14.Keefe
Chapitre 14, PDV Keefe
Écrit par Potato_0607 ❤️
"JE ! M'ENNUIE ! JE M'ENNUIE JE M'ENNUIE JE M'ENNUIE JE-
-- Keefe, vous êtes là depuis dix minutes, râle Foster en me regardant, assis à l'envers sur le grand sofa du salon.
-- Dix minutes c'est assez de temps qu'il m'a fallu pour contempler et dénombrer chaque micro-poussière sur le plafond de cette pièce, rétorqué-je en me remettant debout d'une galipette, le menton haut. Et... il n'y en a pas."
Tout le monde soupire à l'unisson. Au fond je les comprends, mais on ne peut pas toujours avoir de belles chutes, lorsqu'on est Lord Bellecoiffe.
" Bon, je vais vous montrer vos chambres, j'imagine, improvise Foster alors que le silence retombe. Grady et Edaline sont sortis pour la journée, mais ils m'ont montré où vous serez logés..."
Je l'observe. Ses mains sont serrées entre elles, sa posture voûtée et son regard fuyant. En un mot, elle est gênée dans son propre salon.
Ça me fait sourire. Quand elle le voit, elle rougit, je joue des sourcils, et elle rougit encore plus fort en commençant à monter l'escalier d'un pas rageur, qui serait presque convainquant si ses émotions n'étaient pas aussi embarrassées elles aussi.
Je sens que j'ai trouvé ma nouvelle activité préférée de ces prochains jours, pensé-je en souriant, attrapant mon sac pour suivre la petite troupe silencieuse dans l'escalier.
La raison de notre présence enthousiaste chez les Ruewen n'est inconnue de personne ; les vieux ont peur qu'une guerre éclate au-dehors, alors ils nous enferment pour nous protéger. Je ne sais pas s'ils savent que ce sont justement moi et Foster les heureux déclencheurs de la guerre qui tue tout le monde, mais dans le doute on ne va pas leur dire. Il ne manquerait plus qu'on soit confinés ET séparés.
Grady et Edaline n'ont pas protesté quand le Forkelnator a imposé la réquisition de leur maison, mais très honnêtement, si la plainte ne viendra pas d'eux, elle viendra de nous huit. Rien que l'idée de garder neuf ados enfermés dans une maison est une idée douteuse, surtout si lesdits ados sont privés d'école. On va S'ENNUYEEEEEEEEEEEER comme jamais.
"Alors, les filles dans ma chambre, et les garçons ici, dit Sophie en ouvrant une porte de l'étage, débouchant sur une grande pièce vide avec quelques cartons. On a tout vidé avec Edaline, mais n'hésitez pas à pousser les cartons s'ils vous gênent. Juste, ne fouillez pas dedans s'il vous plaît."
Elle me regarde en particulier quand elle dit ça, et je lui fais un grand sourire.
/Chère amie, si tu insistes... Je crois que j'ai trouvé mon activité de ce soir./
" Est-ce que Tam reviendra avec nous ces prochains jours ? Demanda Fitz en entrant dans la pièce, testant la lumière en tapant dans ses mains -- il est vrai qu'avec les nuages de ce matin, la maison est plutôt sombre ; quasiment autant que l'attitude de notre hôtesse, qui ferait pleurer les pierres.
-- Oui, normalement il arrive avec Elerinna demain, ou ce soir, je crois, soupire Sophie, un lourd sentiment de fatigue creusant son cœur quand elle voit tout le groupe qu'elle doit loger sous son toit. "
Je les regarde rapidement, moi aussi. Dex, Fitz, Biana, Linh, Marella, Maruca, moi, Taminou pas encore là, et Elerinna, pas là non plus mais déjà annonciatrice de mauvaise ambiance.
/Même si j'aime bien les soirées pyjama, j'avoue que moi aussi ça m'ennuie déjà d'être là./
"Bon, nous on va monter les garçons, à tout à l'heure, glousse soudain Biana en poussant légèrement Sophie dans l'escalier, le renouveau de sentiment de fatigue de l'instillatrice se répercutant immédiatement dans mes os."
Je fronce les sourcils. Y aurait-il une discussion dont je serais exclu ?
