L'homme poussa la grille. Celle-ci ne grinça pas. A pas lents, il s'avança, scrutant le paysage, aussi curieux et intimidé que lors de sa première venue, plusieurs dizaines d'années auparavant. Il remarqua que la cabane de Lucien, à l'entrée, avait été laissé à l'abandon, depuis des années. Lucien était mort depuis près de quarante ans, et personne n'avait pris sa relève. En revanche, les chaises de jardin étaient toujours là, sous la vieille bâche bleue, recousue à maints endroits .

L'homme, qui commençait à prendre de l'âge, en pris une et remonta l'allée. La tombe étaient en bon état, mais la statue de Cammy avait été cassé en plusieurs endroits et était envahie par le lierre. L'homme passa une main dans sa chevelure grisonnante, les yeux fixées sur le marbre, perdu dans ses pensées, ses souvenirs.

- "On a enterré maman et papa, il y a trois jours. Enfin enterré... Après le crash de l'avion, il ne restait plus grand chose à enterrer... Une stèle commémorative a été installée... J'y ai emmené ma petite-fille... Et oui, je suis grand père depuis bientôt quatre ans maintenant ! Qui l'eut crut !

L'homme eut un petit rire, emprunt de nostalgie.

- Ça m'a fait penser à toi... Je sais, ça va bien faire 20 ans que je ne suis pas revenu ici... Quel petit-fils indigne, je fais...

Il eut un nouveau rire, mais des larmes commençaient à emplir ses yeux.

- Avec nos problèmes financiers, on a du vendre ta maison... On avait plus de pied a terre ici, au village, alors, nos visites se sont espacées. Et puis, j'ai été muté à Paris... Heureusement que la cousine Isabelle s'est occupé de ta tombe... Mais elle n'a jamais aimé ce bon vieux Cammy, pas vrai ? Au point de le laisser tomber en ruine ! Le pauvre !

Encore un petit rire, un peu moins triste, mais plein d'émotions quand même.

- Enfin bref... ça m'a fait du bien de revenir ici, et de te parler... Même si, d'une certaine façon, tu étais toujours avec moi, dans mes souvenirs... D'ailleurs, c'est grâce à toi que j'ai eu ce poste à Paris. Et ouais ! A un moment lors de l'entretien, ils m'ont posé une questions piège... J'allais répondre, tout fier de pouvoir étaler ma science, lorsque je me suis rappelé un conseil que tu m'avais donné une fois... ''Ne parle qu'à bon escient. Si tu doute ou si tu veux uniquement te faire mousser, tais-toi !''

L'homme interrompit son monologue, l'émotion lui nouant la gorge. Après plusieurs longues inspirations, il reprit:

-Certains diront que s'est ton esprit qui m'a parler. Je ne suis pas d'accord. C'était moi. Mon cerveau, ma mémoire, ma voix dans ma tête... Je crois que c'est a ce moment là que j'ai compris ta visions des fantômes. C'est a ce moment là que j'ai compris que toute ces phrases, tous ces conseils, tous ces mots, toutes ces actions, sont autant de graines que les autres laissent en nous. Et, pour moi en tout cas, les fantômes, ce sont ces graines devenue mature, ces plantes, ces arbres qui grandissent encore, et toujours, même quand le jardinier qui a planté la graine est parti.

De nouveau, le vieil homme s'interrompit, riant doucement.

- Ça n'a pas de sens ce que je dis, pas vrai ? Moi j'te dis, t'es taré, mon vieux !  C'est ce que me dirais Lucien, si il était encore là !

De nouveau, il s'interrompit, plongé dans ses pensées.

- Pourtant, moi, j'y crois. Et même si l'arbre continue de pousser pour toujours, ça ne fait pas de mal de revenir aux racines... De revenir voir le Jardinier Originel... Ça fait vraiment du bien... comme une douce brise fraîche par une journée de canicule, ou une grande gorgée d'eau fraiche en plein désert... Ça fait revivre les souvenirs... Et l'arbre rayonne, comme revigoré !

L'homme éclata franchement de rire.

- C'est encore plus insensé, je crois ! Peut-être que je suis vraiment taré ! Mais si c'est ça la folie, je ne regrette pas d'être fou !

Le vieil homme soupira, en jetant un petit coup d'œil à sa montre - celle que son père lui avait offerte pour son mariage.

- Ma femme va m'attendre. Je devrai y aller...

Il soupira encore, un sourire se dessinant malgré tout sur ses lèvres.

- En tout cas, merci, repris-il. Merci pour tout... Merci pour ce moment, pour les moments passés, pour tes conseils, tes leçons, pour nos parties de pêche, et nos éclats de rire. Merci pour tous ces souvenirs. Merci pour ta sagesse. Merci pour ta Graine... Mercie pour ton Arbre...

L'homme commença à s'éloigner, mais à peine avait-il fait trois pas, qu'il se retourna, et finit son monologue:

- Je n'ai toujours pas réglé cette question de paradis, et de vie après la mort, mais aujourd'hui, j'ai envie d'y croire. Alors, je te dis au revoir, ici ou ailleurs, et encore merci, Papy. "

Arrivé à la grille, il ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil en arrière, et, l'espace d'un instant, il cru voir une forme douce et aimante danser au dessus de la tombe.

Voilà, voilà ! C'est fini ! J'espère vraiment que ça vous a plu ! En tout cas, moi je me suis vraiment amusé à l'écrire ! Laissez des votes et/ ou partagez si vous avez aimez, ça fait toujours plaisir !

J'ai également un roman fantastique en cours ''Pouvoirs Mythiques''. Allez donc jetez un petit coup d'œil au résumé, ça vous intéressera peut-être ! :-D