Queues de cerise et autres lamentations
A la fin des cours je ramassais rapidement mes affaires, glissais un rapide au revoir à Elo. Je me faufilais à l'extérieur de la classe, évitant que le prof ne puisse m'interpeller. Je rentrais rapidement chez moi. Mon sac embrassa le parquet, déversant quelque peu son contenu et je m'affalais sur le canapé.
Je me sentais nulle. Ma conscience me tiraillais un peu par rapport aux cours de Samuel mais aussi pour mon inattention en cours. Une vraie garce ne ressentirait de la culpabilité ni pour l'un ni pour l'autre.
J'étais nulle en tant que garce.
J'attrapais rapidement mon ordinateur. Google mon meilleur ami fut ouvert dans l'instant. Comment devenir une véritable peste... peut-être y avait-il un livre pour m'aider ? Au moins un blog ? Trois minutes plus tard je refermais nerveusement mon outil de travail. Je devenais pitoyable à rechercher de l'aide même sur internet. Fallait-il que je sois aussi désespérée.
Je finis par me lever et me diriger vers la cuisine pour faire chauffer de l'eau chaude. Pâtes et tisane, je mutualisais mes actions.
Queues de cerise et hibiscus, j'avais finalement la flemme de dîner, dans une eau bien chaude, je sirotais ma tisane devant une série que je regardais à peine. Je détestais cette date. Il y a tout juste deux semaines je m'étais fait larguée par mon mec et ma pote. Cocktail mortel.
Ça fait mal quand même. Objectivement ce n'est pas le moment où on sent son cœur en meilleure santé. J'essayais tant bien que mal d'aller mieux mais ce n'est pas toujours facile, sinon je ne serais pas humaine. Mais qu'est-ce que j'aimerais pouvoir lui faire bouffer du caca de lama à cet imbécile d'ex.
Je n'osais pas appeler mes meilleures amies, elles n'apprécieraient sans doute pas vraiment mon plan de garce. Elles auraient sans doute raison mais j'en avais besoin pour aller mieux. Je ne pouvais pas non plus appeler Elo, elle me supportait déjà la journée la pauvre. Je me sentais carrément seule. Si j'avais un mec j'aurais pu l'appeler... mais ... ah oui il m'avait jetée. La vie était à peu près nulle en ce moment mais je ne pouvais pas me laisser abattre sinon j'allais devenir une larve molle. Parce que oui, les larves ne sont pas molles de base. Elles gigotent même partout. Un peu comme Elo tiens.
J'ouvris les yeux et essuyais rapidement les quelques larmes qui avaient pu couler. J'avais des chose de bien plus intéressant à faire ! Comme, par exemple, me refaire une tisane queues de cerise et hibiscus. Moquez-vous si vous voulez bande de rageurs. En attendant c'est ma tisane préférée... la seule que j'ai actuellement, j'ai fini celle aux orties avant hier. J'attrapais mon enceinte et mis la musique à fond.
La danse et un karaoké digne de ce nom, rien de mieux pour se remonter le moral. Céline Dion me voilà, je te rejoins parmi les étoiles. On ne change pas, on met juste les costumes d'autres sur soi... Une toute petite fille, une toute petite fille, oh yeah.
Par contre ça n'a pas l'air de remonter le moral du voisin du dessous vu comment il tape sur mon parquet. Je lève les yeux au ciel, quel vieux rabat-joie, il n'est que minuit et demi. Tiens, ça fait longtemps que je ne me suis pas exercée à la danse irlandaise. Cela me fera un peu de sport en plus.
Quelques coups de talons plus tard je m'arrête en entendant ceux beaucoup plus fort sur ma porte d'entrée. Effrayée, j'éteins toutes les lumières et me cache derrière le canapé. Si le voisin remarque qu'il n'y a pas de lampes allumées et pas de bruit peut être qu'il pensera qu'il s'est trompé d'appartement.
Malheureusement, il ne semble pas vouloir s'arrêter et dix minutes plus tard je suis toujours cachée derrière mon canapé. Sauf que je commence vraiment à avoir des crampes. Je rampe jusqu'à mon téléphone, regarde l'heure et je m'effare. Il est beaucoup trop tard ! J'ai cours à 9h demain matin et un fou furieux m'empêche d'aller me coucher ! Peut-on porter plainte pour tapage nocturne dans ce cas-là ?
Telle une princesse Sioux (toujours une princesse, sinon ce n'est pas à ma hauteur), je traverse le salon et me dirige vers ma chambre.
Soudain un énième tambourinement résonne me faisant sursauter. Mon portable m'échappe, vole un peu dans les airs. J'ouvre la bouche mais me retiens de m'exclamer. Il ne faut pas qu'il tombe ! Dans une technique digne des plus grands rugbymen, je glisse au sol avec le tapis afin de servir de matelas au téléphone. Je vois mon précieux objet me foncer droit dessus, approchant mon nez à une vitesse folle. Je lève mes mains, en attrape le bout qui glisse, m'échappe et tombe avec fracas sur le parquet.
Je reste allongée, subissant mon destin les coups sur la porte. Bonne nuit à tous, je pense qu'il est temps que ma journée se termine.
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