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Chapitre 6 : Abriel

Coucou les amiiiis! :D Un petit passage de l'auteure (si si!!! ^^ ) juste pour vous dire de ne pas hésiter à voter ou commenter si cela vous plaît, pour partager votre enthousiasme, ça me ferait vraiment très très plaisir! :) Vos lectures me motivent, mais n'hésitez pas à réagir, ça sera encore plus encourageant pour moi! ;) Je vous aime!! Des bisous!! :)

Abriel me tira violemment en direction des sous-bois, là où nous serions protégés des regards. Il marchait si vite que j'étais obligée de courir derrière lui pour suivre son pas, incapable de me défaire de sa poigne d'acier. Dans mon cerveau, tout un tas d'idées, toutes plus lugubres les unes que les autres, tournaient dans ma tête, et je me demandais, non sans une certaine appréhension, à quelle sauce j'allais être mangée. D'autant plus que le ton qu'il avait employé pour m'entraîner jusqu'ici était des plus menaçants. 

Enfin, il s'arrêta me relâchant au passage. 

-Qu'est-ce que tu me veux? lui demandai-je finalement, hors d'haleine. 

Un léger sourire apparut sur ses lèvres, et, sans que je ne l'aie vu venir, il me projeta contre un arbre au tronc imposant, qui se trouvait juste derrière moi. Le choc, violent, me coupa le souffle, et je grimaçai de douleur alors qu'un éclair semblait vouloir décharger toute son électricité dans mon corps. Ma tête cogna contre le bois dur, et je vis trente-six chandelles. Il me fallu quelques secondes pour reprendre mes esprits. Le temps pour lui de parcourir la distance qui nous séparait, plaquer ses deux mains de chaque côté de mon corps et se pencher sur moi.

-Je ne sais pas encore... me susurra-t-il soudain. Te tuer de ma main pour être tranquille, ou regarder quelqu'un le faire à ma place? La décision est difficile à prendre...

Je me figeai, tétanisée. Son visage n'était qu'à quelques centimètres du mien, et ses prunelles, ancrées au plus profond des miennes. J'avais l'impression qu'il pouvait fouiller mon âme, et je ne fus pas capable de faire autre chose que détourner le regard. Abriel éclata d'un rire sans joie, et s'éloigna. 

-Regarde-toi! s'exclama-t-il, parlant pour la première fois à haute voix. Tu n'es qu'une frêle gamine apeurée. Comment peuvent-ils ne serait-ce qu'imaginer que tu puisses être l'Elue de la prophétie?! C'est vraiment quelque chose qui m'échappe... 

Il avait une belle voix, grave et envoûtante, aux intonations aussi sombres que dangereuses. Mais je ne me laissai pas influencer par la peur que m'inspiraient ses paroles, et refusai de me laisser démonter. C'en était trop, j'en avais assez, et la fureur remontait en moi. Je ne la brimai pas, car j'avais besoin de déverser toute ma rancœur sur quelqu'un, et, puisqu'il semblait avoir les dispositions nécessaires pour cela, il en serait la victime. L'effet de surprise passé, je me détachai de l'arbre contre lequel j'étais restée appuyée, et m'avançai dans sa direction, sans pour autant m'approcher trop près de lui. 

-Je n'en sais rien, d'accord?! explosai-je, hors de moi. Tu crois que ça me plaît que, subitement, tout le monde autour de moi me dise que je suis peut-être destinée à sauver le monde? Comme si cela ne suffisait pas de découvrir que toute sa vie on vous avait menti. Et bien non! Alors si c'est ce que tu veux, je t'en prie! Prends ma place, je ne te retiens pas! J'en ai assez de toute cette histoire. Partez et laissez-moi tranquille! 

Le jeune homme se tourna vers moi, un instant décontenancé par ma tirade. Mais il se ressaisit bien vite et un sourire narquois étira ses lèvres.

-Je dois bien avouer qu'elle n'était pas mal du tout, ta tirade de jeune fille innocente et effarouchée complètement perdue. Tu as presque failli me convaincre. Mais cela ne prend pas avec moi. Tu as beau être une bonne comédienne, et t'être mis mon mentor dans la poche, tu ne m'amadoueras pas de cette façon. Je les connais, les princesses trop gâtées dans ton genre! Le monde a très certainement tourné autour de toi durant la majeure partie de ta vie. Mais sache que ce qui t'attend à présent, tu ne seras jamais capable de l'affronter. Et moi, je te regarderai mourir tranquillement en te disant que j'avais raison. 

