaire, mais une partie semblait avoir été rasée pour des raisons médicales et n'avait jamais repoussé. Tout le côté de droit de sa tête était recouvert de cicatrices. Elles s'entrecoupaient sauvagement le long de la peau nue – certaines disparaissant sous les touffes de cheveux qui avaient repoussé, et d'autres ondulant sur le visage de l'homme. Une en particulier courait tout le long de sa joue.
Sa silhouette était un peu étonnante – mais ce ne fut pas ça qui fit taire Peter.
Non. Peter connaissait cet homme.
Il n'était juste pas sûr de savoir comment.
Il avait vu ce visage auparavant – il était sûr de ça. Il n'était pas de ceux que l'on oubliait. Il ne se rappelait simplement plus où il l'avait vu.
Il pouvait sentir, en revanche, ses sens vibrer d'avertissement à l'arrière de sa nuque alors qu'il observait l'homme. Ce n'était pas une raideur musculaire. L'angoisse étreignit la poitrine de Peter.
- Quoi ?!
La voix de Ned résonna dans l'oreillette.
- Qu'est-ce qui se passe ?!
- Je suis pas sûr, murmura Peter.
Il vit l'homme jeter un œil derrière lui par-dessus son épaule, et il s'avança vers l'entrée du cimetière. Disparaissant à l'intérieur.
Peter le suivit sans hésiter une seule seconde.
- Qu'est-ce que tu as découvert ?!
- Je ne sais pas – shhh ! siffla Peter alors qu'il sautait la barrière du cimetière, atterrissant derrière une large pierre tombale et se cachant derrière pour observer l'homme qui s'enfonçait profondément dans la forêt de tombes.
Peter le suivit dans le cimetière, se dissimulant derrière les arbres à chaque fois que l'homme jetait un œil derrière lui. Ce qu'il faisait souvent. Il était nerveux à propos de quelque chose – ce qui était très clair – mais Peter, malgré le nombre de fois où il avait observé son visage, était incapable de se rappeler où il l'avait vu.
- Qui es-tu ? murmura Peter pour lui-même, mais la voix de Ned grésilla instantanément à travers l'oreillette.
- Qui ça ?! demanda-t-il, en tapant furieusement sur le clavier de son ordinateur. Si tu l'as vu, je peux hacker le système et faire une recherche –
Et puis, tout d'un coup, tout se mit en place.
- Ross.
Les mots sortirent de la bouche de Peter – et ça sonnait à la fois comme de l'horreur et de la compréhension.
- Quoi ?! s'exclama Ned.
- C'est là que je l'ai vu, murmura Peter, en suivant toujours l'homme qui continuait son chemin à travers le cimetière. Il était à l'audience.
Peter – même s'il essayait ô combien d'avoir l'air indifférent – avait regardé la diffusion du procès tous les jours. En avait écouté chaque minute. Tout comme les interviews qui suivaient. Et toutes les apparitions de Ross et Tony depuis l'attaque du Complexe.
Il n'avait jamais été aussi proche de parler à Tony que lors de ces deux derniers mois.
Au début, durant les quelques jours qui avaient suivi l'attaque, Tony ne l'avait pas quitté. Littéralement. A chaque fois que Peter se réveillait – et il avait beaucoup dormi pendant ces quelques jours, chaque parcelle de son corps étant douloureuse et épuisée – l'homme était là, endormi ou regardant Peter comme s'il craignait qu'il disparaisse. Ça avait été un peu déconcertant.
Puis il y avait eu toute cette histoire autour de sa « mort » - et ça avait été encore plus déconcertant.
En ce qui concernait les détails, Peter ne savait vraiment rien de ce qui s'était passé cette nuit-là. Il ne se rappelait pas de ce qui avait suivi l'intrusion dans le Complexe, et Tony avait été réticent à l'idée de lui en dire plus.
Tu as fait un plongeon dans le lac – tu t'es noyé pendant une courte seconde – puis Rhodey et moi t'avons sorti de là et t'avons remis sur pieds.
Ses paroles n'avaient pas vraiment clarifié les choses, mais même s'il avait supplié Tony et Rhodey, aucun des deux n'avait voulu lui en dire plus.
Deux jours après, on lui avait donné le « feu-vert » médical – et ce furent deux jours pendant lesquels Tony le garda à la Tour Stark, sous supervision médicale, jusqu'à ce qu'ils soient définitivement certains qu'il allait bien – et Peter avait été autorisé à retourner à la maison avec May, qui avait atteint un nouveau niveau d'angoisse dès que ça concernait Spider-Man, tout comme Tony.
Peter ne s'était pas inquiété les deux premiers jours. C'était en fait plutôt agréable d'être à la maison. May avait hésité – elle voulait le faire garder sous surveillance – mais comparé au besoin anxieux de Tony de toujours bouger, le fait d'être à la maison avec May lui permettait de vraiment se détendre. Et alors, tout s'était effondré.
Il était mort.
Il n'en savait pas beaucoup – mais en fait, il en savait assez à ce propos. Il était mort. Les docteurs lui avaient montré les radios de sa poitrine, pointant du doigt les endroits où l'eau s'était déposée dans ses poumons quand il s'était noyé, et quelles étaient les côtes auxquelles il devait faire attention – car certaines avaient été cassées lors de la réanimation.
