Les Cyclopes ne ressemblaient absolument pas aux Cyclopes que Sophie s'imaginait.

Elle pensait qu'ils étaient des géants de six mètres de haut, très forts capables d'arracher les arbres à une main. Qu'ils étaient tellement horribles que le seul fait de les regarder nous pétrifiait de peur avec leur immense œil unique. Hormis l'œil unique, elle se trompait sur toute la ligne.

Ils n'étaient pas horribles. Ils avaient certes un seul œil, mais ça allait bien avec le reste du corps. Ils étaient même assez séduisants. Mais le pire, c'est surtout que les Cyclopes n'étaient pas géants. Ils étaient même de la même taille qu'elle, ou un peu plus grands quand même. Ils devaient faire un mètre nonante (quatre-vingt-dix) et étaient bien bâtis, ce qui laissait penser qu'ils étaient en effet très forts.

Ses amis avaient l'air aussi abasourdis qu'elle. Seuls les gardes du corps n'avaient pas l'air surpris. Ils finirent tous par se mettre en position de combat.

Mais les Cyclopes n'attaquèrent pas. Ils les contournèrent, et l'un deux abattit le gourdin qu'il tenait en main sur quelque chose.

Sophie et ses amis se retournèrent et regardèrent avec un mélange d'effroi et de surprise la créature que le Cyclope venait d'abattre. C'était un lapin. Jusque là, rien d'étrange. Mais ce lapin était très grand (pour un lapin) et il avait des cornes et des dents de sabre.

Un lapin cornu à dents de sabre.

Normal, quoi.

Après toutes ces années passées dans les Cités Perdues, plus rien n'étonnait Sophie.

Les Cyclopes se retournèrent.

― Heureusement qu'on était là. Cette bestiole n'aurait fait qu'une bouchée de vous, dit l'un.

― Vous êtes des... des Cyclopes ? s'exclama Sophie.

― Oui, pourquoi demandes-tu cela ? répondit un autre. On n'a pas l'air de Cyclopes ?

Ils se mirent tous les trois côte-à-côte et sourirent comme des enfants.

― Euh... si, bien sûr... bredouilla Sophie.

― Que disent-ils ? lui demanda Fitz.

Sophie se retourna sur celui-ci et fronça les sourcils.

― Comment ça ? Tu ne les comprends pas ?

― Non, répondit Keefe. Vous parlez dans une langue que l'on ne connaît pas du tout.

― Ah bon ?! fit la Télépathe qui n'avait rien remarqué.

― Moi je comprends, déclara Sandor.

Les autres gardes du corps dirent de même.

Grady devint soudain blême.

― Sophie, l'interpella-t-il. Vous parlez une langue très ancienne. La langue que parlaient certains des plus vieux anciens quand ils étaient jeunes. Même avec tes talents de polyglotte, je ne savais pas que tu pourrais la parler. Moi-même je n'en connais que quelques mots en tant qu'Émissaire.

― Encore un cadeau du Cygne... marmonna sa pupille.

Elle s'adressa aux Cyclopes.

― Vous ne parlez pas la langue des lumières ?

― Bien sûr que si, répondit le troisième Cyclope en passant en langue des lumières. Nous voulions voir si le fameux Colibri connaissait cette vieille langue.

― Co-comment connaissez-vous ce nom ? s'exclama-t-elle.

Un Cyclope ricana.

― Nous en savons plus sur toi que tu ne le pense, Sophie Foster.

Sophie tituba. Fitz lui prit la main et elle s'accrocha à lui comme à une bouée de sauvetage.

Le Cyclope qui venait de parler se tourna vers Sandor.

― Et toi, Gobelin, comment oses-tu amener des Elfes dans cette forêt hantée ? C'est de l'inconscience. Tu sais certainement mieux que quiconque que cette forêt abrite un monstre horrible.

Tous les Elfes sursautèrent.

― Des Monstres ?! s'exclama Dex. Qu'est-ce que c'est ?

― J'allais le dire, dit Linh.

― Vous ne savez pas ce que sont les Monstres ? demanda Sophie à Grady.

― Non, pourquoi ? Tu le sais ? répondit celui-ci.

Sophie prit l'air gêné car tout le monde la regardait à présent. Bien sûr, elle avait l'habitude d'être le centre de l'attention ces derniers temps. Mais là, c'était comme s'ils se rendaient compte seulement maintenant qu'elle était un monstre.

