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Bonus Sokeefe

« Au revoir les amoureux, prévenez-nous pour les enfants ! Lança Biana en nous saluant de sa porte, le vent glacé rôdant autour de Moon Island l'obligeant à rester à l'intérieur si elle ne voulait pas se congeler sur place. »

Elle empêchait en même temps Syolane, sa petite fille âgée de huit ans maintenant, de sortir, pour ne pas qu'elle attrape froid elle aussi.

Le luminateur n'avait pas résisté à une de ses attaques de boules puantes quelques jours plus tôt et était donc trop endommagé pour que nous puissions l'emprunter et sauter à l'intérieur de la bâtisse elfique, il nous fallait — hélas —sortir hors du domaine — avec jardin, comme à Everglen bien sûr — pour pouvoir sauter.

« Nous verrons cela Biana, lançai-je en retour en essayant de retenir Keefe qui s'échappait déjà pour rentrer chez nous au plus vite. Au revoir Syolane, soit tolérante avec ton père, tu sais que les inventions des Dizznee lui font peur ! »

Un grand coup de vent m'empêcha d'entendre la réponse de la petite fille malicieuse, et Keefe m'entraîna pour de bon loin de la demeure emprisonnée dans les vents froids de la saison.

« Il fait un froid de canard, grelotta mon mari en se mettant à courir à travers le jardin d'hiver, magnifique s'il n'y avait pas de vent aussi fort — et froid, comme Keefe le faisait si justement remarquer. »

Ayant passé la clôture qui servait de portail, Keefe me prit la main et m'emmena avec lui dans le rayon lumineux du cristal de saut, avec un peu trop de vigueur peut être, qui me fit tomber sur lui à l'atterrissage dans notre luminateur. Il réprima un rire en apercevant ma posture, incroyablement disgracieuse, vautrée sur lui avec mon épais manteau qui entravait mes mouvements déjà peu habiles d'ordinaire. Je me dégageai en vitesse pour me redonner un semblant de dignité, mais il me retint et je retombai sur son torse avec la grâce d'un thon.

« Keefe... Grognai-je, la tête enfouie dans sa poitrine. »

Je sentis son cœur battre très vite, et devinai sans peine qu'il se retenait de toutes ses forces de rire, sous peine d'un châtiment terrible ce soir-là.

Il s'agissait d'un jeu que nous avions inventé, en apprenant de la part des autres que nous étions considéré comme un couple "rigolo", qui ne faisait que rire l'un de l'autre sans cesse. Ce qui n'était pas faux, mais nous avons rapidement constaté la même chose, et avons décidé d'en faire un jeu, pour toutes les situations du quotidien. Celui qui riait en premier avait perdu, et devait laisser l'autre lui donner un gage — plutôt osé selon les jours et nos humeurs.

Nul doute que si l'un d'entre nous avait un gage ce jour-là, le soir serait assez torride.

Je me redressai donc en me retenant de rire moi aussi, et me levai pour m'en aller rire très loin — tant que l'autre n'entendait pas, on avait le droit de rire. Sachant très bien cela, ce petit plaisantin me suivit alors que j'allais dans la cuisine pour préparer le repas, puis le dressing pour me changer — il me dévora plus du regard qu'autre chose —, et enfin dans mon bureau pour arranger des affaires liées aux humains, je menais ma mission de faire de tous les peuples une seule et unique nation à bien, comme Paolina me l'avait demandé, et Keefe avait une carrière de peintre renommée dans toutes les tribus intelligentes — sauf les humains pour l'instant.

En parlant de lui, je me mis à le fixer intensément pour qu'il cesse de regarder autour de lui comme un touriste et qu'il me regarde moi, car j'avais à parler avec une conseillère, et que cet entretien devait rester confidentiel.

En remarquant — sans me regarder — que je ne bougeais plus, Keefe tenta un regard vers moi, mais se heurta au mien, et me salua galamment avant de retourner à la découverte visuelle du lieu. J'avais l'impression de bouillir de l'intérieur, son comportement visant à me faire rire, par quelque moyen que ce soit, avait tendance à être franchement déplacé parfois, il ne voulait jamais perdre.

Je me raclai la gorge en baissant les yeux vers mes papiers diverses étalés sur mon bureau.

« Keefe, pourriez-vous, s'il vous plaît, déguerpir d'ici prestement, j'ai à faire. »

Il tenta de dissimuler un sourire au ton que j'avais employé, mais obéit heureusement et s'en alla en sautillant après m'avoir saluée d'une révérence.

Ce qu'il est bête...

Je cherchai mon transmetteur du regard, avant de m'apercevoir qu'il n'était plus sur son support.

« Keefe... Appelai-je avec désespoir, mon transmetteur s'il te plaît...

— Ça ne me plaît pas de te le rendre, puis-je le garder dans ce cas ? Rétorqua-t-il en arrivant dans la pièce, jonglant négligemment avec mon appareil de communication. »

Un sourire chatouilla mes lèvres, mais c'était trop facile. Alors, en me penchant un peu en avant sur le bureau — ne lui épargnant pas une certaine vue qu'il trouvait mignonne, tous les moyens étaient bons pour qu'il me le rende après tout —, je lui avouai :

« Tu sais, si tout se passe comme je le veux, on pourra aller dans les cités interdites dès cet après-midi. »

Ses yeux s'illuminèrent, et il demanda tel un enfant :

« Vrai de vrai ? »

Je hochai la tête pour toute réponse, tout sourire moi aussi. Ce genre de chose devait arriver depuis des années, mais le Conseil repoussait toujours le moment où elfes et humains se rencontreraient à nouveau. En tant que Colibri, j'avais le droit de pouvoir aller parler aux dirigeants des pays du monde, et comme Keefe était mon conjoint il pouvait m'accompagner. Les autres elfes n'y voyaient pas d'intérêt, il n'y avait pas grand monde à part nous qui souhaitait aller parlementer avec des "espèces inférieures".

Keefe me rendit mon transmetteur en me murmurant à l'oreille :

« Bien tenté sinon, pour me faire abdiquer.

— Tous les moyens sont permis mon cher... Murmurai-je avec une voix aguicheuse en lui donnant une petite tape sur le postérieur pour le faire partir. »

Il se mordit les lèvres pour ne pas être tenté de m'embrasser, car autre particularité du jeu : pas de bisou l'un envers l'autre, autrement ce serait considéré comme un abandon, et aucun de nous ne veut perdre.

Il s'en alla donc, perturbé, et avide d'éclateroles sans doute, car je sentis peu après une bonne odeur de sucre.

