11. Le palais de la Gardienne
Les oiseaux chantent en cœur au-dessus de ma tête. Je les observe de mon œil droit. Je ne pense pas revoir un jour de celui de gauche.
Malgré la barrière mentale que je me suis fixée, des questions toujours plus stressante passent dans ma tête. J'ai perdu mon seul allié et mon seul espoir de vaincre Isildor. La colère accumulée en moi se transforme lentement en tristesse à mesure que le temps passe.
Assise sur un rocher couvert de mousse, les pieds pendu au-dessus du ruisseau, mon regard se fixe de nouveau sur des gratte-ciels. Le palais de Kumiko est perdu au milieu d'une ville moderne et extrêmement peuplé. Moi qui pensais qu'il était perdu au milieu de la forêt... Mais bon, après tout ce temps, je pense que revoir la "civilisation" me fera le plus grand bien.
Je regarde rapidement sur Google pour trouver mon chemin pour le rendre au palais. Attend, quoi ?! Je relis rapidement la date. 1625 ? Comment Kumiko a-t-elle pu vivre dans un palais s'il n'était construit que plusieurs centaines d'années après sa mort ?
Quelle arnaque !
Je pousse un cri de rage et donne un coup de pied brutal dans un caillou. Je suis de retour à la case départ. Je suis perdue en Chine. Comment est-ce possible ?
C'est Tao qui a écrit dans son journal que le palais se trouvait à Shenyang. Il ne m'aurait pas menti tout de même ?
Je ferme l'œil, m'adosse à l'arbre derrière moi et souffle bruyamment.
Si je ne peux plus faire confiance à personne je suis mal. Je ne sais pas si je pourrais supporter la solitude de la recherche de souvenirs. Je ne pourrais pas vaincre Isildor seule. Je suis peut-être une fille plutôt solitaire mais ne plus pouvoir parlé et faire confiance à personne, il y a quand même une énorme différence. Mon esprit se met à divaguer vers Anne, ma première vraie amie de ma vie. On partageait tous ensemble, les fous rires, les amourettes, les week-ends camping... Puis j'ai déménagé aux États-Unis et on s'est lentement perdu de vue. C'est seulement quand je pensais enfin avoir réussi à recréer une nouvelle amitié comme celle que j'avais avec Anne que l'entreprise ou travaillais mon père a fermé. Nous avons été très vite obligé de retourner vivre en France, il n'y avait plus rien pour nous en Amérique du Nord. J'ai perdu une seconde fois mes attaches et surtout, j'étais de nouveau seule. Je sais que mes parents faisaient de leur mieux pour m'aider mais c'était tellement compliqué d'à nouveau tout perdre. Je m'étais de nouveau habitué à ma nouvelle maison quand Sirielle est entrée dans ma vie. J'ai l'impression que je ne pourrai jamais vivre tranquillement.
Des bruits de pas me tirent de mes souvenirs. J'ouvre les yeux mais ferme immédiatement le gauche quand une douleur indescriptible commence à me brûler. Je regarde en direction des bruits de pas. Rien. Il n'y a rien. J'ai l'impression de devenir parano. Je me laisse glisser sur le sol et attends. Finalement après plusieurs minutes, je sors le journal de la poche de mon gilet et relis la page du journal parlant de Shenyang.
Un palais perdu au milieu de la forêt, ou la température permet de geler la rivière Hun pendant l'hiver. Je lève un sourcil. Geler une rivière ? Il doit faire dans les -30 degrés en plein hiver. Le lis et relis la page parlant du palais à la recherche d'une information que j'aurais raté mais rien. Comme si le palais avait été rayé de la carte.
Des bruits de pas parviennent de nouveau à mes oreilles. Je lève brusquement la tête et voit à quelques mètres de moi une femme marcher. Je bondis sur mes pieds, mais étrangement, la mystérieuse femme ne semble pas me voir. C'est seulement maintenant que je sens un bourdonnement sans mes oreilles et un léger mal de tête. C'est un souvenir ! Je suis en train de vivre les souvenirs d'une femme sans l'avoir cherché. Mon subconscient à peut-être chercher tout seul un souvenir ?
Je secoue la tête de gauche à droite. Décidément, je ne comprends plus grand chose à ce qu'il m'arrive en ce moment. Entre le passé des gens que j'arrive à voir, le feu que je crée et à présent les souvenirs qui viennent tous seuls, j'ai la désagréable impression que tout m'échappe et je n'aime pas ça.
Je décide de suivre la femme du souvenir, après tout je n'ai rien à perdre. De dos, je la trouve plutôt petite et voûtée, une longue chevelure noire ondule telle une cascade sur ses épaules couverte par une fine tunique de coton.
Elle passe de temps en temps à travers des arbres mais elle continue à avancer. Je suppose qu'il y avait un chemin à l'époque où elle vivait. Au fur et à mesure que j'avance, la forêt change un peu. J'ai le sentiment que cette partie de la forêt est très vieille. L'air est lourd et chargé de souvenirs. Le sommet des arbres cache le soleil, il n'y a plus que quelques timides rayons qui passent au travers de l'épais feuillage. La femme continue, infatigable, à marcher.
Cependant, la marche en valait le coup, nous débouchons sur une grande clairière et, devant moi, les ruines d'un immense palais.
- Le palais de Kumiko, murmuré-je pour moi-même. Je l'ai enfin trouvé.
Je saute de joie, un sourire de pur bonheur illumine mon visage. Ce palais représente tellement pour moi. Une étape définitive de mon nouveau voyage et surtout une confirmation que je ne fais pas tout ça pour rien. Un espoir nouveau enfle en moi. Grâce à ces souvenirs, je pourrais aller de l'avant par rapport à tous ces événements passés. J'ai de nouveau un but, un but concret, juste devant moi.
J'admire le reste du palais. Certes le temps a fait effet à cause de l'abandon du palais mais il reste toujours magnifique. Le toit du côté droit du palais c'est à moitié effondré. Ce qui devait être des haies rangées sont maintenant de gigantesque buisson sauvage. Une grande porte couverte d'or est dressée au milieu du chef d'oeuvre créé par les haies. De part et d'autre de la porte, les murs du palais tiennent bon. Je remarque quand même une petite ouverture d'à peu près ma taille. Je remarque avec étonnement qu'il n'y a pas de mur d'enceinte. Il n'y a que le palais.
Cet endroit est si silencieux. Depuis quand est-il abandonné ? Comment personne n'a trouvé ce palais depuis son abandon ?
Encore des questions... Décidément ça n'en finit pas.
Je prends une grande inspiration et avance vers la grande porte. Mon cœur se met à accélérer brusquement. Je ne sais pas ce que je vais découvrir à l'intérieur. Tao dit qu'il faut que je trouve les souvenirs pour me faire un avis personnel et que je puisse mieux gouverné mais aussi à cause de rumeurs. Je me demande ce qu'il a pu découvrir...
Arrivée devant la porte, je me sens ridiculement minuscule. Je lève les yeux et admire de plus près les gravures. Des branches d'arbres croisées formant une épée.
Le symbole des Gardiennes.
Je comprends qu'il est totalement inutile d'essayer d'ouvrir la porte. Son poids doit faire au moins vingt fois le mien. Je décide donc de passer par le trou que j'ai remarqué plus tôt. En longeant le mur je dois faire de grandes enjambées pour éviter de tomber dans les ronces. Finalement, quand j'arrive devant le trou je frissonne.
Des ronces sont entrée par centaines dans le trou mais il y a pire. De gigantesques toiles d'araignées pendent partout dans le passage. Je ne peux pas m'empêcher de frissonner et de grimacer. Je n'ai pas particulièrement peur des araignées mais là... Je ne peux même pas faire un pas sans me cogner à une toile. De plus j'ignore totalement si ces araignées sont venimeuses ou pas. Ce serait bête de mourir à cause d'une piqure d'arachides après tout ce qu'il m'est déjà arrivé. Mais ai-je vraiment le choix ?
Non, c'est le seul moyen d'entrée.
Je gémi de dégoût et enfonce ma main dans le trou. Au moment où mon doigt touche un fil de toile, c'est la pagaille. Des centaines d'araignées courent vers mon bras.
Je pousse un hurlement et retire précipitamment mon bras. Je me mords la lèvre quand mon coude se cogne à une pierre tranchante. Je colle mon bras contre mon ventre et attends.
Les monstres font demi-tour en silence et retournent se caché dans les trous du mur. Je sens quelque chose couler le long de mon bras. Je ne me suis pas seulement cognée contre le mur, je me suis ouverte légèrement la peau. Je grimace et mon regard retombe sur le passage dans le mur.
Hors de question que je passe par ici !
Il faut que je trouve une solution pour rentrer dans ce palais. Je décide de faire tout le tour de l'immense bâtisse pour trouver une autre entrée.
Je soupire de désespoir. Il n'y a aucun autre passage que celui des araignées.
Pourquoi est-ce que je n'ai jamais de chance ?
Je ramasse un bâton qui traîne par terre. J'avance, arme à la main, vers le repère des monstres. Avec un coup sec j'abaisse mon bâton vers la première toile venue et la détruit. Aussitôt, les araignées affluent de tous les côtés pour voir ce qui vient détruire leur toile. Quand elles montent par dizaines sur mon bâton, je le lâche avec dégoût.
Ok, j'ai peut-être peur des araignées finalement...
Je sens quelque chose courir le long de mon bras. Quand je pose mes yeux sur l'araignée, je retiens un hurlement. L'arachide d'au moins dix centimètres monte tranquillement sur mon bras. Je la projette au sol avec ma main. Malheureusement pour moi elle se relève et marche à nouveau vers moi.
Je tends la main dans l'espoir stupide de l'arrêter. Je sens de la chaleur au bout de mes doigts. Sans prévenir, une longue flamme sort de ma paume et viens frapper l'araignée de plein fouet. L'arachide est projeté dans le passage dans le mur et continue doucement à se calciné.
Je regarde ma main avec étonnement. Il faut vraiment que je fasse attention à mes gestes si je ne veux pas tout brûler autour de moi. Ce geste me rappelle Sirielle.
- Les Gardiennes possède toute de la magie, me dit la voix calme de Sirielle. Sache que la majorité ont des dons en lien avec les quatre éléments. Le feu, l'eau, la terre et l'air. Mais il y a des cas plus rare. Moi par exemple, je contrôle l'air et, en plus de cette magie, j'ai le don de voir où je veux et ce que je veux partout sur la Terre. Cet atout est très pratique. Mais je suis loin d'être la plus puissante. Kumiko nous surpasse toute.
- Pourquoi ?
- Elle avait la capacité de contrôler les quatre éléments en même temps.
J'ouvre l'œil et secoue la tête. Ce n'est pas le moment d'avoir ce genre de flash-back ! J'inspire profondément.
Ça sent la fumée.
Mon regard se pose automatiquement sur le passage dans le mur. Toutes les ronces et les toiles d'araignées sont en train de brûler. Un sourire s'étend sur mon visage. Je vais pouvoir passer ! Quand le feu se met à attaquer la végétation autour du trou, je perds mon sourire. Il faut que j'arrête l'incendie. Sans réfléchir, je saute sur les flammes pour les éteindre avec mes chaussures. Sauf que ce n'est pas suffisant et les flammes engloutissent de plus en plus la végétation.
Réfléchis Jane, réfléchis !
Si j'ai pu créer ces flammes, je dois forcément pouvoir les éteindre. Le stress monte en flèche dans mon cerveau. J'ai l'impression que je ne peux plus réfléchir. Il faut que je me calme.
- Détends-toi...
Je murmure doucement et clairement cette phrase. Ces deux mots arrivent toujours à me détendre, peu importe la situation. Une fois calme, je tends les bras et m'imagine que les flammes retournent lentement dans mes paumes. Je sens à nouveau la chaleur irradier mes mains sans me brûler.
Quand je rouvre les yeux, les flammes ont disparues.
- Oui !
Un cri de soulagement transperce mes lèvres. J'ai réussi à contrôler ma magie ! Je décide d'essayer à nouveau mais quand j'essaie de faire apparaître des flammes autour de moi, c'est un échec.
Je sais à moitié contrôler ma magie...
C'est déjà un bon début si j'arrive à annuler ce que je crée. C'est avec une envie croissante d'avance plus de réponses que je m'enfonce dans le passage menant dans le palais.
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