Peter ne savait pas vraiment comment il devait le prendre – alors il avait enfermé cette expérience dans une boite qu'il n'avait pas encore osé ouvrir. Une boite qui se remplissait de plus en plus – et qu'il était difficile de garder verrouillée – depuis que Tony l'évitait.
Il voulait juste des réponses. Il avait besoin de savoir ce qui s'était passé. Pourquoi ça s'était passé.
Il avait besoin de savoir pourquoi Tony évitait ses appels – ce que Peter avait fait de mal.
- Oh mon Dieu ! s'écria Ned. Est-ce que c'était un des hommes qui vous ont attaqués ?
Peter lança un nouveau regard à l'homme.
- Non, dit-il, en sortant de derrière une stèle pour se cacher derrière une autre. Non, je pense pas.
L'homme était sorti du sentier, maintenant, zigzaguant entre le dédale de pierres tombales.
- Je pense qu'il est genre l'assistant de Ross.
L'homme s'arrêta à côté d'une stèle qui semblait très vieille. Peter se cacha non loin de lui, se dissimulant derrière un large ange de pierre.
- Ou la version militaire d'un assistant, t'as compris.
- Son homme de main, souffla Ned, sans louper un seul morceau de ce qui se passait.
Les deux se turent pendant un moment.
- Qu'est-ce qu'il fait ?
Peter lança un regard en direction de l'homme.
- ... il attend.
- Il attend qu –
Un mouvement soudain à la gauche de Peter le força à se cacher davantage derrière l'ange de pierre.
- Oh, merde –
Un autre homme marchait derrière le premier. Cet homme était différent, par ailleurs. Là où le premier avait traversé le cimetière d'un bon pas, le second semblait serpenter à travers les tombes. S'il avait été plus détendu, Peter l'aurait sans doute imaginé en train de siffler.
- Quoi ?! s'écria la voix de Ned dans son oreille. Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qui se passe ? Je vois rien.
Il y eut un gros bang – et le son distinct d'un message d'erreur.
- Ordinateur de merde –
- Shhhhh, siffla Peter alors que le nouveau venu passait juste à droite de l'ange derrière lequel il était caché.
Il n'eut pas à s'inquiéter. L'homme lui passa devant sans même le voir.
- Tu es en avance, lui dit le premier homme en s'arrêtant à quelques mètres de Peter, et en s'appuyant nonchalamment contre une stèle. On décharge tout juste le paquet.
Il fit un signe de tête en direction de l'endroit d'où il venait. Peter suivit son geste.
Quatre hommes marchaient à travers le cimetière sombre – un cercueil reposant sur leurs épaules.
La voix de Ned grésilla à travers les oreillettes.
- S'ils sortent un corps de ce truc, je suis sûr à un million de pourcent que je vais vomir –
Peter ne prit pas la peine de lui dire de se taire. Son attention s'était déjà reportée sur les deux hommes devant lui.
- Pas de problème pour faire passer ça en ville ? demanda l'homme de Ross.
Sa voix était rauque, et son timbre douloureux. Comme si quelqu'un lui avait arraché ses cordes vocales, les avait trainées le long d'une route derrière une voiture pendant quelques kilomètres, et les avait ensuite remises à leur place.
- Oh, non, rit le second homme.
Maintenant qu'il était en face de Peter, Peter pouvait voir son visage. Il était l'exact opposé de l'autre homme. Là où l'assistant était voûté et plein de cicatrices, le second homme était beau et grand. Du col de sa chemise bien lissé à ses chaussures à mille dollars, l'homme transpirait l'argent et le charisme.
- Avec ce qu'on lui a donné – elle dort comme une morte.
Les lèvres de l'homme s'incurvèrent en un rictus narquois.
Les yeux de Peter se posèrent subitement sur le cercueil qui arrivait près d'eux.
- Je pense qu'il y a quelqu'un de vivant à l'intérieur, Ned, souffla Peter, d'une voix horrifiée.
- Oh, murmura Ned, essayant apparemment de comprendre tout ce que ça impliquait. Ouais – c'est encore pire, du coup.
Aucun des deux ne dit rien quand le cercueil passa près de Peter. Les hommes qui le portaient arrivèrent jusqu'aux deux hommes, et posèrent le cercueil sur l'herbe, juste devant l'homme aux chaussures onéreuses.
La voix de Ned retentit de nouveau.
- Ça passe d'effrayant à carrément terrifiant, là, dit-il. Est-ce qu'il faut que j'appelle Mr. Stark ?
- Quoi – non, siffla Peter, avec plus de force que nécessaire, à en juger par le soudain silence de Ned. Non, Ned. On ne sait même pas ce qui se passe.
Peter se recula légèrement, penchant sa tête sur le côté entre les bras de l'ange de pierre pour voir sans être vu.
- On sait qu'ils ont enfermé quelqu'un dans un cercueil – c'est pas rien, argumenta Ned.
- Juste – Peter soupira. Attends juste un peu.
Avant que Ned puisse protester, les hommes recommencèrent à parler.
- ... l'argent, dit le second en faisant un grand sourire narquois à l'autre homme.
- Aucune chance, grogna l'homme de Ross.
Il fit un signe de tête en direction du cercueil.
- Montre-moi la marchandise d'abord.
Le cœur de Peter rata un battement. Oh mon Dieu.