En attendant de pouvoir les manger, je dus m'occuper de héler une Conseillère en particulier, qui ne me refuserait pas cette chance que m'avait accordée le Conseil deux jours plus tôt : la Conseillère Marella !

« Marella ? Dis-je dans mon transmetteur en la voyant apparaître, peu soignée comme à son habitude.

— C'est CONSEILLÈRE Marella, et oui que lui veux-tu, ô toi vulgaire Colibri de la populace ? Me répondit mon amie, narquoise.

— Tu étais au Congrès d'il y a deux jours, où un vote auprès du public et des Conseillers — surtout des Conseillers — a été fait, et je voudrais savoir si je pourrai, cet après-midi...

— Y aller ? Me coupa mon amie en haussant les sourcils.

— Tout à fait !

— Figure-toi que ça ne va pas être possible...

— Tu n'as pas voté contre quand même ? L'interrogeai-je, subitement suspicieuse.

— À ton avis ? Bien sûr que j'ai voté pour, railla mon interlocutrice en levant les yeux au ciel. C'est juste que... j'imagine que tu comptais sur Dex pour qu'il s'infiltre dans le réseau des dirigeants humains, qu' il bidouille quelques trucs et que tu puisses par ce biais les contacter et les voir ? Dex est occupé aujourd'hui, il n'est pas disponible.

— Ouah, tu as vraiment pensé à tout ça, m'esclaffai-je nerveusement, mais tu sais, on l'a déjà fait, j'ai reçu une réponse positive hier soir.

— Déjà ? Vous n'avez pas chômé ! S'étonna la pyroquinésiste. Et quel président, roi ou que sais-je vous a donné une réponse aussi rapidement ? Il ne doit pas beaucoup se méfier, ou bien être assez crédule pour vous croire.

— C'est le président français qui a accepté de nous recevoir, sa condition c'est que nous soyons filmés, et la mienne est qu'alors ce soit en direct pour ne pas qu'ils puissent tordre nos propos à mauvais escient. De ce fait, nous sommes rapidement tombés d'accord pour fixer cette date à ce soir. »

Marella siffla, ébahie.

« Je n'ai pas tout compris, mais tu as même pensé à l'éventualité qu'ils puissent modifier ce que vous direz ?

— Les humains savent comment manipuler des millions de personnes Marella... Souris-je gentiment. Ils sont assez perfides pour cela, je ne peux pas le cacher, mais ce peuvent aussi être de merveilleuses personnes, et nous allons faire se rencontrer deux civilisations séparées depuis des centaines d'années cet après-midi, si tu me donnes ton accord. En es-tu ?

— Je n'ai plus rien à dire, à part que si vous vous faites tourner au ridicule, ou qu'ils vous attaquent, cela est entièrement de votre responsabilité, et non de celle du Conseil.

— Merci mon amie, c'est Keefe qui va être content ! Souris-je de toutes mes dents. Je te préviendrai des avancées que nous ferons !

— Encore heureux ! À bientôt Sophie !

— Salue Maruca de ma part ! »

Oui, Maruca avait elle aussi intégré le Conseil quelques décennies plus tôt. Ce genre de changements me comblait, personnellement, car il aurait été intolérable de voir une pyroquinésiste sur un siège de Conseiller cent ans plus tôt. Les mentalités changent... comme lorsque contacter les humains s'avérait être impossible sans être puni.

Je sortis de mon bureau sans pouvoir camoufler mon immense sourire qui dévoilait l'intégralité de mes dents, et me dirigeai vers la cuisine pour manger ce que Keefe venait de préparer, car l'odeur des éclateroles se sentait dans tout l'étage.

« Keeeeeeefe ? L'appelai-je depuis le salon en essayant de reprendre une figure sobre. Viens par là s'il te plaît. »

Il sortit de son atelier, un tablier sale lâchement posé sur sa tunique qui avait reçu de la peinture malgré cette protection — vaine, puisque très mal mise — et quelques couleurs dans les cheveux.

« Oui mon amour ?

— J'ai une grande nouvelle à t'annoncer, dis-je en essayant de cacher mon sourire encore un peu, mais il devait sentir ma joie de toute façon, alors je le laissai éclater au grand jour, en même temps que ladite nouvelle : On va dans les cités interdites dès cet après-midi, et ce soir on est invités à une émission par un dirigeant de pays pour être montrés à des milliers de gens en même temps ! »

Il réfléchit une seconde pour intégrer l'information, puis son visage s'éclaira peu après, lui aussi pris d'une joie incontrôlable. Il marcha lentement vers moi, n'en revenant pas :

« C'est vrai ? On peut y aller ? Ce n'est pas une blague ? »

Mon sourire parla pour moi, et il se rua vers moi pour me prendre dans ses bras, ne pouvant pas m'embrasser à cause du jeu. Je ne pouvais moi non plus pas l'embrasser, alors je le serrai de toutes mes forces contre moi, son visage heureux réparant tous mes soucis. Il se détacha rapidement et me redemanda, les yeux brillants :

« Dis-moi que je ne rêve pas, et que c'est bien vrai... »

Je pris son visage en coupe et collai nos fronts ensembles, plongeant mon regard dans le sien.

« C'est bien vrai mon amour, on va aller dans les cités interdites dès cet après-midi et se montrer à des millions de personnes pour dire aux humains que nous existons. »

Ses yeux papillonnèrent des bonheur, et se posèrent malencontreusement sur mes lèvres, qui souriaient elles aussi comme pas possible. Il détourna le regard après une petite seconde, mais je n'avais pas raté la petite dilatation de ses pupilles, et cette constatation changea la nature de mon sourire, qui devint malicieux.

« Keefe..? Murmurai-je près de son oreille. Ai-je vu ce que j'ai vu..? »

Il frissonna au contact de l'air sur son pavillon, et avala difficilement. Dans ce genre de situation, ne pas embrasser l'autre est une torture, on le sait aussi bien l'un que l'autre.

« Rien du tout Foster, tenta-t-il de sourire, mais son regard retomba sur mes lèvres et son sourire disparut à nouveau.

— Tu réponds bien vite dis-moi... Murmurai-je toujours en descendant mon nez dans son cou. »

Son pouls battait extrêmement vite, et lorsque j'estimai être descendue assez bas pour le déstabiliser, je remontai ma tête vers lui. Son visage était imperturbable, mais je savais lire dans son regard mieux que quiconque, et ses yeux dilatés ne m'échappaient pas, en plus de sa langue qui passait distraitement sur ses lèvres. Il secoua la tête et se recula, moi même me redressant.

