16.Fitz
Écrit par Potato_0607 ❤️
PDV FITZ
"Chers enfants, si vous êtes réunis ici c'est pour apprendre à vous battre et à aiguiser vos compétences pour la guerre qui nous a été annoncée, s'introduit mon père alors que nous sommes tous les huit debout devant lui, habillés comme si on allait courir toute la journée. Pour ces deux prochaines semaines, je me chargerai de vous faire faire des exercices pour améliorer votre force mentale, Lady Cadence vous enseignera comment renforcer vos compétences, vos mentors viendront spécialement de Foxfire pour que vous continuiez votre apprentissage de vos talents respectifs, et vos gardes du corps vous entraîneront au combat et à l'utilisation stratégique de vos talents. Des questions ? "
Moi ça me paraît clair. Je tourne la tête vers les autres, et mis à part le fait que tous hochent la tête sans répliquer, plus ou moins heureux d'être là, je remarque que Keefe a l'air particulièrement maussade et à l'écart. C'est étrange, il allait pourtant bien hier.
Ce n'est pas lui qui a demandé à mon père si Elwin pouvait passer, tout à l'heure ? Réalisé-je en me repassant notre petit-déjeuner aux aurores. Il se sentirait mal ?
Je l'observe un peu mieux. Il est voûté, et a des cernes assez longues, mais n'a pas l'air d'avoir particulièrement mal quelque part ou d'avoir de la fièvre. Il doit juste avoir mal dormi.
"Bien, nous commençons donc par votre force mentale, continue mon père, avec un grand sourire malgré l'absence d'enthousiasme chez nous. Pour les télépathes je ne m'inquiète pas trop, c'est pourquoi vous allez m'aider à sonder vos camarades. Vous les laissez se concentrer, et sans leur dire quand, vous les sondez. Simple, non ? Vous pouvez essayer de sonder leur esprit pendant trente secondes, et passé ce temps, si vous n'avez pas réussi à percer leurs défenses vous passez au suivant, et ce camarade est considéré comme ayant réussi le test. S'il échoue avant, vous passez directement à quelqu'un d'autre. Tout est clair ? Sophie, Fitz ?"
Je tourne la tête vers Sophie pour lui demander si elle a besoin d'un temps de préparation -- il est tout de même six heures du matin --, mais elle me fait signe que non.
Avec elle, j'ai l'impression que ça commence à s'arranger, mais je sais qu'au fond, on ne sera plus apparentés. Ça me deçoit, mais en même temps je ne peux décemment pas revenir vers elle après l'avoir rejetée, surtout qu'elle ne l'accepterait pas. Et par rapport à Keefe, je pense que je vais juste laisser couler. Je n'ai rien à dire. Mais je ne suis pas sûr de les pousser dans les bras l'un de l'autre, par contre.
"Bien, alors on commence !
-- Je rajoute une règle ! Intervient Ro en passant derrière nous, les bras chargés de ronces vivantes. Ceux qui sont trop débiles pour tenir trente secondes, ils finissent leur temps en faisant des pompes !"
Tout le monde commence à se plaindre, mais mon père hoche la tête. Il n'y a honnêtement que lui pour être aussi motivé à une heure pareille.
Et je sais que d'ordinaire je suis bien plus motivé pour faire du sport, mais j'ai mal dormi, moi aussi. Alors si j'avais le choix, je repartirais immédiatement me coucher.
"Nous commençons ! Les enfants, disposez-vous devant moi, Sophie, ou Fitz, les uns derrière les autres. Vous allez changer de sondeur à chaque fois, alors ne choisissez pas par rapport au niveau de difficulté, s'il vous plaît -- Marella avait déjà commencé à soigneusement s'éloigner de Sophie. N'oubliez pas de compter vos victoires, nous ferons le décompte à la fin !
-- Et on gagne quoi ? Demande justement Marella, seule ado réellement réveillée à cette heure de la journée -- on s'étonne.
