Chapitre XXXVIII : ÉQUIPE
Quarante jours. Six longues et pénibles semaines. Loin de sa famille, de ses paires dans un monde auquel elle n'était pas familière. Emprisonnée et contrainte à oublier tout ce qu'elle connaissait et avait appris de l'extérieur. Elle était soumise à toute une série d'épreuves aussi imaginatives que éreintantes. Cette tragédie résonnait différemment chez les autres membres. Ils assumaient leur nouvelle vie avec une facilité pour le moins déconcertante; à croire qu'ils avaient été créer pour cet événement. Cellia ne s'en offusquait pas, après tout, c'était elle normale. Celle qui, à l'opposé des autres était née avec une cuillère en or dans la bouche. Des traumatismes avaient certes perturbés certains moments de sa vie, mais elle était persuadée d'avoir été heureuse. Un toit. Une chambre. Une famille. Des choix sans bien évidemment les lier au paradoxe dans lequel elle évoluait nouvellement. Ces différentes réalités semblaient sûrement banales quand on se considérait comme une chanceuse. Les regards affûtés de ces compagnons en disait long sur leur passé. Ils avaient tous croisés le diable et pas qu'indirectement. Ils avaient essuyé des batailles. Ils avaient résisté. Résisté et vaincu. Aujourd'hui, ils affirmaient leur supériorité sans grand effort. Elle transparaissait. Luisait au-delà de leur muscles contractés par leurs bagages.
Cellia soupira. Elle était consciente qu'il lui manquait cette caractéristique. Cette nouvelle peau qui le plus elle essayait, le moins elle s'en rapprochait. Elle n'avait droit qu'à l'urticaire nauséabond de l'incapacité, de muscles trop mous pour préméditer un effort courageux. Les forces semblaient s'allier contre elle dans cette nouvelle aventure. Ces forces contraires s'agitaient en ne lui laissant aucun répit, ne serait-ce qu'une once, de quoi se réaffirmer et repousser les faiblesses qu'elle nourrissait. D'éteindre le tourment de cette tempête dans son cœur. Elle n'avait aucune prise, juste un regard blasé qui coulait sur les alentours une terreur glaçante. Ils s'étaient peut-être trompés. Elle n'était pas celle par qui le destin de cette maison triompherait, pas quand au dessus de sa tête une épée de damoclès se mouvait brutale en tranchant le vent par cris acérés. Son visage n'était qu'une vaste étendue d'innocence, limite si elle ne dégageait pas des effluves de sa virginité qui empestaient sa narine. Elle aurait dû la perdre, bien avant d'atterrir dans ce monde. Cellia serra le poing et baissa la tête. Ces cheveux se précipitaient en rideau devant ces yeux devenus larmoyants. La mauviette qu'elle était, l'incapable paralysée par les valeurs terribles de la peur ne le pouvait que l'être en imaginant l'issu de la confrontation finale. Cellia reprit son souffle en une inspiration fatiguée et sifflante. Elle saisit le sac qu'on lui avait confié, les dents serrées. Elle tirait sur la sangle improvisée avec toute la force qu'elle pouvait encore monopoliser dans ces mains engourdies et gercées. Sa vigueur amaigri poussait des plaintes dans le bas de son dos. Elle en fit abstraction. La transpiration lui pleuvant des vagues sur les joues malgré le vent qui soufflait encore par vive bourrasque. Ce lieu. Cette terre que beaucoup ignoraient. Cette étendue verdoyante mêlée aux chutes de neiges à ces extrémités les plus proches étaient certainement unique. Le temps y était très doux, la lueur romantique du soleil réfléchissant ses délicats rayons sur les différentes plantes et fruits sauvages. Un spectacle grandiose qui vous laissait à bout de souffle. Galvanisé par un sentiment de puissance grandissant. Dommage qu'elle s'y sente minuscule, limite insignifiante dans ce décor. Elle ralentit l'allure et s'échoua sur le sol se sable blanc. Elle n'en pouvait plus.
- Du nerf, Cellia ! Je te préviens, si nous sommes privés de dîner, tu vas passer un sale quart d'heure !
Brendan l'observait toujours de cet air blasé qu'elle arborait fièrement. Ces sourcils s'incurvaient sans véritablement former la ligne droite qu'on ne espérait voir apparaître. Elle secoua la tête exaspérée en remarquant les mains ensanglantés avant de se pencher et de les vérifier.
- Fragile, je devrai t'appeler ainsi ma petite Cellia.