Le deuxième homme lança un regard à ceux qui avaient posé le cercueil, en leur faisant un petit signe de tête. Ils retournèrent vers le cercueil et firent courir leurs doigts le long du couvercle, en défaisant les petits loquets qui maintenaient le cercueil fermé.
- Qu'est-ce qu'il y a, Knox ? demanda le deuxième homme, alors que son sourire s'agrandissait. Tu ne me fais pas confiance ?
Sans plus de cérémonie, les quatre hommes près du cercueil ouvrirent le couvercle. Ensemble, ils plongèrent leurs mains à l'intérieur et agrippèrent le petit corps recroquevillé dans le linceul blanc et satiné. Ils le soulevèrent rudement et le déposèrent sans délicatesse aux pieds du premier homme.
Pendant un moment, la fille – et c'était définitivement une fille, elle ne portait que des sous-vêtements ce qui faisait qu'elle était pratiquement nue, allongée sur l'herbe glacée – ne fit rien. Et puis elle bougea. Doucement. Ses longs cheveux sombres glissèrent sur le côté pour dévoiler son visage.
Et la Sorcière Rouge leva les yeux pour rencontrer ceux de l'adjoint de Ross.
- Putain de merde, s'étrangla Ned, dont la voix résonna dans l'oreillette de Peter. Putain de mer –
Le cœur de Peter se mit à battre plus vite dans sa poitrine alors que l'adjoint de Ross se baissait et attrapait une poignée de cheveux de la Sorcière pour la forcer à le regarder. Ned continuait à paniquer, sa voix devenant de plus en plus aiguë.
- Putain de merde ?!
Peter l'entendit à peine. L'homme de Ross parlait de nouveau.
- Où vous l'avez trouvée ? demanda-t-il en jetant un œil à la jeune fille à ses pieds avant de la repousser.
Elle laissa échapper un petit grognement. Les dents de Peter se serrèrent douloureusement alors qu'il se retenait de sortir de l'endroit où il était.
- A Florence, répondit l'autre homme, en s'asseyant sur une stèle proche de lui, croisant ses jambes avant de lancer un sourire narquois à la Sorcière. Satisfait ?
- Très.
Peter en avait assez entendu.
Il se redressa derrière l'ange de pierre qui lui avait offert une cachette et lança une toile directement sur le visage de l'homme de Ross. Cela atteignit sa cible dans un petit clap satisfaisant – et puis tout se passa très rapidement.
Le deuxième homme se releva de la stèle sur laquelle il s'était assis, avant de trébucher et de se retrouver au sol, loin de l'endroit où se tenait Peter, et Peter en profita pour le clouer au sol avec des toiles. Ses quatre hommes de main réagirent beaucoup plus vite, en revanche.
L'un d'eux se précipita sur Peter, enjambant une pierre tombale avant de l'agripper. Ils tombèrent tous les deux, heurtant brutalement le sol, avant de percuter une stèle, la fracassant.
- Merde ! s'écria la voix de Ned dans l'oreille de Peter, alors que ce dernier repoussait l'homme de main contre une autre pierre tombale. Oh mon Dieu, qu'est-ce qui se passe ? Peter ?!
Peter n'eut pas le temps de répondre car déjà, un autre homme était sur lui. Peter esquiva en tombant à genoux et fit un rapide mouvement du poignet pour lancer une toile et le piéger dedans. Il n'attendit pas plus longtemps et frappa le troisième homme, qui s'effondra au sol.
Les petits cris de Ned résonnaient dans son oreille.
Peter l'enroula lui aussi de toiles, toujours sur les genoux. La Sorcière Rouge. Il avait perdu sa trace depuis qu'il était tombé, et la panique commença à prendre possession de lui. Bordel. Il ne la voyait pas – il ne la voyait pas –
Et puis, à sa gauche, il entendit le son d'une arme qu'on chargeait et elle fit feu.
Peter se crispa.
Mon Dieu. Il allait mourir. A nouveau. Il allait échouer. Encore –
Mais la balle n'atteignit jamais son but – ou, en tout cas, elle ne le toucha pas lui.
Avant que Peter ait pu s'éloigner du rugissement de l'arme, une silhouette apparut devant lui. La peau nue, qui brillait presque sous la lumière de la lune, elle le protégea de son corps.
Et puis il y eut du sang.
Une gerbe écarlate atteignit le masque de Peter – obscurcissant ses yeux et teintant le cimetière d'un filtre rougeâtre.
Peter s'effondra sur l'herbe glacée, luttant contre l'envie de vomir irrépressible qui le submergeait alors qu'il essuyait le sang qui avait éclaboussé son masque. Oh mon Dieu. Oh mon Dieu.
Il se redressa sur les genoux. La Sorcière Rouge s'était agenouillée à quelques centimètres de lui – ses mains tendues et brillantes. Face à elle se trouvait le dernier homme de main, visant Peter et Wanda avec une arme serrée dans ses mains.
Les poils sur la nuque de Peter se dressèrent.
- Attention !
Les mots s'échappèrent de sa gorge, étranglés et brisés.
L'homme vida son chargeur sur eux, et pendant un moment, les balles ne cessèrent pas de pleuvoir dans leur direction – mais chacune d'elles heurta la masse rouge qui pulsait et grandissait, flottant dans les airs entre eux et l'homme.
