Ellya se réveilla au petit matin, dans le lit de Xyrus, enlaçant ce-dernier. Ils n'avaient pratiquement rien dit de toute la nuit et étaient restés blottis l'un contre l'autre. Les larmes de Xyrus s'étaient taries plus rapidement que celles de sa fiancée, elle avait pleuré pour deux.

La jeune femme se redressa et s'étira longuement. Ses membres engourdis picotaient en tout coin. Elle avait froid et était prise de tremblements. Et, pour ne rien arranger, elle était encore exténuée. Quand aurait-elle enfin un peu de répit ?

— Encore là ? murmura une voix qui émanait des profondeurs du lit. Ton chaperon va se faire des idées.

— Délina n'est pas du genre à se faire des idées, ni des histoires d'ailleurs.

— Ça doit être sympa de pouvoir faire confiance à se famille. Répondit Xyrus en sortant à son tour du lit.

Elly a lui offrit un regard compatissant qui lui brisa le cœur.

— Depuis quand agit-il de la sorte ?

— Depuis que mon grand-père l'a déshérité. Pour une raison étonnante il a mal accepté la nouvelle, dit Xyrus mi-figue, mi-raisin.

Le jeune duc devina la question qui pendait aux lèvres de sa fiancée, elle la retenait mais il n'était pas dupe.

— Le divorce de mes parents fut mal admis par une bonne partie de ma famille.

— Certains progrès sont plus difficiles à accepter que d'autres, fit gentiment remarqué Ellya. Même les familles les plus modernes ont leurs traditions.

Xyrus en convint, puis il se rapprocha de sa fiancée.

— Serait-il possible d'oublier cet incident ? Et plus globalement mon géniteur ?

— Avec plaisir, répondit Ellya, ce qui fit sourire son compagnon. Dès que j'aurais récupéré mes données.

Le sourire s'effaça aussi vite qu'il était apparu. Non, elle n'avait pas oublié. S'en suivit une dispute comme Xyms en avait peu vécues, et pourtant son père était alcoolique depuis quelques années. Ellya montait dans les tons et les gammes avant d'en descendre avec la vitesse d'un guépard. Les arguments volaient, les reproches pleuvaient, et le pauvre homme ne pouvait placer un mot.

— Ce comportement est tout à fait intolérable, un mariage, même s'il n'est pas basé sur l'amour, doit à minima inclure une certaine dose de confiance entre les deux partis, et pourquoi diable ris-tu ? Je ne plaisante pas ! Cette histoire est on ne peut plus sérieuse.

— J'en suis bien conscient, mais,

— Mais quoi ?

— Tu me fais penser à ma mère. C'est un compliment, ajouta-t-il précipitant. Je l'imagine fort bien me tenir ce discours. Cependant, elle ne ferait jamais une telle chose, elle sécurise ses données, elle.

— Comment oses-tu ? Rappelle-moi lequel de nous deux est en tort ?

— Rappelle-moi lequel de nous deux est dans la presse à scandale pour vol d'héritage ?

Il la coupa alors qu'elle rétorquait que son père n'avait rien volé, que le cousin était présumé mort depuis des années. La presse à scandale n'avait que faire de la vérité, elle voulait rendre.

— Et quelle manne que des photos compromettantes d'une future duchesse ! Cela aurait pu tous nous atteindre, expliqua Xyrus. Voilà pourquoi j'ai accepté lorsque mère m'a demandé d'agir.

Ces derniers mots eurent pour effet de faire bondir Ellya hors de ses escarpins.

— Tu en as parlé à ta mère ? Et tu fais toujours ce qu'elle te dit ?

— Généralement, pas toi ? Enfin, sauf lorsqu'elle m'a dit de ne pas t'épouser. Elle s'est mise en colère. Un peu comme toi maintenant d'ailleurs, vous vous ressemblez de plus en plus, c'en devient effrayant.

— Donc, résuma Ellya à deux doigts de claquer la porte. Non seulement ta mère ne voulait pas de moi.

