Sur l’île de l’oubli

Ce matin-là, Mère Gothel revenait d’un long périple à travers l’île. Comme à son habitude, elle marchait ça et là pour se trouver des plantes qui lui permettraient de préparer des tisanes qu’elle vendrait assurément à un prix faible mais qui lui permettrait au moins de se procurer de quoi manger et d’acheter des livres à la pauvre bibliothèque de l’île pour s’excuser de son absence auprès de sa fille. Elle se sentait moins coupable en voyant à quel point Katana appréciait ses petites lectures qui lui permettaient aussi de s’instruire.

L’île semblait petite enclavée sous cette barrière magique, cependant elle était vraiment très grande. Il y a plusieurs années de cela, plusieurs anciens méchants avaient été ressuscités car on estimait que leurs fins étaient trop tragiques, c’est ainsi qu’elle et sa sœur revinrent à la vie, avec pour seule condition de rester enfermée sur cette île. Avant ils avaient un semblant de liberté mais au moins ils vivaient de beaux jours sur cette île jusqu’à ce que des choses étranges commencent à se dérouler jour après jour, année après année.

La paix qui régnait sur l’île se détériora d’un coup et plus personne ne s’entendait avec son voisin. Des clans se formèrent, des bagarres générales troublaient les uns et des tragédies arrivaient aux autres. Même les gardes censés faire régner l’ordre s’adonnaient dorénavant à des combines malsaines. A tel point que l’île n’était plus que ruine et désespoir.

Gothel était étonnée de voir que ce lieu qu’elle arborait à présent depuis des années revivait ses meilleurs jours. Les murs étaient tagués comme à son départ mais les rues semblaient beaucoup plus propres et l’air était pur. Elle dépassa un petit tunnel qui donnait accès à la place où se trouvait leur marché de fortune et sa surprise fut encore plus grande lorsqu’elle se rendit compte que la place était propre, les tables remplies de victuaille, il y avait de tout, des frais fruits frais aux légumes bien verts. Et certains endroits semblaient être en reconstruction.

L’île n’était peut-être pas aussi propre que sur Auradon, mais elle redevenait ce lieu beau et vivant qu’elle avait connu avant. Elle se précipita au Fish & Chips un lieu où elle saurait y écouter tous les potins de l’île. Quand Ursula l’aperçu au travers des petites portes bleues en bois ancien faisant office d’entrée, elle se précipita dans les cuisines et demanda à quelqu’un d’autre de la recevoir. Entre elles, le conflit n’était jamais bien loin et ces instants la désespéraient de plus belle.

Mère Gothel prit place à sa table habituelle et commanda un sandwich au jambon avec une boisson bleue plein de gaz. La table qu’elle préférait se trouvait juste en face du seul poste téléviseur du bistrot. L’on pouvant entendre une musique classique atrocement ennuyeuse, parfois il ne de passaient jamais rien de bon à Auradon et les chaînes people n’avaient rien de croustillant à diffuser. Sa commande lui fut apportée et elle le dégusta rapidement, choquée de voir à quel point c’était frais et délicieux.

— Je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’on n’était pas bien pour être accepté dans ce programme, déclara un jeune homme habillé comme un mousquetaire.

Deux jeunes gens venaient de rejoindre un groupe déjà attablé avec plusieurs plateaux repas débordant de bonnes choses.

— J’ai toujours pensé qu’on n’aurait dû devenir populaire comme ces trois groupes là. Je regrette qu’on ait décidé de ne pas se faire remarquer dans les disputes et coups bas comme eux. Peut-être serions-nous entrain de jouir de ce confort à notre tour

Une jeune fille au visage parsemée de tâches de rousseur regardait avec envie un prospectus montrant trois groupes de jeunes, mais Gothel était trop loin pour voir de qui il s’agissait.

— Katana est tellement belle sur cette photo, en plus elle a vraiment des allures de princesse, se lamenta l’autre jeune fille vêtue d’un short, d’un t-shirt noir et des boots plates.