" Je peux ven-
-- NON KEEFE ! Répondent-elles toutes en même temps, Foster y compris -- et au vu des petites piques d'irritation qu'elle m'envoie dans la nuque, je ferais mieux de me taire."
Mais qui se tait en ayant pas la classe ? Certainement pas moi.
" Bien, j'imagine que si vous n'avez pas besoin du prince de la beauté pour votre petite session manucure, alors je relookerai mes garçons seul. Sur ce. "
Et je ferme la porte, écoutant leurs réactions au travers. Dex me traite d'enfant par-derrière, mais je m'en fiche.
" S'ils pensent qu'on va parler chiffons alors c'est parfait, chuchote Marella en montant les premières marches de l'escalier.
-- Parce que ce n'est pas ce qu'on va faire ? Demande Sophie avec une pointe d'espoir.
-- Non."
La réponse est unanime, mais moi comme elle savons que ça veut dire oui, alors elle soupire, et moi je m'interroge sur son air maussade. Pourquoi est-ce qu'elle est aussi fatiguée ?
« Elle a l'air d'avoir mal dormi, vous ne trouvez pas ? Lance Fitz en partant s'installer près de l'un des murs de la pièce pour défaire son paquetage.
— Si. Tu peux utiliser ton super-pouvoir d'apparenté pour savoir pourquoi ? »
Dex me lance un regard d'avertissement et la seconde d'après, je ressens comme une petite pluie sur les épaules de mon meilleur copain. Quand je comprends d'où elle vient, j'ai envie de me donner des baffes.
« Débile. Débile débile débile. Oublie ce que j'ai dit, on va juste supposer qu'elle stresse pour l'avenir, me rattrapé-je en partant moi aussi défaire mes affaires, contre le même mur que les deux autres. Ce qui est un peu compréhensible, éventuellement. »
Les deux se font un regard de connivence, et acquiescent. Hm. Bel avenir qui nous attend.
Et là, je me rends compte que même si la lumière de la pièce est allumée, il fait quand même vachement sombre dehors, on dirait une nuit en plein jour.
« Vous avez vu ces nuages ? Relève justement Dex en partant aux baies de cristal de la pièce pour regarder le phénomène de plus près. Ça va tonner. »
/Chouette, j'adore les orages !/
Je dois mal cacher ma joie, parce que Fitz me regarde bizarrement.
« Tu n'as pas peur de l'orage, toi, d'habitude ? Me demande-t-il, un peu surpris. »
Je réfléchis.
« Bonne question. Je crois que si, mais là je sais pas, j'aime beaucoup. J'ai hâte d'en entendre le bruit. »
Sa moue devient de plus en plus dubitative, parce que s'il y a bien quelqu'un qui m'a vu mille fois flipper devant un orage c'est bien lui — mais honnêtement, je me sens super bien.
« On va cuisiner, alors ? J'ai faim ! Edaline a dit qu'elle nous laisserait de quoi faire des boumobeurres !
— Je viens avec toi, dit Dex en m'emboîtant le pas en-dehors de la pièce. Ro est avec les autres gardes dehors ?
— Oui. Elle m'a bien fait le déroulé de toutes les raisons pour lesquelles elle ne voulait pas se mêler aux gobelins pour gérer la sécurité, mais elle n'a pas eu le choix. Entre nous ça m'arrange, lui soufflé-je tout bas, elle aurait mangé toutes nos pâtisseries ! »
Ça fait sourire le technopathe, et moi je me retiens d'essayer de détecter les émotions de Foster, principalement parce que ça me ferait m'inquiéter pour elle, et que ce serait suspect. Mais j'ai envie.
PDV SOPHIE
« Sophie, voyons, il n'y a vraiment rien ? »
Je soupire pour la millième fois. Au début elles m'ont laissée tranquille, mais elles reviennent à la charge, avec toujours le même nom à la bouche. Keefe, toujours Keefe, et moi j'en ai marre.
« Nooon, allez lui demander, vous, râlé-je en m'enfonçant plus loin dans ma couette, une migraine atroce me vrillant le crâne depuis ce matin.
