Chapitre 1 : The Fallout
Chapitre 1 : The Fallout
Les conséquences
- Pour la dernière fois, dit Tony en s'avachissant sur sa chaise, pinçant l'arrête de son nez entre deux doigts pour tenter de soulager le mal de tête qu'il sentait poindre derrière ses yeux. Euh, non.
- Et pour la dernière fois, Mr. Stark, s'énerva Ross en jetant un regard circulaire dans la salle d'audience, les yeux brûlants, ce n'est pas à vous d'en décider.
- C'est ma signature, l'ignora Tony en cachant ses mains dans ses poches pour paraître calme.
Mais même là, ses mains tremblaient de rage.
- C'est quand même ma décision, donc.
Ils n'avaient eu de cesse de tourner en rond en utilisant le même argument au cours de ces trois derniers jours, maintenant. Depuis que Ross avait eu le culot de se pointer au Complexe avec la dernière version des Accords, s'attendant à ce que Tony les signe. Les changements effectués sur le contrat n'étaient qu'une vaste blague. La présence de Ross au Complexe, où Tony avait failli perdre ce qu'il n'aurait jamais pu retrouver, en revanche, n'en était pas une.
Si Steve ne l'avait pas retenu, Tony aurait battu l'homme à mort. Il en était certain. Et il l'aurait fait sans remords.
Mais il ne l'avait pas fait. Tout ce qu'il fit, ce fut de balancer les Accords au visage de Ross et de refuser – avec véhémence – de les signer tant que ce serait Ross qui s'en chargerait.
Ross lui avait intenté une action en justice dès le lendemain.
Une voix juste devant eux interrompit Ross avant qu'il puisse répondre – ou se jeter à travers le bureau et étrangler Tony jusqu'à ce qu'il meure. Vu la couleur sur son visage, Tony se dit qu'il avait cinquante pourcents de chance pour que ce soit l'un ou l'autre.
- Mr. Stark –
Tony pivota sur sa chaise pour jeter un coup d'œil au juge.
- Oui, très cher (1) ?
Le juge lui lança un regard glacial.
- Le Secrétaire Ross a mentionné une violation du contrat tout à fait valide – vous vous êtes engagé à signer –
- Je me suis engagé à signer avant qu'il essaie de nous tuer, l'interrompit Tony en se levant de sa chaise pour mieux regarder le juge. C'était un engagement provisoire, qui dépendait de certaines modifications que Mr. Ross n'a pas encore apportées.
- Le Secrétaire Ross.
Pour la première fois depuis qu'ils avaient commencé la séance, environ cinq heures plus tôt, Tony leva les yeux pour rencontrer ceux de Ross. La rage qui agitait silencieusement sa poitrine se mit soudainement à palpiter, et grandit davantage. Elle rongea ses organes et se répandit jusque dans ses doigts et ses orteils. Il essaya de détourner son regard de l'homme –
- Plus pour très longtemps.
Les mots ne furent pas criés – en vérité, ils avaient été même plus doux que tout ce que Tony avait jamais pu prononcer – mais ils résonnèrent. Ils semblèrent rebondir contre les murs. Pendant un moment, personne ne bougea plus.
Ross fut le premier à retrouver la parole.
- Vous êtes revenu sur votre engagement – un engagement qui vous empêchait d'être reconnu comme un ennemi de la Nation, au contraire des autres criminels que vous hébergez ! s'écria-t-il à travers la salle d'audience, se mettant debout en dépit de l'avertissement de son avocat, une veine rougeoyant sur son front.
- A votre demande ! fulmina Tony en se mettant debout, lui aussi, en n'essayant plus de paraître calme. Et à la demande du Congrès !
Il se retourna vers le juge.
- Et pour rappel – encore – je ne suis pas revenu sur mon engagement à signer les Accords. Quand les amendements qui avaient été pris par les Nations Unies – qui autorisaient mon équipe et moi-même à jouir de quelques droits humains basiques – seront réinsérés dans le contrat, et que j'en serai satisfait, je signerai, dit-il en haussant suffisamment la voix pour couvrir le ricanement moqueur que Ross laissa échapper.
Tony reposa ses yeux sur Ross, et à nouveau il dut se battre contre son envie de passer par-dessus les tables qui les séparaient et de tuer l'homme avec le premier objet qui lui tomberait sous la main.
