Le soir, Terry retrouva son amoureuse après le boulot. Le père de cette dernière était parti en mission pour quelques jours hors du pays. Ce qui leur laissait la soirée pour être ensemble.

   Jessica prévint sa mère qu'elle passerait la nuit chez ses cousines. Elle prévint ensuite ses cousines en leur promettant de leur raconter où et avec qui elle comptait passer la nuit.

- Tu peux tout me raconter à présent.

   Terry se lança dans le récit de son coup réussi en n'omettant aucun détail.

- Mais as-tu pensé aux caméras de surveillance ? Tout l'immeuble doit en être truffé.

- Tu vois ces lunettes ? demanda-t-il en désignant sa paire de lunettes posée sur la table basse. Elles ne servent pas qu'à me donner un air de geek rassurant, elles sont équipées de micro leds qui empêchent les caméras de voir mon visage. Mon visage ne sera que lumière sur l'écran. Enfin l'essentiel de mon visage.

   Elle hocha la tête d'un air admiratif.

- Tu es plutôt bien équipé. Quelle est ta prochaine mission à présent ?

- Tu sais bien que je ne peux pas t'en parler, ça te rendrait complice et tu seras en danger.

   Elle rabattit ses épaules comme une enfant déçue. Mais elle n'insista pas pour autant. Elle savait mieux que lui ce que cela impliquait et le nombre de lois qu'elle enfreignait rien qu'en écoutant son récit. Mais avec lui, elle se laissait facilement gagner par la curiosité, tellement il excellait dans son domaine.

- Que veux-tu que je nous fasse à manger ? céda-t-elle en fin de compte.

- Je mangerai ce que tu jugeras bon pour moi chérie.

   Avant que Jessica ne puisse répondre, le téléphone de Terry se mit à sonner. Il décrocha sans attendre.

- Retrouve-moi dans ma suite, lui dit la princesse.

   Terry n'eut pas le temps de décliner son invitation, elle raccrocha aussitôt.

- Il faut que je m'éclipse pour une urgence, dit-il à Jessie. J'en aurai pour une heure maximum. Elle croisa les bras d'un air boudeur. Terry sourit en voyant sa mine. Il vint l'embrasser en lui promettant de revenir le plus tôt possible.

- Je n'ai pas menti à ma mère pour que tu me laisses seule. Si tu fais plus d'une heure, je m'en irai.

- Je ferai moins d'une heure dans ce cas.

   Il l'embrassa à nouveau et sortit de l'appartement.   Il se retrouva devant la suite de la princesse comme prévu. Cette dernière vint lui ouvrir, moulée dans une nuisette qui lui arrivait à peine à la moitié des cuisses.

   Elle l'invita à s'asseoir dans l'un des fauteuils du salon. Elle lui servit un verre de whisky sans lui demander son avis. Elle vint ensuite s'asseoir le plus près possible de lui en s'assurant d'avoir son décolleté sous son nez.

   Terry eut un petit sourire en coin en comprenant ses intentions. Il porta le verre à ses lèvres mais n'en but goutte. Il riva ensuite son regard à celui de la princesse. Ils s'affrontèrent du regard en silence jusqu'à cette dernière rapproche la tête. Terry détourna la sienne.

   Elle ne s'avoua pas vaincue pour autant. Elle posa une main sur la cuisse du jeune homme et se mit à la caresser en remontant vers son entrejambe.

- Tu as été très efficace aujourd'hui, lui murmura-t-elle d'une voix aguicheuse. Tu mérites d'être récompensé comme il se doit.

   Elle essaya de se mettre à califourchon sur Terry, mais ce dernier bloqua sa jambe. Elle se leva et se tint face à lui. Elle le poussa et s'assit sur ses cuisses. Il avait à présent son décolleté au niveau du visage. Il remarqua par la même occasion la petite culotte en dentelle assortie à sa nuisette.

   Malgré son âge avancé, elle avait toujours le corps d'une femme dans la vingtaine, ce qui ne facilitait en rien la résistance de Terry.

- Je pensais que vous étiez une princesse, lâcha-t-il le plus froidement possible.