Cellia soupira quoi que légèrement exaspérée par la lueur moqueuse qui luisait au delà des prunelles marrons. Cette beauté sauvage lui transmettait des notes de vertige inconscients.
- Aïe !
- Ne fait pas ta chochotte.
Cellia aspira sa lèvre, le temps qu'elle termine le bandage improvisé.
- Voilà, avec ça tu devrais moins souffrir.
- Merci.
Ce fut autour de Brendan de hocher la tête. Puis, elle se détourna lentement. Le short qu'elle avait par dessus son collant était encerclé d'un ruban de perle tissé qui se réfléchissait dans le soleil. Des perles couleurs mer qui s'imprégnaient en larmes larmoyantes. Ce bijou fascinait Cellia, surtout la manière dont Brendan l'exposait. Ces trois lignes striées qui lui habillait le bassin multipliaient les mouvements extravagants lorsqu'elle amorçait des pas. Elle était tellement sexy, tellement ce qu'elle n'était pas quand la différence d'âge n'était pas si importante. Elles étaient aux antipodes l'une de l'autre. Cellia avait une tenue des plus ordinaire. Un tee-shirt et un legging. Elle était la simplicité à son état le plus basique.
- Tu pourrais arrêter de me mater ? Tu ne m'es pas du tout comestible.
Cellia dégludit. Un air gêné s'encra dans sa chair et elle se dépêcha de porter son bagage. Dix kilos d'un contenu qu'elle ignorait. Qu'on l'obligeait à transporter malgré la faim et la fatigue. Elle se remit en route. L'estomac contracté, la gorge asséchée par l'énorme trajet jusqu'aux portes de l'Institut. Ces séances de bagagiste comme elle les avait baptisées duraient depuis deux semaines. Un nouveau parcours était tracé et leur mission consistait à aller récupérer des sacs. Un entraînement qui la laissait de plus en plus dubitative quand à son rendement futur. A moins évidemment qu'elle souhaite plus tard, enfin si elle parvenait à ce sortir de ce monde atypique, contracter une carrière de bagagiste internationale. Elle monterait même sa start-up ou elle venterait les mérites du port de bagage. Des contusions multiples sur les paumes, des ampoules, des crampes et des douleurs musculaires. Tout une panoplie de bienfaits, laisser moi rire.
Jin à ses côtés, lui souriait lassivement, son bagage judicieusement harnaché sur son dos par les lianes qu'ils avaient trouvées on ne sait où. Il lui donna une tape amicale dans le dos et l'encouragea à avancer, les jumeaux en tête de fil. Ils étaient parfaitement musclés. Leurs corps débordaient d'une virilité que Cellia ressentait sur sa peau. Devant son esprit qui se troublait, elle baissa les yeux sur le collier spécial que l'Imperatrice lui avait confié. Les pierres de pensée. Elles absorbaient les émotions négatives de l'esprit et filtrait les informations qu'elles communiquaient à Cellia. Les crises s'en retrouvaient donc réduites de moitié, quand aux fantasmes, eux n'avaient pas besoin de miracle, d'autant plus que l'un des jumeaux lui avait déjà souri.
- Nous y sommes, fit remarqué Brendan en glissant le contenu de ses mains sur le sol.
Elle s'adossa à l'arbre pendant que ses coéquipiers se déchargeaient de leur fardeau quoi que la pause fut de courte durée. Il eut un bruit. Un mouvement léger dans les airs qui précipitèrent les oiseaux hors de leur habitat. Brendan se mit sur le qui vive, très vite imiter par le quatuor masculin. Cellia en fit de même sans véritablement comprendre. L'atmosphère n'était plus que piaillement et caquètement. Il y avait quelqu'un. Son esprit la mettait en garde contre ces facultés extraordinaires. Apparut ensuite devant eux, l'Enchantress Poslim. Impeccablement vêtu de sa tenue de combat. Comme à l'accoutumée, il leur sourit en consultant sa montre. Le groupe avait fait des progrès, dix minutes d'avance malgré l'handicap qu'on leur avait imposé. Il se félicitait d'avoir à sa charge ce groupe ci, un groupe de sportif qui déjà maîtrisait leur art a la perfection. La boxe pour Brendan qui vallait à son corps une musculature judicieuse, des fesses rebondies et des poings aussi tranchants que le vent. Ce commentaire hélas comique était tombée de la bouche de Ty après son recrutement. Le petit canard de la classe, c'était bien Cellia qui malgré sa fragilité développait son sixième sens. Timide et maladroite, perdue dans un monde qui la laissait indifférente elle ne s'en rendait aucunement compte. Elle peinait à trouver son rythme mais évitait d'être le boulet de service. Le but de cette mission n'était pas de lui développer des aptitudes physiques mais mentales.