Quand la dernière balle fut tirée, il y eut un petit clic qui leur fit comprendre que le chargeur était vide, et le silence se fit dans le cimetière. L'homme fit un pas tremblant en arrière.
- Mais qu'est-ce que tu es, putain ? souffla-t-il.
La lueur rouge qui chatoyait entre eux se reflétait dans ses yeux. Mêlée à la terreur.
La Sorcière lui lança seulement un dernier regard avant de serrer ses doigts, légèrement, et de l'envoyer de l'autre côté du cimetière, le faisant s'écraser contre un mausolée. Il heurta le mur dans un bruit sourd et retomba sur l'herbe, assommé.
Aussi vite qu'elle était apparue, la lueur rouge disparut, et la Sorcière se retourna vers Peter – sa main s'appuya sur son flanc. Du sang coula entre ses doigts pâles.
Une lueur rouge vif brilla dans ses yeux.
- Que diable fais-tu ici ?
Tony jeta ses clés dans le bol en argent qui reposait sur une petite table, à côté de la porte d'entrée du Complexe. Elles glissèrent le long des parois du bol et tombèrent sur le sol.
Tony les regarda tomber. Sans bouger.
Bon sang, ça résumait parfaitement sa journée.
Il laissa les clés sur le sol – trop épuisé pour ne serait-ce que se baisser et les ramasser – et commença à défaire les boutons de son costume, faisant glisser les manches le long de ses bras avant d'enlever complètement la veste. Il la laissa tomber par terre, au-dessus des clés.
Il avait été enfermé dans cette salle d'audience pendant neuf heures, aujourd'hui – et il en avait passé la majorité à écouter Ross hurler que son discours de la veille ne pouvait pas compter comme un témoignage. Il avait ensuite crié un peu plus à propos de la prétendue violation du contrat de Tony, et des Accords en eux-mêmes. De son indulgence. De combien il avait fait de compromis.
Bordel, Tony avait besoin d'un verre. Et d'une hachette.
Peut-être pas dans cet ordre-là.
Il se dirigea vers la cuisine ouverte sans s'embêter à allumer la lumière, et alla jusqu'au frigo. Il avait atteint le point où la faim était telle qu'on n'avait même plus faim – et la nourriture à l'intérieur lui donnait envie de vomir. Un petit mouvement à sa droite, dans l'obscurité, lui fit lâcher un petit cri et il s'éloigna subitement du frigo.
- Bon sang, Cap, haleta Tony, ses yeux se posèrent sur Rogers alors que l'homme devenait visible grâce à la lumière projetée par le frigo. Tu as attendu dans le noir pour me faire flipper à mort, ou un truc dans le genre ?
Tony soupira en revenant vers le frigo pour avoir quelque chose à regarder qui n'était pas Rogers.
- Non, dit rapidement Steve. Je venais de me lever et je t'ai entendu rentrer.
- Lumières, Fri, dit Tony en refermant la porte du frigo, avant d'ouvrir un placard à la place en espérant trouver quelque chose de comestible et qui ne lui donnerait pas envie de vomir.
Une douce lumière se répandit dans la cuisine.
- T'as un peu dépassé ton heure de coucher, non ? grommela Tony.
En vérité, il avait trainé en ville plus longtemps que nécessaire pour éviter d'avoir cette conversation.
- Je voulais savoir comment ça s'était passé, répondit Steve, en se penchant sur l'unique comptoir de la cuisine.
Le reste avait été saccagé pendant l'attaque. Les rénovations principales avaient été faites rapidement – mais une vaste majorité du Complexe était encore en travaux.
- Alors allume la T.V, murmura Tony en mettant un morceau de viande dans le micro-ondes, à l'autre bout du comptoir, aussi loin de Steve qu'il le pouvait. Je suis sûr que c'est sur toutes les chaines maintenant.
Steve hésita un instant.
- C'est le cas, finit-il par acquiescer.
Il lança un regard à la télévision juste derrière lui. Mais ses yeux revinrent immédiatement vers Tony. Il fit de nouveau une petite pause avant de parler.
- Je voulais juste savoir comment tu allais.
Les choses avec Cap étaient... tendues. Il essayait. Tony pouvait voir combien il essayait. Il s'était rangé du côté de Tony, la nuit où l'attaque avait eu lieu, et après ça, il était resté avec Tony quand ils avaient amené Peter dans un hôpital et s'était assis avec lui dans la salle d'attente pendant la plus longue nuit de leur vie. Il avait appelé May parce que Tony en était incapable parce que ses mains tremblaient trop pour ne serait-ce que tenir son téléphone. Et après ça, il avait aidé à remettre le Complexe en état. Si les rénovations avaient été aussi rapides, c'était grâce à lui. Tony avait la preuve en vidéo que Steve avait passé la majorité de son temps avec les ouvriers, les aidant à travailler et à reconstruire les bâtiments détruits, et Tony ne pouvait nier le fait qu'il lui en serait éternellement reconnaissant. Dieu savait qu'il avait à peine le temps de dormir, tant on le sollicitait. Il savait que Cap aurait voulu faire davantage – mais avec l'équipe assignée à résidence au Complexe, il n'y avait pas grand-chose de plus à faire.
