Chapitre 1
Yvan
3 ans plus tard
J'étirais mon cou, déliais mes épaules, étirant un à un tous les muscles que j'avais mis en œuvre ces dernières heures. Je reculais un instant. Ouais c'était pas mal ! Je pouvais être fier de moi. Les couleurs que j'avais choisies rendaient bien et se mariaient bien avec boiserie en bois clair que j'avais mis à jour en arrachant des plaques de plâtres abimées des murs de ce qui serait ma chambre. Deux mois que je faisais des travaux dans cette maisonnette pour la faire mienne. Et bientôt j'y serais.
Je souriais en repensant au coup de folie qu'avait été cet achat. Pour qui pourquoi, m'étais retrouvé ici, j'en sais rien. Seul Gaïa avait guidé mes pas vers cet endroit. Le panneau à vendre avait stoppé ma course féline dans ce coin de forêt que j'aimais tant. J'avais pris le chemin et j'étais tombé amoureux.
Thad s'était moqué de moi et de mon coup de foudre pour ce bungalow isolé perdu au fin fond de nulle part mais le comprenait car il admis qu'il était idéal pour un Changeant solitaire comme moi. Henri, avait souri et traité de doux rêveur, mais m'avait quand même soutenu dans mes démarches pour obtenir le prêt pour acquérir le « petit chalet » comme il l'appelait en français. Seul Ilya m'avait soutenu sans hésité une seule seconde et offert direct ses compétences de menuisier pour m'aider à sauver la vieille demeure.
Construite en mille neuf cent vingt d'après l'agent immobilier. Elle portait son âge mais était charmant avec ses faux airs de chalet suisse à l'extérieur dû sa cheminée en galet de rivière, ses deux balcons massifs posés sur des poutres en bois brutes à l'extérieur. Saisissant contraste avec l'intérieur plus classique car c'était l'étrange compromis entre une cabane de forêt et une maison moderne avec de larges fenêtres qui permettait de laisser rentrer la lumière et d'admirer la vue de la nature sauvage qu'il l'entourait.
J'aimais les bardeaux de cèdre qui la protégeait des agressions extérieures. Je n'avais pas compris pourquoi les anciens propriétaires les avaient cachés par un bardage en matière composite pour faire plus modernes. J'avais plus qu'heureux des les arracher avec l'aide de mes amis. Tous avaient donné un coup de main au final. Avec Ilya, nous avions essayé tant que possible de conserver et de mettre en valeur tous les détails. Nous avions modifier un peu modifier les plans d'origines. La cuisine était maintenant ouverte vers la salle à manger, séparé seulement par un ilot central qui servait de coin bar avec ses trois tabourets hauts. Une autre cloison avait sauté au rez de chaussée pour agrandir le salon et inclure le coin bureau tout en gardant les bibliothèques encastrées qui étaient présente. Je ne voulais qu'une seule espace. A l'étage je ne m'étais pas posé de question, la plus petite pièce serait un bureau avec vue sur la rivière. La chambre principale avait récupéré le placard de celle-ci pour agrandir l'espace car je désirais un lit immense. Mon seul regret n'avoir rien pu sauver dans la salle de bain, tous avait été refait à neuf et elle offrait de manière judicieusement agencé : un grand meuble lavabo, des toilettes, une baignoire et une grande douche le tout éclairé par une fenêtre.
Je reculais et appréciais. Oui ça serait calme et reposant de s'endormir ici quand je rentrerais de mon travail auprès d'adolescents en souffrances et de ces jeunes personnes qui se cherchaient. Il ne manquait plus qu'un peu de ménage et du mobilier pour concrétiser l'ensemble en commençant par le plus grand lit qui pourrait monter ici. Je pourrais enfin caser mes quasis deux mètres sans que mes pieds dépassent.
Je commençais, mentalement, une liste de ce qu'il faudrait pour que mon futur logement soit habitable avant la date fatidique que j'avais fixé pour célébrer cette nouvelle étape vers l'indépendance. Je souriais et commençais une autre liste des personnes que je convierais à cette soirée tout en descendant l'escalier. Il était temps pour moi de retourner à ma chambre au B'Hope Home.
J'avais à peine descendu deux marches que mon téléphone sonna. Le nom affichait sur l'écran me surprit : Alpha. Que me voulait-il ? Je m'assis et décrochait.
— Bonsoir Alpha Berzins !
— Fils, je t'ai déjà dit de m'appeler Jakobs ou tētis !
— Oui Monsieur !
— Yvan ! Tu me cherches...
— Oui Père !
Le rire du père d'Ilya résonnait dans mon oreille. Cet homme qui m'avait élevé depuis mes quinze ans, avait mis très longtemps à me faire l'appeler autrement que par son titre. Depuis c'était notre jeu.
— Jake que me vaut ton coup de fil ? demandais-je.
Je connaissais trop le dégout de Jakobs pour les appels téléphoniques pour savoir que cela n'annoncer rien de bon. Il préférait la parole direct et dans les pires des cas, abusait largement des SMS et ou autres courriels pour les convocations, les rappels de rendez-vous.
— La Pythie a contacté toutes les Tribus et les Clans. L'Eligere va démarrer.
La recherche du nouveau Gardien Changeant était donc en cours. C'était un grand honneur d'être l'un des trois protecteurs de l'oracle, la porte-parole de notre déesse. Mais en quoi cela nous impactait. En général, c'était un Lupinae, revenait ce rôle prestigieux. Parfois un Ursinae mais je crois que c'était rare de mémoire. J'allais lui poser la question quand Jakobs lâcha sa bombe.
— Et elle cherche un tigre adulte... un solitaire !
Merde ! Avais-je vraiment juré à haute voix. Sûrement au vue de la réaction de Jake.
