Chapitre 46
PDV Biana
Flashback
Moi et le Conseiller Bronte sommes prudemment rentrés dans la chambre peu après Paolina, qui lévitait au centre de la pièce, roulée en boule. Ses cheveux flottaient épars autour de sa tête tels les tentacules d'une méduse et son visage était caché dans ses genoux. Elle avait une allure de petite fille vulnérable et perdue, cela m'a perturbée sur le moment, car si Paolina m'a évitée au début — chose que je comprends parfaitement étant donné son passé —, je sais maintenant qu'elle n'est pas du genre à montrer ses faiblesses aussi facilement.
Il se passe quelque chose.
Le conseiller Bronte n'arrive pas à l'approcher, il dit qu'une barrière invisible l'entoure. En effet, il arrive à poser ses mains sur une surface verticale qui est en cylindre autour de mon amie. Quand je m'approche pour vérifier par moi-même — plus par curiosité qu'autre chose —, je suis moi aussi bloquée par une matière invisible très étrange. En la touchant, il est possible de constater que c'est solide, mais aussi un peu flexible. Et si la matière est froide, la sensation qui engourdit mes mains est plus de la chaleur que du froid. Bronte parvient à la conclusion que c'est un champ de force, je le suis sur son idée. Difficile de vraiment s'avancer sur ce que c'est si on ne le voit pas.
En tout cas, une chose est sûre : il faut attendre que cette chose disparaisse pour atteindre l'objet de notre mission. Et peut être savoir qui l'a mis là, mais cela peut très bien être elle-même qui s'est enfermée dqns cette chose.
En regardant sa silhouette frêle et recroquevillé sur elle-même, je me dis qu'elle aurait besoin d'un petit-ami. Mais jamais elle n'accepterait de se mettre avec l'un d'entre nous, nous sommes sans doute beaucoup trop jeunes à ses yeux. De vrais bébés comparés à sa sagesse et son expérience. Le seul à qui elle sourit le plus, c'est Keefe. Mais là encore, elle le traite comme un ami, meilleur ami peut être, mais rien de plus.
Après tout, il m'a l'air clair qu'elle a déjà été amoureuse. Certaines de ses réactions, certains de ses mots, certains de ses traits de visage me font penser que oui, elle a été amoureuse. Mais quelque chose est arrivé. Ses traits sont tristes et soucieux, ce n'est pas possible qu'il soit simplement mort de vieillesse alors qu'elle le voyait vieillir depuis le néant.
Peut être qu'elle a eu un petit-ami et qu'il l'a trompée ? Ou qu'elle est partie avant d'avoir ou lui déclarer sa flamme et que maintenant elle regrette ? Non, c'est plus que ça. Elle est forte, ce n'est pas un petit béguin qui l'aurait mise à terre aussi simplement, si je puis dire. Les béguins on s'en remet. Keefe, je m'en suis remise...
Mais tant de possibilités dans sa vie incroyable ! Le plus simple serait de lui demander...
À ces pensées, elle qui avait commencé à se tortiller et gémir, elle rejeta la tête en arrière et poussa un cri à glacer le sang de quiconque pendant des jours, cri qui fut long, si long que je sentis mes tympans défaillir et mon cœur se figer dans ma poitrine. J'avais aussi froid qu'avant j'étais à température ambiante, je n'avais plus envie de sourire de ma vie, rien que l'idée de rire me paraissait inutile, mes membres me semblaient lourds comme du plomb et pourtant je restais là, hébétée et figée.
Le Conseiller Bronte avait un comportement similaire au mien, quoique sa réaction était difficile à différencier de son habituel visage impassible. Il secoua la tête lentement, et murmura :
— Oh bon sang... Si c'est cela qui l'accable tous les jours je comprends son comportement acerbe en toutes circonstances.
Je me retins de lui dire qu'elle n'était aussi désagréable qu'en présence de Fitz ou d'adultes, il ne l'aurait pas apprécié. Je retournai mon attention sur la concernée, qui... avait une position bien étrange, figée en l'air d'une manière grotesque qui tranchait avec ce qu'elle nous avait montré d'elle depuis notre entrée dans la chambre.
Un bruit dans la pièce interrompit mes recherches intérieures de cohérence dans sa position nouvelle, et la réponse que j'eus mentalement avant de tourner la tête fut qu'elle ne flottait plus, elle était bloquée.