- Ce que j'ai dit, c'est que je ne les signerai jamais si son nom est sur le contrat, même si vous y insérez les amendements dont je vous parle.
Ross se tourna vers le juge – son visage désormais rouge alors qu'il devait se battre pour garder le peu de bienséance qui lui restait.
- Ça – ça, là – c'est une flagrante violation du contrat –
Tony le coupa avant même qu'il puisse continuer – il en avait assez entendu. Il en avait marre. Il en avait vraiment marre.
- Vous voulez parler de violation de contrat – mais vous avez envoyé une armée au pas de notre porte ! rugit Tony, et les murmures qui émanaient de la foule depuis quelques minutes cessèrent.
Même le juge ne dit rien. Mais Tony le remarqua à peine. Ses yeux étaient fixés sur Ross – mais alors qu'il le regardait, l'homme disparut, et l'image d'un petit corps, face contre le lac, prit sa place. Cette vision, même après deux mois, faillit mettre Tony à genoux.
- Vous nous avez attaqué pour provoquer notre rage et, de cette manière, vous donner l'accréditation qui vous permettrait de faire passer les Accords en l'état – et ainsi avoir le contrôle total sur nous, et sur tous ceux qui sont comme nous !
Le petit corps disparut derrière les paupières de Tony, et Ross réapparut dans son champ de vision. Une haine, profonde et gutturale, étreignit la poitrine de Tony. C'était si fort que ça le fit presque suffoquer.
- Alors félicitations, Mr. Ross, vous avez trouvé de la rage.
La voix de Tony se baissa légèrement – avalée par le trou noir créé par la haine qui grandissait dans sa poitrine et qui semblait le consumer. Complètement. Ses mots, à présent, n'étaient qu'un murmure – mais la salle d'audience était silencieuse. Tous les regards étaient dirigés vers Tony.
- Et elle finira pas vous brûler.
Ross tremblait maintenant – sa propre rage menaçant de déborder.
- Est-ce que c'est une menace ?! beugla-t-il à travers la salle.
Il fit un pas vers Tony, mais plusieurs de ses officiers, qui avaient été appelés à témoigner, le retirent. Les yeux de Ross ne quittèrent jamais ceux de Tony.
- Est-ce que c'est une menace ?!
Tony fit lui aussi un pas en avant – les caméras autour de lui n'ayant plus aucune importance pour lui, maintenant. Il allait le tuer. Il allait le tuer à mains nues, ici même, maintenant, et il en aurait fini avec –
Quelque chose se posa sur l'épaule de Tony et le retint. Tony essaya de se défaire de la poigne – il fallait qu'il tue Ross. Il avait besoin de le voir saigner –
- Tony – Tony.
Une voix passa le filtre de ses oreilles bourdonnantes de rage. Les mains qui agrippaient fermement ses épaules le secouèrent durement. Après quelques instants, Rhodey apparut devant lui. Il était penché par-dessus la barrière qui séparait le jury de la foule, retenant Tony.
- Calme-toi, siffla-t-il en rapprochant sa tête de celle de Tony. Prends une grande inspiration.
Tony s'exécuta – et la douleur dans ses poumons s'évanouit. Mon Dieu, ça faisait du bien. Depuis combien de temps retenait-il sa respiration ? Rhodey attira Tony vers lui, et Ross fut enfin hors de son champ de vision.
- Calme-toi, Tony, dit-il à nouveau en le regardant déglutir.
De l'autre côté de la salle, Ross recevait le même avertissement, pas seulement par les officiers qui l'entouraient, mais aussi par son avocat et le juge. Il continuait à fulminer, gesticulant avec ses bras même si ses hommes essayaient de le calmer.
- C'est une menace ? il ne peut pas –
- Ça devrait l'être ? mugit Tony pour couvrir ses cris indignés.
Les yeux de l'homme se posèrent de nouveau sur lui. Rhodey, qui semblait apparemment satisfait du fait que Tony n'avait plus l'air de vouloir traverser la pièce pour commettre un meurtre, le lâcha et les deux se retournèrent vers Ross.
- Ne nous menacez-vous pas ? demanda Tony en se battant pour tenter de contrôler sa voix – pour tenter de se contrôler tout court.
Il ne laisserait pas Ross gagner. Il ne laisserait pas Ross gagner –
- Comme je l'ai déjà statué, je n'ai aucun lien avec la malheureuse attaque dirigée contre votre Complexe – beugla Ross en détournant le regard pour fixer le juge.
