Chapitre 55
PDV Biana
— Dex, tu es incroyable ! Keefe, aurais-tu du papier et un stylo ? Lui demandai-je avec fièvre, remarquant dans le même temps que ma question était assez stupide.
Mais je ne peux m'empêcher de me morigéner intérieurement de n'avoir jamais pensé, après une semaine en leur compagnie, à une seule solution pour les comprendre, surtout pour quelque chose d'aussi simple. Après tout, les quelques rares elfes ayant des extinctions de voix le temps d'une journée utilisent l'écriture pour pouvoir communiquer...
— Bien sûr, dit-il en farfouillant dans son bureau, duquel il sortit le matériel quelques instants plus tard. Quand commence-t-on ?
— Maintenant, si nos camarades sont prêts. Paolina ? L'appelai-je, lui faisant tourner la tête lors que Kyo lui disait des bêtises, au vu de sa tête.
Leurs spectres s'approchèrent de moi en souriant, se tenant la main de façon tellement mignonne que j'aurais aimé immortaliser en prenant une photo, comme les humains. Je les détaillai du regard, consciente de n'avoir cette vue que pour un temps. Ils flottaient légèrement, leurs pieds pendants frôlant le sol à chaque mouvement sans jamais le toucher. Kyo ne les bougeait pas du tout en se déplaçant, mais Paolina avait encore le réflexe d'utiliser ses jambes pour se déplacer, cela rendait un effet assez comique puisqu'elle n'avait pas de contact réel avec le parquet. Kyo lui soufflait régulièrement des choses à l'oreille, comme s'il craignait qu'on l'entende, et quand je la voyais regarder ses pieds, embêtée, se mordillant la lèvre de dépit, je savais qu'il lui rappelait que ça ne servait à rien. Les crispations désormais habituelles de son visage avaient disparu, ce qui lui donnait un air plus doux, quoique toujours réfléchi. Et le regard énamouré que lui portait Kyo... Des anges. Tant de mignonnerie ne devrait pas pouvoir disparaître de la surface du globe.
— Peux-tu écrire le message que tu veux nous communiquer s'il te plaît ? Demandai-je au spectre de Paolina en face de moi, en lui tendant le matériel. J'espère que tu te souviens encore de nos mots... Je n'ai rien dit, évidemment que tu t'en souviens, rajoutai-je expressément en voyant le regard d'alerte de Kyo.
Elle hocha vigoureusement la tête en souriant narquoisement, sans relever outre-mesure ma petite bêtise — elle avait horreur que l'on doute de ses capacités, d'autant plus qu'elle était par plusieurs égards « inférieure » à nous, même si l'on lui assurait sans arrêt le contraire ; elle était à nos yeux la plus précieuse et la plus intelligente des elfes sur Terre.
« Vous pouvez arrêter de me vénérer, dans l'histoire c'est plutôt moi qui devrais m'agenouiller devant vous et vos talents fantastiques, vos compétences sensationnelles et votre beauté à couper le souffle d'un ornithorynque...
— Tu sais que l'on t'admire ? Avait demandé Keefe sans la quitter des yeux.
— Oui, et je sais aussi que c'est gênant, allez donc admirer le ciel et les étoiles qui eux sont vraiment incroyables.
— Mais tu auras beau dire, je sais que les étoiles ont bien moins de répondant et d'audace que toi quand il s'agit de remettre un malotru à sa place, ajouta le blond en agrandissant son sourire.
Elle leva les yeux au ciel, et n'eut pas le temps — où l'envie — de se dégager que Keefe suivi de nous tous se jeta dans ses bras pour la couvrir de câlins, sous ses cris de protestation molle qui ne font toujours que motiver un enfant à continuer ce qu'il fait. »
Elle attrapa le crayon avec hâte. Ou TENTA de le prendre. Elle l'avait traversé.
À la seconde tentative, elle le tint deux secondes en tremblant puis il retomba sur la table. Elle serra les dents, fusillant du regard le pauvre crayon soumis à la dure gravité.
— ... Pourquoi le crayon flotte-t-il sans écrire ? Demanda Linh, perplexe, lorsque l'Ancienne parvint à maintenir l'objet dans sa main plus longtemps. Aurait-elle oublié nos mots ?
— C'est que... Paolina n'arrive pas à le prendre suffisamment longtemps pour écrire avec.... elle le traverse et le laisse tomber... Pouffai-je en essayant de me retenir, par respect pour elle.
Les camarades rirent en essayant de m'imiter — sans grand succès — et la principale concernée me foudroya du regard de l'avoir dénoncée. De toute façon, Kyo aussi était mort de rire... Un grand soutien dans les difficultés, n'est-ce pas.
— Mais tu nous as dit qu'elle pouvait prendre et utiliser des objets, fit Dex déconcerté, plus impacte que les autres par l'événement. Pourquoi n'y arrive-t-elle pas ?
— Bien sûr qu'elle peut y arriver, c'est dans ses capacités, mais il faut qu'elle se concentre sinon elle traverse tout, c'est d'ailleurs son principal moyen de locomotion...