Un monstre.

C'est le cas de le dire.

― Eh bien, commença-t-elle, chez les humains il y a des millions de livres qui traitent de ce sujet. Chez-nous, les Monstres sont des créatures imaginaires, horribles pour la plupart, qui se font souvent battre par un des protagonistes.

― Et c'est presque pareil ici, dit Sandor. Ils ne sont bien sûr pas tous horribles, mais la plupart si. Les Cyclopes sont des Monstres. Ils font partie des rares Monstres qui ne sont pas horribles.

Un Cyclope hocha la tête.

― Les Monstres vivent uniquement chez les Gobelins, les Trolls et les nains, continua Sandor.

― Pourquoi cela ? l'interrogea Sophie. Pourquoi n'y en a-t-il pas ailleurs ?

― Car les Elfes ont exterminé ou fait fuir tous les Monstres qui se trouvaient autrefois sur leur territoire, répondit un Cyclope. Les Gnomes, eux, n'ont pas vraiment de royaume, et les Ogres ont tué tous les monstres sans pitié. Seuls les Gobelins, les Nains et les Trolls les ont acceptés. L'ancien roi Gobelin nous a autorisés, moi et mes frères, à emménager ici. C'est d'ailleurs ce Gobelin qui vous accompagne qui nous a fait emménager.

Tous se tournèrent sur Sandor.

― Sandor ?! s'exclamèrent-ils tous d'une même voix.

Ce dernier esquissa un sourire triste.

― En effet, confirma-t-il. C'était l'une de mes premières missions. Le roi Ungrid le Brave nous avait ordonné, à moi et quelques autres, de conduire les Cyclopes en lieu sûr.

― Et c'est cette forêt que tu appelles un lieu sûr ? ricana Keefe. Franchement, Gigantor, tu aurais pu choisir une forêt pleine de paillettes et d'éclateroles. (Note de Biana : Pour une fois, je suis d'accord avec Keefe !!)(Note de Fitz : Ah, les filles...)

Sandor l'ignora.

― Nous les avons donc conduits au fin fond de la forêt, où nous avons construit une habitation gigantesque. De quoi tenir toute une vie. Ce que nous n'avions pas prévu, c'était le Monstre.

― Savez-vous à quoi il ressemble ? demanda Grady aux Cyclopes ?

― Bien sûr que non, répondit l'un deux. Tous ceux qui l'ont vu sont morts. Nous n'aurions certainement pas fait exception.

― Bref, fit Sophie, ce n'est pas la raison pour laquelle nous sommes venus.

― Et pourquoi êtes-vous venus, alors, jeunes insensés ? demanda un Cyclope.

― Nous sommes venus chercher le père de Sophie, répondit Dex. Alors, si vous savez où il se trouve, dites-le nous s'il vous plaît.

Le Cyclope rit.

― J'admire ton audace, jeune Elfe. Et nous avons en effet des informations à vous donner.

― Alors où est-il ? demanda Sophie.

Fitz posa la main sur son épaule.

― Patience, Colibri. Nous allons vous amener à lui.

― Où vit-il ? demanda Biana.

― Chez-nous, bien-sûr. Vous ne croyiez tout de même pas que nous allions le laisser seul toutes ces années ? Suivez-moi, c'est par ici.

Les Cyclopes se levèrent et marchèrent d'un bon pas dans la direction d'où ils étaient arrivés.

Les Elfes et leurs gardes du corps les suivirent.

Sophie rattrapa les Cyclopes devant.

― Au fait, demanda-t-elle, comment vous appelez-vous ?

Les Trois frères se retournèrent et sourirent.

― Excellente question, dit l'un.

― Nous nous demandions si vous alliez la poser, ajouta un autre.

― Je suis Brontès, et voici Argès et Stéropès déclara le dernier en désignant ses frères de la main qui ne tenait pas le gourdin.

Et voilà, un chapitre de 1174 mots rien que pour vous.

Je n'ai pas publié de long chapitre ces derniers temps, mais je me rattrape !

En plus, j'ai adoré écrire celui-ci.
J'espère qu'il vous a plu.

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Merci beaucoup d'avoir lu ce chapitre. Moi je vous dis à la prochaine !

Ninofr