Gothel, yeux verts et cheveux ondulés tendant vers le gris se leva précipitamment de sa chaise pour voir de quoi il s’agissait. Elle trébucha malheureusement sur sa longue robe en velours rouge et s’étala sur le sol étonnamment propre de la salle. Trop de choses bizarres se manifestaient devant elle. La foule autour se mit à rire et elle les lança un regard tellement haineux qu’ils retournèrent illico presto à leurs occupations.

— Montrez-moi ce machin ! ordonna t-elle sèchement après avoir réussi à se relever, déchirant au passage sa robe jusqu’au genou, faisant une jolie fente.

C’était l’un des personnages les plus craints de l’île. Elle était terrifiante et pouvait fabriquer des potions étranges aux effets mystiques alors même qu’il n'y avait plus vraiment de magie sur l’île. Le papier entre ses mains étaient déchiré et elle n’apercevait que le visage et le buste de sa fille.

— Qu’est-ce que ça signifie ? demanda t-elle stupéfaite.
Personne ne répondit et elle se rua dans les cuisines, sachant qu’Ursula s’y cachait pour l’éviter.
— Je veux des explications, gronda t-elle. Où est ma fille ?
Ursula qui se faisait une manucure express la regarda d’un œil dédaigneux.
— Peut-être devrais-tu l’emmener avec toi, je ne suis pas là gardienne de ta fille à ce que je sache, lâcha Ursula de façon désinvolte.

Elle se leva ensuite pour se prendre quelque chose à boire. Sa robe violette était fendue sur la gauche, laissant entrevoir sa jambe hâlée. Celle-ci était assez charnue et elle avait une petite cicatrice sombre près du genou. Ursula était peut-être sombre de peau, mais elle avait des rondeurs assez flatteuses.

— Peut-être devrais-tu arrêter d’être aussi désagréable pour une fois, grommela Mère Gothel. J’aimerais comprendre pourquoi ma fille est là-dessus ! explosa t-elle en désignant le bout de papier.

Ursula adorait rendre folle cette femme. Elle l’a fit donc tourner en bourrique avant de l’expliquer ce qu’il s’était passé durant sa longue absence. Gothel ressentit un pic au cœur, mais au moment où elle voulait cracher sa haine, un courant d’air étrange les fit frissonner et au même instant le poste téléviseur fut réglé sur la chaîne royale, diffusant ainsi l’un des plus grands procès de tous les temps. Les deux femmes ayant entendu le générique de la chaîne d’information, oublièrent ce qu’elles faisaient et se rendirent dans la salle.

***

Parfois, les actes commis influençaient énormément ceux qui les subissaient, mais aussi ceux qui les commettaient. Personne ne pouvait être  parfait, mais il était possible d’être à peu près ce que la vie donnait l’occasion de devenir. La conception du bien et du mal n’était jamais perçue de la même manière par deux personnes. Chacun avait un point de vue clair sur le sujet et malheureusement, certains se leurraient vis-à-vis de leurs propres idéaux. Ben en eut le cœur net en cet après midi lourd de secret et de révélations les plus choquantes les unes des autres.

La salle d’audience était pleine à craquer. Après tout, il n’était pas commun que pareil agissement soit vu et su de tous. Le procès continuait donc sur des révélations encore plus catastrophiques et démentielles.

— Ben ? Je peux te parler ?
Audrey n’était plus la même petite fille pleine de vie et tout aussi capricieuse que Ben eut connu quand ils étaient gamins. Elle avait complètement changé et même cette allure de princesse qu’elle arborait autrefois avec fierté n’était plus.
— Oui, je t’écoute, répondit-il froidement, la voix gorgée de tristesse et d’amertume.
— J'aimerais bien que l'on redevienne les amis que nous avons toujours été. Ça me manque de sortir avec toi, ainsi qu'avec Chad. Depuis l'histoire avec Mal, tu t'es éloigné de moi.
— Comment veux-tu que je sois avec toi ? Ça fait deux mois que tu n'es plus la même. Ne pense pas que je ne te voyais pas, ce soir là, ça a été le comble. Tu veux vraiment que je te rappelle tes agissements ?

« Flashback

25 septembre

Ben marchait tranquillement dans les couloirs, quand il entendit  des chuchotements derrière l'une des portes du très long couloir de l’aile gauche du palais, réservé aux dortoirs de tous les étudiants.

— Non, je te dis que ces gosses de merde vont nous éloigner de Ben. Si on ne fait rien pour les chasser, ils prendront le dessus sur nous. Maintenant, vous tous qui avez choisi de faire parti de la ligue anti-méchant, vous avez pour obligation de m'obéir au doigt et à l’œil.

Ben reconnut la voix de son amie, et maintenant qu’il connaissait ses intentions, elle ne s’en sortirait pas aussi facilement.

01 octobre

Ben en avait marre de tout le temps traquer son amie, elle sortait tard le soir, accompagné de son fidèle acolyte Chad. Tous deux disparaissaient souvent dans de longs manteaux à capuche. Malheureusement chaque fois qu’il arrivait à l’orée des bois dans lequel ses amis s’engageaient, il les perdait de vue.

A plusieurs reprises, leurs agissements attentèrent à la vie de leurs camarades de classe, mais surtout celle des enfants de l’île. Et tant qu’il n’avait pas de réelles preuves à présenter au conseil Royal, il ne pouvait prendre le risque de se précipiter de peur qu’i ne soit jugé sur sa manière de régner sur Auradon.
20 octobre

— Chad, j'ai essayé de mettre des vers ensorcelés  dans le plat de Gil mais Ben a failli me surprendre. On a déjà essayé pas mal d'attaque, ça ne fonctionne pas. Je préfère calmer le jeu un moment.
Ben se cacha derrière le chevalier en armure, Audrey sortit de la salle suivi de Chad et de quelques personnes. Heureusement, il n'y avait ni Doug, ni Jane ».

— Je sais pas ce qui m'a pris, j'avais peur te perdre, de perdre notre amitié. Je voulais que tu sois toujours à mes côtés. Je t'aime Ben...

Aucune de ses paroles n’éveillaient en Ben la moindre empathie. Audrey était si affreuse ces derniers temps et cette ligue qu’elle avait créée ne lui sauvait pas la mise. Ben savait que son amie bluffait car la veille à peine, une drame faillit se produire, Audrey aux commandes. Son but ultime était de mettre fin à la vie des trois nouvelles amies, tout était calculé depuis la départ. À commencer par les visions de Kat à celle d’Uma. Audrey n’était jamais bien loin et elle utilisait à présent une magie tellement noire qu’elle ne semblait plus la même.

« Flashback

Vers 15heures, Ben décida de rendre visite aux filles qui n’étaient pas encore sortie de l‘hôpital. D’habitude calme, l’endroit le semblait assez étrange. Et quand il se trouva dans le couloir menant à la chambre des filles, une forte odeur d’essence le frappa. Il prit aussi son téléphone.

— Evie, préviens tout le monde, l'infirmerie est attaquée.

Après avoir raccroché, un son l’attira, quelque chose venait de se casser. Il courait à présent quand apparurent devant lui des gens qu’ils n’auraient jamais soupçonné de faire du mal à quelqu’un. Audrey avançait avec un bidon d’essence, accompagnée de Chad armé d’une scie et de Brie, sa nouvelle acolyte, armée d’une batte de baseball. Ils semblaient tout droit sortis d’un film d’horreur. Il activa immédiatement son pouvoir de stoppage et les trois délinquants s’immobilisèrent.

— Ben, tu ne sais pas à quoi tu te livres. Laisse nous finir notre boulot. Ces gosses t'on retourné le cerveau, même cette stupide Jane m'a abandonné pour eux. Laisse nous les éradiquer ainsi, on aura à nouveau la paix.

Elle rit, un rire glacial qui donne des frissons. Elle avait totalement changé. En quelques minutes, les renforts ainsi que les autres arrivèrent, et il se précipita vers  la chambre de Kat.

— Kat ? Kat ? Est-ce que tu m'entends ?

Les filles étaient encore dans le coma suite à leur visite dans cette autre dimension. Au moins, elles étaient toutes trois saines et sauves. Il se rendit ensuite dans la chambre de Mal et celle d’Uma et en sortit le cœur net.

— Ben ! Nous sommes revenus. Que s'est-il passé ?