— Mais lui il répond toujours en faisant des blagues, on ne sait jamais s'il est sérieux ou pas, soupire Biana, sans que je ne puisse lui donner tort. Et puis, tu peux nous le dire, nous sommes tes amies... »
Je leur jette un regard, et elles me font toutes des moues de chiot. Alors ça, si les humains voyaient de tels canons en train de faire ces têtes...
« Même pas en rêve je vous parle, je soupire encore. Ça ne regarde que Keefe et moi.
— Donc ça veut dire qu'il y a quelque chose, relève Marella, maligne, ses yeux de chat brillant de malice.
— Bien sûr qu'il y a quelque chose, tout le monde le sait, mais ce n'est pas à vous d'en connaître la teneur, réponds-je un peu sèchement. »
Je souffle.
« Pardon, je suis exécrable. Je ne voulais pas que ça sorte comme ça. »
Linh me touche le bout des doigts, compatissante.
« Je comprends. Je ne te poserai plus de questions là-dessus. »
Les autres se regardent, ayant l'air de tenir une conférence muette.
« Moi je ne peux pas te promettre ça, mais disons que je ne forcerai plus si tu n'en as pas envie, arrange Marella en se levant. Bref, je vous laisse, j'ai rendez-vous avec Fintan. Maruca, je t'emmène avec moi ? Ton mentor arrivera à la prison dans peu de temps.
— Oui, j'arrive, répond Maruca en se levant, prenant une tenue un peu plus chaude pour sortir et rejoindre sa première leçon de psionipathie améliorée. Les filles, on se dit à ce soir ?
— À ce soir ! Leur sourit Linh en allant les raccompagner. N'oubliez pas de vous dépenser ! »
Biana les rejoint en me faisant un petit signe signifiant qu'elles allaient revenir, puis la petite troupe descend les escaliers en papotant, et moi je soupire.
/Je me transforme en éolienne/, me rends-je compte au bout d'une minute.
Je tente rapidement de me faire l'idée d'une éolienne alimentée par mes soupirs constants, mais ma migraine me donne l'impression de tourner en même temps qu'elle, et au final j'ai encore plus mal au crâne qu'avant. Je grogne en me retournant dans mon lit.
« Je crois que quelqu'un m'appelle, lance soudain Keefe en entrant dans la pièce d'un coup de pied dans la porte. Réconfort express en approche !
— Qu'est-ce que tu rac- »
Je me retrouve nez à nez avec un plateau recouvert de boumobeurres. Mon cœur fond rien qu'en les voyant, et je ne peux me retenir d'en prendre une.
Keefe sourit quand je respire l'odeur de la pâtisserie, et doit sans doute sonder mes émotions, même si je doute qu'il puisse ressentir ma migraine.
« Elles sont fatigantes ?
— Oh que oui. J'ai si hâte qu'elles dorment toutes, si tu savais.
— Je ressens la même chose, et pourtant ils ne sont pas si pénibles les miens, mais ma liberté me manque déjà.
— Ma maison me manque déjà, souris-je en engloutissant ma boumobeurre. »
Keefe me tend la main.
« Tu viens ? On descend. Tu es aussi pâle que l'Everest. Et puis, le Fitzou s'inquiète. »
Je capitule en deux secondes. Fitz ne m'a pas l'air d'aller très bien depuis quelques temps, alors il faudrait que je me lance et que je lui reparle. Peut-être que l'heureux jour sera aujourd'hui.
« Sophie ? Me demande Keefe juste avant qu'on sorte de ma chambre, mes épaules cachées sous une couverture épaisse et mes pieds nus foulant les doux pétales de mon tapis.
— Oui ?
— Je sens que je risque de ne pas aimer l'enfermement, me prévient-il, le regard sérieux, et je sais que ce sera la même chose pour toi, mais j'aimerais qu'on évite de se disputer à cause de ça, ce serait vraiment trop bête. Surtout avec cette fichue guerre. »
J'acquiesce. Il a raison.
« Alors disons que je vais essayer de ne pas t'étrangler dès demain matin. »
Il me sourit, puis m'entraîne en-dehors de la chambre. On a des boumobeurres à distribuer.
Potato_0607
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