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Garde-moi !


A la mort de son père, il avait du reprendre le domaine familial pour continuer à faire prospérer les affaires. Depuis tout petit il savait qu'il en ferait son métier. Il adorait sa vie même si elle n'avait pas été toute rose. Il s'en contentait bien.

Sa mère était morte en le mettant au monde. Elle avait trop travaillé pendant la grossesse et ne s'était pas rendu-compte du danger qu'elle avait encouru. Son père l'éleva seul avec l'aide de sa sœur, qui elle avait fondé une famille. Il avait grandi dans une ambiance chaleureuse et conviviale. Néanmoins, bien souvent, il s'était senti seul. Il n'avait pas eu de frère et sœur avec qui jouer dans l'immensité des champs. Il n'avait pas eu de maman lui racontant une histoire avant de s'endormir, il n'avait pas eu de bisous de bonne nuit. Il avait juste eu un père rustre mais aimant qui avait été emporté par une crise cardiaque lors d'une des nombreuses récolte de blé, l'année passée. Il en était là.

Seul dans sa ferme à faire tourner comme il pouvait son entreprise agricole.

Il avait un seul employé mais il s'avérait être muet. C'était son cousin. Ils s'entendaient bien et se comprenaient mieux que quiconque.

Cependant, il lui fallait de l'aide. Une femme, disait sa tante.

« C'est d'une femme dont tu as besoin Tom ! »

A 25 ans, Tom était toujours célibataire et personnellement ça ne le gênait pas le moins du monde. Il n'aurait pas le temps de s'occuper d'une femme en plus de tout le travail qu'il avait à accomplir. Non vraiment sans façon.

Par contre il était devenu évident qu'il devait se trouver de la main d'œuvre. Mais comment faire sans trop d'argent devant lui ?

Depuis la disparition de son père les affaires allaient de plus en plus mal. Un jeune agriculteur seul à s'occuper de toute une parcelle n'était pas quelque chose d'aisé.

Il avait alors mis une annonce dans le journal pour embaucher quelqu'un. Néanmoins au bout d'un mois sans aucune réponse il avait perdu tout espoir. Il faut dire aussi qu'il avait clairement dit qu'il ne pouvait pas payer plus du smic la personne, voir moins selon les rendements et que celle-ci devait vivre sur place pour des raisons pratiques mais que tout de même elle serait nourrit, logée et blanchie.

On se doute qu'à l'époque actuelle cette annonce ne soit pas alléchante.

Il n'avait vraiment plus trop d'espoir quant au résultat de ce message dans le journal régional.

Mais bon...sait-on jamais ?

*******

Il n'avait jamais espérer mieux que ce que la vie lui donnait. Il était d'un naturel joyeux et optimiste. Pourtant, il ne vivait pas dans les meilleures conditions. Il avait grandi en Roumanie et avait toujours su se débrouiller tout seul.

Heureusement il avait une passion : la danse. Il avait toujours cru que c'est ce qui le sauverait. Mais là encore il était surement encore trop insouciant.

Il vivait dans un tout petit appartement avec sa petite sœur, Lola. Ils étaient miséreux et il n'avait eu d'autre choix que de laisser sa sœur au service sociaux roumains pour lui assurer le minimum vital. Ce fut un lourd déchirement. Il l'avait vu partir, versant toute les larmes de son petit corps de 6 ans. Leur mère les avait abandonnés deux ans auparavant, les livrant à eux même. Jusque là Bill avait pu assurer quelques boulots de fortune pour payer le loyer et s'occuper de sa sœur. Mais ça n'avait pas suffit. Il s'était juré de la récupérer une fois qu'il aurait de l'argent.

A à peine 18 ans, Bill voulait tenter sa chance ailleurs que dans ce pays où rien ne s'ouvrirait pour lui. Il était parti clandestinement vers l'Allemagne espérant ainsi pouvoir mener une vie plus facile et bien vite retrouver sa sœur.

Arrivé à Berlin il s'était une fois de plus leurré sur toutes les espérances qu'il avait fondées en ce nouveau départ. Il avait fait des petits boulots de strip-teaseur à défaut de se faire embaucher dans une école de danse. Mais avait très rapidement arrêté sentant que ce milieu n'était pas pour lui. Il savant bien que son absence d'aisance en allemand lui jouait des mauvais tours.

Il avait alors zyeuté toutes les annonces concernant un emploi quelconque. Il les avait lues avec l'aide d'un jeune homme dont il avait fait la rencontre pendant un show nocturne.

Oui Bill était gay et cela lui importait peu de savoir ce que les gens pensaient de lui. Toute son enfance et adolescence sa mère n'ait eu de cesse de lui faire comprendre qu'il n'arrêtait pas de se comporter comme un « sale PD ». Il avait supporté. Il en avait été de même avec les enfants de son quartier populaire miteux. Il ne s'exposait pas pour autant avec des hommes. De toute manière il n'en avait pas connu tant que ça.

Sur toutes les annonces lues, une seule lui avait paru sincère et sans fausses conditions. Il avait alors appelé au numéro indiqué mais personne n'avait décroché. Il retenta le lendemain et il eut un homme au téléphone.

-Allo !

-Bonjour...je vous appelle en réponse à l'annonce passée dans le journal.

-Oh...oui. Tom était surpris d'avoir enfin une réponse.

-Je m'appelle Bill. Et je serais intéressé par votre proposition.

-Oui. Très bien. Ecoutez le mieux serait que l'on se rencontre.

-Ah ou...oui mais en fait je...je n'habite pas sur place.

-Oui j'imagine. Vous êtes loin ?

-Euh assez, en fait je suis à Berlin en ce moment même.

-Ah oui effectivement. Eh bien quand est-ce que vous pensez pouvoir vous déplacez ?

-Oh dès demain ! assura-t-il. Il avait vraiment envie de mettre toutes les chances de son côté.

-Vraiment ? S'étonna Tom. Et bien dans ce cas c'est parfait.

-Oui.

-Par contre il me faudrait votre nom et un numéro de téléphone pour vous joindre pour fixer le rendez-vous et savoir où vous logerez pour venir vous chercher.

-A mais en fait j'avais cru comprendre que je logerais...

-Attendez, avant je dois vous savoir si vous correspondez à ce que je recherche, le stoppa Tom.

-Oh ou...oui bien entendu, dit Bill déçu. Comment allait-il se démerder pour trouver un hôtel là-bas. Han...il allait encore devoir se débrouiller tout seul.

-Oui donc votre nom et votre numéro s'il vous plait.

-Je m'appelle Bill Eminescu.

-Excusez-moi de vous demandez ça mais vous n'êtes pas allemand ?

-Oui effectivement, je suis roumain, lui assura Bill. Pourquoi, cela pose problème ?

-Oh non, non pas du tout ! En fait Tom avait remarqué depuis le début de leur conversation un accent charmant sortir du combiné. Vous ne m'avez pas donné votre numéro.

-Oh euh oui en fait je n'ai pas de téléphone.

-Ah cela va poser problème.

-Non, je...dès que j'arrive je viens vous voir pour passez l'entretien, s'empressa de dire Bill.

-Bon très bien. Tom commençait à vraiment le trouver étrange mais bon...c'était le seul à avoir répondu à cette annonce donc il n'allait pas s'en priver.

-Oui. Pourriez-vous me donner votre adresse ?

-C'est le 43 route des Scheunen à Loitsche.

-Oui je connais le nom de la ville c'était écrit dans l'annonce, rit le brun.

-Oh oui. C'était à peine si le dreadé ne se tapait pas la main sur le front tant il se sentait gêné. Etonnant d'être confus alors que la personne n'était pas devant lui. Donc vous pensez arriver demain alors ?

-Euh oui. En fin d'après midi, le temps que j'arrive à tout organiser.

-Bon et bien à demain Mr Eminescu.

-Oui à demain.

Bill raccrocha avec la sensation qu'il allait devoir le gagner ce boulot.

*******

Bill avait réussi à avoir le premier train de l'après-midi suivante. Il avait pris le peu d'affaires qu'il avait réussi à emmener lors de sa migration vers l'Allemagne et était parti sans se retourner. De toute manière il ne laissait rien derrière lui à Berlin. Quelques histoires sans lendemain. La pire souffrance qu'il ait eue dans sa vie avait été d'abandonner sa sœur aux mains des autorités roumaines. Oui abandonner était le terme. Il se sentait horrible de l'avoir quittée sans lui dire quand il reviendrait. Il lui fallait absolument un métier stable pour commencer une nouvelle vie ici et pouvoir espérer un jour s'occuper d'elle en toute sécurité et liberté. Il ne vivait que pour le jour de la retrouver. Perdu dans ses pensées, il regardait le paysage défilait sous ses yeux à travers la vitre. Inconsciemment une larme roula le long de sa joue. Il l'effaça rapidement d'un revers de main. Il n'aimait pas se montrer faible et pourtant bien souvent il pleurait seul dans son coin. Il devait se montrer fort et invulnérable s'il voulait réussir à revoir sa sœur un jour.

Le train arriva enfin dans la petite gare de Loitche. Il sorti du wagon et à peine avait-il posé son pied à terre que le peu de personnes qui attendaient le dévisageaient littéralement. On sentait que cette gare ne voyait pas beaucoup de monde s'arrêter à son quai. Elle avait encore le style après-guerre et ses murs extérieurs avaient leurs revêtements lézardés par l'usure du temps.

Bill savait alors que ce petit village allait être un lieu assez rural et ancien. Il se dirigea vers l'unique guichet de l'enceinte et demanda son chemin pour la ferme de Mr Kaulitz.

La guichetière le regarda avec un air étonné sur le visage. Elle n'avait jamais vu un homme si féminin et son accent signifiait bien qu'il n'était pas d'ici et encore moins allemand. On n'aimait pas beaucoup les étrangers ici.

-La ferme de Mr Kaulitz vous dites ?

-Oui c'est bien ça. C'est au 43 route des Scheunen mais je ne sais vers où me diriger. Vous n'auriez pas un plan du village s'il vous plaît ? Ça m'aiderait beaucoup lui sourit-il, en faisant abstraction de son expression pour le moins péjorative à son égard.

-Un plan ? S'étonna-t-elle. Non désolé mais je n'ai pas de plan. Il n'y a qu'une rue principale ici alors on n'a pas vraiment besoin de plan.

-Oh ! Très bien. Bill regarda une fois de plus le papier sur lequel il avait noté l'adresse de Mr Kaulitz. Au revoir.

Elle ne lui retourna pas la formule de politesse et le laissa sortir de la gare tout seul et complètement démuni.

Comment allait-il faire pour savoir quelle direction prendre ? En effet le village semblait petit. Il y avait une route mais fallait-il qu'il aille vers la droite ou vers la gauche ?

Sans réfléchir plus longtemps il se dirigea vers le seul bar de Loitsche et poussa la porte du lieu. Comme dans la gare les hommes qui y passaient leur temps le regardèrent se positionner devant le comptoir. Bill ne rougit pas sous leurs chuchotements. Il avait l'habitude des regards indiscrets sur sa personne même si dans ce cas là il sentait bien qu'ils ne lui étaient pas du tout favorables.

-Bonjour !

La serveuse se retourna.

-Bonjour !

-Je voudrais un renseignement s'il vous plait !

-Oui je vous écoute.

