Chapitre 65
PDV Sophie
Biana cessa de lire, les larmes qu'elle avait aux yeux l'empêchant d'aller plus loin sans doute. Tout dans la pièce semblait s'être arrêté au même moment, les moues réfléchies, les larmes aux coins des yeux, ou une immobilisation parfaite. Ce que signifiait cette lecture me serrait le cœur d'une façon inexplicable.
Car je ne le réalise que maintenant, mais elle nous aurait apparemment menti du début à la fin de notre relation, jamais je n'aurais pu penser d'elle qu'elle était autant cachottière et menteuse avec nous.
Selon ce livre, elle n'a rien apprécié de sa vie avec nous ou presque, comme si elle avait subi sa vie au lieu de la vivre correctement. Aucune des émotions qu'elle feignait n'était donc vraie ? Toutes ces anecdotes sur elle, tout ce qui faisait qu'on l'appréciait, c'était donc du vent ? Ce comportement puéril et pourtant plein de répartie, était-ce mimé ça aussi ?
Je sens que je devrais être en colère contre elle, mais repenser au fait qu'elle est morte me serre plus le cœur de chagrin qu'autre chose.
Sauf que, toujours selon son journal, son père serait le "Dieu" chrétien, et son frère Jésus Christ. Pourquoi n'est-elle pas mentionnée dans la Bible dans ce cas ? Elle a bien dit qu'on ne retenait que son frère dans les faits, mais là c'est vraiment étrange qu'il n'y ait aucune trace d'elle dans tous les livres de l'ouvrage le plus lu du monde réunis. Le "souvenir" cité, c'est forcément un passage de la Bible, ce type d'écriture est trop particulier pour qu'elle l'ait juste imaginé.
Keefe sembla se réveiller avant nous tous, demandant à Biana, toujours détentrice du fameux journal :
-C'est tout ? Il n'y a plus rien ? Enfin, je veux dire...
-Ne t'en fais pas, je comprends, assura Biana en voyant qu'il ne trouvait pas les mots pour s'exprimer.
On était tous un peu dans la même situation pour exprimer ce que nous ressentions, j'étais incapable de dire quel sentiment m'étreignait le plus en ce moment.
Elle hésita en voyant nos figures dévastées, puis ajouta:
-En fait, le journal n'est pas encore terminé, il y a un souvenir à la fin.
-On peut le voir ? Demanda Linh en séchant une larme du revers de la manche.
-Si vous voulez, venez. Je ne l'ai pas vu non plus, crut-elle bon de préciser en le plaçant sur son bureau pour que nous puissions tous voir.
Le souvenir démarra, ébranlant nos cœurs dans nos cages thoraciques à l'unisson.
¿? ¿? ¿?
Un palais fait de cristal, de glace et de verre, majestueusement beau et haut, il perçait les nuages par sa hauteur infinie et lumineuse.
Une fille ressemblant fortement à Paolina, mais avec des yeux dorés lumineux couverts par de longs cils noirs, des traits angéliques et des ailes magnifiques déployées dans son dos. Ses doigts étaient beaucoup plus fins et longs, tels ceux d'une petite fée, ces mains semblaient sur le point de se briser en mille morceaux par leur beauté diaphane. Le corps de la jeune fille, bien différent de celui connu par les elfes sur Terre, était petit, presque chétif, mais Ô-combien fin et longiligne. Elle était belle à en faire mourir des être humains rien qu'à sa vue, et très reconnaissable à son air torturé et triste qui ne semblait pas vouloir la quitter.
Un rayon de lumière avec des vêtements était en face d'elle, un visage doux et agréable, chaleureux, mais irreproductible si l'on avait voulu s'en rappeler, aussi étrange cela puisse-t-il paraître pour ceux qui l'avaient face à eux.
Un homme reconnaissable pour toute personne ayant déjà fait du catéchisme à l'école se trouvait près du rayon de lumière, droit et peiné pour sa prétendue sœur, qui ne lui ressemblait pourtant en rien, leurs corps étant totalement opposés.
