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Chapitre 69

PDV Sophie

Cent ans plus tard

Cela fait si longtemps que tout cela s'est passé, et pourtant cela paraît encore si proche. Cette rencontre merveilleuse que nous avons faite à conclu bien des choses dans nos vies, qui paraissaient pourtant irrésolvables lorsque nous les vivions. Elle a fait disparaître les Invisibles. Elle a réveillé Keefe, et m'a sauvée par la même occasion, car quelques semaines après nous nous mettions ensembles, et nous ne nous sommes plus quittes depuis. Puis elle est retournée auprès des siens, loin de nous, nous laissant heureux avec nos vies stables et sans soucis autres que la question de s'habiller le matin ou les cours à Foxfire.

Mais même si elle a définitivement bouleversé le cours de nos vies, rien n'a changé pour nous.

Nos caractères sont les mêmes, nos apparences aussi -nous avons grandi bien sûr, mais sommes restés fidèles à nous même-, et les pertes n'ont su entacher notre amitié profonde.

Tam est toujours aussi ténébreux.

Keefe toujours aussi bête.

Biana toujours aussi fan de mode.

Linh toujours aussi calme.

Dex toujours autant collé à ses gadgets.

Et moi.... Je vais bien.

Nous sommes chez Tam et Biana ce soir, à Moon Island, et nous faisons une soirée pyjama en l'honneur de ces cent ans passés.

Une soirée simple d'ados que nous n'avons pu vivre que tard, les aventures et sa disparition ne nous en laissant pas le temps auparavant. Mais il n'est pas rare que nous en organisions désormais. Des couples se sont formés en cent ans, des mariages se sont faits, et des enfants pourraient arriver chez certains je pense.

Tam et Biana sont mariés, Dex et Stina aussi -qui l'eût cru-, de même que Keefe et moi, Whylie et Linh sont en couple depuis des dizaines d'années mais repoussent le mariage au plus grand désespoir de Biana, et Dex n'est pas là ce soir à cause de son quarantième anniversaire de mariage qu'il ne pouvait pas manquer.

Bref, nous sommes donc dans une pièce dédiée aux soirées pyjama, assis sur des coussins et couvertures dispersés autour de nous.

Biana prit la parole après s'être raclé la gorge pour obtenir le silence.

-Chers amis, bonjour à tous et merci d'avoir répondu présent à cette sympathique soirée que nous allons passer ensemble. Ce soir, cela fait cent ans tout pile que tout a commencé, mais aussi que tout s'est terminé. Nous ne pouvons nier le...

-Mister Frangette, arrête de me regarder comme ça, c'est dérangeant, interrompit Keefe sans égard pour son interlocutrice initiale.

Le concerné leva les yeux au ciel.

-Je voulais simplement te faire remarquer que ta tenue n'est pas appropriée à une soirée entre amis, tas de paille.

-Foster, défends-moi ! Geignit Keefe en m'aggripant comme un naufragé à sa bouée, ce surnom est trop moche, je me meurs...

-Hm, meurs tout seul très cher. Et va mettre ton T-shirt, c'est indécent !

-Oui maman.

Biana leva les yeux au ciel, plus amusée qu'autre chose.

-De vrais gamins... Je peux continuer ?

-Oui oui, répondit Linh pour tous en se collant à Whylie.

-Je disais donc... Nous ne pouvons nier le vide que Paolina a laissé dans nos cœurs en repartant parmi les siens, au Paradis. Seulement, selon le calendrier humain, elle serait décédée le jour de son anniversaire, le 25 décembre, à l'âge canonique de un million-et-un an. Aujourd'hui, nous sommes le 25 décembre, même jour que celui de son décès, vous aurez compris. Et pour nous remercier de ce que nous avons fait pour elle il y a un siècle, elle m'a fait savoir que chacun de nous recevrait une surprise ce soir, en plus d'un petit spectacle unique.