Rien que ces mots mirent du baume au cœur de Bill. Quelqu'un allait peut-être enfin l'aider.

-Vous pourriez m'indiquer le chemin pour aller à la ferme de Mr Tom Kaulitz s'il vous plait ?

-Oh ! La serveuse fut surprise de cette demande. Vous voulez aller là-bas ?

-Oui c'est pour un entretient d'embauche, lui expliqua Bill qui sentait la serveuse curieuse plus que de raison.

Les personnes assises dans la salle recommencèrent leurs chuchotements. Bill sentait déjà que vivre ici ne serait pas facile pour lui.

-Ah oui, vous venez pour le travail d'aide à sa ferme ?

-Oui c'est ça, lui sourit Bill.

Comment réussirait-il à sourire alors qu'il savait bien que toutes les personnes présentes se moquaient visiblement de lui.

-Oh et bien c'est simple en sortant du bar vous prenez vers la gauche et vous continuez sur bien, elle réfléchit, bien 3 kilomètres puis vous tournez à gauche. Là vous passez un petit pont puis ensuite c'est à droite. Vous continuez toujours et vous arriverez à des barrières blanches et c'est là. Elle jubilait sous le regard étourdi de Bill qui s'était arrêté à « vous continuez sur 3 kilomètres ».

Il n'allait jamais y arriver. En plus il était déjà 18h00 et la nuit ne tarderait pas. En plein mois de février.

-Vous avez compris monsieur ?

-Euh, je, excusez-moi je sais que je vais être impoli mais serait-il possible que quelqu'un ici m'y emmène. Je pense que je vais me perdre seul et puis j'ai mes bagages.

La serveuse lui sourit mais Bill sentait bien qu'elle avait quelque chose en tête.

-Je termine d'ici une demi-heure. Je vous accompagne si vous voulez.

Elle avait enfin trouvé le moyen de revenir chez Tom sans que cela ne paraisse trop suspect.

En effet, quelques semaines auparavant Tom et elle avaient couché ensemble après avoir fêté le nouvel an comme il se devait. Ils avaient passé la soirée ensemble dans la salle du village où chaque année se déroulait la fête et s'étaient éclipsés pour aller se donner un plaisir mutuel chez Tom. Depuis, Tom l'évitait comme la peste et elle ne s'en remettait pas. Elle l'avait tellement désiré. Elle avait passé une nuit avec lui mais elle en voulait beaucoup plus. Cet androgyne lui permettait donc de retourner sans paraître trop suspecte dans la ferme de Tom. C'était parfait.

-Oui, merci ce serait vraiment gentil.

*******

Une demi-heure plus tard comme prévu, Vivienne accompagna Bill chez Tom.

Le trajet en voiture ne dura que cinq minutes mais s'il avait était à pied il aurait sûrement mis une heure à se rendre à destination.

-Voilà on y est.

Bill voyait les barrières blanches indiquées un peu plus tôt par Vivienne. Les champs s'étendaient devant lui à perte de vue. C'était magnifique, d'autant plus qu'ils étaient recouverts d'une fine couche de neige. Ça donnait un côté féerique à l'endroit. Il voyait enfin se dessinait la ferme. Une vieille maison de famille trônait et à côté se trouvait la grange. La voiture s'arrêta et Bill souffla un grand coup. Il avait oublié un instant qu'il était là pour un entretien d'embauche.

Il ouvrit la porte et sortit de la voiture. Il n'y avait personne sauf...

-Ouafff, ouaff, ouafff !

Un chien. Un énorme chien attaché à un arbre qui avait pris racine au milieu de la cour de la ferme.

-Han ce chien me stresse, dit Vivienne.

Bill sourit et s'approcha du chien. Il adorait les chiens. Il en avait eu un petit mais il était mort par manque de nourriture. Bill secoua sa tête il ne voulait pas se rappeler de ces choses-là.

-Non ne t'approche pas, il est méchant.

Bill se stoppa alors. Mais il sentait bien que ce chien n'avait rien de bien méchant.

-Bon et bien où est Tom encore ? s'indigna Vivienne. Je vais le chercher.

-Oui d'accord !

Elle partit dans la maison. Bill se dirigea alors vers la grange. Il y avait un énorme tracteur garé et des meules de foin partout autour. Il la traversa et ouvrit la porte opposée. Oui Bill avait l'âme curieuse alors pourquoi ne pas la suivre. Il se retrouva de l'autre côté de la ferme. Un poulailler était devant lui et il en fit le tour. Il avança encore et trouva un ancien lavoir. Ce que c'était joli, songea-il. Sur la gauche des fils tendus, du linge propre était en train de sécher. Bizarre ! Comment le linge pouvait sécher en plein mois de février. Il se dit que ce Tom ne devait vraiment pas s'occuper correctement de ses affaires. Tout d'un coup il entendit du bruit derrière lui. Il se retourna lentement et vit à travers les grilles du poulailler un jeune homme en tenue d'agriculteur. Il avait des écouteurs autour de son cou. Il était plus petit que lui et avait des yeux bruns et les cheveux courts.

Leurs regards se rencontrèrent. Le jeune homme semblait effrayé. Il recula pour s'éloigner.

-Bonjour ! Lui sourit Bill. Vous êtes Tom ?

Le jeune homme brun secoua la tête en signe de négation. Donc ce n'était pas Tom. Ok ! Mais qui était-ce alors ?

-Je suis Bill. Je viens pour l'entretien d'embauche, expliqua-t-il.

Bill en avait profité pour se rapprocher de cet être si étrange. Il ne parlait pas ?

-Et toi ? C'est quoi ton prénom ?

Le jeune homme commença à lui faire des signes avec ses mains. Bill venait de comprendre. Il était muet.

-Désolé je ne parle pas ton langage fit Bill dans une moue déçue.

C'était au tour du muet de sourire. Il avait l'air vraiment sympa, pensa Bill.

-Désolé d'avoir visité tout seul mais je suis assez curieux, fit l'androgyne en grimaçant montrant qu'il n'y pouvait rien !

Son vis-à-vis rit pour de bon cette fois-ci.

Ils furent interrompus par un appel résonnant dans toute la ferme.

-Gustaaaaaaaav ! Guuuuuuuuuuuuus où es-tu ?

Le dit Gustav retourna sur ses pas et se fit suivre par un Bill tout étonné de la situation.

-Gus ! Un jeune homme en tenu d'agriculteur tout comme « Gustav » se trouvait au milieu de la cour avec Vivienne à ses côtés. Tu m'as fait peur, Gus. Je ne t'ai pas vu depuis plus d'une heure. Tu sais que je n'aime pas quand t'es trop loin.

Gustav lui répondit avec des signes. Il semblait plus amusé par la situation qu'autre chose.

-Et arrête de te foutre de moi, maugréa le blond en laissant paraître un sourire amusé.

Gustav continua quelques signes avec ses mains et Tom détourna alors son regard de lui pour allait le poser sur le jeune homme brun à coté de son cousin.

-Bonsoir je suis Tom !

-Bill ! fit-il avec un signe de tête.

Le brun se sentait totalement intimidé par l'agriculteur. Il avait un visage magnifiquement proportionné et un regard à tomber par terre. Vraiment très beau. Il portait des dreads relevées en chignon sur sa tête et avait un piercing à la lèvre inférieure. Bill hallucinait devant son style pour le moins unique.

-Tom je te présente donc Bill qui est venu pour l'entretien. Je l'ai amené ici parce qu'il n'avait aucun moyen de se rendre à bon port tout seul.

On sentait bien l'ironie dans sa phrase tout comme Tom savait qu'elle l'avait conduit chez lui juste pour pouvoir le voir lui.

-Oh ! Et bien merci beaucoup de ta gentillesse Vivienne.

-De rien.

-Et bien maintenant tu peux partir je dois voir si Bill pourrait correspondre à ce que je recherche.

Intérieurement Bill pensa que cette phrase avant un double sens alors qu'il sentait bien que Tom était hétéro. Mais peu importait, il avait avant tout besoin de ce boulot et pas d'un homme subliment beau et sexy. Han mon Dieu comment allait-il faire s'il était embauché ? Il rougirait tout le temps c'est sûr.

Aux mots de Tom Vivienne fit une tête de trois pieds de longs et partie frustrée et sans un mot vers sa voiture.

Gustav rit de bon cœur.

-Gus arrête de rire. Ce n'est pas drôle.

Gustav lui fit comprendre le contraire.

-Bon et bien alors Bill, on commence l'entretien ?

-Oui pas de problème acquiesça-il.

Il avait ses mains plongées dans ses poches arrière. Elles étaient moites d'appréhension. Il le voulait tellement ce job.

Il sentait le regard de Tom inquiet. C'est vrai qu'il n'avait pas l'air gaillard. D'ailleurs il ne l'était pas du tout. Bill allait devoir montrer qu'il en voulait.

Ils s'installèrent à la table de la cuisine. Gustav les avaient suivis.

-Alors tout d'abord j'aimerais bien qu'on se tutoie. Je n'aime pas le vouvoiement.

-Oh ! Euh oui d'accord.

Bill lui en était reconnaissant. C'était dur pour lui de vouvoyer. Il était bien plus facile de parler à la deuxième personne du singulier pour lui étant donné ses difficultés de langage. Bien que jusque là il s'en sortait plus que bien.

-Alors pourquoi je devrais t'engager ?, demanda Tom d'un coup.

Il n'allait pas passer par quatre chemins. Il voyait bien que Bill ne pourrait pas du tout l'aider comme il l'aurait souhaité mais bon vu que personne n'avait répondu à son annonce à part lui il avait envie de lui donner sa chance.

Surpris, Bill ouvrit grand ses yeux chocolat. Il ne s'attendait pas à tant de rapidité.

-Euh eh bien, j'en ai besoin de ce boulot. Et puis j'aime la campagne.

Tom eu un rictus traduisant son ironie.

-On ne se tourne pas les pouces à la « campagne » Bill. Tu le sais ça.

-Bien sûr que je le sais. Mais ce que je voulais dire c'est que l'environnement est vraiment sublime et que si je bosse ici je serais content de ne pas être en ville même si j'aime bien la ville aussi parce que bon faut dire qu'ici il n'y a pas grand-chose mais je suis sûr que l'on doit s'y faire et puis...

-Stop ! fit Tom les bras tendus vers Bill.

Gustav riait une nouvelle fois. Décidemment ce Bill, il l'aimait déjà.

-Pardon, dit Bill se recroquevillant sur sa chaise.

-Tu parles vraiment très bien pour un immigré.

Bill plissa ses yeux et pencha un peu la tête sur le côté. Ces mots lui faisaient mal et lui rappelaient ce qu'il était. Voyant sa réaction Tom rectifia ses paroles.

-Je ne disais pas ça péjorativement rassure-toi. C'était à Tom de rougir un peu. Il sentait qu'il l'avait blessé.

-Hum !

-Tu...tu as quel âge Bill ?

-18 ans pourquoi ?

-Qu'est-ce qu'un jeune roumain fait ici seul ? Tu as fui ?

Bill baissa la tête, il était découvert.

Gustav lança un regard noir vers son cousin et lui fit des signes lui disant qu'il était un peu trop direct et qu'il ne devrait pas être si brut avec lui. Il était jeune après tout.

-Je...je n'ai pas de papiers si c'est ta question.

