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Chapitre 15 : Révélations (2)

Je me plantai devant Abriel, la mâchoire et les points serrés, aussi dépitée que folle de rage.

-Toi... gondai-je d'une voix sourde.

C'était à peu près tout ce que j'étais capable de dire, tant ma gorge était nouée par le dégoût. Il se leva, un air de stupéfaction désolée peint sur le visage.

-Tu... Tu as tout entendu...

Ce n'était pas une question. Il savait très bien que je les avais surpris. Sinon, comment expliquer les sanglots incontrôlables qui s'échappaient de ma poitrine en autant de plaintes sonores, et qui secouaient à présent mon corps ? J'étais tellement déçue. J'aurais pu accepter ses remarques et ses piques acerbes. Malgré tout, j'avais fini par m'habituer à son comportement. Mais je ne pouvais pas lui pardonner cela. Je ne le pourrais jamais, même si je le voulais.

-Oui, soufflai-je. J'ai tout entendu.

Il accrocha son regard au mien, et j'y devinai les supplications qu'il ne parvenait pas à formuler à voix haute. Mais mon coeur s'était fermé. Je ne voulais plus l'écouter.

-Je n'ai jamais voulu ça... plaida-t-il. Je ne pouvais plus reculer, c'était trop tard, j'avais dit oui ! Je n'avais plus le choix... Ils ne me le laissaient pas...

Si les regards pouvaient tuer, Abriel serait mort sur place, désintégré par le mien. Il baissa les yeux, conscient de son erreur. Je m'engouffrai dans la brèche qu'il avait ouverte dans sa carapace.

-Remballe tes fausses excuses, crachai-je. Ce n'est pas la peine de faire encore semblant. Je sais très bien que tu ne penses rien de tout ce que tu pourras me dire à présent. Tu me détestes. D'ailleurs, tu me haïssais même avant de m'avoir rencontrée. C'est pour cette unique raison que tu t'es laissé embarquer dans cette histoire complètement dingue. Mais, sais-tu? N'importe qui d'assez avisé se serait méfié d'une telle proposition, et l'aurait rapportée aux personnes capables de régler une histoire de cette ampleur ! Il faut vraiment être un idiot pour se laisser emporter dans un complot sans réfléchir aux conséquences de ses actes... Ils t'ont vu passer, toi, l'apprenti trop sûr de toi, et ils se sont dit que tu étais la proie parfaite. Ils ont touché à ton ego surdimensionné et tu les as cru. Tu aurais dû te douter que tu ne pourrais plus en sortir après avoir mis un pied dans l'engrenage ! Tu crois tout savoir mais tu n'as visiblement pas suffisamment appris. Tu es aussi naïf qu'un enfant !

Je me détournai en fulminant, autant en colère contre moi que je pouvais l'être contre lui. Après tout, ces arguments, je pouvais les retourner contre moi. L'être humain n'est pas fait de bonté, même doté de magie. Pourtant, j'avais cru pouvoir le faire changer d'avis à mon sujet. J'avais, moi aussi, été d'une innocence affligeante.

-J'aurais dû comprendre tout cela immédiatement, au lieu de te donner un nombre incalculable de chances de me faire oublier ta conduite insupportable, continuai-je sur un ton plein d'amertume. J'aurais dû regarder la vérité en face tant qu'il en était encore temps.

Je me tournai vers lui.

-Mais ne t'inquiète pas ! Tu as gagné, je m'en vais. Je rentre chez moi. J'en ai assez de tout cela, donc c'est fini. Débrouille-toi, raconte à ton Conseil tout ce qui te chanteras. Tu pourras même leur dire que je suis morte si cela peut sauver ta peau ! Je ne reste pas une seconde de plus ici, tu n'entendras plus jamais parler de moi, sois-en sûr.

Et je m'avançai vers ma couche, afin de remballer mes affaires, bousculant le jeune homme d'un coup d'épaule par la même occasion. Lorsque je passai devant lui, Maître Adrian tenta de crocheter mon bras.