Mais il y avait comme un lourd fantôme qui rôdait dans la pièce et qui s'asseyait parfois sur la poitrine de Tony pour l'étouffer, quand ils étaient seuls tous les deux.
Barnes.
Aucun des deux n'en avait reparlé – et Tony commençait à penser qu'ils ne le feraient jamais. Ils avaient créé un équilibre curieux entre eux, mais ça marchait. Aucun des deux ne s'effondrait.
- Moi ?
Tony haussa les épaules, en ouvrant le sachet dans lequel se trouvait du pain pour en sortir deux tranches.
- Hyper bien. Au top du top –
- Tony.
Sa voix était basse. Et Tony arrêta de parler.
Il reposa ses deux tranches de pain sur le comptoir.
- Qu'est-ce que tu veux, Steve ?
Steve croisa les bras sur son torse, ses yeux ne quittant jamais Tony.
- Je veux juste m'assurer que tu vas bien, dit-il en prenant une inspiration. Dieu sait que j'aurais des envies de meurtres si je devais passer ne serait que quelques minutes avec cet homme – alors quelques heures...
- Hey – j'étais prêt à utiliser la violence quand il est venu ici, dit Tony en ouvrant le tiroir sous le comptoir pour en sortir un couteau à beurre. Tu es le seul qui n'ait pas voulu que je le tue.
- On ne peut pas s'abaisser à son niveau, Tony.
Steve se dirigea vers le frigo que Tony avait abandonné, et en sortit une bouteille de jus de fraise dans la porte. Il s'assit en face de Tony.
- Ce n'est pas comme ça qu'on gagne.
Tony fixa la bouteille pendant une seconde avant de l'attraper et de s'en servir un verre.
- Comment on gagne alors ?
Les yeux de Steve se baissèrent pour la première fois.
- Je ne sais pas.
Des bruits de pas se firent entendre dans le hall et Tony n'eut pas besoin de répondre.
Rhodey entra dans la cuisine quelques secondes plus tard – ses yeux s'agrandissant légèrement quand il vit Tony et Steve assis au comptoir. Tony détourna les yeux avant que Rhodey puisse lui lancer un regard. Il était trop fatigué pour gérer tout ça.
A peine Rhodey se fut rapproché d'eux que d'autres bruits de pas résonnèrent dans le hall. Sam et Clint entrèrent dans la pièce quelques secondes plus tard.
Bon sang. Il était définitivement trop fatigué pour tout ça.
Tony ignora Clint et Sam, qui venaient de s'accouder au comptoir, à quelques mètres de lui, et préféra se concentrer sur Rhodey.
- Tu t'en vas, Winnie L'Ourson ? demanda Tony en se servant un peu de viande et en la coinçant entre deux tranches de pain.
- Pas ce soir, répondit Rhodey, en se penchant pour prendre une tranche de pain dans le sachet encore ouvert et en mordant dedans.
Ses paroles prirent Tony au dépourvu, et le couteau s'arrêta au-dessus de ses tranches de pain.
- Je croyais que tu avais une réunion au sommet, à Washington, demain matin ?
- Ouais – je l'ai repoussée de quelques jours, répondit Rhodey en haussant les épaules, en continuant à mâcher son pain. Ils sauront se débrouiller sans moi.
- Tout comme moi, lui dit Tony, en lui lançant un regard. Juste pour info.
Rhodey lui rendit son regard torve et enfourna le reste du pain dans sa bouche.
- Hmm, murmura-t-il.
- J'ai pas besoin d'une baby-sitter, ajouta Tony d'un air renfrogné, reposant son couteau sur la table avant de prendre son sandwich dans ses mains et de le porter à sa bouche. Je suis un adulte. Je suis capable de me gérer.
Il mordit dans son propre pain. Il fit attention à énoncer parfaitement les mots qui suivirent, de manière à ce que Rhodey comprenne ce qu'il voulait dire.
- Je suis un génie. Millionnaire. Qui peut fabriquer une super armure, avec des supers propulseurs. Peut-être que t'en as entendu parler –
- Cet homme a essayé de nous tuer, Tony, l'interrompit Clint, assis sur son tabouret juste à côté de Steve. On a tous besoin que quelqu'un surveille nos arrières, en ce moment.
- En parlant de bébés, dit Sam avant que Tony ait pu répondre à Clint. J'ai pas vu le gamin ici depuis un moment. C'est quoi le truc ?
Tous les regards se tournèrent de nouveau vers Tony.
- Tout va bien ?
- Ouais, Tony, fit Rhodey d'une voix ferme qui résonna dans la pièce silencieuse. C'est quoi le truc ?
Tony lui lança un regard glacial.
- Le petit va bien, dit-il sévèrement, en prenant férocement une bouchée de son sandwich.
- Vraiment ? Comment tu pourrais le savoir ? T'as vérifié – commença Rhodey en ignorant complètement les regards meurtriers que lui lançaient Tony.
Tony allait le couper, mais Rhodey parla avant lui.
- Genre personnellement ?
Cela fit taire Tony.
Un silence tendu enveloppa la pièce.
Comme d'habitude, Clint le rompit.
- Je sens une légère tension dans l'air, dit-il d'une voix trainante, en jetant successivement un regard à Tony et Rhodey.
Les autres faisaient la même chose.
Tony jeta presque le reste de son sandwich sur le comptoir.