-- Le droit de ne pas participer à l'activité polissage d'armes de ce soir. "
Pas besoin d'être télépathe pour savoir que tout le monde ne pense désormais qu'à une seule chose -- j'ai Maruca en face de moi, et son regard vient de s'aiguiser comme je ne l'ai jamais vu chez elle.
Edaline passe derrière nous trois et nous donne des chronomètres humains -- une machine si étrange qu'elle doit me répéter plusieurs fois comment m'en servir, sous le regard amusé de Sophie et celui beaucoup plus intéressé de Dex, qui se penche par-dessus l'épaule de Maruca pour voir l'engin.
"Bien, sur ces dernières consignes, nous pouvons y aller, déclare mon père en se tournant vers Sandor, qui a consenti à faire l'exercice avec nous."
Je regarde donc Maruca, qui se réunit mentalement. Au bout d'un moment, je décide de plonger dans son esprit, assez discrètement pour ne pas qu'elle me détecte tout de suite, et cette technique fonctionne ; en cinq secondes, selon le chronomètre humain, j'ai accès à ses pensées, et elle me maudit mentalement.
"Suivant, glissé-je avec un sourire satisfait pour l'embêter -- Maruca adore la compétition, et déteste perdre."
Elle me fusille du regard, et part faire ses vingt-cinq secondes de pompes.
Le suivant est donc Dex, et je sais d'expérience que de son côté, il n'a pas de défenses particulières contrairement à Maruca. Je n'attend donc pas trop longtemps qu'il se concentre, et entre par la grande porte de son esprit, sans prendre de précautions pour me cacher, et comme je le pensais, il est très simple à percer. J'ai eu besoin d'une seconde.
"Je te laisse aller faire tes vingt-neuf secondes de pompes, lui dis-je en culpabilisant un peu d'y être arrivé aussi facilement."
Il ne réplique même pas et y va en haussant les épaules. On dirait qu'il s'y attendait.
C'est maintenant au tour de Keefe, chez qui je ne décèle pas de soif de gagner particulière, curieusement. Il est aussi taciturne que tout à l'heure, et a un œil morne qui montre qu'il n'a pas envie d'être ici.
"Prépare-toi, lui conseillai-je pour m'assurer qu'il ait écouté les consignes de l'exercice -- parce que le connaissant, ça pourrait très bien ne pas être le cas."
Il souffle du nez et ferme les yeux. J'attends un peu, puis me concentre. C'est plus difficile que pour Dex et Maruca. J'ai l'impression que son esprit est un couvercle en plomb, mais à force de pression mentale, j'arrive à le faire basculer, et Keefe rouvre les yeux en soupirant.
Il n'a pas envie de jouer à ça, deviné-je en baissant les yeux sur mon chronomètre. Pas de chance, il n'avait plus que cinq secondes à tenir.
"Cinq secondes de pompes pour toi, lui annonçé-je en guettant sa réaction."
Il ne fait que hausser les épaules, et va rejoindre ceux qui sont déjà au sol un peu plus loin, chronométrés par Ro qui prend beaucoup de plaisir à faire ce travail.
C'est maintenant Marella qui arrive vers moi. Avec elle, je ressens une chaleur étouffante rien qu'à tenter d'entrer, mais une fois à l'intérieur, il fait frais et c'est bien plus agréable.
"Mais c'est pas vrai ! Râle-t-elle en jetant ses bras en l'air. Même si je me concentre tu arrives à entrer !"
Je ne sais pas trop quoi lui dire pour l'aider. Avec ma télépathie, mes défenses se sont naturellement améliorées, et ma pratique de mon talent a fait le reste.
" Tu n'as plus qu'à aller faire tes vingt-deux secondes de pompes, lui souris-je conciliamment en lui indiquant le club de Ro."
Elle y va en tapant des pieds, et ça me fait sourire. Je regarde Sophie en attendant que de nouvelles personnes viennent vers moi, et je constate qu'elle n'a personne en boutique elle non plus.
PDV SOPHIE
J'attends que quelqu'un vienne me voir pour se faire sonder, mais même si Alden a dit qu'il faut tourner entre les sondeurs, j'ai beaucoup moins de monde que lui et Fitz. Lequel me regarde, d'ailleurs, mais je hausse mes épaules pour bien lui montrer que ce n'est pas ma faute si je fais fuir tout le monde.