« Tu es perfide Foster... tu devrais avoir honte de me faire ça, se plaint-il en s'éloignant. Je vais mettre la table, je reviens. »

Je le laissai partir, renonçant pour cette fois.

Je t'aurai, amour de ma vie, que tu le veuilles ou non.

{}{}{}

« Et ça ?

— Non Keefe... Enfin... »

Je soupirai face à cette situation plus que délicate. Comment se vêtir pour aller dans les cités interdites, sachant que je n'y étais pas allée moi-même depuis plus d'un siècle et que je ne savais rien de la mode ? Pour en savoir plus, il faudrait y aller, mais pour cela, il faut savoir comment s'habiller, et retour au point de départ.

Cercle vicieux de l'enfer... Keefe est bien plus enthousiaste que moi pour mettre des choses riches qui mettront les elfes en valeur, mais cela ne nous fera-t-il pas paraître dédaigneux par rapport à nos richesses ?

« Sophie, tu te prends trop la tête, intervint Keefe en caressant mes cheveux. Tu sais, en s'habillant simplement, on ne risque rien. On regarde, on revient ici et on s'adapte après en fonction de ce qu'on a vu. Ça te va ? »

Je le fixai sans rien dire quelques secondes, puis souris :

« Je t'aime tellement que je pourrais t'embrasser. »

Il me sourit en retour pour toute réponse, puis se tourna vers le lit pour me tendre les tenues simples que nous avions convenues au départ.

« On s'habille comme ça, on regarde leur style vestimentaire et on revient, d'accord ? M'assurai-je pour être sûre de ce que nous allions faire.

— Tu as tout compris mon amour. Allez, viens, cette fois je ne te fais pas tomber, se moque légèrement mon mari en me tendant sa main après s'être changé. »

Je mis rapidement mon pantalon large et ma tunique puis saisis sa main, nous faisant sauter dans un pays que j'avais longtemps voulu visiter dans ma jeunesse humaine : la France  — bien qu'une certaine aventure avec Dex me l'ait fait découvrir tout de même.

Dès que nous fûmes arrivés, je me mis à tousser sous la forte pollution présente dans l'air. Les rapports sur lesquels je me renseignais depuis des dizaines d'années annonçaient que la pollution était plus puissante que jamais, les écologistes de ma jeunesse n'avaient pas réussi à endiguer totalement le problème des gaz a effet de serre, résultant d'un air assez lourd et chaud, même en hiver, empêchant la neige de tomber. Cette même neige avait d'ailleurs du mal à rester sur les montagnes les plus élevées et n'y arrivait que grâce à l'aide des elfes, inconnus pour l'instant aux yeux des humains.

Pour l'instant.

Je regardai autour de moi pour savoir où nous nous trouvions exactement en France — c'est peu comparable aux États-Unis où j'ai vécu mais ce n'est pas minuscule pour autant —, et je vis non loin de nous un haut panneau indiquant la ville de Paris. Au moins savais-je où cela se trouvait. Je pris la main de Keefe qui regardait autour de lui et l'entraînai à ma suite dans une rue non loin, car nous n'étions qu'en périphérie de Paris, et nous ne risquions pas de trouver grand-monde. Au fil de notre marche, nous nous mîmes à rencontrer des gens, habillés... de façon assez similaire de lorsque j'étais partie, mais avec plus de pudeur et des motifs différents, assez futuristes et asymétriques. En y regardant de plus près, il était possible de voir une grande diversité de vêtements et styles différents, sans jugement aucun de le tenue des autres, ce qui changeait par rapport aux critiques passées.

« Quelles drôles de tenues, s'esclaffa mon conjoint lorsque nous croisâmes une vieille dame et une jeune vêtues de robes où la jupe ne faisait que la moitié du tour de la taille, la jambe découverte vêtue d'un pantalon large fermé au bout, faisant penser à un ballon dégonflé — en tissu. »

Ces deux femmes nous regardèrent étrangement, et je leur fis un signe de la main, puis m'approchai d'elles.

« Bonjour, lançai-je pour entamer la conversation. Nous sommes perdus, sauriez-vous par hasard où se trouve le studio de l'émission X ? »

Elles me fixèrent, puis la vieille dame s'approcha plus près de moi, me détaillant de la tête aux pieds.

« Euh... Madame ?

— Oh, pardonnez-moi ! S'excusa-t-elle en se reculant brusquement, c'est que... votre accent est assez étrange, je n'arrive pas à cerner de quelle langue il vient...

— À vrai dire moi non plus, m'esclaffai-je légèrement, ce doit être un accent créé de toutes pièces par mon cerveau, je m'en excuse, je connais beaucoup de langues et il doit tout mélanger... Mais avez-vous compris ma question ?

— Oui oui, répondit la jeune femme, vous en êtes assez loin j'en ai peur. Il se trouve à environ deux kilomètres d'ici, en plein centre-ville. C'est d'ailleurs dans cette émission que le président va faire une apparition ce soir il me semble ! Vous faites partie du public ? Vous avez de la chance ! Les places sont parties immédiatement après l'annonce de leur sortie... »

Je ris nerveusement. Au moins cette femme me donnait-elle des excuses à notre recherche sur un plateau d'argent.

« C'est cela en effet. Malheureusement, nous ne connaissons pas la ville, nous venons de loin... mon conjoint ici présent ne connaît d'ailleurs pas la langue.

— Oh, ce doit être pour cela qu'il vous fixe étrangement depuis tout à l'heure ! S'esclaffa la jeune femme. En tous cas, bravo à vous, il est magnifique ! Où l'avez-vous trouvé ?

— Ça c'est un secret... souris-je d'un air mystérieux. »

Elle parurent apprécier cette petite cachotterie de ma part et se mirent à marcher devant nous pour nous montrer le chemin. Pendant un moment de silence où les deux femmes parlaient entre elles, Keefe me demanda à voix basse :

« De quoi parlez-vous depuis tout à l'heure ? Je ne comprends rien !

— Ne t'en fais pas, je gère la situation. Je te transmettrai les mots de la langue quand nous serons seuls, le temps que je voie si de nouveaux mots sont apparus dans le langage courant entre-temps. Là, on va au studio pour repérer les lieux, puis on ira dans un magasin de vêtements pas loin pour voir la mode récente, on rentre et on s'habille en conséquence. »

Keefe n'utilisait pas son talent de vol pour une bonne raison : il ne le faisait qu'en cas d'extrême nécessité, si il était en danger ou qu'il voulait m'embêter. Le décès de Paolina le faisait culpabiliser d'utiliser un talent qu'elle lui avait transmis et enseigné, et lorsqu'il l'avait utilisé pour la dernière fois, c'était pour m'empêcher d'aller chez les ogres signer un traité de paix, car j'étais trop fatiguée et je ne voulais pas le reconnaître. Être fatigué dans ce genre de situation n'a rien de bon, mais j'étais vraiment trop bornée alors il m'a retiré et mon cristal de saut, et mes capacités vocales — pour que je ne crie plus au scandale dans toute la maison. Depuis cette histoire, il ne l'avait plus utilisé, ce que je comprends, c'est son choix après tout.