- C'est bien pour ça que je fais ce que je veux, répliqua-t-elle en frottant ses seins contre son visage. Et plus tu me résistes, plus tu m'excites. Parce qu'aucun des hommes que j'ai rencontré jusque-là ne m'a résisté. Des directeurs de grandes sociétés, des hommes politiques et même des quelques présidents que j'ai connu, aucun ne m'a résisté. Je finis toujours par obtenir ce que j'attends d'eux. C'est juste pour te donner une idée d'à quel point ta résistance m'excite. Elle retroussa sa nuisette déjà très courte. Terry pouvait à présent bien voir la forme de son amande à travers la petite culotte qu'elle avait sous la nuisette. Il déglutit en voyant son entrejambe.

   Il était dans une situation délicate : il devait réussir à se tirer de ce piège sans coucher avec elle et sans se faire virer de sa mission. Pour ne pas arranger les choses, son sexe, dans un début d'érection, partit à la rencontre de celui d'Ama à travers le tissu de son pantalon.

    Cette dernière se mit à déboutonner la chemise du jeune homme.

    L'excitation gagnait du terrain dans la tête de chacun et ce, à chaque seconde qui s'écoulait. Il n'allait bientôt plus pouvoir la repousser car si la chair est faible, la sienne l'était encore plus face à tant de tentations.

    Au moment où il commençait à désespérer, la sonnerie de son téléphone emplit la suite. Les yeux du jeune homme se mirent à briller : c'était la sonnerie personnalisée de Jessica. Et il avait mis une photo qu'ils avaient prise ensemble, pendant qu'ils passaient du bon temps sous les draps, à côté de son numéro.

- Il faut que je décroche, dit-il.

Terry sortit son téléphone de sa poche en le tenant de manière à ce que la princesse puisse voir l'écran. Son petit manège eut son effet. Elle se leva pour aller se servir un verre de whisky à son tour et Terry put recevoir son appel.

- Est-ce que tu peux ramener des œufs en rentrant ?

    La princesse retira les bretelles et fit glisser sa nuisette au sol. Elle se mit à onduler sensuellement devant le jeune homme. Elle n'avait plus que sa culotte.

- D'accord, ce sera tout ? s'enquit un Terry troublé.

- Oui. Tu n'as pas fini ?

    Terry jeta un coup d'œil à Ama avant de répondre :

- Oui je rentre dans peu.

- Je t'attends.

    Elle raccrocha sans plus de cérémonie.

   Terry démarra un enregistrement vidéo et fit semblant de continuer à parler au téléphone.

- Au fait tu penses que ta mère accepterait de me voir ? J'aimerais pouvoir lui expliquer toute cette histoire avec ton père. Peut-être qu'elle pourra y faire quelque chose... D'accord tu me diras.

   Il coupa ensuite la vidéo et déposa son téléphone. Il se leva d'un bond.

- Il faut que j'y aille, annonça-t-il en reboutonnant sa chemise.

    Il rangea son téléphone dans sa poche.

- On en n'a pas fini ! s'exclama Ama.

- Oh que si qu'on en a fini ! répliqua sèchement Terry. J'ai assez joué à votre jeu alors écoutez ceci : si vous me voulez sur votre mission, il va falloir mériter que je sois sur votre mission. Et si vous voulez coucher avec moi, il va falloir mériter d'être dans mon lit. Je ne suis ni votre toutou, ni votre esclave sexuel. Si un jour je couche avec vous, ce sera parce que j'en ai envie. Pas parce que vous avez décidé de m'avoir dans votre lit.

    La princesse eut un rictus. Elle sirota un peu de son whisky avant de répondre.

- J'adore le courage soudain dont tu fais preuve, susurra-t-elle. Pour ne rien t'apprendre, j'adore les hommes qui en ont dans la culotte. Et tu en as doublement. Tu as cette audace que j'admire beaucoup. Mais il me semble que tu oublies ou ignores un peu qui je suis, alors laisse-moi te rappeler qui je suis. Je suis celle qui t'a déjà envoyé en garde-à-vue et qui peut t'envoyer en prison cette fois en un claquement de doigts. Je suis aussi celle qui peut te faire disparaître en un autre claquement de doigts.