Il fut assez surpris de voir son père accourir, ainsi que tous les adultes qui s’étaient rendus sur Arcopolis. Il expliqua alors tout ce qui s’était passé depuis l’arrivée des nouveaux jusqu’aux visites étranges de ses deux amis dans les bois

— Mado, transportez les filles dans la plus grande chambre, pour ne plus prendre de risques, elles seront ensemble. Que les gardes surveillent la pièce, déclara son père d'un ton autoritaire.

Les pièces furent désinfectées, aérées et nettoyées. L'odeur de l'essence pourrait être fatale. Ben sortit du bâtiment abattu, comment ses amis avaient pu sombrer ainsi ? Il se sentait coupable car il les avait laissé faire, il le savait, il voyait comment ils devenaient mais il n’avait rien fait. Sa culpabilité augmenta de plus belle lorsqu’il vit Evie pleurer dans les bras de Yolo. Les autres étaient là, interdit. Qu’avaient-ils fait de mal pour vivre autant de méchanceté ?

— Rentrant, on doit être fort pour elles, annonça t-il en les convainquant d'aller se coucher ».

— Votre comportement est des plus déplorables, Princesse Audrey. Et vous Prince Chad, qu'avez vous à dire de tout ça ?

Il releva son visage pour fixer le grand juge dans les yeux. Avant, il y avait de la malice, de la joie et de l'enthousiasme dans ses yeux, mais aujourd'hui, tout cela était lointain, on avait l'impression qu'il n’était plus lui.

— Mr le juge, vous avez déjà les informations dont vous aurez besoin pour nous punir, ne perdons pas le temps.

La reine Cendrillon fut très choquée du comportement de son fils, la reine Aurore, pleura à chaudes larmes à cause des aveux de sa fille. Leurs maris respectifs, eux n’étaient pas encore rentrés.

— Bien, que tout le monde sorte. Nous allons donner notre verdict dans deux jours.

Ils quittèrent la salle d’audience le cœur lourd. C’était affreux pour Ben de voir ses meilleurs amis tomber dans cette noirceur. Qui l’eût cru ?

***

— Je veux vraiment garder cette histoire. Si mon père le déclare, les filles ne sauront jamais qu'elles ont failli mourir.
— Non, Ben. C'est pas possible de cacher quelque chose d'aussi important, atteste Evie.
— Mal est très impulsive, Uma est très rancunière, Katana est très stricte. Si on ne les raconte pas ce qui s'est passé, elles ne nous pardonneront jamais, ajouta Harry. Et laisse moi te dire que ces trois là, ensemble, sont très coriaces.

Ils étaient tous dans le parc près du lac enchanté. Ben était assis sur l’herbe, jouant avec elle par moment. Aujourd’hui, il était un simple jeune homme déçu de la vie à cause de ce qu’était devenus des meilleurs amis, ses frères…

— Je ne la connais pas depuis longtemps, mais je sais qu'Uma n'apprécierait pas qu'on lui cache cela, intervint Doug.

Harry le regarda assez bizarrement, sûrement jaloux, car, après tout, Uma était sa petite amie.

— Bon, le docteur a dit qu'elles sortiront dans une semaine, on les parlera de ça, et toi Ben, n'imagine même pas que Kat te pardonnerai si tu lui cachais ça. Je la connais depuis mon enfance, ça lui briserait le cœur, l'interpella Zen.

*

Deux jours plus tard, ils ne furent pas choqués d’apprendre que tous ceux qui avaient commis des actes mettant en danger devaient se rendre en camp de redressement. Mais le plus dur fut le fait qu’Audrey et Chad seraient expédiés sur l’île de l’oubli pour un temps. C’était vraiment difficile à croire car ils appartenaient tous deux à des familles royales très respectables. Quelle honte pour leur proches et quel désespoir pour leurs parents ! Jamais on aurait imaginé pareil chose sur Auradon. Aussi, sur l’île, tout le monde savait que deux nouvelles personnes les rejoindraient sur l’île. Quel sort leur y serait donc réservé ?

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Cc, bonjour/bonsoir. Nouveau chapitre pour vous.

Gros bisous 😘😘😘

Bonne lecture 🤗🤗🤗

13 juin 2022

Stéphanie 🖤