-Adara... Réfléchis une minute avant de te décider. Tu ne crois pas que tu te dois une chance ? Il s'agit de ton avenir au sein de la guilde, pas de celui d'Abriel... Certes il a dépassé les bornes mais tout cela tu dois le faire pour toi, pas pour lui! Ni même pour personne d'autre.

Je me dégageai violemment.

-J'ai pris ma décision, Maître. De toute évidence, Abriel n'est pas le seul à souhaiter ma mort, et je ne suis pas prête à affronter cela. Donc je pars, et c'est irrévocable.

Il me relâcha, vaincu. Il savait que j'avais raison, et que j'étais libre de renoncer quand je le décidais. Je ne me voyais pas continuer dans ces conditions. Je ne me voyais pas continuer tout court. Qui savait combien d'autres Gardiens en avaient suffisamment après moi pour prévoir, sans vergogne, mon élimination. C'était tout autant de gens qui n'hésiteraient pas à frapper avant mon initiation, et après. Mais je refusais de passer ma vie à fuir ou à me battre. Autant que j'arrête tout de suite, c'était moins dangereux. De toute façon, je regrettais déjà ma vie d'avant, et rien de tout cela ne me manquerait.

Je me tournai vers Abriel, qui me contemplait, les bras ballants et l'air désespéré. J'avais encore quelque chose à lui dire. Je savais que cela l'atteindrait, mais je m'en fichais. Je voulais lui faire du mal. Je voulais le blesser. Je voulais qu'il ressente cette indicible douleur lorsque l'on vous plante un invisible poignard en plein coeur. Je voulais qu'il comprenne.

-Espèce de lâche... lui crachai-je au visage, distillant mon venin en lui. En plus de cela, tu n'as même pas eu le courage de remplir ta mission. Tu as préféré te cacher derrière ton mentor. Mais pourquoi, dis-moi? Qu'espérais-tu de lui ? Qu'il le fasse le sale boulot à ta place ? Qu'il te protège des hommes que tu as trahis ? Car oui, c'est que tu as fait. Tu les as trahis, autant que tu m'as trahie moi. Et même Maître Adrian, d'une certaine manière. Tu n'as aucune parole. Tu me dégoûtes.

Il me dévisagea, dépassé par la situation, et je m'avançai encore vers lui. J'avais l'avantage, et je n'allais pas m'en départir si facilement. Il m'avait blessée. Et humiliée. Il méritait largement cette réaction de provocation. J'entendais bien le pousser à bout, afin de révéler aux yeux de tous sa véritable nature.

-Pourtant... sifflai-je, les dents serrées. Tu aurais eu l'occasion de mettre tes sombres desseins à exécution. Et plus d'une fois. Alors pourquoi ! Pourquoi tu ne m'as pas abandonnée dans cette forêt ?! Pourquoi tu ne m'as pas laissée mourir de froid ?! Pourquoi tu avais l'air aussi inquiet lorsque vous m'avez retrouvée ?! Et pourquoi ne m'as-tu pas tuée tout à l'heure, sur le terrain d'entraînement ?! Oh ! Mais je vois ! Tu as essayé mais tu n'as pas pu aller jusqu'au bout ! Parce que tu es un pleutre, un couard, voilà pourquoi ! Avoue-le !

Et, sans crier gare, je lui administrai une gifle monumentale. Cela faisait quelques minutes que ce geste, certes brutal, me démangeait, et il me fit un bien fou. La tête du jeune homme partit violemment vers la droite et il porta une main à sa joue, ahuri. Durant une seconde, qui me sembla durer une éternité, nous nous considérâmes tous les deux, face à face. Le premier qui baisserait les yeux aurait perdu, et cela ne serait pas moi. Finalement, il réagit, la colère s'emparant des traits harmonieux de son visage, et les déformant à l'extrême. Il se jeta sur moi et, un instant, je crus qu'il allait m'étrangler. Mais non. Il m'agrippa juste les épaules, assez fort pour que je ne puisse pas m'échapper.

-Abriel ! cria Maître Adrian dans mon dos, en faisant un pas en avant.