Il y a quelqu'un.
Dans un coin sombre de la pièce — pour ma défense, il n'en manquait pas — se tenait un manteau noir que je n'avais pas vu auparavant. Bronte ne l'a d'ailleurs pas remarqué, focalisé sur la voleuse. La silhouette noire sait que je l'ai vue, elle se détourne et je peux voir un œil blanc sur sa manche...
Je suis choquée, et je n'arrive pas à pousser le moindre son pour avertir le Conseiller, qui ne voit rien de ce qui se passe en face de lui, penché sur le champ de force qui s'évapore lentement, peu à peu opacifié dans sa disparition.
Il jubile quand la barrière disparaît enfin et il ramasse Paolina, qui n'oppose aucune résistance, sa tête ballottant mollement en arrière. Le Conseiller la rajusta dans ses bras, puis se tourna vers moi.
— Mademoiselle Vacker ? Nous pouvons aller retrouver les autres.
Il a à peine le temps de finir sa phrase que le manteau noir le surprend par derrière et lui donne un coup dans la tempe de son coude, ce qui fait tomber l'ancien à terre, sonné, et lâcher sa précieuse cargaison.
L'invisible prend Paolina dans ses bras comme une princesse et saute grâce à un cristal de saut... violet à paillettes. La destination est cachée, donc...
Fin du Flashback
Nulle.
Inutile.
Tu ne sers à rien.
Tu n'as rien dit.
Tu en avais la capacité pauvre sotte.
Bronte ne l'a pas vu a cause de toi parce que tu es trop égoïste pour l'avoir prévenu.
Nulle
Sotte
Inutile
Ces mots tournent dans ma tête avec la puissance dévastatrice d'une tornade, griffant, brisant et emportant tout sur son passage, hormis ces horribles mots.
Nulle
Stupide
Inutile
Bonne qu'à faire sa diva incompétente
Personne ne t'aime
Sale égoïste qui ne pense qu'à elle
Ça me fait mal d'entendre ça mais au fond je le pense aussi, depuis bien trop longtemps maintenant.
Nulle.
Sotte.
Inutile.
Elle est bien plus belle que toi et ta figure maquillée au point qu'on ne sait pas à quoi tu ressembles sans.
Elle elle n'a besoin de rien, même en sortant d'une nuit agitée elle est resplendissante.
Tu ne les mérite pas.
C'est... vrai ?
Sale pot de peinture.
Nulle.
Sotte.
Inutile.
Pourriture.
Même avec tout ce que tu fais personne ne te remarque, tu ne les mérite pas eux qui sont si beaux et lumineux.
Tu es terne et sans intérêt.
Tu es générique. On ne te voit que quand tu fais ta peste, que quand tu révèles ta vraie nature sale hypocrite.
Ça fait... mal.
Pourquoi..? Pourquoi je trouve ça... normal ? Et vrai ?
Nulle.
Sotte.
Inutile.
Sans intérêt.
Présente pour décorer la famille Vacker mais ironiquement, tout le monde te déteste même eux.
Nulle.
Sotte.
Inutile.
DISPARAIS.
PDV Sophie
Nous étions en train de discuter du sort de Paolina quand on la retrouverait avec le cristal de saut quand Biana pâlit d'un coup et tomba par terre sans bruit, avec sa délicatesse habituelle.
— Biana ? Tout va bien ? Lui demandai-je.
Elle me regarda à peine et se mit en boule sans rien dire, puis ferma les yeux et nous tourna le dos pour ne plus bouger. Linh s'approcha, mais se recula quand elle eut touché son front.
— Elle est gelée... Souffla-t-elle stupéfaite.
Les Conseillers échangèrent des regards gênés, peu habitués à voir des... choses du genre.
— Biana ? Tout va bien ? Interpela Tam en s'approchant doucement.
Elle se recula quand il s'avança, et gémit quand il lui toucha la main du bout des doigts. Sa respiration se fit saccadée et ses yeux fous quand il lui secoua doucement les épaules.
— Bia..
Elle hurla en le rejetant violemment, heureusement il ne tomba pas car déjà par terre, et courut pour échapper à chaque personne qui se dressait sur son chemin. Quand quelqu'un lui prenait la main, elle lui balançait l'autre en plein visage, Conseiller ou non.