« Ça me va comme plan, dit-il simplement. Et ça s'appelle comment déjà cette langue que tu parles avec elles ?

— Le français. Tu aimes ? Demandai-je avec un haussement de sourcils plein de sous-entendus.

— Oui, et peut être un peu trop, répond-il d'un air charmeur en faisant se frotter nos nez ensembles. »

Je pousse son visage de ma main en soufflant du nez, qu'il est bête.

Les deux femmes devant nous se retournent plusieurs minutes plus tard, gênées.

« Eum... Mademoiselle ?

— Oui ? Répondis-je avec bienveillance. Qu'y a-t-il ? Vous semblez tracassées.

— C'est que, nous ne pouvons malheureusement pas vous escorter jusqu'au studio, nous nous arrêtons avant. Mais ne vous inquiétez pas, vous pouvez entrer le GPS, voici une adresse, dit la vieille humaine en désignant une plaque en haut d'un mur, le premier du centre-ville apparemment, le paysage espacé s'ėtait rétréci d'un coup pour montrer de vieilles maisons à colombages assombries par la pollution environnante.

— C'est que... nous n'avons ni téléphone, ni GPS, avouai-je en les regardant dans les yeux. Mais vous pouvez nous indiquer le chemin par oral, j'ai une bonne mémoire. »

Elles s'entre-regardèrent, sceptiques, et demandèrent :

« Vous êtes sûre ?

— Eh bien oui, qu'y a-t-il ? Fronçai-je les sourcils.

— Le centre-ville est très grand et sinueux vous savez, et vous devez d'ailleurs venir de très loin pour ne pas avoir de téléphone.

— Mon chien me l'a chipé encore une fois, mais passons. Le centre-ville n'est pas plus grand qu'il y a cent ans j'imagine ? Fis-je mine de blaguer tout en étant tout à fait sérieuse.

— Comment était-ce il y a cent ans ? Demanda la plus jeune des deux à la plus âgée.

— Pas si différent que maintenant tu sais, rit doucement l'intéressée. Il y avait plus de gens, c'est sûr, mais l'architecture est globalement la même.

— Comment cela, il y avait plus de gens ? Interrogeai-je à mon tour.

— Vous deviez être bien exclue du monde pour ne pas savoir que des maladies en tous genre ont frappé la population quels que soient l'âge, la nationalité ou bien le sexe. Deux milliards de personnes ont péri, vous savez. En très peu de temps, certes, mais voilà.

— C'est... affreux... Fis-je, réellement surprise et ébahie de voir une vieille dame dire ce genre de chose avec aussi peu d'empathie et autant de calme. Votre famille va bien au moins ?

— Bien sûr, nous nous sommes vaccinés contre une maladie il y a des années, en 2021 je crois, qui a eu tellement d'effets secondaires que nous avons développé des anticorps n'importe comment, et j'ai été protégée pour le siècle qui a suivi. Mais passons, donc pour aller au studio vous devez prendre à droite là bas, puis... »

{}{}{}

« Foster j'ai mal aux pieds, gémit Keefe en laissant traîner la dernière syllabe. On peut faire une pause ?

— Courage mon chéri, selon la vieille dame nous sommes bientôt arrivés. Il reste environ dix minutes de marche, puis on regarde les tenues des gens et on rentre s'habiller convenablement.

— Je peux avoir un câlin ? »

Je faillis rire, mais je me retins de justesse.

« Fourbe.

— Merci ma chérie, moi aussi je t'aime de tout mon cœur.

— Quand tu auras fini de dire des bêtises, tu sauras qu'on est arrivés, Keefe.

— C'est le gros bâtiment moche là-bas ?

— Tout à fait. Merci de ne pas dire au président que tu trouves les bâtiments comme celui-ci ''moches''.

— Pff. Oui maman, râla-t-il en levant les yeux au ciel. »

Quelques minutes plus tard, nous atteignîmes ledit ''gros bâtiment moche'', puis après nous être enregistrés sous les noms que le président m'avait fournis — les membres du staff n'étaient pas au courant de notre condition non-humaine —, nous regardâmes le style vestimentaire des gens autour de nous un peu plus en détail. C'était un véritable patchwork de couleurs vives, parfois plus pâles, et où les formes géométriques avaient le plus leur place, au plus grand désespoir de Keefe qui trouvait ces vêtements laids au possible. Quelques types de vêtements avaient été gardées des « anciens temps », comme les jeans ou les robes, les crop tops ou même parfois des jupes simples, sans formes extravagantes ou bien couleur trop vives. Un quartier plus loin, je vis que les gens avaient une façon de s'habiller totalement différente par rapport aux précédentes personnes que nous avions rencontrées, et les magasins de vêtements proposaient eux aussi des stocks totalement différents.

« Leur manière de s'habiller a l'air d'aller avec leur quartier, tu ne trouves pas Keefe ?

— Si, c'est drôle. Aucune créativité, ces humains. »

Pour résumer le style humain parisien que nous avions devant les yeux, il s'agissait d'un grand fouillis de styles différents, mais qui semblaient correspondre à chacun, ou à son lieu de logement. Cela ne paraîtrait pas trop compliqué de s'intégrer parmi eux ce soir.

Nous nous mîmes à l'écart après une petite promenade dans les parcs sous les rayons du soleil couchant, un air pur circulant dans ces oasis au cœur du désert, et nous sautâmes vers la maison pour manger un peu et s'habiller convenablement.

En arrivant, Keefe fit rapidement chauffer des restes du midi, tandis que je faisais face au même problème que quelques heures auparavant en montant au dressing : les tenues. Simple, mais pas trop extravagant, le but n'est pas de dévoiler toutes nos richesses comme ça. Pas trop simple non plus, il faut être présentable pour le monde entier. Une robe de princesse ne serait pas pratique dans ce genre d'invitation, on enlève donc plus de la moitié de ma garde-robe. Me restent donc : mes robes de soirée mi-longues, les longues mais pas bouffantes, et les pantalons. Pas de pantalon. Même si je déteste les robes, il faut un minimum montrer d'où l'on vient. Et je n'apprécie pas montrer mes jambes, allons donc pour une robe longue, mais non-bouffante.