- Non, t'as raison, dit-il d'un ton désinvolte. Je devrais vraiment l'inviter à venir ici – parce que ça s'est tellement bien terminé la dernière fois.
L'expression de confusion que Steve arborait se radoucit.
- Ce n'était pas ta faute, Tony –
- Je lui ai dit de venir dormir ici, et il a été blessé, dit Tony. Il a été –
- Oui, il a été blessé, l'interrompit Rhodey.
Et son ton sévère était bien plus impressionnant que celui de Tony. Bordel.
- Mais l'exclure maintenant ne va pas changer ce qui s'est passé.
- Je ne l'exclue pas, rétorqua Tony, en claquant sa main contre le plan de travail. Happy vérifie auprès de May tous les jours et auprès de l'école toutes les semaines. J'ai placé une alerte sur lui, sur mon serveur, et chaque caméra de surveillance qui le voit dans la rue m'envoie les images – et son costume m'envoie la moindre donnée qu'il collecte et la stocke sur mon serveur personnel. J'ai tout, tempêta Tony sans reprendre son souffle, le laissant pantelant. Je sais à quelle heure il part de chez lui, à quelle heure il rentre. Ce qu'il fait. Ce dont il parle avec son ami quand il hacke la fréquence. J'ai tout.
Un autre silence se fit.
A nouveau, Clint le rompit.
- Donc en fait, tu le stalkes.
Tony grogna, mais ne répondit pas. Il ne savait vraiment pas quoi répondre à ça.
- T'as pensé à lui, Tony ? lui demanda Rhodey. Tu peux pas juste laisser le petit dans le flou, comme ça.
- C'est pas comme si je pouvais l'appeler, non plus. Ni même aller chez lui, dit Tony en levant les yeux vers Rhodey. Ross enregistre tous mes appels pour le procès – et pas seulement les miens, mais aussi tous ceux du personnel de Stark Industries – tu es au courant de ça.
Il tritura son sandwich avec son doigt et le repoussa avec dégoût.
- Et je peux à peine quitter ce magnifique champ de bataille sans avoir de paparazzis qui me collent au train – aucun de nous ne le peut.
Il lança un regard autour de la cuisine.
- Je suis presque sûr que la presse s'en donnerait à cœur joie si j'étais pris en train de discuter avec un gamin de quatorze ans.
- Il a quinze ans.
La main de Tony, qui avait repris le couteau à beurre, se leva avec impuissance.
Il le jeta sur le comptoir un moment plus tard.
- Il a toujours une vie. Il a l'école. Une famille. Des amis, souffla Tony. Un avenir.
Sa voix se baissa. La colère qui l'avait submergé quelques instants plus tôt se dégonfla, et il se retrouva encore plus épuisé qu'auparavant.
- Il n'aura plus la chance d'avoir tout ça si Ross met la main sur lui.
Un nouveau silence se fit – assez long cette fois pour que Tony range la bouteille de jus dans le frigo et remette la viande tiède dans le micro-ondes.
- D'accord, dit finalement Sam, en pointant un doigt vers Tony. Mais une fois que tout ça sera terminé, il revient ici. Il m'a battu deux fois sur trois lors de notre dernier combat, et ça ne peut pas rester impuni. J'ai une réputation à tenir. Je peux pas me permettre de perdre contre un gamin dans mon propre domaine –
- Monsieur, l'interrompit F.R.I.D.A.Y. Une des alertes que vous avez posées sur les moteurs de recherche a été déclenchée sur le téléphone de Mr. Parker.
- Putain, éclata de rire Clint. Tu surveilles aussi le téléphone du gamin.
- Ferme-là, rétorqua Tony. Laquelle, Fri ? demanda-t-il en frottant ses yeux avec sa main.
Bon sang, il avait vraiment besoin de dormir.
- Je le jure devant Dieu, s'il cherche comment hacker son costume à nouveau, je lui passerai des chansons pop des années 80 dans les écouteurs pendant une semaine.
- Ce n'est pas ça, Monsieur.
Tony releva la tête et posa sa main sur le comptoir.
- Alors qu'est-ce qu'il recherche ?
La réponse de F.R.I.D.A.Y. fut instantanée – et cela réveilla complètement Tony.
- Comment nettoyer une blessure par balle, Monsieur.
Le cœur de Tony sembla tomber dans sa poitrine.
- Appelle-le.
Les mots sortirent de sa bouche avant même qu'il ait pu réfléchir. Parce que la seule chose à laquelle il pensait c'était non. Non.
- Appelle-le maintenant.
- Pardon – souffla Peter, alors qu'il ouvrait la porte de l'appartement – la gardant ouverte avec son pied en aidant la Sorcière Rouge, effleurant son flanc qui saignait toujours sans le faire exprès. J'suis vraiment désolé.
Ned les attendait dans le salon. Il se releva brusquement quand il les vit arriver en trébuchant. Ses yeux s'ouvrirent en grand, et se posèrent ensuite sur la blessure de la Sorcière.
- Oh mon Dieu, couina Ned. Oh mon Dieu –
Peter le coupa avant qu'il commence à devenir hystérique.
- Ned – le kit de premiers secours.
Les yeux grands ouverts de Ned passèrent des doigts pâles teintés de rouge de la Sorcière, à Peter.
