Nouveau pion
J'avais sans doute tout du chien errant. Les cheveux dans tous les sens après avoir couru dans toute la fac, la respiration erratique du fait des intenses efforts que je venais de fournir, l'œil terne et les muscles flasques... N'ayant plus la force de porter mon sac à main je le traînais jusqu'au premier banc que je croisais avant de m'y affaler. J'avais désormais deux heures à tuer avant de retrouver Elo. La tête en arrière, je fixais le plafond durant un long moment. Lorsque je me rendis compte de mon attitude de zombie, je me redressais un peu et je décidais de me mettre compter les carreaux.
En partant de la machine à café jusqu'aux tables puis de la rambarde de l'escalier jusqu'au mur, il y avait exactement soixante quatre carrés. Je pouvais même ajouter - en faisant un pourcentage - qu'il y en avait à peu près soixante pourcent tachés de chewing-gum ou d'autres choses bizarres.
N'ayant plus d'occupation, le calcul mental n'était pas trop mon truc, je fis rouler mes yeux dans leurs orbites. Après tout c'était peut être bénéfique pour eux, peut être que cela les musclait. Mais il ne fallait pas abuser des bonnes choses alors je me décidais à me lever et me diriger vers la bibliothèque universitaire, histoire de travailler un peu... enfin de faire semblant. Le nez dans mon téléphone, je ne faisais pas attention où je marchais.
Evidemment, il fallut que je percute le seul débile du coin. Cette journée était merveilleusement nulle et je commençais à en avoir plus qu'assez. Sans même jeter un coup d'œil au pauvre inconnu, je le contournais sous son regard étonné. Il croit quoi ?! Il voudrait que je m'excuse en plus ? Alors que c'est typiquement de sa faute puisque je ne pouvais pas le voir comme je regardais mon portable. Une subite envie d'agacer mon monde me prit et avec un sourire vilain je fis demi tour pour essayer de retrouver l'aveugle qui m'avait bousculée. Il allait le payer.
Il ne fut pas très compliqué à retrouver car même si je n'avais vu que ses pieds - et j'aurais eu une flemme immense d'observer les pieds de toute la fac pour le trouver - ce stupide spécimen avait encore un classeur à ses pieds dont quelques feuilles s'échappaient.
Avec un sourire carnassier je m'approchais de lui, sans hésiter à grimper sur ses affaires qui traînaient encore au sol.
- Eh toi, l'interpellais-je, tu m'as volé mon porte-monnaie !
Il me leva les yeux sur moi, éberlué. Les hommes sont tellement stupides.
- Si j'avais dû te voler quelque chose ce n'est pas ton porte-monnaie que j'aurais pris mais tes beaux yeux, rétorqua-t-il.
Arg, la lourdeur incarnée. Pourquoi cela n'arrivait qu'à moi ? Me suivaient-ils ? Je me retournais pour vérifier, au cas où j'étais entourée de mec aux répliques nulles. Non, il n'y avait absolument personne d'autre dans les couloirs. J'appuyais un peu plus sur son classeur, me retenant de lever les yeux au ciel.
- Toi par contre tu t'es fait voler ton humour, répliquais-je cynique. Maintenant rends-moi ce qui m'appartient.
- Je ne l'ai pas. Fouille-moi si tu veux, proposa-t-il en écartant les bras avec un regard qui n'avait plus rien de suggestif tellement c'était clair ce qu'il voulait.
Je tentais de faire remonter mes lèvres pour faire comme si ce qu'il venait de dire était amusant mais peine perdue, elles retombèrent tout de suite. Je le dévisageais de haut en bas avant de faire demi-tour. Alors que je descendais de son classeur, le jeune homme me retint par le bras et m'obligea à lui faire face.
- Aller, avoue-moi que c'était juste une technique pour m'aborder parce que je t'ai tapé dans l'œil. Parce que je crois que ton porte-monnaie est toujours dans ton sac, affirma-t-il en l'attrapant justement.
Je le fusillais du regard. Débile.
Que pouvais-je bien faire ? Quoique je fasse j'allais me ridiculiser. Il fallait absolument que je limite les dégâts. J'attrapais le porte-monnaie qu'il tenait du bout des doigts, comme si un truc à paillettes allait le brûler.
- Merci, dis-je froidement avant de me détourner.
- Attends, c'est rare de croiser une si jolie fille, alors ne t'en vas pas comme cela.
Je me tournais, encore une fois, vers lui. Un sourire figé sur mes lèvres j'attendais la suite.
- Prends ton téléphone et ajoute un nouveau contact. Je m'appelle Pierre.
Génial. Je m'en fiche royalement. Je faillis refuser mais je me dis qu'il fallait faire contre mauvaise fortune bon cœur. Il rentrerait dans mon plan d'homme avec lequel jouer. A défaut de lui envoyer un coup de pied dans les parties maintenant, j'allais attendre un peu.
- Je serais content de faire un peu plus connaissance avec toi, jolie Camylle, fit-il d'un ton mielleux à vomir.
Sentant que mes narines se relevaient d'elles-même, je tout juste retenais une grimace de dégoût.
Je n'aurais peut être pas dû lui donner mon numéro. Lorsqu'il me laissa enfin seule j'aurais presque pu hurler de rage en plein milieu de l'université. Non seulement je ne l'avais pas du tout embêté mais en plus il m'avait donné son numéro, avait le mien et voulait que nous allions boire un verre. J'étais vraiment nulle en garce ! Il fallait absolument que je m'améliore
- Cam ! fit une voix que je connaissais par coeur. Qui était ce beau mec ?
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