Elle semblait avoir oublié où était la sortie car elle tourna sur elle-même pour la trouver mais ne la vit pas, cachée par les corps des elfes présents, choqués et en rage pour certains — hem Alina. Biana se recula en gémissant, heurtant le mur derrière elle, et se laissa glisser jusqu'en bas de celui-ci pour se recroqueviller sur elle-même. Elle ne bougea ensuite plus, un silence anormal régnant dans la pièce.
— Biana, parle s'il te plaît... Supplia Linh en s'approchant.
La concernée ne bougea pas d'un pouce, le seul son qu'elle produisait étant sa respiration saccadée et ses petits gémissements de temps à autres. Quand Linh lui toucha l'épaule, elle tendit brusquement un bras en avant et utilisa sa télékinésie pour l'éjecter à l'autre bout de la pièce sans aucune délicatesse. Linh avait heureusement une bonne maîtrise de la lévitation — bon point pour Exilium — et ne s'écrasa pas contre la cloison. Elle sauta par contre en retenant un sanglot.
Je me tournai vers Mr.Forkle, le questionnant silencieusement.
— Essaie d'entrer dans son esprit, soupira-t-il, je n'y arrive pas tellement il est...
Je sentis mes yeux s'écarquiller en comprenant ce qu'il sous-entendait.
— Dépêche-toi ! Cria-t-il brusquement, faisant sursauter chaque elfe présent dans la pièce sauf Biana, qui tendit son bras encore une fois.
Mr.Forkle esquiva l'assaut habilement, mais faillit se prendre le second et se reçut le troisième de plein fouet. Il s'écroula contre le mur, sonné. Biana replia ensuite son bras et reprit sa position sans aucun remords ni inquiétude envers sa victime.
Je m'approchai, esquivai son attaque et lui sautai dessus pour la bloquer au sol. Elle hurla de rage et m'envoya un coup télékinétique sans les mains, qui me fit percuter le plafond et retomber sur elle.
— Ourf !
Elle ne sembla pas souffrir de s'être pris mon poids et voulut se relever, mais Tam la maintint au sol en la tenant par les poignets. Biana reconcentra toute son attention sur lui et tenta de le mordre et de lui tirer la frange en poussant des cris de... bête sauvage.
— Dépêche-toi Sophie s'il te plaît... Marmonna-t-il en esquivant les attaques de la brune de justesse.
Je me positionnai à califourchon sur ses hanches, Dex tint sa tête et je me penchai sur elle, mais elle m'envoya une autre poussée qui me rejeta en arrière, percutant les jambes de quelqu'un — désolée Terik —, les miennes solidement attachées à ma meilleure amie.
— ÇA SUFFIT MAINTENANT ! Hurla Tam très près du visage de son amie qui se tut une seconde, choquée.
Une seconde, c'est le temps qu'il me fallut pour m'introduire dans son esprit et constater les dégâts.
Brûlant et glacé.
Mon environnement était un immense brasier qui me mettait la cervelle en bouillie, mais pourtant une douleur lacinante me vrillait le crâne, perforant chaque cellule de ma conscience.
Une petite poussée chassa quelques flammes renouvelées en un rien de temps, la douleur ne s'atténuant pas.
Avec un effort surhumain, je passai par dessus les flammes, voyant ainsi les ombres qui se tenaient au-dessus, froides, angoissantes. L'une d'elles me percuta dans le dos, me donnant l'impression d'être poignardée avec force. Une autre ombre, immense, se dressa devant moi et me poursuivit.
Peur
Peur
Angoisse
Où que j'aille, l'ombre me suivait, toujours plus haute et menaçante. Quand elle me heurta enfin, un son de verre brisé retentit, un souffle brûlant m'envoya brutalement contre le sol jonché de morceaux de verre et de pierres pointues. Un rire terrifiant résonna contre tous les murs, son rire, et l'ombre se pencha sur moi, ayant les mêmes yeux glaçants qu'elle, son sourire mort me donnant envie de mourir à mon tour.
J'envoyai une poussée cérébrale et m'enfuis, en constatant avec soulagement qu'elle ne me poursuivait plus. Devant moi se dressait autre chose : Fitz avec... un autre Fitz.
Le second chuchotait des choses à l'oreille du premier, qui hochait la tête, comme mort.
— FITZ ! Hurlai-je sans réfléchir à l'étrangeté de la scène. ATTENTION !
Le second se tourna vers moi et chuchota des mots à l'oreille de l'autre, pourtant tout à fait audibles pour moi.