Le rayon de lumière prit la parole, sa voix aussi apaisante que le son du vent passant sur la mousse riche sur un tronc en forêt, et pourtant aussi implacable que le verdict d'une sanction.
-Bonjour, Salaskali, salua-t-il doucement.
-Bonjour Papa, répondit sa fille en s'approchant légèrement du trône de Dieu.
-Tu ne viens pas m'embrasser, moi, ton père que tu chéris ? S'etonna celui-ci en s'attristant quelque peu.
-C'est que.... Hésita Salaskali.
-Parle mon enfant, tu sais que tu peux tout me dire.
-Je ne peux pas t'approcher, Papa, qu'importe ma volonté de le faire. Vois-tu, je suis reléguée au stade d'Ange actuellement, et je ne peux par conséquent pas t'approcher.
Elle semblait à deux doigts de pleurer face à cette constatation attristante.
-Sais-tu pourquoi tu es un Ange et pas auprès de ton frère et moi comme tu le devrais selon la promesse que je t'ai faite à ta naissance ?
Elle réfléchit un instant, puis baissa la tête, honteuse, une grimace plissant son visage parfait.
-Oui.
Le jeune homme esquissa un geste pour la prendre dans ses bras, mais son père l'en empêcha d'un geste doux et ferme.
-Je t'ai détesté du plus profond de mon cœur, Papa. J'ai eu des pensées méchantes à ton égard, et je suis bien punie à présent, ne pouvant pas vous rejoindre pour vous serrer contre moi.
-Tu n'es pas punie mon enfant, opposa son père doucement. Tu es au contraire bien avantagée par rapport à ton frère ici présent.
-Comment cela ?
-Tu n'es pas un Ange normal ma chérie. Tu es la dirigeante temporaire des Chérubins, tu peux donc me voir ainsi que ton frère, nous parler, nous servir, et libre d'aller te balader au paradis et sur Terre si tes fonctions ne te retiennent pas.
La désormais dirigeante des Chérubins resta sans voix devant cette nouvelle exaltante, les yeux brillants d'amour et de joie. Elle courut vers son père pour l'embrasser, mais une frontière invisible l'empêcha d'approcher, à seulement cinq mètres de son créateur.
Elle recula, les yeux baissés, consciente que de tels accès de joie n'étaient pas très réfléchis compte tenu de sa situation.
-Excuse-moi, Papa. J'ai voulu t'embrasser pour te remercier, mais j'avais oublié que les Anges ne peuvent pas approcher ta splendeur aussi proche que ton fils le peut.
-Ne t'en fais pas ma chère, je lèverai ton statut de Chérubin-chef bientôt, et tu pourras te ranger à nos côtés pour l'éternité. En attendant que tu fasses le deuil de ta mission, bien entendu.
-Bien sûr, je comprends. Puis-je me retirer ? Non que ta présence m'importune, mais je suis pressée de retourner voir mes amis sur Terre...
-Fais ce que tu veux ma chérie. Tu es maître des Chérubins à présent, ne l'oublie pas et n'oublie pas tes fonctions nouvelles.
Elle s'en vola gracieusement, un lumineux halo présent autour d'elle témoignant de son bonheur, laissant sa famille derrière elle, dont son frère qui semblait frustré de ne pas pouvoir l'embrasser, lui.
¿?¿?¿?¿?
Je n'y crois pas...
Quand finira-t-elle de nous surprendre ? Elle l'a fait rien qu'en étant présente dans le néant, mais plus le temps passe et plus nous tombons de haut en prenant conscience des mystères présents autour d'elle.
Les autres semblent ne rien comprendre, eux. Il est vrai que les elfes ne vénèrent personne contrairement aux humains, qui font cela depuis des millions d'années.
Tam lança à la cantonade, parlant sans le vouloir pour tout le monde :
-Qui sait qui était le rayon de lumière qui parlait ?
Personne ne lui répondit ou n'esquissa un geste pour le faire.