Je frémis. Ce garçon était complètement fou. J'allais lui rétorquer quelque chose pour le lui signifier, mais il me devança. Pointant un doigt rageur sur ma poitrine, il marcha vers moi sans la moindre hésitation, m'acculant de nouveau contre le chêne centenaire.

-Dans ce monde, ma belle, tu n'es rien, cracha-t-il. Rien, ni personne. D'ailleurs, je serais prêt à parier que tu n'es même pas capable de passer l'initiation et de la réussir. Alors de là à être l'Elue...

Je fronçai les sourcils, énervée par son discours. 

-Nous sommes d'accord, répliquai-je vertement. Alors je ne vois pas pourquoi tu t'acharnes sur moi. Je n'ai jamais demandé à être ne serait-ce qu'une Gardienne tout ce qu'il y a de plus banal, et, si je pouvais encore changer mon destin, j'échangerais bien mes pouvoirs contre une vie humaine tranquille. Cela te suffit comme argumentaire? Je peux m'en aller à présent?  

Il ricana. 

-Tu ne peux pas t'en empêcher, n'est-ce pas? 

Je le foudroyai du regard, bouillonnant intérieurement. 

-M'empêcher de faire quoi, grognai-je. 

-D'essayer d'enjôler ceux qui te résistent. De les séduire avec tes belles allocutions. Mais, désolé, je ne te crois toujours pas. 

Je poussai un soupir agacé et levai les yeux au ciel. Il commençait sérieusement à m'exaspérer.

-Peu m'importe ce que tu penses, figure-toi. Je n'en n'ai rien à faire de ta petite personne, de toute façon je ne te connais même pas. Tu pourrais très bien n'avoir jamais fait cette théâtrale irruption dans ma vie. Et il semblerait que ça soit plutôt réciproque. Alors, dans les prochains jours, faisons comme si nous n'avions pas à nous supporter, et cela nous ira très bien à l'un comme à l'autre. Je t'ignore, tu m'ignores, et tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes. De toute façon, une fois à l'académie, on ne sera plus obligés de se parler, j'imagine. 

Une expression goguenarde naquit sur le visage du jeune homme. 

-Si tu arrives jusque là... persifla-t-il. Je parie que tu seras morte avant. 

Bon sang ce qu'il pouvait m'énerver! Mais Abriel n'accorda pas la moindre attention au regard furibond que je lui adressais. Il haussa les épaules d'un air désabusé, et enfonça les poings dans les poches de son pantalon de lin brun. 

-Dans tous les cas je serai obligé d'endurer ta présence. Même si je t'ignore. 

-Tu n'as qu'à t'en aller, si ma personne te dérange à ce point, rétorquai-je. J'imagine que personne ne t'a forcé à devenir l'apprenti de Maître Adrian. 

-Et bien si, justement! objecta-t-il. Je n'ai rien demandé moi. Je ne voulais pas être désigné pour accompagner Maître Adrian, mais on ne m'a pas laissé le choix. 

Son regard balaya mon corps d'un air dédaigneux, et il esquissa un geste de la main qui englobait ma personne. 

-Mais je ne m'attendait pas à... CA. C'est pire que tout ce que j'aurais pu imaginer. 

La rage sourde que je tentais de maîtriser depuis quelques minutes refit surface, et je hochai la tête d'un air entendu, prise d'un accès de colère froide. 

-Donc tu es obligé de te comporter comme un rustre sans aucune éducation, lançai-je d'une voix tranchante, et parfaitement calme. On se demande bien ce que tu as fait de l'enseignement de tes parents. Ils seraient probablement très fiers de ton comportement de "gentleman" s'il te voyaient aujourd'hui! J'en mettrais ma main à couper. 

Abriel avait pâli. Et ce détail, j'avais eu tôt fait de le remarquer. Il serrait à présent convulsivement la mâchoire, et les jointures de ses articulations avaient blanchi sous la pression de ses poings fermés. Comme pour se contenir, il fixait quelque chose dans le lointain. Je souris, sentant la brèche, et m'y engouffrai sans me poser la moindre question.

