J'entrais dans la salle de classe vide et m'assis sur le siège du prof, ne sachant pas trop quoi penser. Pourtant cette journée avait bien débutée. Il ne devait pas m'arriver de choses trop étranges.

Bon.

Puisque c'est comme ça...

Je vais le prendre comme un signe du destin.

Je dois me considérer dores et déjà en week-end.

Je dois aller boire un verre.

Finalement la vie est plutôt simple.

Je crois qu'il ne faut surtout pas chercher à se la compliquer.

Si la salle de classe est vide, il ne faut pas rester dans l'établissement.

Il faut aller profiter du soleil.

Voilà.

Ma philosophie est simple, basique et compréhensible ... sauf par les gens bizarres qui préfèrent bosser quand ils ont du temps libre.

Les bars sont si proches de la fac s'en est presque indécent. Je commandais un thé et m'installais sur la meilleure table - celle au soleil -. En ouvrant mon sac pour payer je m'aperçus que je n'avais aucune de mes affaires de cours mais uniquement mon livre en cours.

Comme quoi tout est un signe. Assise confortablement, réchauffée par tous les rayons du soleil je poursuivis ma lecture. Alors que j'entamais mon troisième chapitre de la matinée. Lorsque l'intrigue commence à se dénouer enfin. Une ombre vint me gâcher ma place préférentielle. Qui osait m'empêcher de bronzer ? me demandais-je en relevant les yeux.

Pierre et un grand sourire.

Parce que oui, son sourire était assez grand pour être personnifié. Je crois même qu'il a sa propre carte d'identité.

- Salut toi, commença-t-il.

Pierre, pas le sourire, ne confondez pas.

- Camylle, fis-je.

- Pardon ? s'étonna-t-il.

- Je m'appelle Camylle, pas "toi". Mais je suppose que c'est parce que tu ne sais pas comment je me nomme.

- Crois-moi Camylle, je n'ai pas oublié ton prénom et encore moins le fait que tu devais m'envoyer un message pour que nous allions boire un verre.

- J'ai dit ça ?

J'avais vraiment dit ça ? Parce que je crois que je commençais vraiment à proposer des verres à n'importe qui. Je n'allais pas m'en sortir.

- Oui, hier quand tu m'as bousculée.

- Alors, je ne... c'est à ce moment que je me souvint de ma résolution de ce matin : être aimable. Tu peux toujours t'assoir avec moi, ça sera notre verre ensemble.

Je lui montrais une chaise libre avec un doux sourire hypocrite. J'hésitais à ajouter qu'il rester uniquement si je pouvais lire mon livre tranquille. Mais ça ne serait pas très protocolaire, n'est-ce pas ? Le but était de les attirer dans mes filets, pas de les faire fuir.

- Tu ne prends que tu thé ? s'étonna Pierre ?

- Il n'est que 10h30, répondis-je sans trop savoir quel comportement avoir.

- C'est vrai que c'est encore un peu tôt pour de l'alcool, dit-il alors que le serveur arrivait pour prendre sa commande. Un irish coffee, fit-il à ce dernier.

Je fixais l'homme assis en face de moi, éberluée. Non vraiment ? Si c'est ce qu'il appelle prendre une boisson sans alcool, il est peut être temps que je mette aux shooters tout de suite.

- Alors Camylle, commença le jeune homme, parle-moi un peu de toi. Je suis sur que tu as une vie des plus passionnantes ! Ton visage respire l'aventure.

Ouais, je me suis fait larguée le mois dernier. Depuis je suis tout entière plongée dans les cours de droit administratif.

- Eh bien... Je n'ai pas grand chose à raconter sur moi.

- Ne me fais pas croire ça ! s'exclama Pierre. Je sens en toi l'âme d'une voyageuse.

- À part mes allers-retours à la fac je ne fais pas grand chose en terme de voyage. Ah si, de temps en temps je vais à ce bar, cela m'a pas mal fatiguée d'ailleurs.

- Je savais bien que tu avais de l'esprit, fit Pierre en éclatant de rire. J'aime les filles avec de la répartie. Cela ne les rend que plus attirantes.

Mais qui es-tu être étrange ? Pour l'originalité de ta répartie on en est loin mon grand. Ne sachant pas quoi répondre à cela je pris le parti d'en rire en papillonnant des cils. Comme si j'avais pris cela pour un compliment.

- Tu semble avoir une famille aisée, continua Pierre. Ça fait quoi de vivre comme une princesse ?

Ah, suis-je bête ! J'ai oublié d'enlever mes chaussures en or massif.

- Comment tu sais ça ? demandais-je intriguée par sa question débile.

- Camylle Le Grahir, ton visage ne m'était pas tout à fait inconnu. Je t'ai déjà vu dans un ou deux journal.

- Ah super... répondis-je au top de mon enthousiasme.

- Je t'ennuie avec mes questions, pardonne-moi. Nous nous connaissons à peine et je te demande déjà de me raconter ta vie.

Le jeune homme regarda sa montre avant de se lever en s'excusant :

- Je dois y aller mais j'espère que nous pourrons discuter un peu plus longtemps une prochaine fois.

Je lui fis un rictus souriant et un petit signe de la main avant de retourner rapidement à mon livre.

Je crois, non je suis sure que nous n'avons aucun point en commun, à part nos études. Mon plan risque d'être beaucoup plus compliqué que prévu. Vous avez déjà dragué quelqu'un qui ne vous attire pas du tout ?