— Elle ne te veut toujours pas.

Elly a ne l'écouta pas.

— Mais en plus elle se permet de te dire quoi faire avec MES données. Pour qui se prend-elle ?

— Elle a seulement mes intérêts, comme tout bon parent. N 'est-ce pas ainsi que tu as été éduquée ?

Ellya le pria de cesser d'un geste. Elle n'était pas d'humeur à en entendu davantage.

— Rends-moi mes données.

Xyrus attrapa son portable, tapoter dessus quelques instants, puis revint vers Ellya qui l'attendait les bras croisés, tant par colère que pour réduire ses tremblements. Elle avait tellement froid qu'inconsciemment elle se blottit contre Xyrus lorsqu'il fut près d'elle à nouveau. Après la nuit qu'ils venaient de passer, elle n'était plus à une étreinte près.

— Je suis heureux de constater que tu n'es pas trop rancunière, déclara Xyrus avant d'ôter la veste dans laquelle il avait dormi pour la passer autour des épaules de sa fiancée. Je t'ai envoyé un email. Tu y trouveras toutes les informations dont tu as besoin pour accéder à ton nouvel espace de stockage de données, autrement nommé cloud.

— Je sais ce qu'est un cloud, en revanche, ce que je ne sais pas, c'est comment tu as fait pour les récupérer.

— Le processus est assez complexe en vérité, as-tu envie d'une longue et absconse explication ?

— Avec grand plaisir.

Il en resta coît. Elly a en sourit, chose qu'il ne put voir car elle était le visage contre sa chemise. Ils restèrent ainsi quelques instants, lui ne sachant que dire, elle profitant de sa chaleur. Puis, Xyrus se décida enfin à commencer ton explication.

— J'ai passé un coup de fil.

Ellya leva la tête.

— Est-ce donc cela ? N'as-tu donc point passé des heures sur un ordinateur pour me pirater ?

— Non, j'ai appelé un ami, il s'en est chargé, et il ne lui a pas fallu des heures. Pirater est une seconde nature chez James, c'est l'homme qui murmurait à l'oreille des ordinateurs.

Ellya lui répondit aimablement que cet ami devrait éviter à l'avenir de toucher à ses affaires, ce que Xyrus promit, il était à cours de faveurs.

— Et comme je te l'ai dit, ajouta la jeune femme, un mariage doit être basé sur la confiance, à défaut de l'amour.

— Je souhaite que nous ayons les deux, déclara-t-il.

— Tu m'offres plus d'occasions d'être amoureuse que de te faire confiance.

— Dixit celle qui débarque chez moi à l'improviste et m'oblige à quitter une importante réunion

pour la sauver des griffes de mon indigne père.

Ellya baragouina quelques mots mais jugea bon de clore ici la conversation. Elle déposa un baiser sur la joue de son fiancé puis se résolut à retourner dans sa chambre. Elle s'éclipsa dans le couloir silencieux, le jour pointait à peine dehors, et descendit une volée de marches vers l'étage inférieur et sa chambre d'hôtel. Ellya mit la main sur la poignée et se figea un instant. Elle n'avait pas la clef. Elle grimaça avant de frapper quelques coups et patienta un moment. Après une courte attente, Delina vint ouvrir. Sa sœur sortait visiblement du lit, elle portait un pyjama sous un peignoir et aucune personne extérieure à la famille ne la verrait jamais aussi peu coiffée. Elle avait un petit côté coquet qu'elle assumait bien plus que ses autres sœurs, Courtney comprise.

— Je suis censée t'empêcher de faire cela, grommela-t-elle en s'écartant pour permettre à sa cadette d'entrer.

— Ne dis et jamais personne ne le saura, répondit Ellya avec un petit sourire. Si l'une de nos grands-mères l'apprend nous aurons toutes les deux des problèmes.

Ce n'était pas peu dire, les démons de l'enfer étaient des anges comparés aux deux anciennes de la famille.

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Merci d'avoir lu ce chapitre ! 

Bonne année à tous ! 

Axel.