-Ah moins, insinuai-je en achevant de distiller mon venin, que tu n'aies jamais été éduqué et qu'ils soient comme toi? Aussi arrogants, mal-élevés,  et surtout, très lâches... Peut-être même... 

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'une main puissante m'avait saisie par la gorge et soulevée de terre. Les mots que je m'apprêtais à prononcer se terminèrent en un gémissement de douleur étouffé. Je manquais d'air, et les semelles de mes bottes ripaient contre l'écorce de l'arbre sans parvenir à trouver une prise sur laquelle s'appuyer. Je manquais cruellement d'air, et mes poumons commençaient à me brûler atrocement, tandis que ma vue et mon ouïe se brouillaient.

-Ne. Parle. Plus. JAMAIS. De mes parents, chuchota la voix, glaçante, du jeune homme au creux de mon oreille. 

Et il me libéra. A bout de souffle, je m'effondrai au pied de l'arbre. Je portai une main à ma gorge meurtrie, et grimaçai de douleur. Ma tête bourdonnait, et le monde, lointain et flou, semblait avoir décidé de danser la gigue autour de moi. L'air écorchait ma trachée à chaque fois que j'inspirais ou expirais avec difficulté. Du coin de l'oeil, je vis Abriel esquisser quelques pas d'un mouvement rageur, passer une main dans ses cheveux et s'asseoir sur le sol. Je n'étais pas sûre de moi, mais on aurait dit, à la manière dont ses épaules s'étaient affaissées, qu'une immense tristesse s'était emparée de lui. Dans mon coeur, quelque chose se serra. Mais, trop fière pour aller lui parler, et encore sous le choc de la violence de son geste, je me contentai de hausser les épaules, détourner le regard et me remettre précautionneusement debout. Je chancelai un instant, mais ma vision s'éclaircissait peu à peu et ma respiration, jusque là sifflante, se calmait. Silencieusement, je quittai le couvert des arbres, pensive. Ce garçon semblait renfermer au fond de son coeur un nombre incalculable de sentiments contradictoires, cachés sous son masque de colère et d'indifférence. La rage l'habitait de manière permanente, et un rien le mettait complètement hors de lui. Un instant, je me demandai quelle vie il avait bien pu mener, et quelles expériences malheureuses il avait pu faire pour en avoir ainsi après le monde entier. De manière sous-jacente, je me demandais également ce qu'il faisait chez moi cette nuit. Mais, parfaitement consciente que nous étions tous deux déjà allés beaucoup trop loin, je décidai de lui poser la question plus tard, une fois que nous serions calmés. Je remontai le chemin qui menait à la terrasse, et rejoignis le groupe qui se trouvait toujours dans le salon, inconscient du drame qui s'était joué quelques dizaines de mètres plus loin. 

Maître Adrian me sourit lorsque j'entrai dans la pièce.

-Tu as parlé avec Abriel ? me demanda-t-il.

-Un peu, répondis-je le plus aimablement possible.

-Qu'as-tu pensé de lui ? me questionna-t-il encore.

J'hésitai un instant puis esquissai une moue très expressive. Il éclata de rire et m'ébouriffa les cheveux.

Je vois! s'eclama-t-il, hilare. 

Il avait l'air habitué aux airs revâches de son élève.

-Il t'a sorti le grand jeu, n'est-ce pas? continua-t-il. Ne t'en fais pas. Abriel joue toujours les gamins rebelles au départ. Il n'a pas vécu que des choses heureuses dans sa vie, et il en fait payer le prix à tous ceux qui croise son chemin. Mais, lorsqu'on le connait mieux, on s'aperçoit qu'il est doté d'une très grande sensibilité. D'infimes choses le montrent, bien qu'il ne se dévoile pas facilement. Il s'habituera à ta présence. Et, qui sait, peut-être finira-t-il même par t'apprécier! 

Je soupirai profondément. Tout cela s'annonçait tout de même très compliqué. Je m'étais involontairement mis à dos mon équipier, et, à présent que ma colère était retombée, je m'apercevais que ce n'était pas l'idée la plus brillante que j'avais eue jusqu'à lors. 