— Débarrasse-nous de cette gêneuse, tu veux ?
Le premier Fitz orienta son regard vide vers moi et me lança une dague à la tête sans aucune émotion. Je m'enfuis, me répétant que ce n'était pas réel, ça ne pouvait pas l'être, j'étais dans la tête de Biana...
Où est ce fichu havre ?
Lorsque je trouvai enfin le lieu permettant de la ramener, J'envoyai toutes les images que j'avais d'elle, toujours sans comprendre ce qui l'avait brisée. Elle n'avait rien fait, ou était le problème ?
Quelques souvenirs remontaient, fragmentés à faibles doses, mais illisibles et tous liés de près ou de loin à de la culpabilité.
Et il y en avait beaucoup.
Beaucoup.
Trop.
Désespérée, je lançai des mots pour comprendre ce qui l'avait brisée et donc quel émotion lui envoyer pour la guérir.
Amour
Tendresse
Invisibles
À ce mot, un souvenir récent apparut, mais disparut avant que je puisse le visionner.
Cygne noir
Paolina
Là aussi, un autre souvenir. Mais même chose que la première fois.
Cette fois, je dis n'importe quoi, par manque d'idée et pour presser le mouvement, car son esprit chaotique tentait — et parvenait — de m'entraîner sous la surface.
Fitz
Vacker
Famille
Dex
Sophie
Keefe
Linh
Tam
Là, le havre clignota faiblement.
Tam hein..?
Je chercherai une explication à ça plus tard.
J'envoyai chaque passage de ma vie passé avec Tam, chaque moment où il se disputait avec Keefe, chaque moment muet à Exilium, chaque séance de désintoxication d'échos à Foxfire, la nuit où on l'avait trouvé avec Linh s'entraînant à la lumière nocturne, toutes les discussions télépathiques...
Le havre doré apparut clairement à mon grand soulagement, et ma grande fatigue aussi.
Je ressortis avec peine et, en reprenant mes esprits embrumés, m'écroulai contre mon père accroupi près de moi.
PDV Biana
Ouh là.
Que s'est-il passé ? Pourquoi suis-je par terre ? Pourquoi Sophie est-elle évanouie avec ses jambes bloquant mes hanches ? Pourquoi tous ces gens sont penchés sur moi avec cet air méfiant ? Je ne vais pas les manger !
Et pourquoi le si beau Tam Song est-il penché sur moi avec cet air inquiet aussi inhabituel que minion ?
— Bi..ana ? Articula-t-il avec une angoisse immense dans les yeux.
— Oui ?
— Oh Biana ! S'exclama-t-il en me prenant dans ses bras, Sophie emmenée par Grady. J'ai cru ne jamais te revoir !
Je ne pus voir qu'une petite partie de son visage, mais ce que je voyais était vraiment trop minion. Un sourire aussi franc était rare sur lui. Je sentis quelque chose couler sur ma joue, et constatai que c'était une larme.
Pourquoi je pleure ? Non, pourquoi IL pleure ?
Sans bien comprendre ce qu'il se passait, je me redressai et lui rendis son étreinte en rougissant un peu, les regards autour de nous s'apaisant d'un coup.
Mais il faudra qu'on m'explique...
[<>] [<>] [<>]
Heya.
Aujourd'hui, je vais vous dévoiler mes TEAM.
Vous avez peut être deviné que je suis sokeefe... (naaaannnnn)
Mais je suis aussi:
Tamiana (lol c'était pas clair)
Willinh
Marulla
Stinex
........
Et le fitzou et bah il est tout seul ! 😜😜😜😜
A demain mes pommes de terre !
Date de la NDA: 14/08/2020
Ça fait exactement 2 heures que je suis assise sur ce fauteuil à corriger ce chapitre.
J'en ai marre ? Oui. Ma ceinture me fait mal au dos (comprendra qui pourra), je veux aller aux toilettes et j'ai pas commencé mes devoirs parce que je cite mes pensées à 18h: "allez, je le fais maintenant ce sera rapide, les devoirs d'allemand c'est pas important pour le brevet"
Rapide, mon œil...
Bref, j'espère que vous avez aimé la correction de cette horreur, avant c'était horrible.
Je nous ai sauvés.
Date de la nouvelle NDA: 10/05/2021
Date de réécriture finale : 20/12/2021
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