« FOSTER, À TABLE !

— J'ARRIVE ! »

Je descendis en vitesse parce que j'avais tout de même faim, et Keefe me demanda :

« Alors, cette tenue mademoiselle ?

— Je sais quoi prendre, mais pas laquelle prendre en particulier... Tu sais quoi prendre toi ?

— Je ferai tout au dernier moment, tu me connais. »

Certes. Keefe a un certain talent pour accomplir des choses au dernier moment, mais que ce soit toujours parfait. Il a un talent caché je pense, qu'aucun elfe n'a jamais réussi à maîtriser avant lui.

« En tous cas j'ai bientôt fini ma sélection, je pense prendre la robe que Biana m'a offerte l'an dernier à l'anniversaire de Paolina, qu'en penses-tu ? Demandai-je à mon conjoint, soucieuse de son avis.

— C'est un très bon choix mon amour, au moins je sais comment va se finir la soirée si tu la portes, dit-il d'un air charmeur. »

La première fois que j'avais porté cette robe, le jour de l'anniversaire de Paolina — j'avais proposé de faire comme les humains à Noël mais en l'hommage de Paolina cette fois — où Biana me l'avait offerte, Keefe m'avait dévorée du regard toute la soirée et s'était dépêché de me le faire savoir une fois rentrés, car comme à mon habitude je n'avais rien remarqué. La robe en question était rouge bordeaux pour me mettre en valeur — évidemment — et était ornée d'un corset brodé d'or en délicates volutes en haut, qui se transforment en voiles duveteux dorés à l'arrière, et rappellent la lave, bien que je ne sois pas pyroquinésiste pour autant. C'était une robe épaules nues, quelques rubans de satin reposaient à l'horizontale sur le bas de mes épaules pour maintenir la robe, ainsi qu'un ras-de-cou ouvragé. C'est une robe que je trouve particulièrement jolie, quoique un peu charmeuse, mais qui peut être assez bien pour ce genre d'occasion, il faut pouvoir dire au monde que nous ne sommes pas des charlatans après tout.

« Je ferai ma tenue en fonction de la tienne, me dit mon mari en jouant avec ses sourcils, disant par là qu'il allait tout faire pour me déstabiliser. »

Je souris pour toute réponse, certaine qu'il allait faire n'importe quoi durant cette soirée rien que pour me faire rire.

{}{}{}

« Sophie, j'ai un peu peur, m'avoua Keefe lorsque la musique de l'émission retentit dans nos oreillettes. Ils nous voient en temps réel là ?

— Quand nous serons devant les caméras, oui. Ne t'en fais pas, je sais que tu vas assurer, lui dis-je en lui caressant tendrement la joue. »

Il pencha la tête pour pouvoir la poser sur ma main et me regarda en se mordant les lèvres. La pénombre qui nous entourait rendait son regard flamboyant, et me donnait plus envie de l'embrasser que jamais, à moi aussi. La voix du présentateur s'immisça dans nos oreilles, annonçant que deux invités spéciaux allaient venir ce soir, et un frisson parcourut mon dos. La voix du Président retentit à son tour, et Keefe me serra dans ses bras pour me réconforter. Son pourpoint rouge et or était doux, et le mettait merveilleusement bien en valeur, j'aurais voulu rester dans ses bras pour l'éternité. Malheureusement, le présentateur nous invita à nous montrer, ignorant lui aussi notre condition d'elfes. Seul le Président le savait, et j'osais espérer qu'il ne nous prenne pas pour des menteurs.

« À trois on y va d'accord ? Un... commença Keefe.

— Deux... continuai-je en tentant de me calmer.

— Trois, dîmes-nous ensemble en s'avançant dans la lumière. »

Aussitôt, un tonnerre d'applaudissements se fit pour nous accueillir, et nous fûmes dirigés vers deux sièges aux côtés du Président et face au présentateur, qui nous regarda d'un œil curieux. Ce ne devait pas être souvent que deux personnes se fassent recommander par le Président lui-même, et étaient habillées aussi richement. Keefe s'installa sous les sifflements des femmes de l'assemblée, et moi sous ceux des hommes.

C'est ridicule... nous ne sommes pas de la viande.

« Bien le bonjour, chers invités spéciaux, dans notre émission X, qui interroge les stars du monde entier, traduit dans toutes les langues au moment où nous parlons, car oui, chers téléspectateurs, cette émission est en direct à la demande des deux intrigants ici présents, qui en plus sont plutôt agréables au regard... finit le présentateur en jouant avec ses sourcils dans notre direction, sans en viser un en particulier. »

Le public réagit de façon enthousiaste, apparemment ravi de faire partie d'une émission en direct.

« Alors dites-nous tout chers invités, votre nom, d'où vous venez, et surtout quel est votre domaine de prédilection, car je pense que vous êtes des célébrités — pourquoi le président m'aurait demandé de vous faire venir sinon —, mais je ne vois pas lesquelles vous pouvez être, car votre tête ne me dit absolument rien, à part que vous êtes tous les deux sublimes physiquement et vestimentairement parlant, avoua le présentateur en nous regardant attentivement. »

Moi et Keefe échangeâmes un regard, pour savoir qui allait parler. Il me fit signe d'y aller, alors je me lançai :

« Alors, bonjour à tous, je me nomme Sophie Foster, et voici mon mari, Keefe Foster. Nous sommes ici à la demande du président, car nous voulions à la base faire une annonce plus... formelle, mais il a insisté pour que ce soit dans une émission télévisée, pour ne pas nous tourner au ridicule je l'espère.

— Ce que vous avez à nous annoncer, est-ce donc si étrange ? Pouffa le présentateur en jetant un regard en coin au président qui gardait ses yeux rivés sur moi.

— Oui. C'est pourquoi je vous demanderai de mettre votre cerveau en veilleuse quelques instants, et même non, fermez tous les yeux. »

Le présentateur — appelons-le Pierre — haussa un sourcil, puis lança à la cantonade :

« Allez tout le monde, on ferme les yeux ! Vous aussi, président !

— Je ferme les yeux ? Me demanda Keefe, curieux de ce que j'allais faire, sans pourtant se soucier de si les autres l'entendaient, ce qui était le cas, comme me le firent remarquer les sifflements des humaines.