Juste à temps. Tony ne savait pas ce qu'il aurait pu faire si l'homme avait eu le cran de mentir en le regardant droit dans les yeux.
- Nous avons la preuve que vos hommes étaient derrière cette attaque. Déclarations de témoins, du matériel spécialisé collecté sur le terrain – un des soldats l'a même admis, pour l'amour du Ciel ! dit Tony en haussant la voix à nouveau.
La main de Rhodey se posa dans le dos de Tony, juste en-dessous de son épaule – hors de vue du reste de la salle d'audience. Sa main ne serrait pas, ne s'agrippait pas, elle était juste là. Un poids constant qui le gardait sur terre, ici, dans cette salle d'audience, et non pas au bord de ce foutu lac –
- Mes hommes ont agi selon leur propre volonté !
La voix de Ross résonna dans la pièce.
- Ce fut une sérieuse trahison de ma confiance – et de celle du gouvernement, dit-il, en lançant un regard à la foule devant lui, avant que ses yeux ne se posent sur Tony. Et ce témoignage a été fait sous la contrainte.
- La contrainte ?! s'esclaffa Tony. Quelle contrainte ? On a demandé – il a répondu.
- Si j'avais un homme comme Steve Rogers devant moi au milieu d'un champ de bataille, me demandant des réponses, je lui dirais tout ce qu'il veut entendre, moi aussi, ricana Ross.
Les mots firent mouche.
Ross recommença à parler – mugissant quelque chose au juge – mais Tony ne voulait pas l'écouter. Il en avait assez entendu.
- Ce n'était pas un champ de bataille, le coupa Tony.
Ses mots furent prononcés à voix basse, mais ils furent quand même entendus – malgré les cris tempétueux de Ross. La salle d'audience redevint silencieuse. Même Ross se retourna pour le regarder, la confusion se mêlant à la rage qui brûlait dans ses yeux. Tony détourna le regard. Il ne pouvait continuer à le regarder. Ça lui faisait mal. Ça lui faisait trop mal. L'idée de ce que ses actions lui avaient presque fait perdre –
- C'était une maison.
Personne ne bougea dans la salle d'audience – à part Tony.
Il se dégagea de la prise de Rhodey, tournant le dos au juge pour regarder la foule. C'était une petite pièce – mais il y avait quand même des milliers de regards tournés vers lui, et des caméras étaient postées à chaque coin de la salle, diffusant le moindre de ses mots en direct à travers le monde. Il les avait senties peser sur ses épaules pendant des heures alors qu'il discutait avec Ross et le juge, mais il n'avait jamais lancé un regard vers elles, ou vers la foule. Leurs visages étaient pâles – et leur attention entièrement portée sur Tony.
- On a fait des erreurs, dit Tony en regardant tous les visages. Moi, et tous les autres, sommes les premiers à l'admettre – et on les a commises parce que, à ce moment-là, on pensait qu'il n'y avait pas d'autre moyen.
La foule regardait Tony dans un silence presque religieux. Même Rhodey, qui était à moitié penché par-dessus la barrière qui les séparait, comme s'il se demandait s'il ne devait pas l'enjamber pour arrêter Tony avant qu'il ne fasse quelque chose de regrettable. Mais il ne le fit pas. Et Tony ne s'arrêta pas.
- Ce que nous avons fait a coûté la vie à des milliers de personnes, et on le sait – et on essaie de vivre avec ça du mieux qu'on peut – mais on l'a fait pour sauver des millions de gens, dit Tony. Je ne suis pas en train de dire qu'on a fait les bons choix. Nous étions six lors des évènements de New-York – enfin, cinq personnes et un dieu – mais on a fait les choix qui nous paraissaient les plus juste, et c'est là le nœud du problème !
Tony fit un geste de la main vers la table, sur laquelle reposaient les Accords – non signés.
- Que la décision soit laissée à seulement six personnes quand les aliens tombent du ciel – six personnes qui étaient un peu trop occupées à ne pas se faire empaler ou tirer dessus pour élaborer un plan. Ça –
Tony contourna la table derrière laquelle il était resté pendant des heures et s'avança vers les Accords, en les prenant dans ses mains pour les montrer à la foule.
- C'est ce qui nous lie tous ensemble – nos meilleures armes, nos meilleurs combattants et nos meilleurs esprits, travaillant ensemble pour nous garder en sécurité. Parce que nous ne sommes pas en sécurité, s'exclama-t-il.
