Heure matinale
J'observais les gens à travers mes lunettes de soleil. J'adorais cet air de pétasse qu'elle me donnait. Oui c'est sans doute assez étrange d'être fière de ressembler à ça... mais en ce moment c'était mon but. La pire des garces. Moi.
Un jeune homme passa a côté de moi en me dévisageant, je levais les yeux au ciel et soupirais. ils étaient pire que des charognes. A croire que les pensées lubriques ne les quittaient pas. Mais c'était là mon unique atout. Les faire tomber par les sens étaient si facile... et ce n'est qu'une fois à terre qu'ils se rendaient compte qu'ils avaient un cœur. Oups.
Je sirotais tranquillement mon thé à la terrasse d'un café, plongée dans un livre. Enfin plus ou moins étant donné que je dévisageais quasiment toutes les personnes qui passaient devant moi. Elles étaient d'un ennui... le visage morne, les yeux baissés pour éviter de croiser le regard de qui que ce soit... barbant.
J'étudiais le droit dans une ville de province. Mes meilleures amies, c'est à dire Kate, Alix, Eleanor et Laura, s'étaient un peu dispersées en France et ailleurs, mais nous nous retrouvions tout de même tous les été. Je n'étais pas pour autant restée seule à pleurer dans mon coin, et durant ma première année de droit j'avais rencontré Elodie, dite Elo pour les intimes. Les intimes étant moi.
Heureusement que le temps en ce début de mois d'avril était très clément parce qu'attendre cette charmante petite fille (Elo) sans un rayon de soleil pour réchauffer ma peau blanchâtre ne m'aurait pas permis d'être d'une humeur correcte.
L'espèce de lutin qui me portait quotidiennement compagnie fit bientôt son apparition avec un immense sourire.
- Je t'ai manqué ? demanda-t-elle énergiquement.
- Non, répondis-je. Par contre tu as dû manquer au prof en cette heure matinale. Et puis je déteste me lever aussi tôt. Surtout pour attendre quelqu'un d'aussi en retard et finir par louper la première heure.
-Cam... il est 11h ... ce n'est plus ce que l'on appelle une heure matinale à proprement parler, répliqua Elo en levant les yeux au ciel.
- Tout ce qui me fait utiliser un réveil est une heure matinale. Il n'y a pas de discussion à avoir là-dessus, c'est un état de fait.
Il ne faut pas croire, je l'adorais cette petite brune, mais je suis d'accord pour dire que je faisais tout pour que cela ne se voit pas. Plus amusant. Les yeux gris perçants de mon amie me fixèrent un instant avant qu'elle n'attrape mon sac et commence à partir pour m'obliger à me défaire de mon siège où je m'étais si bien installée.
Arf. Elle m'aura tout fait celle-là. C'était elle qui m'avait fait rencontrer l'imbécile heureux qui m'avait trompée pour finalement me quitter pour une de mes amies. Enfin amie ... le terme était bien trop valorisant pour qualifier cette personne. Avant ce léger incident nous étions un trio inséparable. Nous avions même résisté à la séparation des travaux dirigés de droit. Ce qui n'est pas une mince affaire quand on voit combien de personnes ont l'idée géniale d'étudier cette matière. Mais il aura suffit d'une personne, de cette crevette hydrocéphale (parce que ce n'est certainement pas lui qui avait inventé l'eau chaude), pour bousiller notre amitié.
Réflexion faite, je ne crois pas que ce soit une grosse perte. Une amie me substituant à un suceur de merles aigris ... ce n'est pas une amie.
Parce qu'il faut quand même remarquer qu'elle avait la chance immense de m'avoir comme amie ! Moi ! La belle et parfaite Cam !
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