- Va chercher le kit de premiers secours – dans le placard, dit de nouveau Peter, en aidant la Sorcière à traverser la cuisine et le salon pour se rendre dans sa chambre.
May n'était pas à la maison parce qu'elle était de service de nuit à l'hôpital, et ne rentrerait que dans quelques heures – mais Peter n'était pas prêt à se faire hurler dessus parce qu'elle avait trouvé un Avenger blessé dans son salon en rentrant. Elle n'était pas du tout d'accord avec toute cette histoire de Spider-Man, et Peter n'avait pas vraiment envie de lui donner d'arguments supplémentaires.
Ned hochait la tête à une vitesse vertigineuse.
- Derrière le miroir de la salle-de-bain, ok, marmonna-t-il en passant du salon à la salle de bain. Je m'en occupe.
Peter fit en sorte d'amener la Sorcière jusqu'à la chambre, s'arrêtant devant son lit pour l'aider à s'y allonger. Elle avait essayé de rester sur ses pieds tout au long du trajet pour arriver à la maison, mais au fur et à mesure, comme sa blessure continuait à saigner, elle était devenue de plus en plus instable. Elle laissa échapper un petit gémissement en s'asseyant, ses mains se serrant en poings.
Les mains de Peter se tendirent dans sa direction sans la toucher – il n'était pas vraiment certain de ce qu'il devait faire.
- Je suis désolé, murmura-t-il à nouveau.
Il avait répété ces mots, encore, et encore, et encore, tout le long de leur trajet jusqu'à l'appartement – à tel point qu'il ne savait même plus vraiment de quoi il s'excusait. Désolé qu'elle se soit fait tirer dessus par sa faute, sans doute. Ouais – il était définitivement désolé à propos de ça. Désolé parce qu'il n'était pas sûr de ce qu'il devait faire maintenant. Ouais. Il était désolé à propos de ça aussi. Désolé parce qu'il avait merdé et avait presque failli les faire tuer tous les deux.
Ouais. Il était désolé pour beaucoup de choses ces derniers jours.
Ned entra dans la chambre – les mains vides.
- Peter –
Peter se remit tout de suite sur ses pieds, se dirigeant vers la porte.
- Quoi – qu'est-ce qu'il y a ?
Ned se retourna pour aller dans la salle de bain, suivi de près par Peter. Étalé sur la tablette se trouvait tout ce que lui et May possédaient pour les premiers secours. Il n'y avait vraiment pas grand-chose. Ned prit dans ses mains un paquet de serviettes hygiéniques.
- Ugh, je pense pas – je veux dire – je pense pas que ces trucs vont nous être utiles.
Il le donna à Peter, qui le prit uniquement pour le reposer sur la tablette. Ned avait raison. Il regarda ce qui se trouvait sur la tablette mais il n'y avait rien qui se rapprochait même de ce dont ils avaient vraiment besoin.
- Ok, souffla Peter, en se sentant soudainement pris de vertiges.
Il retira son masque et passa une main dans ses cheveux – jusqu'à ce qu'il se rende compte que ses mains étaient pleines de sang, et qu'elles avaient laissé des marques rouges sur son visage et dans ses cheveux. Oh merde.
- Qu'est-ce qu'on a d'autre ?
- Euh...
Ned regarda autour de lui, paniquant clairement. Il se jeta sur quelque chose qui était posé sur le lavabo et le montra à Peter.
- Du fil dentaire ?
- Du fil dentaire ? répéta-t-il d'une voix aiguë.
- Ouais, du fil dentaire, dit Ned si rapidement que même Peter eut du mal à le comprendre. Ils s'en servent tout le temps dans les films –
- Quels films ?!
- Je sais pas ! s'écria Ned en jetant le fil dentaire sur le sol et en mettant ses mains autour de son visage, comme s'il essayait de se retenir d'exploser. Me crie pas dessus, je suis vraiment super stressé –
Peter prit un air plus sûr de lui. Ou en tout cas, il l'espérait. Il sentait qu'il tremblait comme une feuille – mais putain il espérait que Ned ne pouvait pas le voir.
- Je suis désolé, dit-il en prenant une grande inspiration. Je suis désolé.
Ned, lui, ne prit pas de grande inspiration. Au contraire, il continua à laisser la panique le submerger.
- Cette situation est vraiment trop stressante ! Je pense que c'est le moment d'appeler Mr. Stark –
Cette suggestion eut le mérite d'aider Peter à retrouver sa voix.
- Non, dit-il fermement. Je peux gérer ça – on peut gérer ça –
- On peut pas gérer ça, s'énerva Ned, en regardant Peter sortir son téléphone d'une poche spéciale cachée dans son costume, et commencer à taper. Qu'est-ce que tu fais ? Est-ce que t'es vraiment en train de faire une recherche Google ?!
Peter leva les yeux de l'écran pendant le chargement.
- T'as une meilleure idée ?
Les yeux de Ned s'écarquillèrent à tel point que Peter eut peur qu'ils sortent de leurs orbites.
- Non ! s'écria-t-il en se laissant tomber sur la cuvette fermée des toilettes.
- Ok – apparemment on peut utiliser le fil dentaire, dit Peter en continuant à scroller, regardant plusieurs sites.
Oh mon Dieu. Oh mon Dieu.
- Ou même un fil tout simple – je pense qu'on a ça. May a un kit de couture – quelque part par là – si je – merde !