Mais celui-ci ne tressaillit même pas, tout son corps tremblant d'une rage non contenue.

-Que sais-tu de moi ! s'exclama-t-il, hors de lui. Rien du tout ! Mais puisque tu veux des réponses, je vais te les donner. Que tu veuilles le croire ou non, je n'ai jamais eu l'intention de te tuer. Lorsque j'ai accepté ce contrat il n'était pas question de meurtre, juste de surveillance. Tu as sans doute raison lorsque tu dis que j'aurais dû voir que tout cela était un piège, finalement aussi bien tendu pour toi que pour moi ! Cependant je ne suis pas un assassin, et je ne le serai jamais, c'est ainsi. Tu n'as pas songé une seule seconde qu'en t'épargnant, c'était moi-même que je condamnais, n'est-ce pas ? Si j'en ai parlé à Maître Adrian, cela n'a rien à voir avec le fait que je ne pouvais plus assumer une telle responsabilité. C'est parce que je savais que, tôt ou tard, ils s'en prendraient à moi, et je me devais de lui dire pourquoi, après tout ce qu'il a fait pour moi par le passé. Tu peux penser ce que tu veux. Mais je ne suis pas un meurtrier, et, que tu acceptes de le croire ou non, j'assume la pleine responsabilité de mes actes.

Il se radoucit, soupirant, et secoua doucement la tête.

-Sans parler de ce que je risque auprès du Conseil lorsqu'ils apprendront la vérité. Je vais avoir de gros ennuis, Adara. Quelle que soit la tournure que prendra l'avenir. Même si, bien sûr, cela ne rachète en rien ma faute auprès de toi, j'en conviens.

Cette réalité me sauta au visage, et je tremblai, déstabilisée. Me sentant vaciller, il relâcha la pression sur mes épaules pour se redresser.

-Je sais que je ne suis pas le mieux placé pour te donner des conseils, après tout ce que je t'ai fait subir. Mais je te dois bien cela.

Il se perdit une seconde dans ses pensées, puis darda ses prunelles azurées dans les miennes.

-Adara, il faut que tu saches que tu es intelligente et vraiment très douée. Bien que tu sois dotée d'un sacré caractère et d'un esprit emprunt d'indépendance, ce qui n'est pas toujours très bien vu, tu as tout pour devenir une Gardienne exceptionnelle, et il est évident que tu devrais poursuivre jusqu'à l'initiation. Malgré tout ce que j'ai pu te dire, j'ai toujours su que tu en étais capable.

Ébranlée par son discours, je ne trouvai rien à répondre. D'ailleurs, apparemment, Abriel n'attendait rien de moi, car il se détourna presque immédiatement pour faire face à notre mentor, le visage ravagé par le remord.

-Je suis désolé de vous avoir caché tout cela si longtemps, Maître. J'ai cru pouvoir me sortir de cette situation seul, mais, de toute évidence, ce n'était pas le cas.

Ce-dernier se pinça l'arrête du nez, fermant les yeux une demi-seconde. Il paraissait extrêmement las.

-Je sais bien que ta jeunesse et ton inexpérience sont les principales causes de cette erreur, Abriel. Cependant, même si je peux t'accorder mon pardon, je ne peux pas empêcher le châtiment qui t'attend. Comme tu l'as souligné, je vais devoir en référer au Conseil, et ce sont eux qui décideront quoi faire de toi. Je ne pourrais pas les en empêcher, car tu as trahi le code d'honneur de la guilde...

Le jeune homme hocha la tête, la mine sombre.

-Je le sais.

-Que voulez-vous dire, Maître ? intervins-je, entrevoyant qu'il s'agissait que quelque chose de grave.

Notre mentor soupira, se passant une main dans les cheveux. Je ne lui avais encore jamais vu cet air fatigué. Il semblait avoir pris quelques années en moins de cinq minutes.

-C'est-à-dire que l'une de nos règles les plus fondamentales est la confiance. Surtout depuis que Dargana a fait voler en éclat l'unité qui nous caractérisait. Trahir les siens, Adara. Quelle qu'en soit la raison... Est passible de la peine de mort.