— Non, pas toi, souris-je. »

Quand tous eurent fermé les yeux, je me levai et me positionnai assise au plafond, pendue comme une chauve-souris, maintenant parfaitement ma robe étalée autour de moi par télékinésie, mes cheveux étaient attachés donc ne risquaient pas de tomber. Je commençai :

« Sur cette Terre meurtrie, beaucoup d'êtres-vivants vivent. Il y en a de toutes sortes. Végétales, animales, humaines, et bien d'autres, qui vivent cachées. Dit comme cela, on pourrait penser que c'est le début d'un mauvais film de science-fiction. Et pourtant, il n'en est rien. Quand je vous le dirai, vous ouvrirez les yeux, et vous verrez de quoi je veux parler. »

Keefe comprit ce que je faisais, et s'envola pour coller ses pieds au mur et marcher d'un bout à l'autre de la salle ronde. Quand je lui fis un signe de tête, il prononça, d'une voix plus rauque que d'ordinaire, sans doute pour me déstabiliser :

« Ouvrez les yeux quand vous le voulez, chers humains. »

Beaucoup froncèrent les sourcils à ce mot, et furent ébahis en voyant où nous nous trouvions, Keefe au mur et moi au plafond. Je continuai, imperturbable :

« Ces êtres que vous n'avez pas le souvenir d'avoir rencontrés, ils existent pourtant, et vous ont aidés il y a bien des années de cela, pour vos découvertes scientifiques et organisations diverses. Oui, jusqu'à maintenant ils s'étaient cachés, ''pourquoi'' me direz-vous ? Parce qu'ils avaient peur.

C'est à ce mot que Pierre ouvrit les yeux, et vit Keefe non plus sur sa chaise, mais sur le mur de l'autre côté, en train de faire l'imbécile. Sa bouche s'ouvrit sous la surprise, et il me chercha du regard sans me trouver. Enfin, il demanda :

« Où est... notre invitée ? »

Une petite fille dans le public, nullement effrayée, me pointa du doigt. J'étais en effet juste au-dessus de Pierre, et il tomba de sa chaise quand il me vit en train de le regarder. Je lui souris d'un air rassurant, puis me décollai du plafond pour prendre la petite fille et l'emmener en l'air.

« Ces êtres ne sont pas méchants. Il se croient supérieurs à vous, ce qui en un sens est vrai, mais ils sont bienveillants. Nous en faisons partie, et non vous ne rêvez pas, vous êtes bien éveillés et vous nous voyez... voler. Nous pouvons faire bien d'autres choses, que beaucoup d'entre vous n'imagineraient même pas, et pourtant c'est possible, il suffit de faire confiance à votre instinct qui vous dit que nous ne sommes pas malveillants. »

Je reposai la petite fille par terre, qui avait beaucoup apprécié le petit tour de manège, et repris :

« Peut être pensez-vous que nous sommes venus vous envahir, ou que sais-je, mais il n'en est pas question ici. Nous sommes venus vous faire savoir que nous existons, et qu'ensemble il est possible de remettre cette planète abimée sur pieds. Nous y sommes depuis plus longtemps que vous, notre espèce vous a vu naître, mais votre mental est plus apte à mentir, voler, ou faire des actes malveillants que nous. Les nôtres ont eu peur, car notre esprit est plus faible que le vôtre, et mentir nous est quelque chose de difficile par exemple. Nous nous sommes cachés, puis vous avons aidés car notre technologie était plus avancée que la vôtre, mais on ne peut pas échapper à sa propre nature, vous nous avez trahis. Nous nous sommes cachés pour de bon il y a plusieurs siècles, vous laissant à vous plus de la moitié de la planète et nous regroupant, nous et d'autres espèces intelligentes sur les cachettes que vous n'avez jamais découvertes.

— Aujourd'hui, moi et ma compagne avons fait des démarches auprès de nos dirigeants pour pouvoir vous contacter légalement, pour redevenir un peuple, uni et en harmonie avec la nature qui aujourd'hui se meurt dans vos villes et vos campagnes. Nous avons les capacités de réparer cela, il suffit de nous faire confiance.

— Et qui êtes-vous ? Balbutia Pierre, sous le choc.

— Les elfes, articulai-je en fixant le président français, qui n'avait pipé mot depuis le début. »

Un grand silence se fit dans l'assemblée, et je fis signe à Keefe de me rejoindre sur le sol. Nous nous rassîmes et le Président demanda :

« Que pouvez-vous faire pour nous ?

— Sur quel point de vue ? Demandai-je à mon tour. »

Il soupira.

« Je sais bien que notre planète est parvenue à un état critique depuis quelques dizaines d'années... et nous n'arrivons pas à nous redresser, quand bien même nous le voulons cette fois. La seule solution trouvée par l'homme est de balancer les déchets encombrants dans l'espace, mais ce n'est pas la plus glorieuse pour moi... alors pouvez-vous nous aider ? »

Je souris. J'ouvris la bouche pour répondre, mais Keefe me coupa en chuchotant de façon très peu discrète :

« Ils lancent leurs déchets dans l'espace ? C'est monstrueux ! »

Je me pinçai les lèvres pour ne pas rire de son étonnement, et répondis au Président français :

« Nous serons plus à l'aise pour en parler dans votre bureau. Je pense que les enfants du public n'apprécient pas vraiment que nous parlions problèmes écologiques... »

Quelques enfants et adolescents hochèrent vigoureusement de la tête. Pierre — le présentateur que j'ai baptisé ainsi —, ayant repris du poil de la bête, lança :

« Je ne sais pas vous chers téléspectateurs, mais moi j'ai bien envie de savoir tous ce dont les elfes sont capables, si vous ne mentez pas depuis le début bien sûr... peut être êtes-vous des scientifiques qui ont trouvé comment créer des machines portatives capables de voler, on ne sait pas... »

Keefe répondit, espiègle :

« Demandez, vous serez servi ! Je peux TOUT faire.

— Tout ?

— Oui. Tant que cela ne me ridiculise pas bien sûr, précisa-t-il néanmoins.

— Je vous en faites pas Keefe, je pense que nos chers téléspectateurs ont juste besoin d'un exemple, et d'une démonstration. Pouvez-vous par exemple... »

Pierre attrapa une tablette et fit dérouler des commentaires qui s'affichaient en masse.

« Devenir invisible ? Demanda-t-il en relevant la tête, réellement curieux de la réponse. »

Keefe orienta son regard vers moi, gêné, et je me penchai à son oreille en couvrant mon micro.

« Ne le fais pas si tu n'en as pas envie mon amour. Ce choix t'appartient.

— Je vais le faire, dit-il à Pierre. Cela demande par contre un peu de préparation au début.

— Fort bien, nous attendons.

— Demandez plutôt quelque chose à ma chère compagne, c'est une elfe aussi après tout, esquiva-t-il en me lançant un regard narquois. Les dames d'abord, comme on dit ici je crois.