-Je parie que vous finirez par très bien vous entendre, tous les deux! conclue Maître Adrian, indifférent à mes états d'âme. 

De cela, je n'étais pas si sûre. Malgré tout, je fis bonne figure et improvisai un sourire convaincu. Ce n'était pas le moment d'étaler mes incertitudes. C'est alors que les membres du Cercle Supérieur vinrent à notre rencontre. Ils avaient rassemblé leurs affaires.  

-Il est temps pour nous de partir, Adara, m'annoncèrent-ils. Nous nous reverrons lors de ton initiation, j'en suis sûr. Je te souhaite donc bonne chance, car nos chemins, pour le moment, se séparent ici. 

Il me tendit sa main longue et fine, que je serrai maladroitement, puis alla saluer mes parents. Les autres en firent de même, chacun leur tour, échangeant une poignée de main vigoureuse et encourageant. Seul l'homme au regard empli de haine ne me salua pas. Il se contenta de me jauger du regard, me mettant mal à l'aise. 

-Tu auras besoin de beaucoup de chance, grinça-t-il. Ça ne sera pas facile, crois-moi... 

La menace était à peine voilée, et un frisson d'angoisse remonta le long de ma colonne vertébrale. Puis il fit volte-face et quitta la maison à grandes enjambées. Cet homme ne m'inspirait pas confiance, et je décidai que je resterais sur mes gardes tout le temps qu'il sera dans les parages. Je regardai pensivement dehors, en direction des écuries que je pouvais entrapercevoir. Au milieu de la cour pavée, dont le sol était partiellement recouvert de paille, se trouvaient sept chevaux, attachés aux anneaux ancrés dans les murs des stalles. Soudain, j'eus conscience que c'était maintenant que ma vie d'adulte commençait, et je m'y sentis propulsée comme un boulet de canon dans un mur de briques. J'ignorais totalement ce que j'allais découvrir derrière ce mur, et c'était ce qui me faisait le plus peur. Qui n'a jamais regardé l'inconnu sans trembler ? Cependant, à mon grand étonnement, je découvris qu'une certaine excitation émergeait par en-dessous, et inondait peu à peu mon être d'un délicieux frisson d'aventure. Quelque chose en moi cherchait à s'exprimer. C'était un sentiment nouveau, presque agréable. Je décidai donc de me concentrer dessus. Un à un, les étrangers quittèrent la pièce, nous laissant seuls, mes parents et moi. Nous nous contemplâmes un instant tous les trois, comme cherchant à graver dans nos mémoires nos visages tristes et remplis d'amour. Puis ma mère me tendit les bras et je courus m'y jeter dans un sanglot.

-Si tu savais comme je suis fière de toi... me murmura-t-elle à l'oreille en me caressant les cheveux. Peu m'importe que tu réussisses ce test ou non. Peu m'importe que tu deviennes une grande Gardienne ou que tu décides de rentrer à la maison. L'important, c'est que tu fasses tes propres choix, que tu suives ce que te dis ton cœur. Et, surtout, c'est que tu nous reviennes saine et sauve. 

Je hochai la tête en reniflant bruyamment. Puis je me détachai d'elle et allai étreindre mon père.

-J'aurais aimé pouvoir passer plus de temps avec toi, lui confiai-je en soupirant. Tu vas encore énormément me manquer...

-Toi aussi tu vas me manquer, répondit-il en me serrant plus fort contre lui. Comme chaque fois que je m'en vais.

-Sauf que cette fois, dis-je un peu amère, c'est moi qui part.

Je m'écartai de lui et pris le panier que me tendait ma mère.

-Ce sont quelques provisions et ton déjeuner, précisa-t-elle comme je regardais ce qu'il contenait. 

Je reconnus la plupart des choses que j'avais achetées au marché la veille, et fronçai les sourcils.

-Ne me regarde pas avec cet air de reproche, dit-elle. Tu sais que je ne pouvais pas te dire la vérité. Il fallait bien que je justifie l'impressionnante quantité d'aliments que je t'avais demandé de ramener... Et puis je ne t'ai pas vraiment menti. Ton père rentrait bien de voyage aujourd'hui.