Je frémis.

-Pour ses agissements contraires à nos lois, poursuivit-il gravement, Abriel sera renvoyé de l'académie. Il sera jugé par le tribunal du Conseil, et puni pour l'exemple. Dans le meilleur des cas, il sera emprisonné. Dans le pire...

Il laissa sa phrase en suspend, et je saisis immédiatement où il voulait en venir. Je me tournai vers le jeune homme, silencieux depuis déjà quelques instants, horrifiée. Je refusais d'être responsable d'un tel châtiment.

-Non.

Maître Adrian se figea, et me considéra d'un air incrédule.

-Abriel mérite peut-être un tel châtiment, mais je refuse d'en être la raison, m'expliquai-je. D'autant plus que ces hommes, qui lui ont demandé de me tuer, ne seront pas inquiétés, étant donné que nous ignorons totalement leurs identités. C'est injuste. C'est vraiment un imbécile, mais il a été piégé par son innocence et l'arrogance dont on peut faire preuve lorsque l'on est jeune.

L'homme hocha la tête d'un air contrit.

-Je comprends ton point de vue, Adara, mais cette affaire est très grave. D'autant plus que cela signifie que quelque chose se trame dans l'ombre. Quelque chose dont il faut à tout prix avertir le Conseil. A cause d'événements récents, dont je ne peux malheureusement pas vous parler, je suis intimement persuadé que les doutes d'Abriel ont nourri une haine qui n'a rien à voir avec le scepticisme des membres de notre guilde à ton égard.

Je restai une seconde silencieuse, considérant les différentes possibilités qui s'offraient à moi. Mais il me sembla rapidement évident que, quelle que soit ce que je déciderai de faire par la suite, Abriel n'échapperait pas à son procès.

-De plus, ajouta le professeur, ne pas en parler est inenvisageable pour une autre raison : nous serions tous considérés comme coupables de trahison. Si nous voulons une chance de tirer cette histoire au clair, il n'y a pas d'autre issue que celle de parler.

J'acquiesçai sombrement. Je savais qu'il avait raison. Bien que je le regrettais amèrement, je ne pourrais rien faire de plus pour le jeune homme, j'en avais bien conscience. Il était donc temps pour moi de partir, plus rien ne me retenant dans cette ville sordide. Je fermai le sac que je venais de finir de remplir, après y avoir glissé le second, pour le moment vide. Il faudrait que je me ravitaille à un moment ou à un autre, les vivres que je possédais étant plus que maigres, puisque uniquement composés des restes du repas pris le jour-même sur le terrain d'entraînement. Je jetai la besace sur mon épaule, prête à laisser tout cela derrière moi sans le moindre regret.

Mais, alors que je m'avançais vers la porte, me préparant à faire mes adieux, Maître Adrian me barra la route. Je reculai, surprise par la rapidité avec laquelle il m'avait rejointe.

-Il est tard Adara... Je crois que tu devrais prendre le temps de réfléchir à tout cela, me proposa-t-il d'une voix douce. La nuit porte toujours conseil.

Je lui souris, reconnaissante, mais secouai négativement la tête.

-Non, je sais ce que je dois faire. Je m'en vais maintenant, je sais que c'est le bon moment. Merci pour tout, Maître. J'ai beaucoup appris durant ces quelques jours passés à vos côtés. Maintenant, il est temps que je retourne à ma vie d'avant, et que je retrouve la vraie moi. Celle qui n'essaye pas de se prendre pour une guerrière...

Il sourit doucement et hocha la tête, comprenant que ma décision était irrévocablement prise. Il s'effaça, afin de me laisser le passage.

-Je te souhaite bon vent, Adara. Qui sait... Peut-être serons-nous amenés à nous recroiser un jour.

J'inclinai la tête en signe d'au revoir et quittai la chambre, sans même adresser un regard à Abriel. Je dévalai les escaliers grinçant, traversai une dernière fois la salle commune plongée dans la pénombre, et m'enfuis dans la nuit noire.

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