-Vous n'avez jamais vu les divinités humaines en culture mutliespèces ? M'éttonai-je.
Signe négatif de la tête général.
-Parce que les humains vénèrent leurs inventons ? Demanda Linh, totalement choquée.
Je niai en souriant en coin puis me lançai dans la description du christianisme, de la Bible et de tout ce qui suivait ces choses là. Ce fut très long, et les questions fusaient souvent, peu pertinentes pour la plupart mais qui semblaient légitimes pourtant.
-Et donc Jonas il s'est fait manger par le poisson, mais il n'est pas mort ?
-C'est ça.
-Mais du coup je n'ai pas compris, pourquoi Dieu a dit à Abraham de tuer son fils et de ne plus le faire au dernier moment ?
-C'était pour voir si Abraham croyait vraiment en Dieu et qu'il lui faisait confiance.
-Mais pourquoi croire en quelqu'un si il te dit de tuer ta progéniture pour son bon plaisir ?
-Parce qu'il les a créés, Keefe !
-Et quand David a tué Goliath, il ne s'est pas fait tuer avant ? Parce que excuse-moi, mais petits cailloux contre armes humaines hein...
-Et quand...
Et bla et bla et bla.
Une montagne de questions tout à fait logiques en soi, mais si tu ne comprends déjà pas le fait de vénérer quelqu'un...
-Attendez, intervint Biana, on n'a pas parlé de quelque chose.
-De quoi ? Demanda Tam.
-Quand s'est passé ce souvenir ?
Silence.
Nous nous ruâmes tous vers le carnet toujours ouvert. Un petit texte était rédigé à la main sous le souvenir.
Keefe s'empara du petit livre et lut pour tous :
Coucou, chers fouineurs -je rigole attention.
Ce journal est terminé. À la base, il se finit lorsque la mort m'atteint et que je ne peux plus écrire. Donc quand je meurs. Mais comme je sais que vous voulez savoir ce qu'il m'est arrivé après, je vous ai mis ce petit souvenir.
Ce moment s'est passé quelques minutes après ma mort. Suite à ce petit passage, je suis revenue sous forme de Paolina version esprit -ou âme, mais vous ne connaissez pas ce terme-, car vous avez peut être remarqué que je n'ai pas le même physique depuis ma mort, du moins dans ce souvenir.
Il fallait se fondre dans la masse, tout mon corps naturel ne collait pas avec ma mission sur Terre, donc oui je suis différente. Je préfère tout de même mon vrai corps, le vôtre est très contraignant.
Note à Dex-
Keefe arrêta de lire, passa le carnet au concerné, qui lut la note qui lui était destinée, puis prit un gadget dans sa poche et le trifouilla après avoir rendu le carnet à Keefe.
... N'oubliez pas que je vous aime malgré nos trop nombreuses différences physiques et morales. Vous m'avez réappri à être heureuse sur cette planète, même si on ne dirait pas en lisant le journal retraçant mes émotions, mais n'oubliez pas que j'ai toujours eu du mal avec la communication.
Je siège actuellement sur le trône avec Grand-frère et Papa, l'âme de Kyo est à mon service personnel. Tout ça, c'est grâce à vous.
Un presque dernier coucou des cieux, je vous dis à tout de suite.
Keefe allait lancer une ânerie sur la dernière phrase, mais Dex appuya sur le gadget qu'il trifouillait depuis tout à l'heure, et un couïnement très aigu en sortit, et chacun de nous sauf lui se boucha les oreilles, en proie à une grande douleur dans les tympans.
Tout autour de moi tangua, et je me souviens avoir vu les autres tomber avant que je ne m'étale moi-même sur le sol, assommée par ce bruit infernal.
[<>] [<>] [<>]
Heya.
Merci d'avoir lu ce livre, il est presque fini, mais pas complètement, en même temps avec autant d'informations étranges on ne peut qu'en souhaiter la fin.
Date d'écriture initiale : Bonne question.
Date de réécriture : 28/07/2021
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