"Ils veulent avoir une chance de gagner, me sourit-il d'un air narquois. Avec toi, c'est perdu d'avance !
-- Peut-être, mais je n'aime pas être la seule à ne rien faire. On dirait que je suis privilégiée !
-- De quoi vous parlez ? S'intéresse Alden en délaissant momentanément son activité.
-- Personne ne vient voir Sophie, explique Fitz en se tournant une seconde vers Dex, qui se retourne juste après pour partir faire des pompes. Parce qu'ils savent qu'elle est trop forte pour qu'ils puissent lutter.
-- Nous sommes forts aussi, marmonne Alden, en regardant Keefe qui se dirige justement vers sa file. Tiens, Keefe, va donc voir Sophie ! Elle n'a personne !"
Je regarde Keefe, maussade depuis ce matin, lentement tourner sa tête vers moi pour me regarder. Je ne sais pas pourquoi, mais le regard qu'il me lance, même s'il est plus que neutre, me fait froid dans le dos. Il ne m'a jamais regardée avec un tel désintérêt.
PDV KEEFE
Je l'avoue, depuis ce matin j'ai une humeur de kalok. J'ai chaud, j'ai froid, j'ai mal aux pieds, j'ai pas faim puis je crève la dalle, tout me paraît aussi fade qu'Exilium, et je suis fatigué comme pas permis.
Au final, l'orage de la nuit dernière m'a complètement empêché de dormir, soit parce que ses tonnerres me faisaient peur -- la frousse le retour -- soit parce que cette euphorie bizarre me maintenait éveillé pour les écouter et les sentir se répercuter dans mon corps.
Je ne sais pas si on peut appeler ça un nouveau talent. Ressentir les émotions des éclairs, peut-être ?
Toujours est-il que je n'ai pas dormi, et que ce matin, j'ai eu bien du mal à cacher aux autres que je n'ai pas dormi avec les garçons -- je ne sais pas si c'est réellement interdit d'aller dormir dans la chambre de Jolie, mais dans le doute on va dire que oui, et puis comme ça je pourrai y retourner si je n'arrive encore pas à dormir.
Cette activité qu'on nous fait faire, de renforcer notre force mentale, je la trouve particulièrement inutile, alors je n'y mets pas beaucoup du mien, depuis tout à l'heure. Je trouve ça d'autant plus stupide d'y participer que cette guerre va m'opposer à mes propres amis, et que ça veut dire que je vais devoir me retourner contre eux, soit me servir de leur propre entraînement et de leurs propres armes à leur encontre. Je ne veux pas devenir plus fort qu'eux. Alors je ne me concentre même pas pour bloquer Fitz quand il me sonde la première fois -- mais le bougre a quand même l'air de galérer alors je que je ne fais absolument rien --, et je vais faire mes pompes à reculons, mettant tooooout le temps nécessaire pour me mettre en place, puis à faire mes pompes, pour que mon corps soit le plus faible possible pour quand je les trahirai, puis je me relève leeeeeennnntement, et je vais voir la file d'Alden pour ne pas croiser Sophie, que je risquerais de vexer de par l'animosité étrange que je ressens envers elle à chaque fois que je la regarde.
Mais Alden change mes plans.
"Tiens, Keefe, va donc voir Sophie ! Elle n'a personne !"
Je relève la tête vers elle et me prépare à avoir le visage le plus placide possible pour être sûr de n'être pas trop heureux -- parce que là c'est pas le sujet, et que si je feinte tout le monde va se faire des idées -- ni trop en colère -- parce que ce serait vexant pour elle et que je ne veux pas la blesser --, donc de faire une tête normale.
Elle n'a néanmoins pas l'air d'apprécier ce visage -- elle a quand même l'air d'être peinée, bon sang de bois --, mais je ne parviens pas à ressentir ses émotions, pour une fois. J'ai l'impression que mes nerfs sont enfermés dans une bulle.