Les visages pâles le fixèrent de nouveau.
- Nous ne sommes pas en sécurité, murmura-t-il en jetant un dernier regard aux Accords avant de les jeter sur le bureau.
Toute la salle d'audience sursauta au bruit que cela provoqua.
- On ne sait pas ce qui se passe là-haut, dit-il en faisant un signe de la main vers le plafond. Mais, tôt ou tard, ça va arriver.
Les visages semblèrent pâlir davantage.
- Vous avez besoin de nous – et on a besoin de vous. On peut pas faire ça tous seuls. Aucun de nous ne le peut.
Tony prit une inspiration.
- Ce dont nous n'avons pas besoin, c'est de lui.
Il fit un geste en direction de Ross. L'homme émit un bruit – comme s'il allait parler – mais Tony le fit avant lui.
- Un homme qui voudrait nous priver de nos droits les plus basiques, et nous caser dans un coin de son agenda, siffla Tony. Et pas seulement nous – parce qu'il n'y a pas que nous. Mais aussi certains d'entre vous. Certains de vos enfants.
Tony laissa les mots faire sens – parce qu'ils faisaient vraiment sens pour lui.
- N'importe qui de spécial ou différent, murmura-t-il, et avant qu'il ait pu faire quoi que ce soit, le corps, frêle et brisé, flottant à la surface du lac, face contre l'eau, réapparut derrière ses paupières.
La seconde inspiration qu'il prit manqua de l'étouffer. Et la silhouette de ce petit corps refusait de le quitter.
- Ça pourrait être ce gamin à l'autre bout de la rue – juste un enfant, qui a peut-être reçu des capacités spéciales que personne d'autre ne possède, et qui ne s'en sert pas pour jouer au foot ou impressionner les filles, mais pour essayer d'aider, là, dehors.
Les mots sortaient de la bouche de Tony avant même qu'il ait pu avoir le temps de les retenir.
- Il ne vous doit rien. Il ne demande rien. Il essaie juste d'aider – parce que c'est la bonne chose à faire.
Trop de souvenirs se rappelaient à lui. Chaque rencontre. Chaque sourire confiant, chaque hochement de têtes. Toutes ces fois où Tony avait dit au petit de rester en dehors de tout ça. De rester en sécurité – d'écouter ne serait-ce qu'une fois –
- Parce que quand les gens qui peuvent faire quelque chose, ne font rien, et qu'il arrive quelque chose, et bien, ce qui arrive, c'est à cause d'eux.
Tony fit une pause pendant un moment. Personne ne dit rien. Tony soupira en hochant la tête, alors qu'il levait une main en direction de Ross pour le pointer du doigt.
- Ross nous prendra, si vous le laissez faire, il prendra ce gamin – ce gamin qui essaie juste d'aider et de faire les choses bien.
Rien que de dire cela manqua de le faire vomir.
- Il vous prendra vous, et vos enfants. Il les mettra dans une cage, s'il pense que ça peut servir son propre intérêt. Ça –
Tony fit un geste de la main en direction des Accords, sur la table juste à côté de lui.
- Ça, comme c'est écrit maintenant – ce n'est pas de l'unicité. C'est de la dictature – et c'est lui qui mène la danse, dit Tony en désignant Ross d'un signe de tête. Non.
Tony secoua la tête.
- Non, murmura-t-il en jetant un dernier regard à la foule. On le retire de l'affaire – ou c'est nous qui nous retirons.
Un silence assourdissant se fit quand il eut terminé.
A nouveau, ce fut Ross qui le brisa en premier.
- Vous ne pouvez pas dire ça, dit-il, d'une voix sèche mais forte.
Ses yeux n'avaient jamais lâché Tony quand il avait parlé – et ils continuèrent à le fixer à présent. Il semblait vouloir le brûler par son regard.
- Je le fais, pourtant.
Tony se rassit sur sa chaise derrière le bureau.
- Vous vous retirez – ou c'est nous qui nous retirons.
Tony fit un geste nonchalant de la main.
- Oh, regardez, je l'ai redit.
- Stark –
- Je pense qu'on va ajourner la séance pour aujourd'hui – on continuera ça demain.
La voix du juge porta à travers toute la salle d'audience, interrompant Ross avant qu'il puisse repartir dans un débat sans fin. Il lança juste un regard aux deux parties.