-Ce n'était pas ma question...

Gustav le supplia de le prendre. Au moins à l'essai. Il le trouvait vraiment gentil. Tom lui dit qu'il ne serait pas assez robuste pour toutes les tâches à accomplir et puis son look féminin le dérangeait. Gustav se moqua de lui en le regardant faussement étonné puis mima ses dreads sur la tête et ses habituels baggys qu'il mettait lorsqu'il allait en ville. Lui aussi avait un drôle de look.

Tom souffla lui indiquant qu'il avait tort même s'il savait bien que son cousin avait raison.

Bill les regardait dubitatif. Il ne comprenait rien aux échanges perpétraient par les deux hommes mais sentait bien qu'ils n'étaient pas d'accord. Lorsque Tom se retourna vers Bill ce dernier baissa les yeux. Il était intimidé par son regard sur lui. Vraiment c'était bien la première fois qu'il ressentait ça pour un homme.

-Bon eh bien c'est d'accord tu es engagé.

-Vraiment ? demanda Bill les yeux remplis d'espoir.

-Vraiment lui fit Tom.

-Merci, merci beaucoup !

-Ne te réjouit pas trop vite. Ce n'est vraiment pas de tout repos. Et puis il n'y a pas seulement les travaux extérieurs. Dans l'annonce j'avais bien précisé que je voulais quelqu'un qui sache s'occuper des tâches ménagères donc tu vas devoir faire le linge, la cuisine et puis...

-Oui, oui d'accord. Il n'y a pas de problème.

-Bon et bien...bienvenue, lui dit Tom.

Gustav regarda Bill et lui fit le signe de bienvenue.

-Je suis désolé je ne comprends pas.

-Il te souhaite aussi la bienvenue. Tu vas travailler avec lui de temps en temps, il vient à la ferme pour aider son cousin préféré.

Gustav lui dit qu'il faut qu'il arrête de s'envoyer des fleurs tout seul c'est pathétique.

-Comment ça je ne suis pas ton préféré ?

Ils rirent tous puis Bill rompit le silence.

-Je...je dors ici alors ce soir ?

-Oui tu dors ici.

Bill fit un sourire immense.

-Tant mieux je ne savais comment j'allais faire pour cette nuit.

-Tu n'avais rien prévu ? demanda le dreadé étonné.

Bill fit signe que non.

-Han les jeunes de nos jours. Il leva les bras en l'air et secoua sa tête de gauche à droite.

-Pourquoi tu dis ça ? T'as quel âge toi ?

Merde, se dit Bill. Ça ne se demande pas comme ça ces choses là. Il se sentit rougir à vu d'œil.

-J'en ai 25. Oui je sais je ne fais pas mon âge mais je suis bien, plus vieux que toi.

-7 ans ce n'est pas beaucoup, ça va, sourit-il.

-Oui c'est vrai. Bon aller je vais te montrer ta chambre et les tâches que tu devras accomplir. Au moins celles de demain.

-Oui d'accord.

-Gustav t'as tout fini pour ce soir ? Bon ben tu peux partir alors. Tu reviens demain pour aider Bill à prendre le rythme. Super. Sois prudent.

Il fit signe à Bill puis sortit de la maison.

Bill regarda Gustav prendre sa mobylette à travers les carreaux de la cuisine. La nuit était tombée d'un coup.

-Tu viens ? lui parvint la voix de Tom.

Il se retourna et pris ses bagages laissés ici. Il ne savait même pas comment ils avaient atterris dans la cuisine. Sûrement que Vivienne les avait laissés là. Il suivit Tom dans la maison et se dit qu'il y faisait déjà bien meilleur que dans les hôtels où il avait logé pendant les mois précédant. Oui il aimait déjà cette maison.

*******

Quelques jours après son installation, Bill avait voulu montrer sa reconnaissance à Tom en lui faisant un petit cadeau. Ce n'était rien et pourtant tellement important à ses yeux.

Il était parti avec la petite mobylette qu'utilisait Gustav et se rendit dans une pépinière. Il choisit une plante. C'était joli et ça aurait parfaitement sa place dans la cour de la ferme.

Lorsqu'il avait vu le nom de la plante il n'avait su résister plus longtemps et l'acheta sans plus trop réfléchir. Il revient à la ferme tout content de son achat. Non sans appréhension il s'arrêta devant Tom avec la plante dans les mains.

Tom le regarda un air dubitatif sur le visage.

-C'est quoi ça ? fit-il en montrant l'objet du menton. Il avait passé une assez mauvaise après-midi. Il n'était pas d'humeur.

-Tu ne sais pas ? sourit Bill.

-Ben c'est une plante, Bill.

-Oui mais le nom ?

-Non je ne sais pas !

-C'est...c'est un Garde-moi ! Chuchota Bill comme si ce nom sonnait comme une promesse future.

Tom écarquilla les yeux sous la surprise. Il avait voulu rire d'abord mais s'était retenu voyant tout le bonheur que Bill avait ressentit à lui offrir ce cadeau.

-Je...Tom sourit à son tour. Merci Bill c'est très gentil de ta part. Mais ce n'est pas un Garde-moi.

-Ah non ?

-Non. C'est un Gardénia !

-Ah ! Moi je croyais que c'était un Garde-moi, insista Bill en se penchant vers Tom tout en tendant la plante vers lui.

-Et bien non ! C'est un Gardénia. Tom insistait bien. Il ne voulait pas de ce genre d'allusion entre eux. Mais c'est vraiment un geste attentionné. Je te remercie.

-De rien. Bill avait une fois de plus rougi.

Décidemment Bill rougissait beaucoup sous les regards de Tom.

*******

Ça va maintenant faire deux mois que Bill travail d'arrache pied à la ferme. Finalement Tom l'a gardé avec lui. Il se défendait bien malgré le fait qu'il soit jeune et peu solide. Il compensait en étant vif et dégourdi. Il parvenait à tout faire dans les temps demandés.

Au-delà de ça, une amitié sincère s'est créée entre eux, même si il y a souvent des moments de gêne intense entre eux. Tom a bien vu que Bill était homo. Cela ne le dérangeait pas mais il sentait que le brun ressentait une petite attirance pour lui. Il évitait à tout prix de lui montrer le moindre espoir. Il ne savait pas comment lui faire comprendre qu'il ne se passerait jamais rien entre eux. Bill rougissait assez souvent et ça le rendait encore plus mignon. Déjà qu'il était très beau au naturel, alors quand leurs regards se croisaient et que l'androgyne rougissait Tom sentait son cœur s'accélérer. Etait-il si indifférent que ça ?

Bill quant à lui avait de plus en plus de mal à vivre aux côtés de Tom. Il n'avait que lui en tête. Heureusement que Gustav était présent pour lui faire changer les idées de temps à autre. Une très forte amitié s'était tissée entre eux et Bill avait même réussi à apprendre quelques bases du langage des signes. Il en était très fier d'ailleurs.

Cependant, ces temps-ci Bill pensait de plus en plus à sa sœur. Secrètement il lui avait déjà envoyé un colis avec une poupée de chiffon achetée sur le marché de Loitsche un dimanche matin et il y avait joint de grands paquets de bonbons. Bien évidemment il lui avait écrit une lettre où il lui expliquait qu'il reviendrait la chercher bientôt et qu'il fallait qu'elle soit patiente, que surtout il ne l'oubliait pas et qu'il faisait comme ils avaient l'habitude de faire sur le toit de leur immeuble en Roumanie. Lorsqu'il se sentait mal il regardait les étoiles et rêvait qu'il la serrait très fort dans ses bras.

Il se sentait de plus en plus oppressé de ne pouvoir assouvir son désir de danser. Alors un soir il avait fait quelques pirouettes dans la grange sur une musique imaginaire. C'est alors qu'il s'était fait surprendre par Gustav stupéfait par la grâce qui émanait de lui. Bill s'était arrêté net et avait baissé les yeux, rougissant de s'être fait prendre. Il ne souhaitait pas que quiconque le sache.

A chaque fois que les gens avaient découvert sa passion pour la danse ils lui avaient toujours rendu la vie plus difficile. Sa mère d'abord puis tous les autres. Les enfants de son quartier, les hommes de passages. Il ne voulait pas que cela se répète.

Gustav l'avait regardé un souriant et en lui intimant de continuer. Bill, gêné lui dit que non il ne ferait plus un pas. Alors le muet sorti un poste de derrière les mottes de foin. Il l'avait toujours sous la main. Il avait toujours son mp3 sur les oreilles mais il lui arrivait d'écouter la radio de temps en temps aussi. Il avait allumé le poste et avait indiqué à Bill de danser sans se soucier de lui. Bill avait alors commencé quelques pas puis s'était totalement lâché.

Depuis, c'était leur petit secret. Bill avait raconté à Gus comment lui était venu sa passion de la danse et le rêve qu'il avait de créer une école à son nom. Gus lui avait fait comprendre qu'il dansait très bien et qu'il était persuadé qu'il y arriverait.

*******

Perdu une fois de plus dans ses pensées l'androgyne avait pris l'habitude de préparer un sandwich à Tom et de lui amener jusque loin dans les champs. Il faisait de grands gestes montrant au blond que c'était l'heure de la pause.

-Ahhh ! Mon repas, s'écria le dreadé !

-Oui ! C'est l'heure ! rit Bill !

-Ça tombe bien en plus j'ai faim !

-Hum !

-Bill ça ne va pas ?

Tom avait remarqué les yeux voilés de l'androgyne en ce moment. Il savait qu'il lui cachait certainement quelque chose mais il ne savait pas quoi.

-Quoi ? Pourquoi tu dis ça ?

-Je ne sais pas mais en ce moment je te trouve moins souriant.

Tom lui sourit faisant ressortir son piercing à la lèvre. Bill aimait lorsque le blond lui souriait.

-Oh ! Vraiment ?

Tom regarda Bill avec inquiétude.

-Non je...je suis juste un peu fatigué, c'est tout. C'est bien toi qui m'avais dit que ça ne serait pas de tout repos non ?

-Oui ! Tu te souviens de ça ?

-C'était il y a à peine deux mois Tom ! Et puis j'ai une bonne mémoire ! Lui sourit-il.

-Oui, c'est vrai ! Dis puisque t'es fatigué ça te dirait de...d'aller manger quelque part en ville. Ça te changerait peut-être les idées ?

Bill rougit à vue d'œil. Aller dîner avec Tom au restaurant en ville était un de ses souhaits les plus chers.

-C'est vrai ? demanda-t-il les yeux plein d'espoir.

-Bah oui si je te le propose.

-Han ça serait super !

-Bon et bien je vais essayer de finir plus tôt !

-Ok !

Ils finirent de manger puis retournèrent à leurs activités.

20h00. Bill était encore dans la salle de bain. Il voulait être le plus beau possible pour que Tom le trouve mignon. Il sentait que ce soir allait peut-être être le moment où jamais de dire à Tom ses sentiments envers lui. Il rêvait de faire l'amour avec lui. Il retoucha une dernière fois à son maquillage et sortit de la salle d'eau.

Tom attendait depuis un bon quart d'heure sur le vieux canapé du salon. Tout était vieux ici de toute façon.

-Je suis prêt !

-Ah ben ce n'est pas trop...Tom venait de se lever et de se retourner vers Bill... Tôt ! Finit-il.