Je m'avance vers elle comme un robot, et plus je m'approche, plus je ressens l'envie de reculer. C'est si étrange. J'arrive devant elle. Elle fouille mon regard, semblant se douter de quelque chose, mais je ne fais que me liquéfier intérieurement à l'idée qu'elle découvre que quelque chose cloche chez moi. Elle finit par souffler légèrement du nez, et baisse la tête pour se concentrer. Moi je ne bouge pas, j'attends qu'elle essaye -- et réussisse -- de percer mes défenses et que je puisse retourner faire semblant de faire des pompes.
Mais je la sens approcher, et plus je la sens approcher, plus mon esprit s'aiguise, comme motivé par l'objectif d'empêcher Foster d'entrer. Je sens un sourire tenter de percer sur mes lèvres quand je la vois froncer les sourcils, prise au piège dans un détour que je viens de lui faire emprunter, mais je me ravise, parce que ce n'est pas très moral de se moquer. Cependant mon esprit a l'air de faire sa route tout seul, et je prends conscience, alors que le chronomètre bippe, que ça fait trente secondes que je lutte contre elle sans le moindre effort.
Mais Foster est tellement douée, comment-
Elle relève la tête vers moi sans comprendre, et je la regarde, bête.
"Je ne comprends pas, comment... Murmure-t-elle, sidérée."
J'ai un instant peur qu'elle m'en veuille, mais elle craque un sourire amusé.
"Tu pourras donner des leçons à Fitz et Alden, je crois."
Cette répartie me fait sourire, mais j'ai l'impression qu'il sonne faux, comme si ce sentiment de fierté que je ressens ne m'appartenait pas. Comme si je la détestais, en réalité. Elle et ses bizarreries, et sa suffisance alors qu'elle est plus puissante que tout le monde, cette sale tricheuse aux yeux monstrueux-
Je me stoppe d'un coup, les yeux écarquillés.
Oh non, qu'est-ce qui me prend ? JE SUIS AMOUREUX DE SOPHIE, POURQUOI-
Mais dans ma tête, les critiques valsent, et me suis obligé de reculer d'un pas, les mains portées à mon crâne.
"Keefe ! Est-ce que ça va ?"
Elle tend ses mains pour me rattraper, mais je recule instinctivement. Je croise son regard blessé. Merde.
Je tourne la tête par réflexe, paniqué, et je croise les yeux de Fitzou, qui a l'air inquiet.
Et c'est à ce moment que je me rends compte que je ne ressens plus rien du tout d'eux. Je ne sais pas si Foster est inquiète ou si elle fait semblant, et si-
STOP ! Me stoppé-je mentalement avant de repartir en combat contre moi-même. Trouve une excuse pour te barrer, et vite !
Mes yeux retrouvent ceux de Fitz, mon meilleur ami toujours présent, même dans les situations de crise, et la réplique part toute seule.
"J'ai vaincu la bête, mais je crois bien que je me suis aussi vaincu moi-même, moi, Lord Bellecoiffe, nouvellement télépathe, mimé-je en mettant une main sur mon front, titubant faussement jusqu'à Fitz jusqu'à temps qu'il me prenne comme une princesse dans ses bras. Fitzou le magnifique va me raccompagner à ma chambre pour que je puisse reposer mon énorme boire crânienne ! "
Et en disant ça je pointe du doigt un carré d'herbe pas très loin, histoire de rester dans les parages pour ne pas les perdre -- je ne veux pas participer aux activités, mais je ne peux décemment pas partir m'ennuyer dans la maison ; les regarder se fatiguer sera bien plus amusant.
Foster esquisse un sourire rassuré, et les autres m'applaudissent platement tandis que je vais m'asseoir sur mon terrain privilégié, soutenu par mon meilleur ami, qui ne manque pas de me poser des questions aussitôt qu'on y est.
"Keefe, est-ce que tout va bien depuis ce matin ?"
Je croise ses yeux bleu sarcelle, et j'y lis de l'inquiétude, tandis que je sens mon empathie lentement couler à nouveau dans mes veines -- et je me sens beaucoup mieux comme ça.
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