- Maintenant, sortez, tous les deux, grogna-t-il, en frappant son marteau avec plus de force que ce n'était nécessaire. Avant que je vous jette moi-même de cette salle d'audience.
Le bruit explosa dans la pièce. La foule se leva, criant en direction du juge et des autres – les journalistes hurlant des questions et les civils demandant des réponses.
Tony s'écarta du bureau, se retournant pour faire face à Rhodey et foutre le camp d'ici, mais avant même qu'il ait pu commencer à avancer, Ross était à ses côtés.
Il attrapa durement le bras de Tony pour le rapprocher de lui.
Les mots de Ross étaient bas, trop bas pour que quelqu'un d'autre puisse les entendre, mais ils glissèrent de façon écœurante le long de la colonne vertébrale de Tony.
- Je vois que tout ceci n'est qu'un jeu de sourires et de mots creux pour vous, Stark, mais –
- Ce n'est pas un jeu, siffla Tony en se dégageant de sa prise et en se retournant vers Ross.
Quelques personnes semblaient les avoir remarqués – et les regardaient avec attention – mais la majorité continuait à se crier dessus. Tony se rapprocha un tout petit peu, se retrouvant seulement à quelques centimètres de Ross.
- Vous m'avez presque pris quelque chose que vous n'auriez pas été capable de me rendre, murmura Tony. Ce n'est pas un jeu. Ce n'est pas une discussion ou un débat.
La voix de Tony diminua.
- Je vous ai prévenu, quand vous êtes venu vers moi la première fois avec les Accords, que vous n'aviez pas intérêt à vouloir me doubler, ou je vous détruirais.
Tony pointa un doigt contre le costume brillant de Ross.
- Vous êtes fini, Mr. Ross.
- Vous ne pouvez pas faire ça –
- C'est vous qui avez voulu ça, Ross, le coupa fielleusement Tony. Vous avez provoqué tout ça en venant chez moi.
Tony s'arrêta, prenant un moment pour regarder autour d'eux, et pour se reprendre. Il ne se retourna pas vers Ross quand il recommença à parler – au lieu de ça, il continua à regarder la foule, saluant de la main quelques visages familiers et en faisant le signe de la paix avec ses doigts quand les caméras se tournaient vers lui. Ses paroles, cependant, étaient froides.
- Vous devriez être reconnaissant – si cette nuit-là s'était terminée autrement, vous et moi ne serions pas ici, dit-il en faisant bien attention à ce que ses mots ne soient pas entendus par d'autres personnes que Ross. Nous serions autre part. Seuls.
Ses yeux dardèrent Ross pendant juste une seconde.
- Et vous ne seriez pas revenu.
Il se retire, ou c'est nous qui nous retirons.
Les mots de Tony sortirent du téléphone que Peter cachait sous son bureau. Ned regardait derrière son épaule – aucun des deux ne faisant attention à leur professeur d'Espagnol qui parlait toujours trop vite à Flash, devant la classe.
- C'était le meilleur discours de tous les temps, souffla Ned, les yeux grands ouverts alors qu'il regardait Tony sortir de la salle d'audience, suivi par de nombreux journalistes.
Peter était d'accord. Avec la tête haute et son sourire moqueur fermement en place, Tony était dans son élément. Même avec des milliers de personnes qui se pressaient autour de lui, criant et hurlant après lui alors qu'il continuait à marcher, il semblait intouchable.
Quelque chose remua profondément dans la poitrine de Peter à la vue de l'homme.
- Ouais, murmura-t-il en verrouillant son téléphone et en le remettant dans sa poche, alors que leur professeur d'Espagnol commençait à passer dans les rangs.
- C'était génial, sourit Ned en se penchant vers Peter dès que leur professeur fut parti. Il lui a clairement dit merde.
Peter hocha la tête, ses yeux fixés sur sa feuille – sans vraiment regarder les formations de verbes sur lesquelles il était censé travailler.
- Ouais.
- Qu'est-ce qui se passe avec tout ça ? demanda Ned, en essayant visiblement de parler doucement – sans succès.
Son excitation était palpable. Peter ne lui demanda pas de parler bas.
- Je veux dire, les autres Avengers sont de retour au Complexe ?
Ned agrippa soudainement le bras de Peter, alarmé.
- Est-ce que tu vas devoir t'enfuir ?!
- Quoi ?
Cela tira Peter de son hébètement.
- Non, Ned.
Il haussa légèrement les épaules.