— Tout à fait, rigola Pierre, alors Sophie... je ne sais quoi vous demander... avoua-t-il en cherchant dans sa tablette. Ah, plus difficile je pense : faites exploser mon verre. »

Ledit verre était un verre de collection Coca-Cola, qui projetterait sûrement beaucoup de bouts de verre partout si je le faisais exploser.

« En êtes-vous sûr ? Je pense que vous me sous-estimez. Il doit couter cher ce verre... vous me croyez humaine, n'est-ce pas ? Et pourtant... je peux lire dans vos pensées les plus intimes sans le moindre effort, vous savez ? Dis-je calmement en me penchant en avant sur la table, faisant perdre son sourire au présentateur. Ou bien faire exploser ce verre, puisque vous semblez le vouloir... »

Il n'esquissa pas un mouvement, alors j'en conclus que ce ne serait pas une grosse perte, et je fis ''exploser'' le verre de collection, comme il disait, en mettant ma main comme une serre.

Il est vrai que la canalisation externe peut s'y apparenter.

Il sursauta quand le verre se fractura lentement — je prenais mon temps pour m'amuser —, puis s'éleva dans les airs et explosa sans projeter de verre partout. Je fis ensuite réatterrir  les morceaux de verre, qui se posèrent docilement sur la table.

« N'est-ce pas plus propre comme cela ? Chantonnai-je presque en lui offrant un immense sourire. »

Le sien était figé, conscient que ça aurait pu être lui à la place du verre. Pas besoin de lire dans ses pensées pour cela.

« Keefe, avez-vous terminé ? Demanda le président pour alléger la tension qui s'était installée dans le studio.

— Oui, dit une voix invisible. »

L'assemblée sursauta quand mon mari apparut derrière moi, sa tête posée sur mon épaule. Il me sussura en langue des lumières :

« Bien joué, le coup du ''c'est plus propre comme cela'', mademoiselle Foster. J'ai failli rire devant sa tête déconfite. Et vos menaces à demi-mot... je sens que nous allons discuter plus tard, hm ? »

Je rougis pour toute réponse, faisant rire le présentateur, qui n'avait rien perdu de la scène, à part les paroles.

« Oo~oh, je sens qu'il y en a qui vont s'amuser ce soir, dit-il en jouant des sourcils. Je suppose que vous avez parlé dans votre langue, alors que vous a-t-il dit pour que vous rougissiez de la sorte ?

— Vous... n'avez pas besoin de le savoir, répondis-je en rougissant de plus belle à l'évocation de ce que l'amour de ma vie venait de me dire.

— Fort bien c'est votre choix après tout, et Keefe a parfaitement réussi son défi ! Un petit mot pour la fin, chers elfes ? »

Nous échangeâmes un regard, puis Keefe annonça :

« Avant de partir, sachez que nous existons, qu'il ne sert à rien de partir à notre recherche à travers le monde, parce que vous ne feriez que mettre nos futurs arrangements à l'eau, et votre dirigeant ne le désire pas je pense. Nous ne voulons que vivre en paix, pas vous envahir ou quoi que ce soit, parce que vous avez vu nos capacité et si on l'avait voulu on aurait mis cet endroit à feu et à sang. Enfin, pourriez-vous dire à Sophie, comme dernier défi, de m'embrasser s'il vous plaît ? »

Je lui donnai un coup de coude.

« Tricheur !

— Merci ma chérie.

— Cela est étrange, mais si vous voulez. J'imagine que vous partirez juste après, alors je vous le dis maintenant : vous formez un couple magnifique. Depuis quand vous connaissez-vous ?

— Un siècle et trois ans. Le défi s'il vous plait. Ce n'est pas pour nous afficher, mais j'ai un jeu à gagner...

— Pas le temps ! Coupai-je en prenant sa main. Au revoir tout le monde, et à très vite surtout !

J'emmenai Keefe à ma suite à toute vitesse sans laisser le présentateur dire quoi que ce soit, sidéré de la date donnée et du fameux ''jeu'' à gagner... Mais Keefe me stoppa dans ma course avant que nous ne soyons sortis de la pièce, et lança :

— DITES VITE LE DÉFI LORD- MONSIEUR ! ELLE VEUT S'ENFUIR !

Le public applaudit le futur spectacle, et moi je cherchais un moyen de me téléporter sans emmener Keefe avec moi, mais il me retenait trop fort, et j'entendis avec horreur le présentateur annoncer le défi.

« Madame Foster, pourriez-vous, comme dernier défi avec nous, embrasser votre mari s'il vous plaît ? »

Je soupirai et rougis en même temps, car ses lèvres m'avaient manqué à un point inimaginable durant toute la journée, mais je savais que si je commençais à l'embrasser maintenant, je ne pourrais plus m'arrêter.

« Eh bien, on n'obéit pas au présentateur ? Fit Keefe d'un air espiègle en haussant un sourcil. C'est très vilain ça... rajouta-t-il en langue des lumières. »

Je fermai les yeux et déposai un chaste baiser sur ses lèvres, doux et un peu stressé aussi, car je n'oubliais pas du tout que des caméras filmaient ce que nous faisons et le diffusaient dans le monde entier en direct. Je me retirai rapidement, le retenant quand il voulut l'approfondir.

« N'y pense même pas.

— Oh, vous êtes vraiment merveilleux, dit le présentateur en souriant sincèrement. Je vous souhaite tout le bonheur du monde ! Un dernier tour de magie pour votre départ, ou partirez-vous par la porte comme des gens civilisés ?

— Un dernier tour, mais c'est bien parce que c'est vous, souris-je faiblement, honteuse d'avoir perdu de la sorte. »

Je pris la main de Keefe, saluai les humains une dernière fois et n'attendis pas de réponse particulière pour nous téléporter en un petit pas. Nous atterrîmes dans le salon de la maison, et je lâchai la main de Keefe.

« Tu es un tricheur, dis-je le dos tourné. Obligé de demander à un humain... mais voyons, quelle indignité cher mari...

— Tu dis ça parce que tu as honte, je le sais, me dit mon indigne mari en se rapprochant de moi. Mais au fond, tu sais que tu voulais m'embrasser...

— Ce n'était pas un vrai baiser, souris-je en me tournant. Par contre, j'aimerais déclarer les hostilités terminées maintenant que j'ai perdu...

— À vos ordres mon amour... soupira Keefe d'une voix rauque qui me fit de grands frissons dans le bas du dos. »

{}{}{}

Quelques minutes après ces vapes étranges dans lesquelles nous étions plongés, il me murmura :

— Je t'aime mon amour.

