La jeune fille ralentit le pas pour ne pas réveiller Fitz. Mais lorsqu'elle l'aperçut, elle sut qu'il ne dormait pas. Elle n'avança pas plus vite pour ne pas le surprendre, mais il tendit la main et murmura.

-Merci.

Ce mot, prononcé du bout des lèvres... faillit faire exploser le coeur de la jeune fille.

N'y tenant plus, Sophie se jeta dans les bras de celui qu'elle aimait, les larmes coulant à flot d'un seul coup. Les dents et les paupières serrées pour étouffer ses violents sanglots, elle s'agrippa à Fitz comme si sa vie en dépendait. Elle avait réellement cru qu'elle allait le perdre, elle ne pouvait se résoudre à penser qu'il était bien là, conscient, à lui caresser lentement le dos pour tenter de la réconforter. Elle ne savait pas combien de temps elle resta ainsi, à laisser couler ses larmes dans les bras de celui qu'elle avait failli perdre. Personne n'osa les interrompre. Ni Sophie, ni Fitz ne brisa le silence. Ils avaient besoin de cet instant. Hors de la réalité. Après quelques secondes, Sophie avait senti quelque chose de mouillé dur ses cheveux. C'était Fitz. Il avait appuyé sa tête contre celle de son Apparentée, et avait lui aussi laissé couler ses larmes. Lorsque les sanglots se Sophie furent moins violent, elle considéra que c'était le bon moment. Le bon moment pour transmettre :

-Ne me remercie pas... 

Après un silence, elle ajouta :

-Tu sais, j'ai bien cru que j'allais te perdre, et moi aussi, par la même occasion.

-Je sais, répondit Fitz.

Il déposa un baiser sur la joue de Sophie. Ils desserrèrent leur étreinte, se regardèrent un instant et essuyèrent leurs lames avant de rire. À présent, c'était fini. Certes, ils n'étaient pas au bout de leurs peines, mais ils étaient saufs.

La Brigade, le Conseil, les Invisibles et leur prisonnière, cette guerre qui menaçait d'éclater...

Toutes les misères qui les guettaient.

Elles étaient encore là. Il faudrait les résoudre un jour. 

Mais ils étaient heureux.

C'était tout ce qui comptait.