Chapitre rédigé avec énormément talent par Sound_of_darkness ! Et corrigé par moi-même 😉 Ce n'était pas du tout des fautes de français, car ton orthographe était parfait, c'est juste que depuis le début du roman tout est écrit au présent de l'indicatif, et tu l'a écris au passé. Désolée... je n'avais pas précisé ce point ! 1, 2, 3, action ! PS : Si vous voyez des fautes d'orthographe, c'est moi la responsable ! Merci de me le signaler.

- Raconte donc à Tonton Keefe !

Adossé au tronc du panacier de Calla, il fait courir ses doigts le long du tronc ; son ton est détaché mais ses yeux plissés trahissent son anxiété.

- C'est juste... qu'il faut que j'arrive à le formuler correctement.

J'avait préféré rester assise. Avoir fait les cent pas des heures durantes les jours précédents ne m'avait pas vraiment fait du bien aux pieds, et je préférais ne pas trop les ménager pour le moment.

Hors, nul doute que je ne pourrai pas s'empêcher de recommencer si je me levais.

Keefe s'accroupit près de moi et me prend les mains.

-Allez, Foster ! Raconte-moi cette chose que tu meurs d'envie de me dire, et qu'on en finisse. (Il baissa le ton comme pour me confier un secret.) Et si c'est pour m'avouer que tu trouves mes cheveux incroyablement magnifiques, je suis déjà au courant. Mais ça me touche quand-même.

J'éclate de rire et secoue la tête, avant de me rappeler la raison qui m'avait poussée à venir ici, sous le panacier de Calla, dont le doux chant des feuilles pourrait sans nul doute apaiser Keefe lorsque le lourd secret que je tiens depuis bien trop longtemps lui sera révélé.

Je reprend aussitôt mon sérieux.

-Écoute, c'est à propos de la cache d'Oralie.

-Pardon ? Je suis censé comprendre ?

Je tourne la tête pour vérifier qu'on ne nous écoute pas. À une vingtaine de mètres, Ro et Sandor discutent avec force gesticulations. Je peux parler sans crainte.

Je soupire.

-Je vais t'expliquer.

Et je lui raconte tout, depuis ma visite chez la Conseillère Oralie, où elle m'a appris que celle-ci n'était nulle autre que ma mère biologique, jusqu'à l'ouverture de la cache.

Keefe, jusque là silencieux, pose sa première question :

-Quelles autres personnes sont au courant ?

-J'en ai parlé à Fitz l'autre soir. Donc pour l'instant, il n'y a que vous deux. Je n'aimerais pas que toute cette histoire remonte aux oreilles de Grady et d'Edaline, tu comprends ?

Le jeune Sencen hoche la tête.

-Ouais, je comprends. Et qu'est-ce que tu as découvert avec cette cache ?

Je chasse une fleur de panacier du talon. Le geste m'arrache une grimace de douleur, et je me masse le pied. Lentement, je me mets à réciter les mots que j'avais appris par cœur, et qui envahissaient mon esprit depuis le jour où Oralie était venue me voir.

-Il y a longtemps, des millénaires de cela, les cités perdues étaient gouvernées par une dictature. Mais un groupe de rebelles s'est formé. Leur but était de créer des elfes aux capacités dépassant celles des autres, pour que ceux-ci rétablissent la paix au sein du monde. Les rebelles ont commencé à manipuler la génétique, mais ils étaient encore loin d'avoir réalisé leur projet. Au bout de quelques décennies, la dictature s'est éteinte. Comment ? C'est un peu flou. Mais les rebelles ont eu l'impression que tous leurs efforts étaient inutiles. Les disputes ont surgi entre eux. Et ils se sont divisés en deux organisations. Puis, un soir d'hiver, il y a eu une prophétie. Nul ne sait d'où elle venait. Mais cette prophétie a prédit que viendrait l'époque où chacune des deux divisions de rebelles accomplira leur projet d'origine ; que chacune créera un elfe capable de changer, de protéger, et de sauver le monde. Et le jour où la Lune sera le plus proche de la Terre, le soir où ceci s'accomplira... ce sera le jour de la Lune Stellaire. Et les deux elfes devront se retrouver. Là sonnera l'heure de vérité, et la guerre pourra commencer.

Keefe cligne des paupières.

-Alors, je ne sais pas si tu as complément disjoncté ou...

-Keefe !

-Okay, okay, pardon. (Il lève les mains devant lui.) Non plus franchement, elle est cheloue cette histoire.

Je le fusille du regard, et rétorque, sarcastique :

-Wahou, sans blague !

-Eh ! Ça ne veut pas dire que je ne la crois pas. C'est vrai, après tout, toute vie logique a sa prophétie !

Il tente un clin d'œil, mais je le connais assez bien pour savoir qu'il a beau tenter la plaisanterie, il crois profondément en cette « légende ».

-Et du coup. Tu as une idée de qui peuvent bien être ces deux fameux elfes ? S'ils existent, déjà.

Je soutiens son regard.

-Deux elfes. Chacun issu d'une organisation rebelle différente. Doués de capacités plus puissantes que celles des autres. Ça nous laisse qui, comme suspects ?

Keefe recule, comme s'il s'était pris un coup dans le ventre.

-Attends, tu veux dire...

-Oui Keefe. C'est exactement ce que je veux dire.

L'Empathe regarde ses mains d'un air effaré.

Néanmoins, au bout d'une dizaine de secondes qui me parait une éternité, il relève la tête vers moi et me demande d'une voix étranglée:

-Tu parles de nous deux ?