Mes yeux s'emplirent à nouveau de larmes. Qu'allais-je devenir sans eux ? Je ne voulais pas être en colère contre ma mère alors que je n'allais probablement plus la voir pendant de longs mois. Je la serrai donc à nouveau dans mes bras, et lui souris. J'attrapai l'une des deux besaces de voyage tandis que mon père se chargeait de la seconde, et nous sortîmes tous trois de la maison. Nous traversâmes le jardin pour nous rendre dans le haras. Artur et le reste du Cercle Supérieur étaient déjà partis, et trois bêtes magnifiques attendaient encore leurs cavaliers. Ils avaient tous été soigneusement harnachés, par les soins du palefrenier de la maison. Abriel, qui nous avait rejoints, et Maître Adrian remontaient déjà en selle, sur deux grands étalons alezans pratiquement identiques, à la musculature parfaitement dessinée. J'aidai mon père à fixer mes sacs de voyage à la selle du dernier animal, qui piaffa. C'était une magnifique jument à la robe d'un noir de jais, et au corps fin et gracieux. Il émanait d'elle une grande force et une puissance digne d'un cheval entraîné pour les courses. Je pris sa tête entre mes mains et plongeai mes yeux dans son regard ambré. Elle se calma instantanément. Je sentis qu'une grande complicité allait naître entre nous, et que nous allions devenir de bonnes amies. Je m'en réjouis. Maître Adrian se pencha vers elle, et lui gratta affectueusement le nez.

-Elle s'appelle Kira, me la présenta-t-il. Elle est très gentille mais elle a un sacré caractère. Je crois qu'elle t'a déjà apprivoisée.

Je souris. Si je n'arrivais pas à m'entendre avec Abriel, il y aurait toujours la jument. Les chevaux sont des animaux très fidèles, et l'on peut toujours compter sur eux lorsque l'on a gagné leur confiance. Je sortis un sucre de ma poche, et le lui donnai. La jument l'avala goulûment et me gratifia d'un coup de tête. Pendant ce temps, mon père finit d'installer mes affaires à l'arrière de la selle. Je serrai une dernière fois mes parents contre mon cœur et grimpai sur ma monture. J'étais une excellente cavalière, et, bien que cela fasse longtemps, je repris vite mes marques. Je croisai le regard d'Abriel. Il avait repris son éclat glacial, et l'expression de son visage était de nouveau renfrognée. Rien d'étonnant. Avec le temps, je crois que je pourrai même en venir à trouver cela rassurant. Je tentais un sourire, mais il m'ignora.

-Tout le monde est prêt ? demanda Maître Adrian. 

Nous acquiesçâmes, et il talonna sa monture, suivit de son apprenti. Je les regardai partir, indécise. 

-Je vous aime, soufflai-je à mes parents, l'estomac noué par l'appréhension. 

Ils me sourirent avec encouragement.

-Nous aussi, me dirent-ils en cœur. Vas-y, maintenant, ajouta ma mère. Il est temps pour toi d'affronter ton destin.

J'acquiesçai, tentant de paraître détendue, et relevai la tête. Les deux hommes étaient déjà passés de l'autre côté du mur qui ceignait le manoir. Je pris une profonde inspiration, et ordonnai enfin à ma monture d'avancer. 

Alors que je passais la grille du jardin, je regardai en arrière. Mes parents étaient là, blottis l'un contre l'autre sur le perron. Ils me firent signe, mais me parurent soudain si petits, et si tristes... Je me sentis coupable de les abandonner, et je me promis de revenir les voir le plus vite possible. Puis je me retournai définitivement, ravalant mes larmes. Je talonnai Kira, et elle prit le petit galop pour rattraper les autres, qui m'attendaient plus loin sur le chemin. Une bouffée d'air frais et matinal s'engouffra dans mes poumons, et je pris soudain conscience de la chance que j'avais de partir vivre une aventure aussi extraordinaire. Je me sentis revigorée et plus confiante. Je n'étais peut-être pas entourée des gens qui m'aimaient, mais je savais qu'ils me protégeraient. Enfin. Que Maître Adrian me protégerait, plus exactement. Je regardai le soleil s'élever dans le ciel, entre les branchages, et un sourire heureux naquit sur mes lèvres. J'allais sans doute enfin savoir qui j'étais réellement, et de quoi j'étais capable. Et cela, ça n'avait pas de prix.

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