- Et je ne sais pas.
Ned le regarda fixement d'un air ahuri.
- Qu'est-ce que tu veux dire.
- Je sais pas, répéta Peter en se penchant au-dessus de son bureau, essayant de se concentrer sur sa feuille – sans succès. Je n'ai parlé à aucun d'eux depuis ce qui s'est passé.
- Mais, et Mr. Stark ? demanda Ned, en jetant un coup d'œil à sa propre feuille quand le professeur passa de nouveau à côté d'eux et leur lança un regard aigre. Il sait sûrement ce qui se passe.
L'estomac de Peter se retourna.
- Probablement, marmonna-t-il.
Ned leva les yeux vers lui, n'ayant pas entendu les mots de Peter.
- Je ne lui ai pas parlé non plus, dit Peter, un petit peu plus fort.
- Quoi ? demanda Ned, son visage se fronça avec confusion. Pourquoi ?!
Peter essaya d'hausser les épaules à nouveau, mais le mouvement fut douloureux à cause de la tension qui paralysait son corps.
- J'ai appelé, mais – il a juste –
Peter s'interrompit en secouant la tête, en espérant paraître nonchalant. Mais le froncement de sourcils sur le visage de Ned lui fit comprendre qu'il avait échoué.
- Il m'a pas rappelé.
- Peut-être que tu devrais le rappeler ? suggéra Ned. Je veux dire, ce mec est très occupé, il a peut-être juste oublié –
- J'ai rappelé, rétorqua sèchement Peter – et il le regretta immédiatement.
Les sourcils de Ned se haussèrent. Peter prit une profonde inspiration et ses yeux se posèrent sur le stylo qu'il faisait tourner nerveusement entre ses doigts.
- Je l'ai appelé une douzaine de fois – et Happy encore plus, dit-il. J'ai appelé à Stark Industries et tous ses assistants – les trois – et rien.
Il reposa le stylo sur la table avec force, si bien qu'il ricocha et tomba du bureau, se cognant contre le mur et s'explosant au sol, répandant de l'encre bleue un peu partout. Tout le monde leva les yeux, et le silence se fit.
- Qui a lancé ça ?!
Peter et Ned baissèrent innocemment la tête.
Leur professeur d'Espagnol se dirigea vers les étudiants qui étaient assis près de l'endroit où le stylo s'était cassé. Peter attendit qu'elle se mette à crier pour parler de nouveau.
- Il m'évite.
Le visage de Ned se troubla – toute son excitation s'évanouit.
- Pourquoi ?
- Je sais pas, dit Peter, mais il ne croyait pas vraiment à ses propres mots. Je sais pas.
Il avait le sentiment qu'il savait exactement pourquoi Tony ne le rappelait pas.
Ned l'observa pendant un moment avant de se pencher vers lui et de lui donner un coup d'épaule, lui souriant.
- Tu patrouilles ce soir ?
Les yeux de Peter se posèrent de nouveau sur sa feuille.
- Peut-être.
- Peut-être ?
- Ouais, dit Peter en se penchant pour commencer à travailler, avant de se rendre compte qu'il n'avait plus de stylo.
Et il n'en avait pas d'autre. Il repoussa sa feuille, la frustration le gagnant de nouveau, et il passa une main dans ses cheveux puis sur son visage. Bon sang. Il était fatigué.
- J'ai un tas de devoirs à faire en Histoire et cet examen de Physique à réviser pour vendredi, alors – t'as compris.
Ned acquiesça lentement.
- Ben, je serai tranquillement chez moi, ce soir – alors si tu sors, appelle-moi et je me connecterai, dit-il alors que l'excitation le reprenait.
Peter n'eut pas envie de lui saper le moral, même si lui se sentait misérable.
- J'ai trouvé une super radio de police vintage et je viens juste de finir de la réparer, alors on pourra l'utiliser.
Peter hocha la tête et fit de son mieux pour lui sourire. A nouveau, il échoua.
- Cool.
**
(1) Quand Tony appelle le juge "très cher", c'est un clin d'oeil à Iron Man II, où il dit exactement la même chose. Le problème c'est que la traduction VF est vraiment à chier. Ils ont traduit "honey-pie" par "très cher". Comme dans l'histoire originale, c'est un clin d'oeil, j'ai repris la VF de mon côté pour faire de même, mais faut avouer que c'est bien moins "cool", comme dirait Peter.
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