— Ouais merde ! Tu peux être grossier. Je n'aime pas l'idée du risque de te perdre fiston, avoua-t-il.
— Il n'y en a pas d'autres sans âme sœur dans leur vie ? Interrogeais-je.
— Peut-être, je ne connais pas tous les Felinae du monde. En tous cas je l'espère pour toi.
Je soufflais un peu perdu. Je commençais simplement à me construire une vie, à espérer d'être presque comme tous les autres. Dans cette maison, j'avais imaginé un avenir presque bon pour moi, quoi bancal sans Halsfird. J'avais appris que ce n'était pas si mal de vivre. Et là pam, tous ces projets s'écroulaient. C'était peut-être remis en cause. J'allais tout perdre pour être le garde du corps de la devineresse de notre monde. Je ne voulais pas de cet honneur, j'aspirais seulement à avoir une vie simple et heureuse.
Mon silence en disait long sur mes inquiétudes car Jakobs m'interpella de mon prénom me tirant ainsi des mes sombres pensées.
— Henri et Viktor auront peut-être des réponses pour toi ? tenta-t-il de me rassurer avant de raccrocher.
Je finissais de descendre les marches avec un poids lourd sur les épaules, presque le même que j'avais ressenti après l'échec de mon atklat. Je n'arrivais toujours pas à assimiler la nouvelle. J'allais participer l'Eligere. Je n'avais rien d'un Gardien. J'avais la carrure avec ma taille et mon poids. La même qui m'avait valu de faire partie de l'équipe de football un moment avant que le coach ne s'aperçoive que j'avais deux mains gauches quand on me donnait un ballon. De loin, je pouvais faire illusion de loin mais je ne savais rien des techniques de combat, des armes et de tous ce que je pouvais imaginer dans le rôle de body-garde. J'étais juste un mec immense. A qui pourrais-je faire peur ? Personne, je ne pense pas. Mark et mes autres collègues du foyer se moquaient de moi, régulièrement à ce propos, disant que malgré mes tentatives de faire les gros yeux aux adolescents, d'avoir l'air bourru. J'avais la gentillesse qui ressortait par tous les pores de ma peau. Si je n'avais pas était un tigre j'aurais digne d'être un gros nounours.
Alors, je continuais à me chercher des qualités. Je n'étais ni un savant, ni un bon diplomate. Je n'avais jamais été très attentif et sociale à l'école, ou pendant les veillées.
J'essayais de me trouver une compétence qui serait utile à La Pythie et Gaïa. J'étais un bon jardinier et homme à tous faire mais ça lui importait peu. Sinon j'étais reconnu pour être un bon traqueur. C'était dû à mes moments passés enfant avec mon grand-père maternelle qui était un fin chasseur d'origine Ojibwé et aux sens acérés que me prêtait alors de Roar car cette forme de chasse l'amusait. J'en avais fait la preuve l'hiver dernier en participant aux recherches pour retrouver d'un Lord qui s'était perdu après la cérémonie Solstice d'hiver. J'avais remonté le moral de Mark, petit fils du Magna local et amoureux éperdu de cet idiot de magicien français qui s'était égaré dans les neiges du Minnesota. Pour me remercier, plus tard il avait rejoint l'équipe d'animation du foyer où je travaillais. Depuis presque un an, j'avais même fini par considérer ce jeune androgyne flamboyant comme un ami sur qui je pouvais compter quand il n'était pas perdu dans ses études et ses problèmes de cœur avec son compagnon. Non, ça n'aiderait en rien, ça ne valait qu'ici et pas sur toute la planète !
Je ne voyais qu'une seule réponse qui ferait de moi un Gardien intéressant. Mon double félin Roar serait-il amené à avoir le plus de place que moi. Peut-être ? Mon tigre était imposant et mortel comme tous les grands fauves. Une belle bête de plus de quatre cent kilos qui toisait à un mètre trente de haut au garrot et qui mesurait presque quatre mètre de sa tête au bout de sa queue. Sous cette forme, j'étais plus qu'immense, avec une gueule létale dû à ses crocs immenses et à sa mâchoire puissante. Que pourrais-je apporter comme protection à la Pythie en dehors de Roar ? Il exaltait dans ma tête.
— Calme-toi ! Il y aura sûrement de meilleur candidat que nous.
J'aurais aimé l'entendre me répondre comme il le faisait avant Aklat avec cette touche d'ironie. Que n'aurais-je donné pour entendre un de ses « Arrête de te dévaloriser Petit d'homme. » Lui aussi avait été traumatisé par mon échec, peut être encore plus que moi. Je ne l'avais pas entendu pendant un mois jusqu'à ce que le miracle des Barjeras n'intervient. L'entendre rauquer et rugir après son long silence, m'avait fait du bien avant que je ne réalise qu'il ne verbalisait plus. J'avais dû apprendre à interpréter toutes la gammes de ses sons, du feulement, au miaulement, en passant de ses râles de colères aux des basses de contentement de son ronronnement. Être pleinement un Changeant me manquait. Personne ne voudrait d'un être cassé comme protecteur, finis-je en boucle par me dire pour rassurer.
C'est le bruit de véhicule roulant dans le chemin qui me sortit de mon introspection. Depuis combien de temps étais-je assis au milieu de ce salon vide ? Sûrement trop, vu qu'il faisait nuit noir dehors. Mon estomac grognait me rappelant que j'avais manqué le diner depuis un moment.
Tētis Papa en letton.
Tribus : Regroupement de Changeants d'une même espèce appelé Clan chez les Lupinae.
Lupinae : changeant de type canin tel les loup-garous.
Ursinae : changeant de type ours.
Felinae : changeant de type félin, panthère-garou, lion-garou, etc.
Magna : Lord à la tête d'une convention magique.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro