Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

14. L'annonce télévisé

C'est en marchant en direction d'un bus nous menant à la ville portuaire la plus proche que je me rends compte de mon imprudence. Je suis avec un garçon qui, certes, m'a beaucoup aidé mais je ne sais rien de lui. Pourquoi est-ce que je le suis ?!

Tu as toujours été naïve ma vielle.

Je soupire, oui la naïveté est mon pire ennemie depuis l'attaque du château. Ne pas faire confiance à des inconnus ! C'est la base pourtant. Et bien sûr, il faut toujours que je fonce tête baissée dans les pièges. J'en viens à me demander comment Isildor n'a pas encore réussi à me tuer. Je suis une proie si facile à avoir.

- Si tu apprenais à mieux magner ta magie, ce sera plus facile.

Je lève les yeux vers Noah, légèrement énervée. Je lui avais déjà dit d'arrêter de lire mes pensées...

- Si je ne veux pas finir enflammé.

Je ne peux m'empêcher de sourire en repensant à notre face à face dans la ruelle devant la maison de John. Au final c'était moi qui avait finit bien ridiculisé. Je décide de changer de conversation.

- On est bientôt arrivés ? demandé-je en regardant autour de moi, sans rien reconnaître.

Noah me montre du doigt l'arrêt de bus. Nous ne sommes qu'à une cinquantaine de mètres. Je profite du fait que Noah soit devant moi pour mieux le détailler. Il a l'air sûr de lui mais je me demande toujours pourquoi il a décidé de m'aider. Peut-être que son passé me donnera des indications ?
Mais ai-je vraiment envie de découvrir son passé ?
Non.

Je ne sais plus trop quoi penser. Il y a tellement de choses que j'aimerais comprendre... Et les semis révélation auquel j'ai eu le droit ne m'ont pas beaucoup aidés.

- Le bus devrait arriver dans très peu de temps. Environ cinq minutes, précise Noah.

Je hoche la tête sans rien répondre. Je fixe la route devant mes yeux. Des voitures passent rapidement à un rythme soutenu. Je vais enfin quitter la Chine, une partie de mon voyage est terminé. Une autre commence... Au fur et à mesure que les jours avances, je sens de plus en plus ma magie. En particulier quand je suis en colère ou que j'ai peur. Cette sensation, bien loin de m'effrayer, me rassure. Avec cette magie, je me sens moins vulnérable, moins seule... Je n'ai jamais vraiment eu peur du feu. Comme beaucoup de monde, les flammes me fascinent. Si belles et pourtant si dangereuse et meurtrière.

- C'est étrange, ça me rappelle quelqu'un, chuchote Noah, taquin.

Je souris et rougis légèrement face à ce compliment camouflé tout en me reposant la question que je m'étais posé avant de prendre ma photo d'identité pour mon passeport. Je me lavais quand j'ai remarqué, dans le miroir en face de la douche, que ma blessure avait complètement disparue, en l'espace de seulement quatre jours. Est-ce un pouvoir d'immortelle ?
Puis-ce que je n'ai aucune idée de la réponse, je décide de la poser à Noah.

- Oui, me confirme mon camarade. La régénération, comme j'aime bien l'appeler, est un pouvoir d'immortel. Ce qui explique pourquoi ta blessure à complètement disparue. Je peux t'assurer que c'est très pratique.

Je n'en doute pas...

Le bus s'arrête à quelques mètres de nous et nous quittons -sans regrets- Shenyang. Je trouve un siège et appuie ma tête contre la vitre. La fraîcheur et les vibrations me font penser aux matins où j'allais en cours comme les autres adolescents de mon âge. Plus les jours passent, plus j'ai l'impression que ce passé est de plus en plus révolu. Je sais que je n'ai aucune chance de revenir en arrière, de faire comme si de rien n'était.

Étrangement, cette certitude ne me fait plus autant peur qu'avant. Depuis que j'ai découvert les souvenirs de Kumiko, j'ai véritablement l'impression de faire partie du monde des Gardiennes Immortelles, de faire partie d'elles, d'être l'une d'elles. Avoir quelque chose de spécial, être véritablement spécial. Je fixe mes mains. J'imagine qu'une petite flamme s'y forme mais rien ne se passe. La magie est vraiment capricieuse. Je repense à la façon dont Noah contrôlait la terre, cette nonchalance même quand il manipule un élément. Des signes bien marqués qu'il pratique la magie depuis déjà plusieurs années. Ce n'est pas avec mes quelques jours d'expérience que je vais réussir à le battre.

Le voyage se passe lentement. Les paysages tantôt urbain, tantôt ruraux m'occupent et m'empêchent de laisser mes pensées s'égarer dans des lieux que je ne souhaite pas. Noah, assis à côté de moi, n'est pas bavard. Il semble, lui aussi, réfléchir à ce qu'il fait, à ce qu'il lui arrive.

Je jette de temps à autre des coups d'œil sur mon portable. Grâce à John, j'ai pu le recharger. Soudain une envie irrésistible de prendre mon téléphone et d'appeler les parents s'empare de moi. Après tout j'ai le droit de le faire. Sauf que la question n'est pas si j'ai le droit, mais si j'ai envie. Oui j'ai terriblement envie de me jeter sur mon portable, d'écrire le numéro de la maison sur l'écran tactile et de tout raconter à mes parents. Sauf que quelque chose au fond de ma conscience m'en empêche. Si je leur parle, ils seront peut-être en danger ?
Qui sais jusqu'où peut aller les hommes d'Isildor.

Je cligne plusieurs fois des yeux, le téléphone à la main. Je ne m'étais même pas rendu compte que je l'avais pris. Je le repose brusquement, comme s'il s'agissait d'une bombe qui pourrait exploser dans mes mains. Je soupire et appuie ma tête contre le dossier de mon siège. Doucement mais sûrement, une autre émotion, tout aussi destruction commence à croître dans mon corps. La culpabilité. Mes parents ne méritent pas que je les laisse en dehors de tout ça. Ils doivent être morts d'inquiétude ! Je n'ai pas le droit de leur faire ça, de les laisser dans l'ignorance. Je n'ose pas imaginer si ils découvraient, au détour d'un journal télévisé, que l'actuelle Gardienne Immortelle est morte et que ça pauvre remplaçante, non apte à se battre, est morte également. Je ne veux pas leurs infligé ça.

Les deux idées de combattent durement dans la tête pour savoir qui gagnera la partie. Finalement, après une lutte infernale, je décide de ne pas appeler mes parents. Pour éviter toute tentation, j'éteins mon portable et le jette dans mon sac pour ne plus le voir.

Je colle de nouveau ma tête contre la vitre du bus et attends. Du coin de l'œil, j'observe Noah, la tête appuyer contre son siège, qui semble réfléchir. Je veux absolument m'occuper pour ne pas penser à mes parents. C'est donc sans vraiment réfléchir que je demande à Noah.

- Pourrais-tu m'en dire plus sur les pouvoirs des Immortels ?

Ce dernier ouvre les yeux et se tourne vers moi. Curieusement, j'ai l'impression qu'il a perdu sa gaieté. Son visage est si triste. Il se racle la gorge avant de se tourner complètement vers moi.

- Qu'es ce que tu veux savoir ?

- Comment arrives-tu à contrôler ta magie ?

- J'étais sûr que tu allais me poser cette question.

Il fronce les sourcils en se demandant comment il peut m'en parler.

- Je pense que c'est différent pour tout le monde. Quand je veux utiliser la magie, je pense à ce que je veux faire. Par exemple, si je veux créer une tour de terre, j'imagine la terre monter au-dessus de moi, de manière à ce qu'elle forme ce que j'avais imaginé. Je me concentre également sur la magie qui circule en moi.

Je ferme les yeux et, suivant les conseils de Noah, je m'imagine une flamme dans ma main. Sauf que quelqu'un me secoue brutalement par l'épaule. J'ouvre les yeux et regarde Noah sans comprendre.

- Pourquoi tu as fait ça ? J'étais sûre que j'allais y arriver.

- Justement. On dira quoi aux personnes qui auront vu ta magie ?

Je grimace, je n'avais pas pensé à ça. Je regarde à droite et à gauche, il semble que personne n'a rien vu.

Heureusement

- Qu'est-ce que ça ferai si des gens nous voyaient ?

- Il y aurait une gigantesque vague de panique étant donné que personne n'est au courant de nos pouvoirs, m'explique Noah en chuchotant.

Je hausse les sourcils.

- Comment se fait-il que personne ne soit au courant de nos pouvoirs ? demandé-je plutôt étonné.

- C'est le secret le mieux gardé du monde, largement avant la zone 51. Normalement, tu as appris l'existence de la magie avec Sirielle pendant ton début d'initiation.

- C'est exacte.

Noah prend son temps avant de continuer.

- Comment crois-tu que les gens réagiraient si, tout d'un coup, ils apprenaient l'existante de notre magie ? Nous serions des proies idéales pour n'importe quel scientifique ! Le seul moyen pour éviter ça aurait été de préserver notre différence dans le passé.

Je repense aux souvenirs de Kumiko. Son roi et tout son royaume était au courant de ses pouvoirs.

- Dans le passé, c'était le cas. Toute les personnes proches, ou moins proche d'une Immortelle était au courant de sa magie. Expliqué-je à Noah.

- Ça veut dire que c'est Alinore qui a tout changé ! Si avant les Gardiennes ne cachaient pas leurs magies, Alinore a décidé de changer la donne. Pourquoi ?

Je hausse les épaules. Je ne pense pas pouvoir être capable de répondre à ce genre de questions. Je connais ce monde depuis si peu de temps... Noah garde le silence, visiblement plongée dans ses pensées. Je me replonge dans la contemplation du paysage pour passer le temps.

Si les Gardiennes n'étaient pas connue pour leurs magies alors c'était pour quoi ?
Sûrement pour leur âge impossible pour un humain. Depuis que je suis toute petite, on me dit que les Gardiennes nous protègent et garde la mémoire commune de tous les humains grâce à leur vie exceptionnellement longue. Bien sûr, le fait que le temps n'a pas d'importance pour elle est une grande question de la communauté scientifique. Sauf que personne n'a jamais pu répondre à cette question étant donné que le lieu de vie de la Gardienne est inconnu de tous.

Le bus finit par s'arrêter dans une petite ville portuaire ou la plupart des bateaux dépassent largement la hauteur des maisons construites plus loin dans les terres. Une fois descendu, l'air marin me pique le nez. Je suis le groupe de personnes nous guidant jusqu'au bateau. Noah me tapote l'épaule. Je me retourne et il me tend quelque chose.

- Qu'est-ce que c'est ? lui demandé-je tout en l'examinant.

- Un visa. On va en avoir besoin pour aller en Égypte. Heureusement que John n'est pas seulement spécialisé en papier d'identité.

Je le récupère et regarde le petit groupe avancer vers le bateau.

- Comment va-t-on monter ? Nous n'avons pas réservé, dis-je perplexe.

- Il n'y a clairement pas assez de passager dans ce bateau. L'équipage ne dira pas non à quelques Yuans de plus.

Je hoche la tête, pas certaine que cette réflexion soit la bonne. Cependant, l'argent que j'ai dans mon sac devrait peut-être faire plier quelques personnes de l'équipage. Nous rattrapons les voyageurs et nous mêlons à la file. J'en profite pour observer les bateaux autour de moi.

La plupart sont des cargos gigantesques devant relier l'Europe ou l'Amérique en quelques semaines. Je regarde les grues monter sans cesse des conteneurs d'au moins trente mètres pour une dizaine de tonnes.
Bien que le port ne soit plus en très bon état, la majorité des hangars sont déserts, rouillées ou certaines vitres sont brisées, beaucoup de cargos ou de bateaux viennent s'y amarrer pour vider leurs marchandises ou se ravitailler.

Je baisse la tête pour observer le personnel du bateau dans lequel nous allons embarquer vérifier les billets, les passeports et les visas. Ils n'ont pas l'air très amical. Je regarde Noah en lui faisant comprendre que je ne crois pas du tout à son idée. Il hausse les épaules. Il n'est pas inquiet et ça se voit. Comment fait-il ?

J'attends mon tour avec anxiété. Bien que mes papiers ne soit plus les mêmes, je dois être reconnaissable à plusieurs kilomètres ! Au vu de tous les articles à mon propos qui me sont passés sous le nez quand j'étais au palais du crépuscule, je dois être connue dans le monde entier ! Je respire pour me calmer. Il n'y a aucune raison de paniqué.

A part le fait que tu puisses te faire recaler devant ce bateau ou que quelqu'un te reconnaisse...

Je fais taire la petite voix dans ma tête. Il n'y a AUCUNE raison de paniqué. Quand je finis par arriver devant l'homme chargé de vérifier mes papiers, je me dis qu'il y a clairement une raison de paniqué. Cet homme n'a rien d'accueillant. Entre son allure de gorille avec sa mâchoire carré et sa carrure imposante dû à ses bras trop long et son visage parfaitement impassible d'où naît quand même une violence contenue, il n'a rien d'une personne agréable.

Il me tend brusquement la main pour récupérer mes papiers. Au moment où j'allais les lui donner, Noah sort de nulle part pour me tirer par le bras et m'emmener vers une femme.

- Le gorille ne te laissera jamais passé mais Chan sans aucun problème, me chuchote Noah.

Devant mon air perplexe il précise.

- C'est une amie.

Je lève un sourcil. Décidément, Noah a beaucoup d'amis. Nous arrivons devant l'hôtesse. Cette dernière me sourit chaleureusement avant de se tourner vers Noah pour discuter.

Chan, avec sa carrure élancée et sa délicatesse naturelle, est très belle. De longs cheveux noirs descendent en cascade dans son dos seulement retenue par un élastique rouge comme son rouge à lèvres. Quand elle sourit à Noah, deux légère fossettes se créés, mettant encore plus en valeur ses dents droites et alignés.

Je me demande d'où Noah la connait. Peut-être que ses "talents" lui ont permis beaucoup de choses et de privilèges. Notamment d'avoir de très belles amies. Je secoue la tête en pensant à cela, pourquoi je pense à ça ? Je suis vraiment de mauvaise foi. C'est grâce à lui que j'ai pu quitter la Chine sans trop de difficultés, je dois m'en souvenir.

Chan fait un signe de tête à Noah en lui tendant ses papiers et part discuter avec le gorille en attendant les derniers passagers. J'emboîte le pas à Noah et nous quittons le quai animé pour embarquer. Je ne peux pas m'empêcher de faire une remarque.

- N'empêche que tes amis sont plutôt pratiques.

Il se retourne en me dévisageant de manière critique et répond avec une froideur inhabituelle.

- Oui mais ce n'est pas que pour cela que je les ai choisis.

Je me sens piqué par cette remarque. J'ai, sans faire exprès, insinuer que ses amis ne lui servaient qu'à servir ses propres intérêts. Je me sens soudain très bête. Noah, s'il a suivi le cours de mes pensées, n'en montre rien.

- Pardon, murmuré-je plus pour moi que pour lui.

Je le vois hausser vaguement les épaules et continuer sa route sans rien dire. Je m'arrête devant la passerelle pour observer le bateau. Je lis le mot Tiger, peint à l'encre blanc sur la coque noir du bateau. Le Tigre, un drôle de nom pour un bateau. Avec sa peinture, ses quelques étages et ses minuscules hublots, le Tigre n'a clairement pas l'apparence d'un bateau de croisière de luxe.

Après avoir suivi Noah sur le pont et dans des dédales de couloirs et de cabines vieillit par le temps, j'ai finalement accès à ma cabine. Elle n'est pas très vaste mais cela suffira largement pour le voyage. Je pose mon sac sur mon nouveau lit et observe ma cabine. Une penderie et une étagère solidement fixée au sol compose mon nouveau chez moi. Je regarde par la porte en me demandant comment Noah trouve sa cabine. Grâce à Chan, nous ne sommes pas loin l'un de l'autre en cas de problèmes.

Je me couche sur le lit en décalant légèrement le sac, forcée de constater qu'une étape de mon voyage est définitivement terminée. Jusqu'où devrais-je aller sur la Terre pour comprendre tout ce que j'ai à comprendre ? Tao ne m'en a jamais parlé... A vrai dire, je n'ai que très peu parlé à Tao, c'est seulement grâce à son journal et aux souvenirs de Kumiko que je le connais mieux. En y repensant, j'ai foncé la tête la première vers une destination inconnue juste pour avoir la sensation de faire quelque chose d'utile. Je n'étais même pas obligé de le faire, j'avais juste... Je ne sais même pas, la moi s'il y a quelques semaines était tellement différente de maintenant. Je n'avais pas encore conscience du danger et je n'avais pas certains éléments pour m'aider à comprendre. Je ne connaissais même pas Tao ! Sauf qu'à présent c'est différent. Les souvenirs m'ont aidé à envisager des choses et je sais très bien que Tao n'est pas une mauvaise personne. C'est juste quelqu'un qui doute, comme moi maintenant. Mais grâce à lui, j'ai désormais un but et je sais que ces souvenirs m'aideront à comprendre le présent. Peut-être que j'en apprendrai plus d'une les Ailes Blanches ou sur Isildor...

Je laisse mes pensées flotter tranquillement dans ma tête. Cela fait un moment que je ne me suis pas sentie aussi bien.

Finalement, c'est Chan qui interrompt le cour de mes pensées en toquant doucement contre la porte de la cabine et en demandant si elle pouvait entrer. Je m'assois sur mon lit et lui répond positivement. Elle ouvre la porte et me sourit.

- Le début de voyage se passe bien mademoiselle ? demande-t-elle poliment.

Je hoche la tête et lui sourit.

- Si vous souhaitez, il y a un bar à un étage à dessus de votre cabine. C'est l'endroit idéal pour passer le temps.

Un bar ? C'est vrai que je pourrais essayer de m'occuper pour faire passer le temps. Le voyage promet d'être un peu long.

- C'est très gentil merci, je crois que je vais aller y faire un tour, répondis-je en lui rendant son sourire.

Elle hoche la tête et referme la porte de ma cabine, me laissant seule. Je me lève et quitte ma chambre. Cette petite visite au bar me va me permettre de faire un tour du bateau pour mieux me repérer.

Je longe tranquillement les cabines vides de mon pont. Noah a raison, il n'y a pas grand monde. En suivant les conseils de Chan, je monde l'escalier montant au pont suivant et je suis les éclats de voix et de musique pour arriver au bar. L'ambiance enjouée contraste avec la monotonie du reste du bateau. Une dizaine de personnes, hommes et femmes, discutent assis sur des tables ou accoudés au bar. Une musique des Jackson Five passe en fond sonore. Je m'assoie sur une chaise en hauteur en face du bar. Le barman, un homme bourru et large d'épaule, me regarde avec suspicion.

- Qu'est-ce que je vous serre mam'zelle ? demande-t-il dans un anglais approximatif.

- Vous avez de la limonade ? demandé-je automatiquement.

A la vue du nombre de bouteilles d'alcool, je doute qu'il puisse me trouver ce que je cherche.

-Je vais voir ce que je peux vous trouver, grommelle-t-il en quittant l'avant du bar en direction de la réserve.

J'entends distinctement le bruit de canettes et de bouteilles déplacées sans délicatesse par le barman. Je tourne la tête vers les clients du bar et remarque une télévision au-dessus du bar à un mètre de moi. Elle passe un programme télévisé chinois, sans aucun doute un journal.

Je sursaute et tourne la tête vers le bar quand une bouteille heurte le bar. Le barman me regarde en souriant, ravi de l'effet de sa surprise. Je le remercie d'un signe de tête et prend une gorgée. L'effet des bulles sur ma langue me détend et fait remonter de douloureux mais si paisibles souvenirs. Je me revois nettement avec ma grand-mère, buvant une limonade sur sa terrasse dans sa petite maison près de Bordeaux. Les fous rires incontrôlable quand les bulles me piquaient le nez. Je pousse un soupir chargé de tristesse. Je ne sais pas si je pourrai plus être triste un jour en repensant à ma mamie.

Soudain une voix me sort de mes pensées et je me tourne vers la télévision. Une très belle femme se tient au milieu de l'écran. Son visage mat encadré par des cheveux bruns crépu et ses yeux tout aussi foncé me mettent mal à l'aise. Je n'arrive pas à décrypter son expression ni même ses intentions.

- Je sais que c'est un coup dure pour l'humanité, commence la femme, mais Sirielle, notre admirable Gardienne est morte ainsi que celle qu'elle avait choisi pour la remplacer, Jane.

Mon cœur rate un battement. Ça y est, la bombe est lâchée. Sirielle est morte, je suis morte... Cette pensée incongrue me ferai presque sourire. Si cette femme à annoncer que je suis morte, est-elle au courant ? Sait-elle que c'est un mensonge ou fait-elle partie des gens qui souhaitent ma mort ?

- Vous vous demander sûrement comment je suis au courant, reprend la voix. Je fais partie d'un d'organisation très liée au Gardiennes, mais je ne peux vous en dire plus. Sirielle a été tuée, exactement comme sa predécétrice, par sa propre armée.

Il y a un silence. Mon cœur fait des montagnes russes dans ma poitrine. Il bat à présent si fort que j'ai l'impression qu'il va exploser. Toutes les personnes présentes dans le bar ont les regards fixés sur le petit écran. La tension est clairement palpable.

- C'est horrible, je le conçois très bien. Cependant, il est clair que notre ancienne Gardienne à laisser passer beaucoup trop d'événements dangereux. Le rôle d'une Gardienne Immortelle est de maintenir la paix partout dans le monde. L'a-t-elle fait ? Non elle ne l'a pas fait.

Je ressens comme une colère noire chez cette mystérieuse femme. Sa question à quelque chose de terriblement accusateur. Elle reproche à Sirielle une quantité énorme de problème en tout genre. La colère mange à présent les traits délicats de la femme. Bizarrement, ce discours ne m'est pas inconnu. Siera, Kumiko et les Ailes Blanches bien évidemment. Je n'ai à présent aucuns doutes sur les projets que soutient cette femme. Elle continue sans interruption, accablant de questions toujours plus de personne dans ce bar :

- À partir d'aujourd'hui, tout sera différent, le monde sera parfait. Les Ailes Blanches y veilleront.

La télé s'éteint brusquement, laissant la pièce dans un silence pesant. Cette dernière phrase n'avait rien de bienveillant. "Préserver la paix à n'importe quel prix." Kumiko avait raison. Il semble clair que les Ailes Blanches sont près à maintenir la paix à tout prix.

Une dernière guerre pour la paix...

Ce constat est juste. Cette cause est juste. Ce combat est légitimement juste. Alors pourquoi, au fond de moi, j'ai envie de l'empêcher ?
Parce que la paix ne peut pas exister.
Une organisation qui combat pour avoir la paix. C'est très paradoxal. Et il y a moi, qui souhaite combattre l'organisation qui combat pour la paix.

Autour de moi, les gens commencent à se. Certains ne comprennent pas, d'autres sont perplexe.

- Cela n'a pas de sens, murmure un vieillard adossé contre le bar.

C'est exact, ça n'a pas de sens. Rien de ce que je fais n'a de sens. Je continue à courir après des souvenirs du passé alors que je dois pouvoir faire quelque chose pour le présent. Cette organisation est sans aucun doute très puissante si elle décide de joué carte sur table ou c'est un moyen de faire croire qu'elle est plus puissante qu'elle ne l'est. Mais arrivera-t-elle à atteindre son but ?

Je suis partagée en deux. Une partie de moi me crie que le combat des Ailes Blanches est louable et que la vie serait peut-être meilleure avec eux.
Mais une autre lui fait face. Elle crie quelque chose se cache forcément derrière cette envie de Paix. Une envie et un combat qui poursuit secrètement ses intentions beaucoup moins louables.

Dans les deux cas, je ne me pose qu'une seule question : Que faire ?
Mais cette question en entraîne d'autres. Isildor et les Ailes Blanches sont-ils alliés ? Les Ailes Blanches ignorent-ils que je suis toujours en vie ?

L'agitation du bar, qui commence à être trop forte à mon goût, me fait quitter les lieux. Une fois seule dans ma chambre pour réfléchir, je serai certainement plus apte à faire mes petites recherches.

J'atteins ma cabine comme dans un état second. Le monologue de la femme tourne dans ma tête depuis que j'ai quitté le bar. Une fois seule dans ma chambre je me jette sur mon lit avec mon portable. Je l'allume, me connecte à internet, et pars à la recherche d'informations. Au bout d'à peine cinq minutes, j'arrive à une glaçante conclusion. Tous les pays du monde ont reçu ce message exactement au même moment. Les Ailes Blanches s'adressent donc à la planète entière...

Je sens un frisson me parcourir le dos tandis que je commence doucement à réaliser cette opération. Dans toutes les langues et dans tous les pays, ce message était partout ! En reprenant mes recherches, je tombe sur des théories et des centaines d'articles, légitimes ou non, parlants de cette vidéo.

Complot mondial ? Canulars ? Fin du monde ? Illuminati ? Franc Maçon ? Les Ailes Blanches sont-ils alliés à des gouvernements ?
Je vois passer des centaines de théories plus folles les un enquêteur les autres, que ce soit Français, Portugais, Anglais, Espagnol, Chinois et j'en passe. Le monde entier s'y est mis et nombreux croyent cette apparition comme un signe.

J'entends la porte s'ouvrir et mon regard passe de mon écran aux yeux chocolat de Noah. En voyant mon regard, il comprend tout de suite que je suis au courant.

- Alors toi aussi tu as entendu ?

Il ferme la porte derrière lui et fait quelques pas dans la petite cabine. Je hoche la tête en sachant pertinemment que cette question n'en était pas vraiment une. Il sait très bien ce qu'est j'ai vu. Il cherche juste un moyen d'engager la conversation. Je viens à me demander si Noah est au courant de quelque chose. S'il en connait plus que moi au sujet de cette femme.

Puisque je ne réponds pas, il s'assit sur le lit à côté de moi et continue à parler.

- Tu as vue toute ces théories ? C'est dingue ce que les être humain sont capables d'inventer quand ils ne comprennent pas certaines choses.

En effet

Je regarde mon compagnon de voyage. Je vous sur son visage qu'il est perplexe, il ne comprend pas ce qu'il se passe. Mais je ne détecte aucune peur dans son regard. Par contre, un pli s'est creusé entre ses sourcils, signe de concentration. Je l'ai déjà vu ainsi chez John. Quand il remarque que je l'observe, il me sourit et son visage se détend.

- Je dois t'avouer que je n'en sais pas plus que toi.

- Vraiment ? je le regarde avec étonnement mais reste sur mes gardes, il pourrait très bien mentir.

- Bien sûr, je ne suis pas une encyclopédie vivante.

Sa petite blague faite, il s'allonge sur mon lit.

- Fait comme chez toi, dis-je sarcastique.

- C'est ce que je fais, réplique-t-il le sourire aux lèvres.

Sa tentative de détendre l'atmosphère est légèrement raté mais je le remercie intérieurement d'avoir essayé. Noah me regarde, soudainement devenu sérieux.

- Moi je ne sais rien, mais toi, tu sais peut-être des choses à propos des Ailes Blanches.

Je déglutis, soudain mal à l'aise. Peut-être que je devrais tout lui dire ?
A son regard braqué sur moi, je comprends qu'il essaie de lire dans les pensées. Je fixe la couette pour ne plus penser à rien d'autre.

- Tu sais que faire ça ne te rend que plus suspecte ? dit Noah en gardant un visage impassible.

J'inspire quelques secondes pour me donner du courage et glisse mes mains tremblantes sous mes cuisses. J'hésite vraiment entre tout lui dire et ou nier. Sauf que si je ne lui dit rien, il va vite comprendre que je lui mens. D'autant plus que je lui dois un sacré service.

J'expire toute l'air de mes poumons et me jette à l'eau. Je lui raconte tout ce que sais à propos des Ailes Blanches. Il ne dit rien et m'écoute avec attention. Au fur et à mesure que je parle, des éléments que j'avais oubliés me reviennent. Mais mon diagnostic est assez rapide, il me manque beaucoup d'informations sur Ailes Blanches pour tout comprendre.

Une fois mon récit terminé, j'observe le visage de Noah, peut-être en quête d'approbation. Mais il est perdu dans ses pensées. Il doit essayer de faire des liens avec des informations qu'il possède. Je me demande s'il connait plus de chose que moi au sujet des Immortels.

Je réalise soudain que je ne sais même pas pourquoi il est Immortel. Sirielle m'a toujours répété -du peu de fois que je l'ai vu- qu'il n'y avait que deux Immortelles, elle et moi. Ce mensonge s'ajoute à tous ceux qu'elle m'a déjà dits.

- Dis-moi Noah, combien y a-t-il d'Immortels ?

Il hausse les épaules et répond :

- Beaucoup trop.

Noah est en train de me dire qu'il y a trop d'Immortels pour pouvoir les compter. Je suis choquée, comment est-ce possible ?

- C'est à cause de la descendance de toutes, ou presque, les Gardiennes Immortelles. Elles ont eu des enfants qui ont eu des enfants et ça continue encore aujourd'hui.

Je repense à ce que m'avait dit Tao. Avant Alinore, les Gardiennes avaient le droit d'avoir des enfants. Et si j'ai bien compris ce que m'a dit Noah, cela veut dire qu'il descend d'une Gardienne.

- De quelle Gardienne descend-tu ? demandé-je intéressé.

- Je n'en sais rien, répond-il, cela remonte à si longtemps. Je sais que tu dois trouver ça étrange que je ne le sache pas mais c'est relativement courant dans les familles d'immortels.

- Tu veux dire qu'il y a vraiment beaucoup d'Immortels ?

- Assez pour en faire une armée.

Une armée ! Je repense à ce qu'a dit la mystérieuse femme de la télévision. "Les Ailes Blanches y veillerons". Les Ailes Blanches, Siera, Kumiko... Toutes deux des Immortelles faisant partie des Ailes Blanches. Mais bien sûr ! Les Ailes Blanches est une organisation d'immortels !

Je secoue la tête désabusé, même si beaucoup d'éléments concordent, il se peut que ce soit une coïncidence...

- Non tu as forcément raison. Tout ça est parfaitement logique.

Quand je comprends que Noah a encore suivit le fil de mes pensées, je lève les yeux au ciel. Combien de fois devrai-je lui répéter d'arrêter ?
Noah se lève, visiblement avec une idée derrière la tête.

- Qu'est-ce que tu fais ?

Quelque chose au fond de son regard ne me dit rien qui vaille.

- Si les Ailes Blanches sont aussi fort que tu le prétends, s'écrit-il, il va falloir que tu utilises mieux ta magie.
Il me sourit et je lui réponds par une grimace peu assuré.

Ça promet...

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro