Ce chapitre a été écrit par SophieGrydor, dont le grand talent ne cessera jamais de m'émerveiller Le chapitre se déroule au début lors de la destruction de la prison de Lumenaria. Puis la fin, se passe au présent.

On dit qu'il suffit d'une étincelle pour voir apparaître un brasier, une phrase qui correspond exactement à la réalité de notre monde.

Une Ombre bouge dans la pénombre se déplaçant avec une mobilité réduite. La vie s'échappe peu à peu de ses lèvres, son âme s'envole loin de son enveloppe charnelle. Une sorte de râle sort de sa bouche, dont le visage n'est fait que fumée. Sa prison d'obsidienne l'enserre dans un étau serré duquel elle ne peut s'échapper. La rage et la haine habitent seulement cet être fait d'amas cendres, dont les larmes qui avaient coulé jadis ne sont que d'amère souvenirs attisant les flammes de sa colère. Un brasier ardent coule dans son sang, elle sent qu'à l'intérieur de ses veines s'y trouve un liquide brûlant, sombre et clair à la fois.

- Pauvres idiots, car tel le phénix, ma mort sera ma renaissance, murmure-t-elle, tel une prédiction.

L'Ombre s'adosse sur une des parois de son cachot, le froid qui imprègne le mur gèle le pouvoir qui brûle en elle, mais malgré cela, ce petit moment de calme rend ses pensées plus précises et nettes. Elle rabat les pans de sa cape sur le sol de pavés sombres et descend sa capuche le long de ses omoplates, laissant entrevoir ses oreilles pointues derrière ses cheveux dont la texture est indescriptible. Comme si sa chevelure était elle-même faîte d'Hydrombre. Combien d'années cela fait-il, qu'on la enfermée dans sa prison glaciale ? Sans avoir revu la lumière du jour depuis des années, le temps passe sans qu'elle sache à quelle allure. Mais L'Ombre n'est pas comme eux, ceux qui se trouvent au-dessus et ses compagnons de cellules. Elle les entend, hurler dans leur sommeil à la recherche de rédemption ou simplement de haine, comme elle-même. Certains prient le Conseil de les laisser sortir et d'après leur dire, ils appliqueront parfaitement les lois dès à présent.

L'Ombre se renfrogne, la pitié s'empare d'elle. La force remporte toujours sur la faiblesse et ces pauvres gens n'ont aucune idée de ce qu'est le pouvoir. Son rire résonne dans son cachot, un rire caverneux qui hérissa les poils des rats présent dans le couloir, en dehors la petite pièce exiguë, où se trouve la forme sombre.

Un tremblement et des fracas s'ensuivent dans toute la prison, secouant les prisonniers. Les pierres tombent, le plafond s'effrite et s'écroule. L'Ombre attend la lumière de jour pour s'envoler loin d'ici et accomplir son devoir. Elle entend des voix apeurées et des personnes s'échappent pour rejoindre la liberté, d'après leurs pas pressés. Personne ne sait qu'elle se trouve là, enfermée dans une pièce à même le sol, inconnue de tous alors qu'elle brûle de vengeance. La prophétie revient à sa mémoire, formant des nœuds facilement déchiffrables pour un esprit affûté comme le sien, après des années à réfléchir. Les elfes ont jadis eu peur de son espèce jusqu'à les éliminer et la garder prisonnière. L'Ombre avait apporté son aide, mais personne ne se souvient, la peur semble être le seul motif pour oublier leur existence. Le génocide de son peuple refait surface, suivant un chemin dans sa tête et ses souvenirs défilent dans ses yeux. Les larmes de tristesse n'ont que trop coulé, l'heure de la vengeance retentit dans tout son corps frêle.

La lumière rencontre son visage, les ombres qui s'enroulaient tout à l'heure le long de son corps ne sont que poussière, laissant désormais le corps d'une magnifique jeune femme, aux cheveux noirs corbeaux et l'or dont est fait l'un des ses yeux brille de mille feux tandis que l'autre couleur mauve reste sombre et malicieux. Une différence qui causait autrefois débat, n'est aujourd'hui qu'une raison de plus pour laisser son pouvoir parcourir ses veines et de détruire ce qu'elle souhaite. De les anéantir tous. Mais l'Ombre le sait, son corps trop faible ne pourra le supporter. Elle attire la lumière vers elle pour s'enfuir et retrouver son pouvoir d'autrefois lorsqu'une voix retentit et s'adresse à elle. Son nom résonne à ses oreilles, comme si c'était la première fois qu'elle l'entendait, prononcé par quelqu'un d'autre qu'elle-même. Certaines personnes se souviennent, la jeune femme n'avait pas laissé derrière elle que des cendres de ses projets. Depuis un si long moment, entendre son prénom lui redonne espoir, l'espoir de n'avoir pas été oubliée toutes ces années et d'exister. Elle avait marqué l'histoire, mais son nom avait été effacé des archives comme si tous ses efforts n'existaient que dans son imagination. Une elfe aux cheveux bruns s'approche avec de grandes foulées, montant à son niveau sur l'amas de pierres. Celle-ci émousse sa cape pour enlever la poussière qui s'y est agglutinée.

- Je comprends ta rage, la haine de toute une vie ne s'efface pas aussi facilement. Ceux de là-haut ne connaissent pas notre existence alors que cela serait à nous de monter sur ses trônes de cristal, dit-elle, sûre d'elle.

Ses paroles réveillent en l'Ombre qui est désormais lumière un sentiment enfouis au plus profond d'elle. Le pouvoir. Celui d'écraser la tête des conseillers sur leur emblème de royauté, de briser leur précieux diadème. De détruire toute chose leur ressemblant.

- Viens avec nous, je t'aiderais et avec les Invisibles à nos côtés, la victoire de la guerre sera en notre faveur et nous détiendrons le pouvoir, ensemble. Ton peuple sera vengé, tu as ma parole, Elerinna, murmure-t-elle.

Ellipse

La jeune femme se trouve toujours aux côtés de Tam, dans un salon d'allure luxueuse. La capuche de sa cape noire reste sur sa tête, sa confiance dans les autres est limitée. Même si ce sont les amis de son allié, son visage peut procurer la peur.

- Tam, comment peux-tu nous prouver qu'elle n'est pas toujours du côté des invisibles ? Cela fait plus d'une semaine qu'elle ne nous a pas montré son identité, crie une dénommée Sophie.

Cela fait plusieurs heures que Elerinna attend sur une simple chaise, des fourmillements parcourt tout son corps. Le ténébreux la défend de toutes ses forces. Elle a besoin de se mouver et se lève donc son assise. Tous les regards de la pièce sont tournés vers elle, un coup d'œil sur Tam, qui est exaspéré. Il opine du chef comprenant sa question dans le silence. La jeune femme rabat sa capuche le long de ses omoplates, laissant ses cheveux sombres coupés courts descendre sur le haut de sa nuque. Son visage fermé ne laisse nul émotion transparaître sur ses traits, la Sophie qui n'arrête pas de gesticuler depuis un certain moment, reste sur place et ne s'arrache pas de cils, son tic nerveux. Un silence pesant règne dans la pièce, que l'Ancienne Ombre s'autorise à briser.

- Je me nomme Elerinna, je suis une demi-elfe, dit-elle simplement avant de sortir de la pièce avant que les autres ne le remarque, suivi de Tam, son unique allié en qui la jeune femme à confiance.

L'air vient sur ses joues, rafraîchissant ses pensées. Elle laisse des filaments de lumière s'emmêler dans ses doigts fins. La prophétie approche à grand pas, elle le sent.