- Bien, se sera tout pour aujourd'hui. Je vous donne rendez-vous dans le séjour principale dans quinze minutes. Ne soyez pas en retard.
•
Ok. Ils étaient perdus. Le séjour n'était plus un concentré de meuble moderne mais un amas de chaises et tables sur lesquelles reposaient des énormes centre de tables. Des banderoles en tout genre garnissaient le plafond. Une atmosphère feutrée où des notes de fushia et bleus parsemaient les murs. Poslim accueillit son groupe en leur indiquant une suite de canapés sur lesquels ils s'installèrent dubitatifs.
- On se détend fit Poslim en reniflant son verre. Nous avons eu du mal à organiser cette soirée pour vous, alors tâcher d'en profiter. C'est l'heure du répit.
Cellia expira lentement en s'installant un peu plus confortablement. Elle accueillit même le verre qu'on lui tendait avec un sourire.
- Alors, c'est ici que tu te caches ?
Élancée et gracieuse, Cellia observait la nouvelle arrivante d'un regard circulaire, captivée par la tresse ornée de grelots qui effleurait ces hanches. Une sensation de chaleur subite colora ses joues alors qu'elle détournait le regard, troublée. A côté, Féline ne se souciait guère des regards indiscrets, enlaçant Poslim avec une fougue débordante, leurs lèvres se rencontraient dans une étreinte passionnée. La gestuelle, bien que audacieuse, ne suscitait que des réactions feutrées parmi les témoins de cette scène. Brendan leva les yeux au ciel. Elle arborait son habituelle aisance nonchalante. En réponse, l'un des jumeaux lui tendit un verre. Elle en but une gorgée avant d'incliner la tête dans sa direction.
- Attention à ce qu'il y a dans tes yeux. Un lionceau se doit de vivre avec ses compères.
Il sourit. Le contenu de son second verre glissa à l'intérieur de sa gorge. Sa tête s'inclina d'un côté puis de l'autre avant de se positionner au niveau de Brendan. Ces délicates boucles lui encadrèrent le visage.
- Tigresse, calme tes nerfs, veux-tu ? Quand je le voudrai, tu le voudras aussi. Je peux te le garantir.
Cellia s'etouffa avec son verre. Ame sauta à son secours et lui tapota le dos avant qu'elle ne fasse un malaise.
- Les amoureux, trouvez vous une chambre, vous empestez l'indescence, rugit le second jumeau à l'intention des deux couples. Vous mettez mal à l'aise notre petite Cellia.
La concernée jeta des regards éparpillés au petit peuple. Son verre remonta lentement jusqu'à ses lèvres.
- C'est une tuerie ce cocktail, articula-t-elle lentement en devisageant Ame.
- Les remerciements doivent être présentés au Jinx. C'est notre spécialiste, rit Poslim en se laissant relever par Féline. Profitez de la soirée au maximum, les prochains jours risquent d'être éprouvants.
- Attendez, cellia se releva. Où se trouve Ty, ça fait déjà un mois que sa mission spéciale s' éternise, quand est-ce qu'il est supposé rentrer ? J'ai besoin de lui parler.
Poslim devint pale.
- Tu le verras dans quelques temps, lui assura Féline en barrant Poslim du dos.
Cellia opina en retournant dans son siège et écouta le petit peuple bavasser doucement.
- Et si nous jouons ? Proposa l'un des jumeaux en fixant Brendan.
Elle vida son verre d'une traite.
- A quoi veux-tu jouer, chaton ?
- Truth or dare, ma petite tigresse.
- Action or vérité ?
- Action, naturellement.
Brendan se pencha au-dessus de la table vitrée. Son souffle précipita quelques notes de scotch sur la gorge du jumeau aux dread locks.
- Capte d'aller rouler une perle à ton supérieur ?
Il sourcilla légèrement et son jumeau pouffa en se tournant vers Poslim qui un bras attaché à la taille de Féline discutait avec d'autres Enchantress.
- Au diable que je suis cap !
Malheureusement pour lui avant que le contact qu'il espérait ne se produise, il fut projeté contre le mur.
- Et merde murmura Brendan au grand dame de ses coéquipiers.
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