Nous applaudîmes en son honneur, émus de savoir qu'elle se préoccupait encore de nous malgré son départ.

Et à ce moment précis, un cadeau emballé apparut devant chacun, plus ou moins gros et épais. Mais tous étaient vides, au désespoir de Keefe qui se mit à chercher des issues cachées dans les boîtes. Une voix retentit dans la pièce, lui faisant cesser tout mouvement.

Paolina.

~~~

Bonjour chers amis, et merci d'être venus vous réunir pour moi, bien que Biana ne vous l'ait pas dit d'abord, mais vous avez compté les jours et je vous en bénis d'y avoir pensé, vous êtes intelligent. Je suis heureuse de voir que vous allez bien, j'y ai veillé personnellement ces derniers temps, depuis mon départ à vrai dire. Je vous ai dit par l'intermédiaire de votre éclipse use préférée que vous auriez une surprise. Mais ce n'est pas un bien matériel que vous pourriez avoir n'importe où, n'oubliez pas qui je suis tout de même. Ce que je vous offre ce soir, c'est le fait de pouvoir vivre assez longtemps et heureux pour ne pas regretter votre vie, en plus d'un moyen d'aller au paradis dès votre mort, sans passer par tout le cheminement habituel, dont le jugement divin. Il est connu que on peut apprécier un an de sa vie mais en regretter cent autres. Vos âmes pourront donc se retrouver là-haut et passer l'éternité ensemble, si vous mourrez évidemment, les elfes ont bien des privilèges étranges à mes yeux.
Ce que je vous offre est unique, profitez donc bien de votre vie en conséquence. Il va sans dire que Dex aussi est touché par cette grâce de ma part, même s'il n'est pas présent parmi vous. Et pour le spectacle, le voici tout de suite, c'est une modeste prestation de ma part.

Une musique magnifique retentit dans la pièce lorsque la voix de Paolina se tut, tel le murmure d'une brise saline. Cette mélodie émouvait de sorte qu'elle donnait les larmes aux yeux, et elle semblait raconter une histoire. Douce, lumineuse, ce ne sont pas des termes qui pourraient s'appliquer à de la musique, mais qui pourtant étaient les plus descriptifs de ce que nous entendions. Quand ce son des cieux semblait prendre fin, cela repartait toujours plus intense, plus fort qu'auparavant, faisant imaginer à l'esprit mille choses merveilleuses qui pourraient y correspondre.

Cette musique serait impossible à entendre habituellement, car elle n'était autre que la voix des anges, divisés en plusieurs chœurs, chantant magnifiquement et d'une manière... magique. Puis, la musique ralentit, comme si elle touchait à sa fin, mais une voix différente des autres s'éleva au-dessus d'elles, tellement plus belle que les anciennes pourraient passer pour immondes à côté. Cette voix, bien que modifiée par le changement de corps, chacun des elfes la reconnut.

Paolina.

Elle chantait dans un langage inconnu et connu à la fois. On pouvait comprendre inconsciemment ce qu'elle disait sans comprendre les paroles à leur sens premier. Mais ces paroles ne pouvaient être répétées, car le cerveau ne les avait pas comprises. Cette histoire qu'elle racontait, les elfes la comprirent sur le moment. Mais lorsque je leur en ai demandé la signification, ils ont hausse les épaules, comme si elle n'avait chanté que du yaourt incompréhensible à leur oreille.

Je ne pourrais donc répéter ces paroles et ce dont elles parlaient. Mais c'était le plus magnifique son jamais entendu sur terre, aigu et grave, rapide et lent, chargé d'émotion et salvateur par sa beauté destructrice. Si ce que vous lisez n'a pas de sens, sachez que pourtant c'est ce que les elfes percevaient au plus profond de leur cœur, rententissait comme un tambour et claquait comme le tonnerre. Ils auraient aimé que cela ne s'arrête jamais, que cette musique retentisse pour l'éternité, et qu'ils puissent rester assis là à l'écouter.