— Moi aussi, voleur de mon cœur.

Il me sourit, puis me prit dans ses bras.

— Je sais que tu es toujours triste à propos de ce dont nous avons parlé il y a quelques temps, mais tu sais qu'il y en a une qui serait ravie de t'aider...

Inconsciemment, je me rendis contre lui à l'entente de ce sujet. Ce fameux sujet.

— Je ne sais pas Keefe...

— Qu'est-ce qui te retient ? Opposa-t-il avec sagesse.

— Et si ça ne marchait pas ? Et si en fait tu ne te fais qu'une illusion et nous serons déçus en tentant cela ?

— On ne perd que ça à essayer, alors qu'il y a tant à gagner en contrepartie... murmura-t-il près de mon visage.

Je soupirai en le regardant. Oui, il y avait beaucoup à gagner, et cela nous rendrait plus heureux qu'un apyrodon dans un brasier. Mais si cet espoir était basé uniquement sur une envie compréhensible, et que sous cette apparence alléchante se cachait en fait un doux mensonge ?

— Je t'en prie. Je ne ferai rien sans ton accord, mais tu sais que cela pourrait être si bien... Me supplia encore Keefe.

haaa... D'accord.

Il sautilla de joie sur le matelas et me prit dans ses bras une nouvelle fois.

— Merci mon amour que j'aime plus que tout au monde, je te revaudrai ça.

Je l'embrassai en souriant. Il avait gagné.

Cette nuit, je vais demander un enfant à Paolina, et nous pourrons enfin être parents.

[<>] [<>] [<>]

Coucou :)
Ça faisait longtemps que je n'avais pas publié ici ! Ça fait deux ans, et wow, c'est pas si mal fait que ça !
Il y a quelques temps, j'ai pris la décision de faire quelque chose pour ce bonus, car il présente dans sa version corrigée — d'il y a deux ans — un contenu clairement inadapté, et que ça me dérange vraiment par rapport aux jeunes regards qui le lisent — je m'en rends compte en voyant la quantité de commentaires d'un(e) abonné(e) ou de ce qui y est dit... — et je culpabilise de les pervertir :)

Mais j'ai dépublié ce bonus il y a deux-trois semaines, et quelqu'un m'en a fait la réflexion ; je le republier donc, mais sans sa partie principale. Voyez ça comme une censure.

Le bonus original, je l'ai gardé, car c'est le seul lemon que j'aie jamais écrit et que son écriture a été heaucpup trop longue pour qu'il soit jeté aussi facilement, surtout qu'il est marrant.

Je ne le republierai pas, je le garde pour moi, mais si naguère vous avez un âge correct — c'est moi qui décide duquel — et que vous brûlez d'envie de le découvrir, envoyez-moi un mp et on verra.

Si vous avez aimé sinon, que pensez-vous d'aller visiter mon profil et de lire ce que j'ai à proposer d'autre, en dehors de GDCP ? :)

Bonne nuit.

{}{}{}

Bien le bonsouéér !

C'est peu lisible mais je le dis comme ça alors on va faire avec.

Comment allez-vous ? Moi bien... la rentrée c'est dans deux jours, je commence à angoisser — il était temps. J'entre cette année en seconde, le début du lycée — saint lycée, école bénie et lieu où apparaissent toutes les histoires bidon sur Wattpad à propos d'une fille différente des autres et bla bla bla... —, je ne suis pas seule rassurez-vous, mais du coup je ne sais pas la dose de devoirs que j'aurai à faire, j'ai pour habitude de m'avancer dedans mais si je croule sous les travaux ce n'est pas garanti que mon compte soit toujours ajourné.

Chères pommes de terre, si vous avez apprécié ce petit roman, n'hésitez surtout pas à voter, à vous abonner à ma chère plume qui s'est surmenée ces deux dernières semaines (une semaine et demie pour 11 000 mots, applaudissez-moi) sous la tutelle de ma chère patronne (qui n'a pas besoin de se manifester, elle sait que je parle d'elle) et les encouragements d'une nouvelle abonnée qui m'a réchauffé le cœur quand je m'ennuyais cet après-midi, j'avoue que tu m'as vraiment motivée à finir ce chapitre cette nuit, ma posture me fait mal au dos et je serai crevée demain, mais grâce à toi il y a une fin à ce bonus avant la rentrée, remerciez-la en commentaire elle sait que je parle d'elle.

Eh bien, je ne sais plus guère quoi vous dire, à part que tous les commentaires ont été lus et ne sont pas passés sous les yeux qu'une aveugle — j'en suis pas loin mais c'est pas grave —, ces commentaires m'ont faite rire — il y a des trublions parmi vous, c'est fantastique — et ont égayé mes journées pas toujours florissantes, donc merci à vous.

Ps : cette NDA est très longue mais j'avais beaucoup de choses à dire, désolée si il y a des fautes parce que je ne me relis jamais, si les 'a' et les 'à' ont des problèmes c'est mon clavier le responsable, et bonne nuit à toutes mes pommes de terre chéries !

Et également avant que je n'oublie, la conversation de la fin peut paraître inutile, mais je ne savais pas comment placer ce que je voulais donc voilà : Sophie est stérile parce que le Cygne Noir s'est trompé dans ses calculs, et du coup Keefe veut qu'elle demande à Paolina d'exaucer leur souhait de devenir parents.

Signé :
Une adolescente qui a vraiment très mal à l'épaule droite mais qui est contente d'avoir terminé cet os si long.

Date d'écriture : 18/08/2021 - 01/09/2021


Pour le fun, je vous laisse l'ancienne NDA qui est toute aussi importante que la première, car même si le contenu a radicalement changé d'une version à l'autre du bonus, mon avis dessus ne change pas.

[<>]

Heya.

Je trouve ce chapitre très mal écrit.

C'EST UN BONUS, ET JE MET QUAND MÊME TOUT PLEIN DE SCÉNARIO, JE M'EXASPÈRE !!!!

Hem hem.

J'ai tenté de me rattraper sur la fin en mettant un moment sokeefe, c'est quand même le titre quoi...

On dirait juste un livre porno !

Ne mentez pas.

Dites-moi si je suis allée trop loin, ou si vous vous êtes régalés, en tout cas moi je dis les deux.

J'ai honte, mais j'ai adoré.

Très contradictoire, oui.

Et j'ai l'honneur de vous annoncer....

Que ce livre est terminé !

N'hésitez pas à vous abonner si vous avez aimé, à mettre une pitite étoile, et puis à recommander mon livre à vos amis sokeefe !

A bientôt mes pommes de terre !

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