- Un claquement de doigts, rien que ça, souffla Terry.

   Il s'approcha de la grande baie vitrée de la suite, les mains dans les poches. Il écarta les rideaux et replongea les mains dans ses poches.

- Approchez s'il vous plaît, demanda-t-il poliment à la princesse.

   Cette dernière ne se fit pas prier. Elle enfila sa nuisette puis vint se tenir à côté du jeune homme.

- Ta petite rébellion est déjà finie ?

- J'aimerais juste te montrer quelle merveilleuse époque nous vivons. Avec ses déboires certes, mais une merveilleuse époque quand-même.

     Il marqua une courte pause.

- Connaissez-vous le cloud ? demanda-t-il.

   Il avait le regard fixé sur les nuages qui défilaient dans le ciel nocturne.

- Je suis anglophone alors ta question n'a pas de sens.

- Je ne vous parle pas de cela, répondit-il toujours aussi serein. Le cloud dont je vous parle, c'est internet tout simplement. C'est le fait de garder ses fichiers au chaud sur internet au lieu de les garder dans votre téléphone ou votre ordinateur au risque de les perdre par une mauvaise manipulation. L'avantage de cela est que pour partager une vidéo d'une princesse à moitié nue, il suffit d'un clic. Avec la rapidité du Wi-fi de cet hôtel et la lenteur des policiers, cette vidéo aura le temps de faire le tour de quelques gros comptes Instagram. Vous voyez de quoi je parle, n'est-ce pas ? Vous savez, ces jeunes avec quelques milliers d'abonnés, qu'on appelle affectueusement des influenceurs. Avant je doutais de leur réelle influence, je me disais que c'était juste un titre lié au nombre d'abonnés. Mais quand j'ai eu besoin de leurs services, je me suis rendu compte de l'étendue de leur influence. Je connais aussi quelques magazines à scandale qui seront intéressés par ce petit bijou. La qualité de mon appareil photo fait qu'on peut vous reconnaître facilement et distinctement. Regardez par vous-même.

   Il sortit son téléphone de sa poche. Il lui montra la vidéo d'elle pendant qu'elle se trémoussait comme un ver de terre au soleil.

- Vous êtes à présent d'accord qu'on vit une merveilleuse époque ?

Pour toute réponse, la princesse lui arracha le téléphone de la main et ouvrit la baie vitrée. Le vent des hauteurs et le bruit du trafic inondèrent la suite.

- Je pense que vous n'avez pas com...

    Terry s'interrompit au milieu de sa phrase quand la princesse jeta le téléphone dans le vide. Il referma la baie vitrée.

- C'était la dernière des choses à faire croyez-moi, lui apprit-il. Jeter mon téléphone dans le vide ne résout pas votre problème, cela ne fait qu'accélérer les choses.

- Par contre ça laisse le temps à la police, aussi lente soit-elle, de venir te chercher, rétorqua-t-elle d'un air presque triomphant.

   Il secoua la tête d'un air moqueur.

- Deux choses. La première est que jeter le téléphone ne supprimera pas la vidéo du cloud. La deuxième est que la vidéo a été programmée pour être envoyée à mes amis influenceurs si d'ici une petite heure je ne suis pas connecté pour l'annuler.

- Tu bluffes ! Tu n'as pas eu le temps de faire tout cela !

   Il hocha nonchalamment les épaules.

- On le saura d'ici une trentaine de minutes. Gardez juste à l'esprit qu'il n'y a pas de bad buzz. La soudaine attention que vous allez recevoir, essayez d'en profiter. Faites une pub pour un produit ou un service, ça vous servira sûrement. Et au fait, demandez à la police de venir me chercher dans le hall en bas. Ça me laisse le temps de siroter un dernier verre.

     Il sortit de la suite de sa démarche assurée. Il prit l'ascenseur et appuya sur le bouton du rez-de-chaussée quand la princesse arriva en courant.

- Attends ! cria-t-elle alors que la cabine se refermait.