Bill avait eu l'effet souhaitait. Il avait coupé le souffle de Tom. Tom baissa de suite le regard passant sa main sur sa nuque. Il semblait totalement gêné.

-On y va ?

-Oui c'est parti !

Ils sortirent de la maison et entrèrent dans la voiture. C'était un 4x4 assez récent mais souillé de boue. Eh oui la neige avait fondu et laissait place à la boue.

*******

Ils étaient au restaurant dans la ville voisine. Tom l'avait tout de même emmené à Magdeburg pour cette soirée. Il voulait vraiment lui changer les idées. Et c'est ce qu'il avait fait. Bill ne pensait qu'à Tom et à ses regards sur lui. Le blond quant à lui essayait tant bien que mal de contenir sa gêne face aux sourires radieux du brun. Bill avait les pommettes roses tant il se sentait fébrile face aux yeux de Tom sur lui. Pourtant c'était bien Tom le plus confus de la situation. C'est vrai que ça faisait assez « petit couple » songea-il.

Il n'aimait pas vraiment les regards de certains autres clients sur eux. Il n'était pas homo. La soirée se finit et ils rentrèrent assez tôt finalement à la ferme.

Bill se sentait pousser des ailes. Il le voulait ce soir avec lui. Il voulait sentir sa peau contre celle de Tom. Il souhaitait partager un moment intime avec lui parce qu'il s'était rendu compte qu'il était tombé amoureux de cet agriculteur. Il l'admirait tellement. Tom s'occupait tout seul de toute cette exploitation et il y arrivait très bien. Il était un peu plus âgé que lui mais bon 7 ans ce n'était vraiment pas la mort et puis il était tellement beau. Et les regards de ce soir ne trompaient pas. Bill avait bien senti une tension incandescente émanant de leur corps.

Ils rentrèrent dans la maison.

-Je vais vérifier que l'arrosage fonctionne correctement, dit Tom. Il voulait échapper à ce corps si jeune qu'il sentait le désirer plus que de raison.

-Oh ! Très bien. Je te prépare une tisane ?

Bill le faisait souvent pour Tom le soir avant de s'endormir. Il lui avait fait comprendre que c'était bon pour le détendre et pour qu'il ait un sommeil apaisé.

-Non...merci. Tu devrais aller te coucher, il est tard et demain on se lève tôt.

Bill se sentit tout drôle d'un coup. Tom voulait-il l'éloigner de lui ?

-Oh ! Très bien.

-Bonne nuit !

-Oui bonne nuit !

Bill se dirigea vers la salle de bain et se démaquilla. Il allait se diriger vers sa chambre lorsqu'il eut l'idée saugrenue de se rendre dans celle de Tom. Peut-être que Tom avait peur après tout. Il alluma la lampe de chevet mais la lumière était trop claire encore. Il partit vite dans sa chambre et revint avec un foulard pour le poser sur la lampe. Voilà c'était mieux. La chambre était maintenant tamisée ça rendait l'atmosphère plus douce. Il était en boxer, blanc, tout ce qu'il y a de plus simple. Il s'allongea sur le lit et attendit que Tom revienne.

Lorsqu'il entendit les pas se diriger vers la chambre son cœur s'accéléra d'avantage.

Il resserra inconsciemment ses doigts sur les draps et tourna sa tête vers la porte. A ce moment même Tom entra dans la chambre enlevant déjà son T-shirt inconscient que l'androgyne se trouvait dans son lit. Il ne mit pas longtemps à s'apercevoir qu'une personne presque nue se trouvait allongé sur son lit à coucher.

-Bill ?! Tom avait les yeux écarquillés par la stupeur.

Bill ne dit rien et se leva simplement, tremblant comme une feuille en se dirigeant vers le dreadé. Jamais il n'avait ressenti ça. Il était comme attiré par le corps de Tom.

-Bill mais qu'est-ce que tu fais ?

-Je...je veux être avec toi, fit-il hésitant. Il posa ses mains contre le torse nu de Tom. Celui-ci en eu un léger frisson.

-Tu quoi ? Tom ne comprenait rien. Il n'avait pourtant rien fait croire qu'il voulait ça. Il était allé dehors exprès pour éviter toute pulsion. Ça en devenait malsain. Bill était peut-être majeur mais il était si jeune aux yeux de Tom et puis il n'était pas gay !

-Je...Je suis tombé amoureux de toi.

Bill crispa ses doigts sur les fins pectoraux de Tom. Il venait de se dévoiler. Il était totalement vulnérable là contre ce corps dont il voulait les caresses.

Tom baissa la tête et souffla pour se donner un semblant de courage. Il prit les mains de Bill entre les siennes et les ôta de son torse.

-Bill je ...je suis désolé si tu as pensé que je ...

Tom ne savait pas comment lui expliquer sans le blesser. Mais c'était trop tard. Le mal était fait.

Bill s'éloigna de quelques pas et se sentit démuni face au refus de Tom. Il avait cru que cette soirée serait le moment ou jamais de lui dire mais il s'était trompé. Bill avait baissé sa tête ce qui n'empêcha pas Tom de voir des larmes faire leur apparition.

-Oh non Bill je t'en pris ne ... ne pleure pas...je suis tellement confus...

Bill enleva rapidement ces gouttes d'eau salé de ses joues à l'aide des paumes de ses mains et releva la tête avec un sourire de façade.

-Je suis désolé, je ne sais pas ce qu'il ma prit...je...on oublie, dit-il la voix suppliante.

Tom passa une main derrière son cou. Il était nerveux.

-Bill écoute...

-Non ! Non vraiment, oublie ce que je viens de te dire et ce que tu viens de voir. Bonne nuit Tom.

Sans un mot de plus Bill rejoignit sa chambre laissant un Tom complètement abasourdi par ce qu'il venait de vivre.

*******

La journée qui suivit Bill faisait comme si rien ne s'était passé. Il voulait à tout prix effacer de sa mémoire ce moment. Jamais quelqu'un ne l'avait repoussé. Il se sentait d'autant plus mal qu'il avait révélé son amour pour le dreadeux. Non vraiment cette journée là fut la pire de sa vie, songea-t-il. Il avait évité tout regard vers le blond et quand celui-ci avait voulu évoqué le sujet il lui avait fait comprendre qu'il ne savait pas ce qu'il lui avait passé par la tête, qu'il s'excusait vraiment et que sûrement tout ça était du au vin qu'il avait absolument voulu goûter lors du repas. Ça avait dû lui monter à la tête. Oui vraiment c'était du grand n'importe quoi mais il n'avait pas pensé à autre chose sur le moment.

Tom comprenant son embarras n'insista pas. D'ailleurs il le trouvait plutôt courageux de lui avoir avoué ses sentiments cette nuit-là. Le blond sentait bien que l'androgyne mentait sur le fait que c'était dû à l'alcool. Il ne trouvait Bill que plus mignon de réagir ainsi. Etrange. Il le trouvait mignon maintenant. Après que Bill soit allé se coucher le blond avait bien réfléchit à la situation et s'était rendu compte qu'il ressentait peut-être une attirance pour lui. Mais il ne fallait surtout pas que Bill le sache et puis de toute manière ça ne mènerait à rien. Il n'était pas gay et l'androgyne était bien trop jeune pour lui. Ok 7 ans ce n'était pas beaucoup mais pourtant il se sentait responsable de lui.

*******

Nous sommes maintenant au mois de Mai. Le temps est de plus en plus clément. Les arbres fleurissent et les champs poussent à une vitesse hallucinante. Le travail est presque double. Bill et Tom n'ont plus jamais reparlé de cette nuit-là. Cependant, alors que Bill essayait résolument de passer à autre chose Tom, lui ne pouvait s'empêcher de ressentir un désir de plus en plus grand envers son employé. Il le trouvait de plus en plus beau, de plus en plus attirant. Il était si mignon lorsqu'il lui apportait son déjeuner dans les champs ou encore lorsqu'il le voyait batailler pour récolter les œufs dans le poulailler. Bill avait même réussi à approcher le chien soit disant « méchant » selon les dires de Vivienne. Il lui avait même trouvé un nom : Domino. Il était tout blanc parsemé ci et là de tâches noires.

Mais, Tom remarquait bien que le brun n'allait pas très bien en ce moment. En réalité depuis ce fameux soir Bill n'était plus pareil. Il était moins bavard et plus renfermé sur lui-même. Le soir au lieu de rentré directement à la ferme, il allait en plein milieu d'un champ en lisière de la forêt avec le poste de Gustav et dansait. Il chorégraphiait les moindres sentiments qu'il éprouvait. Il avait toujours trouvait auprès de la danse un réconfort. Quelque chose qui ne le blesserait jamais, qui ne lui ferait jamais défaut, qui ne le rendrait jamais malheureux. La danse c'était comme son refuge. Une maison dans laquelle il pouvait se laisser aller à toutes les émotions. Alors les beaux jours revenant, il ne cessait de danser pour effacer un peu plus la peine qu'il ressentait chaque jour. L'éloignement était la pire des souffrances. Il voulait retrouver sa sœur. Ça allait faire presque un an qu'il l'avait laissée. Il se sentait tellement coupable.

Ce soir là, Tom ayant fini plus tôt ne vit pas Bill dans la maison. Il cru d'abord qu'il se trouvait près de l'ancien lavoir mais il ne l'avait pas trouvé. Il partit alors dans les champs. Il ne savait pas pourquoi mais il pensait le trouvait là-bas. En ce moment il le sentait tellement perdu dans ses pensées. Peut-être que comme lui pour réfléchir il s'allongeait dans les champs en songeant à toutes les choses qui le perturbaient.

https://youtu.be/y0s7ycdUcHk

Il marcha un long moment lorsqu'il entendit une mélodie semblant sortir de nulle part. Il sonda de son regard le champ entièrement et ses yeux se posèrent sur la plus belle chose qu'il n'ait jamais vu. Bill semblait voler dans l'air. Il dansait sur la musique semblant vouloir expier toutes les souffrances accumulées dans son corps. Il le regarda plus attentivement encore et s'aperçut que le brun pleurait. Il n'avait jamais vu une telle souffrance sur le visage de quelqu'un. Bill lui cachait bien quelque chose mais quoi ?

Il l'observa encore quelques minutes sans que le brun ne fasse attention à lui, sûrement trop pris dans son monde. Soudain, l'androgyne s'immobilisa net. Le charme était rompu. Il arrêta la musique et essuya rapidement ses larmes, comme ce soir-là.

-Je ne voulais pas te déranger...je...je ne savais pas où tu étais alors je me suis dit que sûrement tu serais dans les champs pour...

-C'est bon ! Ne te justifie pas. Bill semblait indifférent. Il n'avait trouvait que ce moyen pour s'enlever Tom de l'esprit : l'indifférence.

-Tu danses très bien Bill. Vraiment c'était magnifique.

Bill se sentait soulagé. Même s'il ne laissait rien paraître il avait peur de la réaction de Tom face à sa passion. Gustav l'avait bien pris mais il ne savait rien des idées de Tom sur le sujet. Surtout que Tom était un agriculteur et donc les clichés sur les gens de la campagne que Bill s'était mis en tête avaient eu raison de lui. Cependant, Bill savait que Tom était plutôt un agriculteur moderne.

Bill ne répondit rien. Il semblait ne pas vouloir parler de quoique ce soit.

-Tu danses depuis longtemps ?

-Depuis pas mal de temps, oui.

-Je ne le savais pas.

-Il y a beaucoup de choses que tu ignores sur moi Tom.

Cette phrase avait sonné comme un coup de poing dans le ventre du blond. Il sentait de la colère dans le son de sa voix. Il n'insista pas d'avantage. Il ne voulait pas se disputer avec lui.

Bill prit le poste avec lui et passa devant Tom comme si de rien n'était. Tom voulait résolument savoir ce que lui cachait Bill. Il l'avait décidé.

*******

Bill n'avait cessé d'envoyer des lettres à sa sœur. Même si celles-ci restaient sans réponse il n'avait pas arrêté ses envois. Il voulait que sa sœur sache qu'il pensait tout le temps à elle et que vraiment bientôt ils se retrouveraient.

Comme d'habitude Bill avait écrit sur la vieille table en bois de la cuisine. Les feuilles et stylo se trouvaient dans le tiroir de celle-ci. Il le faisait lorsque Tom était dans les champs, souvent un peu avant le repas de midi. Il était sûr de ne pas être dérangé. Cette fois-ci, le brun n'arrivait pas à exprimer tout ce qu'il ressentait. Il avait recommencé plusieurs fois le récit de ce qu'il faisait de ses journées à sa sœur. Le brouillon s'étalant sur le sol de la cuisine. Il était parvenu à lui écrire ce qu'il ressentait au mot près. C'était important pour lui ces lettres. Il souhaitait que dans chacune d'entre elles sa sœur ressente combien il l'aimait et ne l'oubliait pas.

Voyant qu'il avait perdu beaucoup de temps, Bill ferma enfin l'enveloppe contenant la fameuse lettre et avait rapidement jeté les brouillons dans la poubelle. Il la jetterait dans la journée. Il alla apporter son déjeuner à Tom et lui dit qu'il partirait pour la ville pour faire quelques courses. Tellement pris dans ses pensées, Bill oublia de jeter la poubelle.

*******

Tom revint à la ferme parce qu'il avait très soif et Bill avait oublié de lui laisser une bouteille d'eau. Le brun était de plus en plus étourdi ces temps-ci. Il devenait distant et Tom se rendait compte que tout ça était à cause de lui. Il entra dans la cuisine, toujours pris dans ses pensées, et prit une canette de coca dans le frigo. Il devait parler à Bill. Il fallait qu'il lui explique ce qu'il lui cachait. Il jeta sa canette dans la poubelle où il vit un nombre incalculable de feuilles. Il regarda de plus près. Il semblait que c'était du roumain qu'il y avait écrit dessus. Bill avait écrit ce qui semblait être une lettre. Il ne comprenait rien du tout à ce qu'elle contenait mais il comptait bien le découvrir. Il en prit juste une et la garda dans sa poche. Dès demain il irait s'acheter un dictionnaire. Peut-être que ces mots allaient lui révéler quelque chose sur lui.

*******

Bill en rentrant s'était rendu compte qu'il avait oublié la poubelle. Il le fit de suite et se sentit soulagé de savoir que les brouillons n'avaient pas bougé. On ne sait jamais après tout.

*******

Tom était dans sa chambre ses lunettes sur le nez essayant par tous les moyens de déchiffrer les lignes écrites sur le papier. Il semblait que Bill parle de ce qu'il faisait ici. Il y avait un nom qui ressortait souvent : « Meu Stea ». Il chercha dans le dictionnaire et trouva la traduction : « Mon Etoile ».

Qui était son étoile ? Il continua une bonne partie de la nuit. Il comprit qu'il parlait à quelqu\'un de cher à son cœur, une fille somme toutes. Mais c'était tout ce qu'il avait pu tirer de ce brouillon.

Alors Bill gardait contact avec une personne en Roumanie. Une fille. Une fille qu'il aimait. A la fin il avait signé : « Te iubesc-ar uita niciodata ».

Ce qui signifiait : « Je t'aime ne l'oublie jamais ».

Il n'aurait su dire vraiment pourquoi mais son cœur s'accéléra d'un seul coup à la découverte de ses mots. Bill aimait quelqu'un en Roumanie. Une fille. Et il lui cachait. Décidemment il ne comprenait plus rien. Il avait compris que Bill voulait la retrouver dès qu'il aurait plus d'argent. Cette fille semblait en difficulté dans son pays. Bref ! Tom pensait avoir compris l'essentiel. Il savait maintenant pourquoi Bill était si triste et semblait ailleurs. Il allait l'aider. Il ne savait pas comment mais il allait lui rendre son sourire. Il ne souhaitait qu'une chose, son bonheur. Parce qu'il s'était enfin rendu compte qu'il avait des sentiments pour le jeune homme. Mais c'était trop tard. Il avait loupé le coche mais peu importait. Son objectif maintenant serait de ramener Bill dans son pays pour qu'il aide cette fille. La fille qu'il semblait aimer.

*******

Tom faisait semblant de rien. De toute façon il était hors de question qu'il révèle à Bill qu'il était au courant de quelque chose. Une semaine était passée depuis qu'il avait lu cette lettre. Une semaine qu'il s'était alors rendu à l'évidence qu'il était tombé amoureux de ce jeune homme plus secret qu'il ne le croyait. Il le trouvait surtout courageux. Mon Dieu, il ne s'imaginait même plus vivre sans lui à ses côtés. L'air de rien cela allait faire prés de 6 mois qu'ils vivaient « ensemble ». Ils évoluaient l'un à côté de l'autre. Depuis, une semaine il sentait que Bill avait mis encore d'avantage de distance entre eux. Bill avait passé la fin de ses journées au bar du village. Il rentrait assez tard en mobylette et ce soir...il n'était pas vraiment frais.

-Il est tard Bill...je me suis un peu inquiété ! lança Tom alors que Bill ouvrait le frigo pour prendre de l'eau.

-Oh ! C'est bon je suis majeur hein !

-Bill ! Ce n'est pas une raison pour te bourrer la gueule.

Bill baissa les yeux. Il se sentait nul. Qu'est-ce qu'il croyait ? Il n'était pas allé là-bas pour le simple plaisir de se bourrer la gueule. Il voulait oublier. Oublier qu'il ne tiendrait pas sa promesse. Oublier qu'il ne reverrait sûrement pas sa sœur avant longtemps. Oublier son amour pour lui. L'agriculteur qu'il avait rencontré via une annonce dans un journal dont il ne savait même plus le nom. Il sentait les larmes arriver. Il respira fort pour éviter à celles-ci de déborder. Il releva alors la tête et planta ses prunelles chocolat dans celle du blond.

-Je le sais bien.

Tom se sentit traversé par mille frissons. Bill avait une telle intensité dans son regard ça en devenait troublant. C'est exactement ça. Bill le troublait.

-Je...je vais me coucher. Bonne nuit Tom.

-Ok. Bonne nuit. Et...il se retourna vers Bill...demain matin fais la grâce matinée ok ?

-Oh mais...

-Je n'ai pas besoin de toi demain matin. Et puis Gus vient donc c'est bon. Juste tu me feras mon déjeuner comme d'hab ? Ok ?

-Très bien. Bill partit en direction de sa chambre puis se retourna vers Tom. Il ancra à nouveau son regard voilé par l'alcool, par la tristesse ? Merci Tom.

Tom lui sourit et acquiesça pour lui montrer que ce n'était rien. Tom sentait bien que Bill était exténué. Il ne devait plus dormir beaucoup ces temps-ci. De plus s'il buvait tous les soirs depuis une semaine ça ne pouvait rien lui apporter de bon. Il le sentait s'éteindre à petit feu ici. Mais il n'osait pas lui parler de ce qu'il savait. Il le prendrait mal c'est sûr. Bizarrement Tom même en étant le plus âgé se sentait désemparé face à la situation. Elle lui semblait immuable et pourtant il fallait que ça change.

*******

Le lendemain midi Tom était carrément revenu à la ferme. Bill avait à peine eu le temps de finir son déjeuner.

-Oh tu es déjà là ?

-Oui ! lui sourit le dreadeux.

-Mais je devais t'amener le déj' là bas et je...je me suis levé trop tard et...

-Bill, Bill ce n'est rien! C'est moi qui suis revenu. Ne t'inquiète pas.

-Hum !

Ils commencèrent à manger. Gustav les ayant rejoint.

-Ça te dirait d'aller ensemble au bar ce soir ? lui proposa Tom.

-Euh, oui si tu veux !

-Cache ta joie surtout !

-Nan mais si tu fais ça pour me surveiller ça ne sert à rien hein, je ne suis

-Pas un enfant ! Oui je sais Bill.

Gustav observait sans intervenir. Il y avait une drôle de tension au sein de la maison.

-Je voulais juste sortir un peu. Moi aussi ça fait longtemps que je ne suis pas sorti tu sais.

-Oui. Excuse-moi.

-C'est pas important Bill. Bon alors ce soir on va chez Hagen !

-Ok !

*******

-Tu prends quoi Bill ?

-Une bière s'il te plaît !

-Ok ! Deux bières Hagen s'il te plaît !

Ils étaient tous les deux installés au comptoir. Bill sortit de sa poche un billet. Il regardait la télé à travers laquelle on pouvait suivre les courses de chevaux.

-Tu joues Bill ? Tom le regarda avec des yeux ronds.

-Oui ! répondit-il simplement.

-Depuis combien de temps ?

Bill semblait le sonder de son regard perçant.

-Depuis pas mal de temps pourquoi ?

-Mais Bill c'est des attrape-couillons ces trucs-là.

-Pas du tout plein de monde gagne.

-Mais pas des sommes énormes.

-Il me suffirait de pas beaucoup. Bill baissa les yeux.

-Tu...tu as besoin de combien Bill ?

-Pourquoi tu me poses toutes ces questions ?

-Pour rien. Je veux juste savoir si...si tu as l'intention de retourner dans ton pays. Parce que c'est bien de ça dont il s'agit non ?

Bill ne le regarda pas. Il observa les chiffres indiqués à l'écran.

-Putain ! J'ai encore pas eu le bon lot !

C'est à ce moment là que Tom trouva la solution qui permettrait à Bill de partir dans son pays.

*******

Une semaine plus tard Tom alla à sa banque débloquer le compte que ses parents lui avaient mis de côté en cas de pépins. Il avait donné à Bill pas mal de boulot ne lui permettant pas de bouger de la ferme. Lui avait prétexté un rendez-vous avec un commercial en ville. Bill lui avait alors donné ses numéros pour qu'il regarde les résultats. Son idée avait fonctionné et il en était content. Il revint quelques heures plus tard avec le plus grand sourire qu'il put trouver.

Bill venait à peine de finir ses tâches. Il était dans la cuisine.

-Biiiiill ! Biiiiill !

-Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

-Tu as gagné Bill !

-Quoi ? Bill ne comprenait pas où Tom voulait en venir.

-Les courses. Tu as gagné !

Bill ouvrit les yeux en grands.

-C'est ...c'est vrai !

Tom acquiesça avec un sourire immense.

-Oh mon Dieu ! Mais combien ?

-8437 euros !

-8437 euros ?!

-Oui !

-8437 euros !

Bill n'en revenait pas. Ça y était, il allait enfin pouvoir récupérer sa sœur et passer à autre chose. Ils allaient se revoir. Il était tellement heureux qu'il commença à pleurer.

-Bill ? Bill ça ne va pas ?

-Si. Bien sûr que si Tom. C'est...c'est magnifique.

Le dreadé ne put rien ajouter de plus que le brun se jeta dans ses bras.

-Mon Dieu Tom c'est énorme tout cet argent ! Surtout dans mon pays tu sais.

-J'imagine oui !

Bill ne vit pas la déception de Tom à ce moment là. Il allait délibérément le laisser partir. Il lui donnait même l'argent pour en avoir l'opportunité. Tom était vraiment amoureux. Il laisserait partir celui qu'il aimait pour le savoir heureux avec quelqu'un d'autre.

******

Bill avait expliqué à Tom qu'il devait partir comme ce dernier s'y attendait. Il avait déjà pris ses billets pour rejoindre sa sœur. C'était sa dernière soirée à la ferme et Tom avait organisé une petite fête pour le départ de l'androgyne. Au fil des mois il avait réussi à se faire accepter des habitants. Ils étaient peinés de le voir partir mais heureux pour lui. Après tout 8437 euros ce n'était pas rien.

La soirée finie Bill et Tom rangèrent les dernières affaires étalées par-ci par là. Bill allait commencer la vaisselle mais Tom l'en empêcha.

-Laisse. Je vais le faire. Toi va plutôt te coucher. Demain c'est le grand jour.

-Non, c'est bon ne t'inquiète pas je peux le faire.

Tom se rapprocha de lui et lui prit l'éponge des mains.

-Non c'est bon Bill. Va te coucher je te dis.

-Ce n'est pas une petite vaisselle qui va faire que je vais me coucher plus tard !

-Peut-être mais l'avion c'est fatiguant l'air de rien.

-Je ne sais pas je ne l'ai jamais pris !

-Ah bon ! Mais comment t'as fait pour venir...

Tom s'était arrêté voyant déjà le malaise qu'il venait de créer.

-Désolé je ne voulais pas...

-Ce n'est rien Tom. C'est du passé tout ça !

Bill lui sourit. Il avait l'air vraiment heureux maintenant. Il savait qu'il allait revoir sa sœur. Rien n'avait plus d'importance que ça. Un silence venait de s'installer. Bill regardait inlassablement les lèvres de Tom. Une tension venait de prendre place une fois de plus dans la cuisine. Mais cette fois-ci il s'agissait plus d'une tension sexuelle. Comme si une énergie nouvelle se trouvait entre leur deux corps. L'un et l'autre la ressentaient mais aucun des deux ne faisait le premier pas.

-Bon. Et bien...je...je vais aller me coucher.

-Oui. Tu ferais mieux. Demain est un grand jour ! Sourit Tom.

-Oui ! Bonne nuit alors.

-Bonne nuit Bill.

Le brun tourna les talons. Mais il avait un tel désir à cet instant qu'il ne réfléchit plus une seconde de plus et se retourna vers Tom plaquant leurs bouches l'une contre l'autre.

Il entoura ses bras autour du coup de Tom ne lui permettant pas de l'arrêter. Il avait été tellement surpris qu'il ne resserra même pas leur étreinte. De toute manière le blond n'en avait pas envie le moins du monde. Il se sentait tellement bien contre le corps de Bill. Pourtant, le baiser s'arrêta. Bill se recula pour voir la réaction de Tom. Ce dernier avait les yeux encore fermés. Lorsqu'il les rouvrit il sentait encore le souffle court du brun contre ses lèvres. C'était un souffle chaud et réconfortant. Bill était encore avec lui ce soir. Il voulait en profiter. Pourtant une partie de lui, lui disait de ne pas succomber au charme de l'androgyne. Il n'avait jamais fait l'amour avec quelqu'un de plus jeune et encore moins un homme. Il ne voulait pas que Bill pense que c'était que pour la baise. Parce qu'où ça les mènerait de passer la nuit ensemble ? Nulle part. Bill partait et Tom restait. Rien ne pouvait changer maintenant !

-Bill je...

-Je sais Tom...je suis désolé, je...j'en avais juste envie...

Tom se sentait très con de refuser ce qu'il attendait tant. Mais ça lui ferait plus de mal que de bien.

-Bonne nuit Tom. Bill se retourna de nouveau laissant derrière lui un Tom confus. Pourtant !

-Bill attends ! dit le blond ramenant le brun à lui en prenant son poignet par la main.

https://youtu.be/GemKqzILV4w

Cette fois-ci ce fut à Tom de plaquer sa bouche contre celle de Bill. Il passa une main derrière la nuque de l'androgyne pour appuyer un peu plus le baiser. Sans attendre Bill resserra son étreinte sur celle du blond. Il avait attendu ça depuis tous ces mois. Pourquoi avait-il fallu que Tom se réveille la veille de son départ ? Peu importait. Pour le moment ils étaient tous les deux s'embrassant passionnément dans la cuisine.

Tom se sentait pousser des ailes. Il passa délicatement sa langue entre les lèvres de Bill pour venir goûter à la sienne. C'était doux, chaud et terriblement excitant. Bill avait un piercing et ça décuplait les sensations.

Le brun passa ses bras autour de la taille du dreadé. Il lui caressait les hanches sensuellement montrant déjà son envie d'aller plus loin. Tom massait la nuque de Bill avec ferveur. Le baiser s'enflammait. L'un comme l'autre extériorisaient enfin leurs désirs enfouis au plus profond de leur être.

Tom tourna sa tête de l'autre côté faisant ainsi déborder leur baiser. Il en profita pour happer entre ses lèvres la langue de Bill. Ça en devenait bestial. Tom recula le corps de Bill jusqu'à le faire cogner contre la table. Il passa ses mains sur les fesses de l'androgyne puis attrapa ses cuisses et le posa sur la table en bois de la cuisine. Le brun écarta les jambes pour laisser la place à Tom. Il avait passé ses mains sur la nuque du dreadeux pour le masser à son tour.

Pas à un moment leur baiser n'avait cessé d'exister. Tom quant à lui caressait les cuisses du brun. Il sentait son désir augmenter au fur et à mesure que l'étreinte prenait une nouvelle forme. Il remonta ses doigts jusqu'à toucher la ceinture de son vis-à-vis. Il passa un doigt dans le jean serré de Bill indiquant ses intentions.

Bill sourit dans le baiser. C'était tout ce qu'il voulait. Le corps de Tom contre le sien. Sentir sa peau contre lui, sentir ses mains partout sur lui. Il voulait que Tom le désire autant que lui le désire. Il emprisonna alors la taille de Tom en resserrant ses jambes autour de lui. Ils étaient totalement collés l'un contre l'autre. Ils pouvaient sentir l'excitation de chacun contre leur propre sexe.

Tom passa ses mains sous le T-shirt de Bill. Sa peau était toute douce. C'était délicieusement agréable de sentir les frissons qu'il procurait au brun. Ce dernier se sentait littéralement fondre sous les attouchements du blond. Leurs respirations se faisaient saccadées. Ils sentaient qu'ils devaient cesser le baiser pour reprendre leur souffle. Ils rouvrirent leurs yeux au même moment. Tom se sentit rougir sous le regard incandescent de Bill. Jamais il n'avait ressenti une telle passion pour quelqu'un auparavant. Bill déposa un baiser sur la bouche du blond comme pour le rassurer.

-Bill...je...

-Ne réfléchis pas Tom. Pas cette fois j't'en prie. Prends-le comme...comme un adieu.

Bill le suppliait du regard. Ils en avaient trop envie tous les deux pour arrêter toute activité. Tom regarda les lèvres du brun. Elles étaient roses foncé et toutes humides du baiser précédent. Il ancra à nouveau ses yeux dans ceux de Bill et l'embrassa à nouveau. Leurs respirations se faisaient haletantes. Pourtant ils n'avaient encore rien fait. Tom ne voulait pas faire l'amour avec Bill comme ça sur la table de la cuisine. Il appuya ses mains contre les reins de l'androgyne et resserra sa prise sur ses cuisses pour le soulever. Bill compris et enferma son bassin avec ses jambes. Tom les amena dans la chambre la plus proche. C'était celle de Bill. Il les fit tomber sur le lit le plus doucement qu'il put. Bill rit sous l'effet. Tom adorait voir le brun rire. C'était la plus belle des visions.

Bill ne perdit pas de temps. Il retira le large T-shirt de Tom et le balança plus loin dans la pièce. Il pouvait enfin regarder ce torse qu'il avait à peine pu toucher la dernière fois. Il y déposa des baisers doux et mouillés. Laissant trainer sa langue de temps à autre. Tom gémit lorsque le brun happa un de ses tétons poursuivant sa douce torture sur le second. C'était délicieux de sentir cet antre chaud contre ses petits boutons de chairs.

Tom le fit arrêter en réclamant un nouveau baiser qui lui fut accordé directement. C'était à son tour de découvrir le corps frêle de Bill. Il passa ses doigts sous le t-shirt trop serré faisant glisser ses mains de sa taille à ses épaules. Il aimait sa peau. Elle lui semblait le plus doux des péchés. Il découvrit enfin son torse en enlevant son T-shirt. Bill trembla d'un coup. Il redevint le Bill timide et amoureux de son agriculteur. Tom déposa à son tour quelques baisers sur le torse de l'androgyne titillant ses boutons de chair. Il colla leurs torses l'un contre l'autre. Ce geste était comme une délivrance. Celle qui allait leur permettre de passer une nuit avec l'homme qu'ils aimaient même si ni l'un ni l'autre n'en avait vraiment conscience. Bill écarta les jambes faisant passer le corps de Tom entre celles-ci. Leurs érections se touchaient. C'était bon, très bon même. Tellement qu'ils haletèrent au même moment.

-Han Bill !

Bill souleva un peu plus son bassin contre celui de Tom. Il en voulait toujours plus.

-Tom ! Han ! Leurs regards se croisèrent. Fais-moi l'amour Tom.

Celui-ci ne perdit pas de temps. Il embrassa Bill montrant ainsi tout son désir. Et commença à déboucler sa ceinture. Il baissa de suite son jean, l'enlevant entièrement. Il découvrit alors un tatouage. Une étoile. Cette pensée lui remémora que Bill attendait quelqu'un là-bas. Il allait tromper sa copine avec lui. Bill vit le trouble de Tom.

-Tom ? Tom qu'est-ce qu'il y a ?

Sortant de ses pensées Tom remonta son visage vers l'androgyne.

-Rien. Il l'embrassa une fois de plus tout en baissant son dernier rempart.

Tom se risqua à toucher le sexe de Bill. C'était la première fois qu'il faisait l'amour à un homme et pourtant il se sentait à l'aise. Peut-être était-ce parce que c'était Bill. Il commença de longs va et vient sur la verge tendue. Bill avait la bouche grande ouverte et gémissait déjà. C'était tellement agréable.

-Tom, s'il te plait...continue... haleta-t-il.

Tom lui lécha le cou puis en aspira la peau. Il lui fit cette douce torture pendant quelques minutes, Bill lui indiquant de continuer en caressant sa tête et appuyant d'avantage son emprise sur lui. Tom avait laissé sa marque. Il continua ses baisers jusqu'à son ventre où il passa sa langue plusieurs fois autour du nombril attisant encore plus le désir de Bill. Quand il passa enfin sa langue dans le nombril le brun ne put réfréner un cri.

-Ha !

Tom continua sa descente jusque devant l'objet de tous ses désirs. Le sexe de Bill se dressait devant lui. Il était long, fin et dur. Tom regarda à nouveau l'étoile ancrée sur l'aine de l'androgyne. Il la caressa puis déposa délicatement ses lèvres contre la verge érigée devant ses yeux. C'était chaud et doux. Il passa sa langue dessus. Ça avait un drôle de goût mais pas désagréable. Il continua ses caresses buccales le long du sexe allant même jusqu'aux testicules qu'il sentit se tendre sous ses attentions. Il remonta puis engloba le gland de ses lèvres. Bill avait alors posé sa main sur sa tête lui intimant de continuer une fois de plus. Il le fit avec appréhension. Après tout c'était la première fois qu'il faisait ça mais il semblait bien s'en sortir. Bill gémissait son prénom.

Tom le prit en bouche entièrement. C'était encore une nouvelle sensation. Il commença des va-et-vient lent puis plus poussés. Il continua en regardant le visage de Bill. Il avait les yeux fermés et semblait en pleine extase. Il se mordait la lèvre inférieure et avait son autre main agrippée à la tête de lit. Pourtant à un moment précis Bill le fit reculer d'un coup.

-Han mon Dieu !

-Quoi ? Pourquoi on a arrêté ?

-Je...han...j'allais venir.

-Oh vraiment ? Sourit Tom. Il était ravi de savoir qu'il avait réussi à donner du plaisir à Bill.

-Bien sûr, vraiment !

Tom se replaça sur Bill, frottant son érection encore prisonnière contre celle du brun. Ce dernier passa ses mains sous le baggys du blond. Il se retrouva vite au sol. Tom ondulait contre le sexe de Bill. Il adorait cette sensation. Il avait encore son boxer. Il était frustré et en même temps se satisfaisait en continuant ses à-coups contre le sexe du brun. Bill soulevait son bassin pour rendre l'étreinte plus proche. Mais à un moment donné, il consentit à enfin ôter le boxer du blond, délivrant ainsi le sexe plus que dur de celui-ci. Leurs intimités se rencontraient enfin. Leurs peaux se frôlaient, se touchaient, s'écrasaient l'une contre l'autre.

-Han mon Dieu Bill.

Tom n'avait jamais ressenti une telle sensation. Il sentait le sexe d'un autre homme contre lui et il trouvait ça terriblement agréable et excitant. Bill embrassa son cou, puis son torse. Il descendit sa main jusqu'à aller toucher la verge déjà sensible du dreadeux. Il l'a trouvait grande et belle. Il était parfait. Il le masturba un long moment tout en continuant de l'embrasser. Il resserra ses cuisses contre les hanches de Tom. Il en voulait plus. Il prit la main du blond dans la sienne et déposa des baisers dessus ses doigts tout en le regardant. Il sortit sa langue et lécha ses doigts les recouvrant de salive. Il les faisait entrer et sortir de sa bouche. La vision était des plus érotiques. Il cessa tout.

-Tom s'il te plaît.

Il descendit alors la même main vers son intimité, indiquant à Tom qu'il fallait le préparer.

Avec appréhension, Tom frôla l'anus du brun. Il le sentit frémir sous le toucher.

-Bill...tu es sûr...je...enfin je ne veux pas...

-Tu n'es pas le premier Tom !

Tom sentit son cœur se serrer. Non, il n'était pas le premier même s'il s'en doutait, ça le rendait triste. Bill était si fragile sous lui et le fait d'imaginer un autre homme accomplir ce qu'il s'apprêtait à lui faire l'affecté.

-Fais-le Tom... j'en ai tellement envie...fit-il en lui caressant la joue.

Il commença alors à entrer son index le plus doucement qu'il put. Ça lui donnait une drôle de sensation. Agréable mais nouvelle. C'était chaud et serré. Il osait à peine imaginer son sexe à l'intérieur. Voyant Bill serein il entra un second doigt qui eut plus de mal à passer. Il vit Bill se mordre la lèvre.

-Continue Tom. Bouge-les !

Et c'est ce qu'il fit. Il les plia et sentit un tout petit renflement et Bill cria comme jamais.

-Han, han !

-Bill ?!

-Recommence Tom !

Le dreadé se plia au moindre de ses désirs et continua son traitement jusqu'à ce que Bill l'arrête une fois de plus. Il enleva ses doigts de son intimité et se remit entre ses jambes. Bill tremblait. Il avait envie et en même temps il n'aimait pas savoir que Tom ne ressentait peut-être pas la même chose que lui. Il déposa ses pieds à plat contre le matelas et remonta son bassin vers le haut incitant Tom à le prendre.

Le blond le regarda intensément voulant avoir son consentement. Bill l'embrasa pour toute réponse et appuya sur ses fesses. Tom sentit son gland entouré dans une chaleur nouvelle. C'était délicieux. Il continua sa pénétration lentement, ne voulant pas brusquer Bill. Celui-ci avait ses bras agrippés à ses épaules et sa bouche était entrouverte semblant chercher un air qu'elle n'arrivait pas à respirer.

-Han !

Tom venait d'arriver au bout. Il mit sa tête dans le creux du cou de l'androgyne et attendit que celui-ci daigne lui faire signe de commencer le va-et-vient. Bill remonta ses jambes sur le bassin de Tom et l'entoura d'un seul coup provoquant une poussée nouvelle. Tom se retira alors et commença le va-et-vient. Leurs peaux collaient. Ils commençaient à transpirer et Bill se sentait de mieux en mieux. Plus Tom s'introduisait en lui plus il se sentait libre. Paradoxe. Le brun s'accrochait au dos du dreadeux comme il pouvait. Ses doigts glissaient sur la peau luisante. Tom n'en pouvait plus. Il regarda Bill dans les yeux et l'embrassa de toutes ses forces. Il en avait eu tellement envie. Bill en profita pour les faire basculer. Il se retrouva sur Tom. Il se releva pour mieux s'empaler sur le sexe tendu. La sensation était meilleure. Il avait ses mains posées sur le torse du blond et y prenait appui pour avoir de plus amples mouvements.

-Han Bill !

Tom le tenait par les hanches et l'aidait dans ses allers et venues sur lui. Cette vision l'excitait d'avantage. N'en pouvant plus il releva son buste et donna un nouveau baiser langoureux à Bill. Il avait entouré ses bras tout autour de la fine taille du brun et continuait ses coups de bassin de plus en plus fougueux. Bill criait maintenant. Jamais un homme ne lui avait fait l'amour comme ça. Il se sentait voler. Il agrippa les dreads de Tom signe de son plaisir décuplé.

-Tom, encore, Ho. Han j'ten ...prie.

Tom mit sa tête contre le cou du brun et accéléra autant qu'il le put la cadence. Ça en devenait presque infernal. C'était trop bon. Le sexe de Bill était prisonnier entre leurs deux corps. Il se frottait contre le ventre chaud du blond et ça en était que meilleur.

-Je ...je viens, haleta Bill.

A peine dit-il sa phrase qu'il se libéra entre leurs deux corps. Sa tête partant en arrière. Tom le suivit quelques secondes plus tard. Ils venaient de vivre l'orgasme de leur vie. Orgasme qui se prolongea pour Tom qui sentait l'intimité de Bill se serrer et se desserrer tant le plaisir avait été foudroyant. Tom déposait inlassablement des baisers dans le cou de Bill. Ne cessant de le mordiller, de le goûter et d'y apposer sa marque. Bill quant à lui caressait les dreads du blond avec douceur. Il profitait du moment parce qu'il savait que ça n'allait pas durer.

-Tom ?

Tom cessa toute activité et le regarda.

-Embrasse-moi, chuchota le brun.

Et c'est ce qu'il fit. Tom l'embrassa pour la énième fois de la soirée et pourtant il ne s'en lassait pas. Il goûtait à sa langue. Il voulait garder son odeur, son corps, son cœur auprès de lui mais c'était impossible.

Bill avait eu ce qu'il désirait le plus depuis le début. Tom venait de lui faire l'amour et ça avait été merveilleux. Pourtant, il savait que le blond ne ressentait surement pas les mêmes sentiments que lui et ça le rendait triste. Il aurait aimé être avec lui tout le temps. Savoir que lui l'aimait tout autant et vivre heureux ici avec sa sœur.

Bill avait fermé les yeux très fort dans le baiser comme pour effacer toute idée noire de sa tête et ne garder que les bons moments.

Tom cessa cependant le baiser. Il devait montrer à Bill que ça ne changeait rien ce qu'il venait de se produire. Le brun l'avait dit lui-même. Ce n'est qu'un cadeau d'adieu. Mais de qui venait le cadeau ?

L'un et l'autre avaient le regard plongé dans son vis-à-vis.

Le dreadé était toujours en lui. Il en avait besoin. Un besoin maintenant assouvi mais qu'il ne demandait qu'à combler chaque jour un peu plus. Il voulait être près de Tom. Il ne voulait plus le quitter, ne voulait plus partir. Enfin, si. Il souhaitait partir pour récupérer sa sœur et l'emmener avec lui ici. Il en crevait d'envie.

Tom baissa enfin son regard du sien et défit l'étreinte charnelle. Bill en laissa échapper un soupir. Il se sentait vide et pris d'un froid transperçant.

Tom s'assit sur le lit les mains crispées sur les bords, froissant un peu plus les draps témoins de leur acte.

Bill sentit que ce n'était pas bon signe, mais il espérait tant...

Il s'approcha, posant une main sur l'épaule de Tom.

-Tom ?

Celui-ci ne répondait pas. Tout se mélangeait dans sa tête. Il n'aurait pas du. Bill avait trompé la personne qu'il aime avec lui. Il ne fallait pas. Il se sentait responsable de lui et ce qu'il venait de lui faire n'était pas correct vis-à-vis de lui et d'elle.

-Tu...tu regrettes ? demanda doucement Bill.

Tom crispa d'avantage ses doigts contre le rebord du matelas et baissa la tête. Il ferma les yeux très fort pour éviter de pleurer et souffla pour se donner le courage de lui répondre.

-Oui.

C'était absolument faux mais il ne devait pas montrer ses sentiments. Ça ne le mènerait à rien. Il sentit que Bill avait enlevé d'instinct sa main.

-Mais...pou...pourquoi ?

Bill sentait les larmes venir mais il ne devait pas pleurer. Il devait se montrer fort comme il avait réussi à faire jusqu'à présent bien qu'à certains moments il n'ait pas réussi à ravaler ses larmes.

Tom n'osa même pas le regarder dans les yeux. Ça aurait été trop difficile.

-C'était une erreur. Je ne suis pas homo.

A ces mots Bill se rendit compte que Tom n'était définitivement pas fait pour lui. Il l'avait eu juste pour une fois. Une seule et unique fois où il s'était senti aimé pourtant. Oui, il s'était senti tellement aimé entre ses bras protecteurs, sous son corps chaud, contre sa peau imprégner de son odeur. Tout semblait s'être évaporé. La bulle qui s'était formée autour d'eux avait éclatée avec cette dernière phrase.

Sentant que Bill n'allait pas parler d'avantage, Tom se leva et sortit de la chambre.

Bill ne dormit pas cette nuit là tout comme un certain dreadeux dormant à quelques pas de sa chambre.

******

Ils n'avaient pas dit un mot depuis le réveil échangeant quelques regards fuyants. L'un comme l'autre se sentait mal de ce qui s'était passé la veille mais aucun des deux ne brisa le silence pesant qui régnait entre eux.

Tom venait d'emmener Bill à l'aéroport et ils se retrouvaient maintenant devant le terminal menant Bill vers son Etoile.

Le brun se tourna vers Tom attendant à ce que celui-ci prenne la parole. Après tout il pouvait au moins lui dire au revoir simplement.

-Ecoute Bill je suis vraiment désolé de ce qui est arrivé hier soir mais c'est mieux pour toi comme pour moi.

L'androgyne lui sourit nerveusement. C'est ce que lui avait dit la plupart des mecs qui avait couché avec lui. Finalement Tom leur ressemblait.

-Oui, je comprends.

Non, il ne devait sûrement pas comprendre pourquoi Tom avait cette attitude envers lui mais il l'acceptait. Le blond se sentait minable de ne pas pouvoir lui dire combien ça le rongeait cette situation mais après tout que pouvait-il faire ? Ce qu'il lui semblait étrange c'est que Bill ne semblait pas regretter lui alors qu'il avait trompé sa copine. Tom se dit qu'il devait bien cacher son jeu. Après tout, il lui avait cachait durant plusieurs mois.

-Je suis sûr que tu seras heureux là-bas. Des personnes importantes doivent t'attendre !

Pourquoi, il lui disait ça ? Jamais Tom n'avait abordé sa vie en Roumanie avec lui. Le brun ne s'en formalisa pas plus que ça. Finalement Tom lui disait surement ça parce qu'il partait justement.

Bill aurait aimé le prendre dans ses bras malgré toute cette tension entre eux. Il voulait lui dire au revoir en le serrant fort contre lui, comme la nuit dernière.

-On...on reste quand même amis ? demanda le brun totalement apeuré par la réponse que Tom pourrait lui donner.

C'est dans des moments comme celui-ci que la différence d'âge se faisait sentir entre eux. Bill redevenait comme un enfant en face d'l'homme responsable qu'était l'agriculteur.

Tom sourit faisant une fois de plus fondre le cœur de l'androgyne.

-Bien sûr Bill.

A ce moment là le brun se jeta dans ses bras pour lui monter toute l'affection qu'il ressentait à son égard et Tom pouvait aisément la percevoir. Bill avait toujours été un garçon plein de gentillesse.

Mais ce moment fut interrompu par la voix annonçant le vol attendu par Bill.

Tom défit leur étreinte une fois de plus.

-Au revoir Bill.

Bill ne voulait pas le quitter. Il souhaitait le revoir. Il était naïf de penser ça mais c'était dans son caractère. Il se faisait tout le temps avoir mais là il savait du plus profond de son être qu'il était tombé amoureux de Tom.

Mais comme résigné, il se pencha à son oreille et lui chuchota :

-Te iubesc oricum! (Je t'aime malgré tout !)

Tom n'eu pas le temps de lui demander ce que ça voulait dire que Bill partit rapidement vers le couloir d'embarquement. Il le suivit tout aussi vite et le vit à travers la vitre. Il pouvait distinguer ses larmes roulaient le long de ses joues.

« iubesc »

Ce mot lui disait quelque chose mais il ne savait pas quoi. Il vit disparaître la silhouette du brun plus vite qu'il ne l'aurait cru. Ça y était, il ne le reverrait jamais.

******

Arrivé chez lui, Tom semblait être dans un état second. Il alla directement prendre le dictionnaire Roumain et chercha le mot qu'il lui restait en tête depuis que Bill lui avait murmuré.

Il l'aimait...il l'aimait !

Il ne cessait de regarder la traduction du mot entendu au creux de son oreille.

Putain !!!

Il l'avait laissé partir sans même savoir si ce qu'il avait conclu du brouillon trouvé dans la poubelle était bel et bien la vérité !

Il se sentait démuni de tout d'un coup. Il venait de perdre une chance de vivre quelque chose de merveilleux avec Bill.

Il se sentit trembler de tout son être. Il se dirigea vers la chambre où Bill avait dormi ces derniers mois. Il y flottait encore son odeur. De la vanille. Bill sentait la vanille. Il s'allongea sur le lit et huma l'oreiller du brun. Il lui manquait déjà.

Il lui manquerait toute sa vie.

******

Bill avait pris l'avion pour la première fois de sa vie. C'est en pleurant qu'il avait quitté le sol allemand. Il était triste et en même temps ne cessait de penser à sa sœur. Il allait enfin la revoir. Il était majeur et avait pas mal d'argent pour subvenir à ses besoins.

A peine avait-il atterri qu'il prit un taxi en direction de l'orphelinat dans lequel sa sœur avait été placée.

Il appréhendait beaucoup ces retrouvailles. Allait-elle le reconnaître ? Allait-elle être tout autant heureuse que lui de le revoir ? Il l'espérait.

Il entra et expliqua qui il était et sa situation actuelle. On le fit patienter et le directeur de l'établissement le reçut dans son bureau. Tout semblait en ordre. Lola allait pouvoir repartir avec lui.

Il le fit patienter dans le couloir. Il attendit une bonne demi-heure avant de voir la silhouette de sa petite sœur. Elle était magnifique. Elle portait une robe rouge à volant et des petites chaussures blanches. Ses cheveux avaient poussé et était tenue grâce à une petite pince posée sur le côté de son crâne. Elle tenait la main d'une accompagnatrice, son regard semblait triste. Cette vision affligea Bill. C'était de sa faute tout ça. Mais il allait pouvoir se faire pardonner. Il ne la quitterait plus jamais à présent.

Il s'approcha d'elle lentement. Lola ancra alors ses yeux dans les siens. Elle le reconnut de suite.

-Bill !

- Meu Stea !

Bill s'accroupit pour être à sa hauteur et elle lui sauta dans les bras. Ce que c'était bon d'enfin pouvoir la sentir dans ses bras. Il en pleura de joie. Tout irait bien maintenant.

*******

Bill avait pris une chambre pour lui et sa sœur le temps de voir venir les choses. Ils se redécouvraient au fil des conversations qu'ils partageaient.

Bill lui avait évidemment acheté pleins de cadeaux qu'il avait prit soin d'emballer dans du papier journal. Oui, il avait oublié de demander du papier cadeau et donc avait emballé les objets fragiles, comme cette magnifique petite danseuse en verre dedans.

Sa sœur semblait émerveillée par ce qu'elle voyait. Il la coucha dans le lit et se mit à côté d'elle. Il l'a regarda s'endormir au son de sa voix, lui chantonnant une comptine roumaine. Il ne cessait de la regarder de peur de la perdre à nouveau.

Il se leva et rangea un peu la pièce regardant les papiers journaux étalés un peu partout autour de lui. Il en regarda un et y vit les numéros du jeu qui lui avait fait gagner tout cet argent. Il sourit en se rappelant le visage de Tom lui annoncer la nouvelle. Il regarda à nouveau les chiffres et plissa les yeux. C'était bien le journal du jour où il avait gagné les courses, non ?

Il regarda la date. Oui, c'était bien ce tirage-là. Mais pourquoi les chiffres qu'il avait joués n'étaient pas les bons imprimés sur le papier ? Il n'en croyait pas ses yeux. Il vérifia plusieurs fois. Se pourrait-il que Tom lui ait menti ? Mais d'où venait tout cet argent alors ?

Pleins de questions se mélangeaient les unes aux autres. Il savait au fond de lui pourquoi Tom avait fait ça. Ce qu'il lui avait dit à l'aéroport prenait tout son sens. Il sourit en pensant à ce qu'il s'apprêtait à faire dans les jours qui viendraient.

*******

Cela allait faire une semaine que Bill était parti et Tom avait tant bien que mal repris son travail à la ferme. Il n'avait pas encore en vue de reprendre quelqu'un. Pour l'instant Bill était bien trop présent dans son cœur pour penser déjà à le remplacer à la ferme. Il était sur son tracteur en plein milieu du champ. Pensant à tout ça avec tristesse. Il était presque midi lorsqu'il vit une fine silhouette se dessiner au loin devant lui. Plus il s'approchait et plus il voyait ce qui semblait être une petite fille dans son champ de vision. Elle tenait quelque chose dans ses mains.

Il arrêta le moteur et partit à sa rencontre. Que faisait une petite fille en plein milieu de son terrain ?

Il s'approcha un peu plus. Elle lui souriait de toutes ses dents. Le bond s'abaissa pour lui parler.

-Bonjour !, lui dit-il.

-Bonjour !, répondit-elle.

Tom reconnu dans sa voix un accent qu'il ne lui était pas inconnu. Il sourit d'avantage. Elle portait à bout de bras une plante qui ne lui était pas inconnu non plus.

-C'est...c'est pour moi, lui fit-il en montrant la plante.

Semblant comprendre. La petite hocha la tête. Elle s'approcha de lui et lui chuchota à l'oreille.

-Garde-moi.

A ce moment là Tom sentit son cœur se serrer. Il releva la tête et dévisagea une nouvelle personne arrivée vers eux.

Bill ! C'était Bill !

Tom se releva et approcha lentement puis comme poussé par le vent il courut en direction de l'être aimé.

-Bill ! Mon dieu Bill !

-Tom !

Ils se serraient l'un contre l'autre ressentant le besoin d'être proches.

-I eu te iubesc, Bill! (Je t'aime aussi Bill !)

Bill ouvrit de grands yeux. Tom avait compris ? Il ne cessait de lui dire en lui embrassant le visage. Le brun passa ses mains derrière la nuque du dreadé et approcha sa bouche de la sienne. C'était si bon d'enfin partager un baiser avec lui.

-Bill, Bill !

Le nommé arrêta le baiser et tourna la tête vers sa sœur qui lui tirait sur le pantalon. Elle avait posé la plante au sol et demandait à ce qu'on la prenne dans les bras, ce qu'il fit sans attendre.

-Comment elle s'appelle ?

-Tom, je te présente Lola, ma petite sœur.

L'expression de Tom ne trompait pas. Il n'était au courant de rien. Tout se recoupait dans sa tête et il comprit.

-C'est elle ton étoile ?

Bill lui sourit et caressa avec amour la tête de sa petite sœur posée contre son épaule.

-Oui c'est elle. Mais comment tu sais que je l'appelle comme ça ?

-Je t'expliquerais. Tom baissa soudainement les yeux. Il demanda à voix basse. Et toi...tu...tu es revenu pour de bon ?

Bill s'approcha de lui et l'entoura de son bras libre. Il lui chuchota à l'oreille !

-Oui...enfin si tu veux bien nous garder ma sœur et moi.

La petite avait commencé par toucher les dreads de Tom et caressait à présent son visage. Elle le trouvait beau l'amoureux de son frère. Tom la regarda dans les yeux et il put y lire beaucoup d'amour et de tendresse mais aussi de la peur. Mais maintenant, il allait s'occuper d'eux. Il avait une famille dorénavant.

-Bien sûr que je vous garde Bill. Pour toujours.

Et il resserra leur étreinte, se sentant enfin comblé de ce vide omniprésent en lui. 


Fin.

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