Chapitre 3
Ozan, Lord Gardien.
Quelque part en France.
J'avais essayé de passer outre mes réflexions depuis notre descente d'avion. Je m'étais concentré sur mon travail, assurer sa protection comme il se doit, sens en éveillé et focus sur Elle. J'avais presque réussi jusqu'à maintenant. Ce clignotant était annonciateur de la fin. Et c'est comme si mon cerveau se remettait en route et partait vers ses errances réflexives. Je me rappelais à l'ordre ce n'était pas fini. J'actionnais l'ouverture de la grille puis psalmodiais une formule. J'engageais la voiture dans l'allée bordée d'arbres et relançais aussi le sort de protection de la propriété, encaissait le contrecoup de sa charge en serrant les dents. Voilà nous étions en sécurité à l'abri loin des incertitudes du monde de Gaïa pour quelques temps.
La belle demeure en pierre de taille me faisait face et je me sentais légèrement mieux. J'appréciais d'être enfin de retour dans ce que je pouvais considérer comme un chez moi depuis le temps que j'y vivais. J'arrêtais le véhicule devant le porche, laissant le temps à Katrina et Johan de descendre. Nous avions laissé Nick en cours de route, le premier rendez-vous d'un long parcours d'Asa en service d'oncologie. J'étais toujours aussi abasourdi. Il fallut le claquement du coffre pour me tirer de ma torpeur. Pierre, le majordome s'était occupé des bagages. Je pouvais donc aller ranger l'imposante Lexus LS dans le garage à côté des autres voitures. Ma chambre n'attendait plus que moi. Quelques minutes et je serais libre de faire mon introspection et après de dormir. Je n'étais pas comme Johan, il me fallait encore reposé mon corps autant que mon esprit.
Je poussais la porte, heureux d'être là. Au fil du temps, j'avais personnalisé la décoration cette suite immense et de son coin repos, c'était mes couleurs préférés sur les murs, du gris clair, du lilas comme l'arbre qui embaumait cette pièce au printemps. Mes livres étaient presque rangés dans la bibliothèque à côté du bureau où mes carnets trainaient. Pourtant ce n'était toujours pas un foyer. Il y manquait quelque chose que je n'arrivais pas à définir malgré le temps. C'était le seul endroit où j'avais une certaine paix et il m'en fallait depuis l'annonce de Katrina. J'étais nerveux je n'aimais pas le changement qu'elle annonçait : le départ d'un ami, la maladie de sa femme et l'arrivé d'un inconnu pour occuper sa place dans notre organisation. J'avais une drôle d'impression que je n'expliquais pas depuis que la Pythie et Nick nous avaient confié leur secret dans le jet. Cette révélation avait gâché mon voyage de retour, j'avais eu trop de temps et à la fois pas assez pour y réfléchir. J'étais resté avec un vague pressentiment d'un grand tournant qui s'approchait.
Je me calmais comme je pouvais en rangeant mes affaires dans le dressing, je séparais le propre du linge sale pour faciliter le travail de la femme de ménage. Cependant la routine post déplacement ne marchait pas cette fois, je ne retrouvais pas la sérénité, ni le relâchement qui m'était nécessaire. Je me posais des questions sur cette sélection. Pourquoi ne m'étais-je pas posé la question avant ? Peut-être car je n'étais qu'un jeune apprenti Gardien la dernière fois que c'était arrivée. J'avais vu arrivé l'impassible Mick qui avait succédé à long série de Changeants qui ne faisaient pas long feu auprès de la Pythie : Piotr, Marcus, John avant mes huit ans. J'étais trop insouciant pour m'inquiéter de savoir comment ils rejoignaient le groupe que constituait ma famille à mes yeux. Mickael était là depuis si longtemps dans ma vie que j'avais oublié que c'était temporaire.
Moi, ma place avait toujours là avec la Pythie, j'étais né avec la triquetra, le nœud celtique, marque des Gardiens. On m'avait donc retiré à ma mère rapidement pour me confier à mon prédécesseur. Aucun souvenir de ma famille qui m'avait juste laissé un nom et un prénom, d'une maman aimante. Mon plus ancien que j'avais, était dans le parc de cette propriété. Du haut de mes cinq ans, je faisais un cache-cache avec Arthur, Johan et la gouvernante qui s'occupait de moi. Je m'étais glissé à l'abri d'un arbre creux dans le parc. Je m'étais bien caché avec la complicité de Katrina qui me l'avait indiqué. Elle s'amusait à me voir rendre chèvres les autres adultes de la maisonnée. Mon père adoptif avait même fini par envoyer son Âme pour me retrouver.
Merde ! Je réalisais que tout ici était temporaire. Que peut-être qu'un jour on m'apporterait un enfant, mon successeur. Je serais père sans l'avoir voulut et je saurais alors que ma fin serait proche aussi. Comment Arthur avait-il pris mon arrivée ? Comment Johan avait-il était choisi ? Par sa nature d'immortel Maître de sang, il était l'élément immuable des protecteurs et le resterait longtemps. Pas comme moi ! J'étais un Gardien depuis longtemps mais finalement j'en savais peu sur la manière dont nous étions élus pour être à ce poste.
Ma valise était presque vide et pas mon esprit. Je pris ma trousse de toilette pour la remettre à sa place dans le meuble sous le lavabo de ma salle de bain. Quand je me relevais, je croisais mon reflet dans le miroir. J'avais l'air négligé et fatigué. Je réalisais que j'avais gardé partiellement ma tenue de garde du corps. Toujours ce pantalon de costume sombre et une chemise blanche. Elle était froissée, portant la trace des heures de conduite. J'vais simplement défais mon catogan, libérant mes cheveux longs sur mes épaules et ôter ma veste en arrivant dans ma chambre. C'était peut-être ça qui m'empêchait de réfléchir clairement. J'étais toujours en mode Lord Gardien. Je me déshabillais pour entrer dans la douche. L'eau me permettrait d'évacuer tout et de n'être plus qu'Ozan Demirel.
L'eau avait coulé sur moi, libérant sa chaleur, dénouant les nœuds de mes muscles. Je commençais à être bien. Je me savonnais le corps rapidement. Puis m'attaquait à ma chevelure, shampoing et après-shampoing libérait leur senteur de vanille et de cèdre. Je rangeais mes produits de fille comme les désignaient Johan quand mon téléphone sonna. J'avais envie de jurer et de l'ignorer. Je pestais intérieurement contre l'idiot qui osait me déranger alors que je commençais seulement à ressentir les effets bienfaiteurs de ma douche. La sonnerie m'indiquait que c'était quelqu'un lié à la Pythie. Je sortis, m'enveloppai serviette et capturai mon téléphone. Le nom sur l'écran me poussa à décrocher. Nemesis, Henri le bras armé de ma patronne et une de rare personne que je pouvais désigner comme un ami. Lui aurait peut-être une réponse à ces questions que je n'osais poser à mes collègues. Il était son bras armé depuis si longtemps. Il aurait les réponses qui me manquaient.
— Bel Aramis que me vaut la joie de t'entendre ?
— OZ ! j'ai pas le temps pour l'histoire avec un grand H.
Le ton de sa voix, me rappelait quand Arthur lui avait demander m'expliquer la différence entre le livres et l'histoire après que je me sois pris de passion pour les Trois mousquetaires de Dumas. Du haut des mes huit ans, je me voyais ferraillant avec l'épée pour déjouer des complots de l'infâme Milady. Il avait été patient avec l'enfant mais parfois son travail passait avant le gamin impatient que je pouvais être alors. J'avais gardé l'habitude de l'appeler Aramis, Athos ou Porthos quand j'avais des questions sur l'histoire ma passion.
— Mauvais réflexe ! m'excusais-je. Pourquoi m'appelais-tu ? demandais-je car je ne pouvais pas l'attaquer direct avec mes interrogations.
Je mis le téléphone sur haut-parleur et commençais à essorer mes cheveux avec une seconde serviette.
— Un de mes protégés va partir à l'Eligere ! lâcha-t-il.
Merde ! Sa tribu de cœur et ses petits protégés étaient en cause. Je stoppais ce que je faisais. La discussion serait sérieuse car mon ami y tenait autant qu'à son Viktor. Ils étaient ses ancres, ses points d'équilibre dans sa vie d'exécuteur de la Pythie.
— Je ne sais rien sur la sélection du Gardien Changeant, j'étais trop jeune la dernière fois. Je ne pourrais d'aider. Tu dois en savoir largement plus que moi sur le sujet.
— Oui, ç'est pas ça le problème ! C'est tellement pas la place d'Yv... sa place se reprit-il. J'ai peur pour lui. Il n'a rien d'un combattant, c'est un bon traqueur, un excellent chasseur mais pas un guerrier.
— Ce n'est pas grave... Regarde Nick, il n'a rien d'un mastodonte ! C'est juste un loup très malin.
— Mais ce n'est pas un Alpha ! ajouta-t-il.
Ok, ça c'était étrange ! Mais je sentais qu'Henri n'osait pas m'informer de quelques choses d'important.
— Et alors ? La Pythie a fait sa prédiction, Katerina ne se trompe pas quand elle donne la parole de Gaïa
— Il est fragile... à l'intérieur... Il lui manque le plus important pour l'équilibre d'un Changeant...
Que voulait-il dire par ça ?
— Il lui manque son essentiel. Il est passé par le Be'Hope ! lâcha-t-il.
J'avais envie de lancer un beau juron à voix haute car je comprenais ce que ça impliquait. C'était l'un de ces Changeants soignés par les nouveaux Barjeras. Il n'avait jamais croisé le chemin de son âme sœur. Serait-il assez bien pour être soumis à une sélection de cette envergure ?
— Qu'attends-tu de moi ?
— Je veux que Johan et toi vous... vous m'aidiez à le préparer, lui donner des informations pour qu'il survive à la sélection.
Une série de petit coup résonnèrent. On toquait à la porte de ma chambre. Et au vu du rythme, je savais que mon collègue arrivait. J'interrompais Henri et l'informais que j'avais Johan à ma porte et lui demandais quelques secondes.
— Johan, entres ! l'invitais-je. Notre cher ami Henri a quelque chose à nous demander.
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