En effet, même si le réflexe d'ouvrir les portes était encore bien présent chez elle, à chaque changement de pièce son petit-ami devait lui prendre le bras pour lui rappeler qu'elle pouvait traverser la porte ou le mur à côté, mais pas prendre la poignée et l'actionner. Si il est aussi résigné à tout traverser pour se déplacer ce doit être parce qu'il ne sait pas qu'il peut saisir ce qu'il entoure — il n'était pas là quand Silal agissait toujours, il est encore "nouveau" —, ou bien qu'il a déjà essayé mais que c'était bien trop difficile pour que ce soit tenté à chaque changement de pièce.
Nouveau foudroiement de regard de la part de notre chère voleuse dans ma direction, rires de plus en plus bruyants de son petit-ami. Kyo se roulait par terre tant il riait, de grosses larmes dévalaient ses joues rouges. Paolina le regarda très mal, le rejoignit et lui donna des coups de pied dans les côtes pour qu'il cesse — elle lui dit des mots que je ne compris pas, mais qui sonnaient comme laisse-moi me concentrer imbécile fini —, puis retourna près du crayon récalcitrant avec un regard déterminé.
Elle souffla un coup et s'élança. Elle saisit le petit objet, écrivit quelques mots en plissant les yeux et tirant la langue, puis perdit sa concentration, provoquant la chute de l'outil. On put néanmoins lire sur la feuille, parmi les ratures de la chute :
Cahier bureau ma chambre 2
— Hm... Il y a un cahier dans le bureau de ta deuxième chambre ? Tenta Keefe en haussant un sourcil.
Elle le regarda avec littéralement écrit dans les yeux "t'es sérieux ?". Il dut la voir, car son sourire se fana.
Il n'est pourtant pas face au miroir...
Sophie renchérit :
— L'ordre des mots doit avoir une importance. Il y a un cahier dans le bureau de ta chambre, c'est assez clair, mais pour le « 2 » je ne vois pas...
Nous délibérâmes une petite heure avec en fond une Paolina semi-opaque qui tombait des nues et son compagnon qui la dévorait des yeux, son désir de l'embrasser se lisant parfaitement sur son visage.
Il est très mignon d'ailleurs, je comprends pourquoi Paolina l'a choisi. Blond, regard bleu nuit, cheveux fins et brillants en bataille, visage carré, bouche aux lèvres fines... Oui, dans un sens il rappelle Keefe. Mais leur air est très différent, et leurs traits sont simplement similaires.
Soudain, elle explosa, et sous le coup de la colère, apparut à tout le monde. Elle articula des mots incompréhensibles, mais "Kyo", "Keefe" et "Rabbi" étaient repérables dans la bouillie. Après un instant de stupéfaction où elle se rendit compte que tout le monde la fixait, elle plaça une main sur sa bouche, anéantie, prit Keefe — qui ne bougea pas tant il était choqué — dans ses bras et redisparut aux yeux de mes amis, seulement visible dans le miroir au fond de la pièce.
— Pourquoi.... comment... on l'a vue.... Bafouilla Sophie, regardant autour d'elle comme si elle allait réapparaître.
Keefe la prit contre lui en pleurant doucement, nous autres tout aussi surpris par cette apparition inattendue. Moi, je ne dit rien, je la voyais depuis plus d'une semaine, et elle n'était à mes yeux que simplement devenue complètement opaque. Pour voir ce qu'elle faisait de son côté, je tournai les yeux vers elle, mais...
— ILS DISPARAîSSENT ! M'écriai-je épouvantée.
Ils s'entreregardèrent tous les deux, puis me firent un signe de la main, un commun sourire triste aux lèvres. Les autres autour de moi fixaient l'endroit que je regardais pour espérer voir quelque chose, mais il ne le pouvaient pas. Et moi je ne le pouvais plus.
Partis...
Partis...
Partis.
Envolés.
Sophie me rattrapa, je ne m'étais même pas rendue compte que je tombais.
— Biana ? Qu'y a-t-il ?
— Ils... ont livré leur message, même si ce n'était que dans leur langue... Ils sont partis pour de bon... cette fois...
Et je pleurai, encore et encore. Jusqu'à présent, je les voyais tous les jours, alors je n'avais pas vraiment fait de deuil. Celui de Fitz m'avait bien trop accaparée pour que je me soucie de celui de Paolina, je la voyais après tout ! Mais maintenant...
Keefe hurla pour détendre l'atmosphère — et pour ne pas se mettre à pleurer à son tour :
— C'est parti pour la chasse aux cahiers ! Première étape : Voir cette fameuse chambre ! J'ai une bonne intuition quant au dénouement de cette histoire !
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Heya.
Aujourd'hui, j'étais en sortie avec des copains, alors j'ai pas posté.
Je suis même pas allée sur Wattpad, c'est dire !
J'ai vu que quelqu'un d'autre a rejoint la team des gens qui aiment mon histoire, bienvenue à cette personne.
Elle a voté pour tous les chapitres, j'ai alluciné quand j'ai vu le nombre de notifs.
Sinon, comment trouvez-vous ce chapitre ? Déçus que Paolina soit partie pour de bon ?
Au moins, elle est heureuse avec Lio, dites-vous ça.
A demain mes pommes de terre !
Date de la NDA : 22/08/2020
Date de réécriture : 06/06/2021
Date de réécriture finale : 06/02/2022
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