Avant même que Peter ait pu remettre de l'ordre dans ses idées pour les sortir de cette situation pourrie, le téléphone commença à sonner. Peter le laissa tomber dans un sursaut, et il percuta le carrelage de la salle de bain.
Le nom de Tony apparaissait en gras.
Peter et Ned se regardèrent.
- Je pense qu'il faut qu'on réponde, commença Ned, mais avant que Peter ait pu prendre une décision, le téléphone s'arrêta – une longue ligne de codes illumina l'écran – et le téléphone décrocha tout seul.
La voix de Tony sortit du téléphone avant que Peter ait compris ce qui se passait.
- Peter ? appela Tony. Peter –
Le cerveau de Peter fut comme court-circuité.
- Mr. Stark ? dit-il lentement, son cerveau ayant plus de mal à suivre ce qui se passait que ce qu'il aurait dû.
Considérant tout ce qui s'était passé ce soir – il avait trouvé la Sorcière Rouge, avait failli se faire tirer dessus, la Sorcière Rouge s'était fait tirer dessus, et maintenant Tony qui l'appelait – il aurait vraiment dû se douter que son cerveau le lâcherait à un moment donné.
- Salut, résonna la voix de Tony, et même à travers le téléphone, Peter pouvait y entendre la colère. Qu'est-ce que tu fais ?
Le cerveau de Peter n'arrivait toujours pas à penser correctement. Il était toujours bloqué à Tony est en train de m'appeler – parce que Tony était vraiment en train de l'appeler – et n'arrivait pas à avancer plus loin.
- Quoi ? souffla Peter, ses yeux rencontrant de nouveau ceux de Ned.
Il n'avait pas l'air de comprendre quoi que ce soit, lui non plus, et semblait sur le point de vomir.
- Tu fais quelque chose d'amusant ? continua la voix de Tony – sans même laisser à Peter une seconde pour répondre. Tu fais des recherches intéressantes sur Google ?
Tout d'un coup, et de façon brutale, tout se remit en place dans sa tête.
- Oh, fut la réponse éloquente de Peter.
Ouais. Ned avait vraiment l'air d'être sur le point de vomir.
- Oh, fulmina Tony dans le téléphone. On a dépassé ce stade, gamin, si tu es blessé, tu vas dans un hôpital, ou tu viens chez –
Ned pâlit considérablement.
- Non, c'est pas ce que vous croyez – ce que ça semble être – je sais pas, bégaya-t-il, ses yeux grands ouverts dirigés vers Peter.
Mais Peter le remarqua à peine. Une rage dévastatrice avait commencé à le consumer à l'entente de cette voix – cette voix qu'il suppliait presque d'entendre depuis des mois –
- Chez vous ?! rugit Peter dans le téléphone.
Ned sursauta tellement fort qu'il se cogna contre le lavabo, renversant tous les objets provenant du kit de premiers secours alors qu'il regardait Peter d'un air interloqué. Tony devait être aussi surpris que lui parce que, pour la première fois depuis que Peter avait rencontré l'homme, celui-ci n'eut rien à répondre.
- Il aurait fallu que je vienne chez vous ? cria Peter, sa colère augmentant à chaque mot. Vous voulez me dire comment je suis censé faire ça ?
Peter était sûr que même les voisins l'entendaient. Bon sang, l'immeuble voisin pouvait sans doute l'entendre.
- Ou alors c'est un autre de vos stupides tests ?!
Des points noirs dansaient devant ses yeux – menaçant de l'avaler dans un énorme trou noir. Sa respiration était pantelante et il n'arrivait plus à respirer. Il fallait – il avait besoin que –
Il fallut à Tony une minute entière pour répondre, sa voix proche d'un murmure quand elle résonna finalement à travers le téléphone.
- Petit –
- Non. Non, le coupa Peter en lui hurlant dessus. Vous pouvez pas exister quand ça vous arrange.
Il y avait quelque chose qui roulait le long des joues de Peter. Des larmes. Dans ses yeux, c'était le résultat de ces mois d'attente – ces mois d'inquiétude – qui n'avait attendu que ce moment pour déborder.
- J'ai appelé ! J'ai appelé –
- Peter –
Mais Peter n'entendit jamais ce que Tony avait à dire. Avant que l'homme ait pu prononcer plus qu'un mot, Peter attrapa le téléphone et le jeta avec force contre le mur, qui se fissura sous l'impact. Du plâtre en tomba – dévoilant un trou de la taille du téléphone.
Pendant un moment, ni Peter ni Ned ne dirent rien. Tout ce qu'ils firent, c'était respirer, et essayer de comprendre ce qui venait de se passer. Aucun des deux ne semblait avoir de succès avec la dernière partie.
Ils furent tirés de leurs pensées quand ils entendirent la fenêtre s'ouvrir, rompant le silence. Leurs yeux se rencontrèrent – et ils coururent tous les deux jusque dans la chambre.
Peter était devant, il tourna dans le couloir, retourna dans sa chambre, pour voir la fenêtre qui était ouverte.
La Sorcière Rouge était partie – il y avait une trace de sang sur la vitre, et c'était la seule chose qui montrait qu'elle s'était trouvée ici.
- Merde.
Peter n'était pas sûr de qui l'avait dit – mais ça résumait parfaitement leur nuit.
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