Enfin, après un moment indescriptible, à la fois court et long, la chanson prit fin. Un silence apaisant tomba sur la pièce, et sur la terre entière. La magie de Noël, comme diraient certains humains. Car si ce chant n'avais été entendu que des elfes, il avait retenti dans le cœur de chaque humain, plus particulièrement dans celui de chaque enfant innocent, eux qui étaient plus aptes à adorer leur créateur que les autres espèces intelligentes.

Ce silence magique prit fin lorsque Keefe le brisa avec fort peu de délicatesse.

-Foster, tu peux m'accompagner aux toilettes ?

Un soufflement de nez m'échappa, et lui ne le manqua pas, mettant son doigt dessous pour me faire éternuer.

-KEEFE ! T'AS PLUS 5 ANS ! M'énervai-je soudainement, faisant sursauter Linh qui avait l'air de dormir contre Whylie.

-Mais...

Il me fit le regard et la moue trop mignons, cette combinaison fatale à laquelle je ne résistais pas.

Et il le savait bien, le bougre.

-Bon d'accord... Maugréai-je en me levant pesamment.

Il m'emboîta le pas en souriant bêtement.

À bonne distance de la chambre, il me chuchota :

-En fait, je voulais pas aller aux toilettes...

Je m'en doutais un peu. On a littéralement pris le chemin contraire à celui des sanitaires.

-Qu'y a-t-il alors ?

-En fait, quand elle a diffusé la musique, Paolina m'a donné plein d'idées pour le futur. De choses qu'on pourrait faire pour améliorer notre monde. Pour en faire ce que Dieu voulait au départ.

-Et c'est quoi ? Demandai-je avec intérêt cette fois-ci.

-Vivre en harmonie avec les humains et les autres espèces, plus un métier pour moi, vu qu'être émissaire ne me tente pas plus que ça....

-C'est quoi comme métier ?

-Peintre...

-Ça fait des dizaines d'années que je te dis de faire peintre imbécile, dis-je entre mes dents en lui donnant une petite tape derrière la tête.

Il rigola doucement et me plaqua au mur.

-D'ailleurs... J'ai des idées pour demain soir, tu permets que je m'entraîne ?

-Plus tard mon amour, tout ce que tu voudras, mais on est chez des amis actuellement, et il ne faut pas les faire attendre en faisant des choses futiles...

Je me mis en marche et je l'entendis maugréer derrière moi "c'est pas futile c'est vital avec toi", ce qui me fut rougir quelque peu.

Nous retournâmes dans la chambre en silence. Les autres papotaient tranquillement en nous attendant. Quand elle vit que nous étions là, Biana hurla, au grand dam de Linh qui avait les oreilles sensibles :

-ACTION OU VÉRITÉ !!!

-OK, lâchai-je sans résister.

Elle me fixa avec des yeux ronds, puis reprit de sa superbe.

-Bien, tout le monde joue. Liiiiiiiinh ? Action ou vérité ?

-Vérité s'il te plaît.

-Quand toi et Whylie comptez-vous vous marier ?

Linh regarda son compagnon pour toute réponse, sachant parfaitement que Biana attendait des précisions cruciales depuis un moment. Whylie répondit à sa place :

-Bientôt Biana.

Elle sautilla -assise. Linh fit mine de réfléchir, puis décida :

-Voyons... Tam ?

-Action, répondit-il sans attendre.

-Alors.... Peux-tu faire trente-cinq pompes avec ton adorable femme et moi sur le dos ?

Il regarda Biana une seconde, puis secoua la tête.

-Je crains que ce ne soit pas possible.

Éclat de rire général. Sauf Biana, qui fulminait en silence, outrée. Pourtant, elle ne dit rien. Tam lui dit quelque chose à l'oreille qui sembla la réconforter.

Linh reprit.

-Bah alors... Sophie ?

-Vérité !

Elle me regarda en souriant à pleines dents. Ai-je fait une bêtise ?

-Comptes-tu avoir des enfants avec Keefe prochainement ? Tu ne peux pas lui demander son avis ni le regarder pour avoir ta réponse.

Ne pas lui demander son avis ? Mais c'est affreux, si j'avais un doute je ne saurais pas quoi répondre au risque de le décevoir... ! Mais bon, de toute façon, c'est tout décidé.

-Non, je ne comptes pas avoir d'enfants avec Keefe pour l'instant. Keefe d'ailleurs, action ou vérité ?

-Action, je ne suis pas un trouillard.

-Fais une déclaration d'amour à Tam.

Mon mari me regarda estomaqué. Mais il dut se plier à ma volonté.

-Alors, hem... Mister Frangette, tu es ma lune, mon soleil-bien peu brillant je le crains-, mon dieu -qu'est-ce qu'il faut pas entendre !-, tu es toute ma vie -bouh-, ma joie -morose-, et ta coupe de cheveux est sublime, j'aimerais la même -tu devrais la couper, la queue de cheval ne te va pas vraiment. Je t'aime, et Miss Foster va regretter de m'avoir donné ce gage ! Finit-il en me sautant dessus.

Je hurlai, peu surprise de ce geste :

-BATAILLE DE POLOCHONS !

S'ensuivit une pagaille monstrueuse où nous nous endormîmes les uns sur les autres. Je me souviens que Biana m'est tombée dessus, me faisant violemment heurter le sol de la chambre, mon épaule émettant un douloureux frottement contre celui-ci. Je n'avais plus la force de me relever après, mais je me souviens avoir vu Keefe s'effondrer tout près de moi.

{} {} {}

Il va falloir se réveiller.

J'ouvris les yeux.

Biana n'était plus sur moi et Keefe n'était plus là non plus. Tout en bas, probablement.

Je me levai et allai les rejoindre pour manger un peu.

En arrivant, j'entendis :

-... et félicitations aux parents !

C'était la voix de Dex. Je vis tout le monde autour de Biana et Tam. Cela voulait-il dire que....

-Sophiiiiiiiie, je suis enceinte ! Hurla la future mère en me d'autant dessus.

-Ouah, depuis quand ?

-En fait, hier matin. On voulait vous en faire la surprise hier soir, mais on s'est endormis avant.

-Je suis sûre que vous serez de très bons parents, assurai-je en l'étreignant.

Mon adorable Keefe m'enlaça tendrement en murmurant juste pour moi :

-Dommage que cela ne nous arrivera jamais, hein ?

-Tu regrettes ? Demandai-je avec appréhension.

-Absolument pas, je t'aime plus que tout et tu le sais bien. Aujourd'hui, notre mission va commencer.

C'est vrai.

Notre mission, celle de renouer le cœur des peuples, vient de commencer, là, au milieu d'une troupe d'elfes survoltés par l'annonce d'une naissance future.

Notre vie sera bien remplie finalement, Paolina devait avoir ça derrière la tête hier soir.

Ensemble, nous allons effectuer la dernière volonté de notre princesse.

Il n'y a plus que cela qui compte désormais, et Keefe bien entendu.

[<>] [<>] [<>]

Heya.

J'ai pas posté hier, mais j'avais trop de devoirs. J'en ai toujours beaucoup du lundi pour le mardi, dsl.

Sinon, c'est bientôt la fin... Mais pas encore !

Il y a encore l'épilogue et le fameux bonus sokeefe....

Avez-vous compris pourquoi Sophie et Keefe murmuraient pour eux à la fin ?

C'est pas dur.

Vous trouverez.

A demain mes pommes de terre !

Date d'écriture initiale : l'historique des révisions n'est plus ce qu'il était...

Date de réécriture : 17/08/2021 (il est minuit mais t'as compris)

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