Paris, 1887

Mary et Nancy ont atterri dans le Paris de la fin du 19ème siècle. Après avoir fait la rencontre de Gustave Eiffel, Mary tente de l'aider à construire sa Tour sur le Champs de Mars. Pendant ce temps, Nancy en profite pour découvrir la capitale française sous un autre jour. 

Elle traverse une grande avenue poussiéreuse, les Champs-Élysées, et manque de se faire renverser par une calèche.

VOIX OFF
Attention !!!

Un homme la tire juste à temps en arrière.

HOMME
Vous n'avez rien ?

NANCY (déboussolée)
Mer... merci... Il faut que je sois plus prudente.

HOMME
En effet. C'est votre première fois à Paris ?

NANCY
Oui.... ça se remarque tant que ça ?

Ses yeux se posent sur l'obélisque au fond de l'avenue.

HOMME
Majestueux cet obélisque, n'est-ce pas ?

NANCY (se retournant)
Oui, c'est la même réplique que Washington.

HOMME
Exact ! Et bientôt détrôné si j'en crois les rumeurs par une future tour à quelques pas d'ici... Alors que rien n'est plus beau dans ce monde que cette sculpture venue tout droit de la terre des dieux.

NANCY
Vous connaissez l'Égypte ?

HOMME
Tout monde connaît l'Égypte ! C'est une véritable révolution depuis Champollion. Alors, dites-moi, d'où venez-vous ?

NANCY
D'Amérique !

HOMME
Vraiment ?!

Nancy sait qu'elle doit se faire rapidement des amis si elle veut survivre à cette époque où elle n'a pas un franc en poche. Elle décide d'attaquer le taureau par les cornes, en voyant le costume luxueux de l'homme.

NANCY
Je suis... écrivaine, enfin journaliste plus exactement pour un journal de Washington.

Elle tend sa main avec assurance.

NANCY
Nancy Wheealer.

HOMME
Enchanté Nancy Wheealer. Auguste Rodin, modeste sculpteur parisien.

La jeune femme s'étrangle. Elle ne s'attendait sûrement pas à ce genre de rencontre.

NANCY
Oh mon dieu !!!!

RODIN (taquin)
Par pitié, appelez-moi Auguste...

NANCY (bafouillant)
Je, euh, oui... Auguste.

RODIN
Qu'est-ce qui vous amène en France ?

NANCY
Je suis venue couvrir les préparatifs de l'Exposition Universelle.

RODIN
Bien sûr ! Quelle question.

Nancy ne sait plus quoi dire, elle est trop impressionnée par l'homme, l'artiste.
Elle repense à ses œuvres sculptées.

NANCY
Je suis une fan de votre travail.

RODIN
Vous connaissez mon travail outre-Atlantique ??

NANCY
Bien sûr ! Le Penseur ou encore Le Baiser, ce sont mes préférées !

RODIN (clignant des yeux)
Alors on vous a mal informée...

NANCY
Pardon ?

RODIN
Je n'ai réalisé aucune sculpture de la sorte, du moins sous ce nom.

NANCY (virant au rouge pivoine)
Oups...

Nancy doit se montrer prudente. 

En voyant sa tête déconfite, Rodin éclate de rire.

RODIN
Ne vous inquiétez pas... Vous n'êtes pas obligée de connaître mes œuvres, je le comprendrais aisément et ne le prendrais pas mal, surtout si vous venez d'aussi loin !

NANCY (battant des paupières)
Comment puis-je me faire pardonner ?

RODIN
Hmm, eh bien, j'ai ma petite idée. 

NANCY
Je vous écoute ?

RODIN
Je dois me rendre tout près d'ici à une petite fête organisée en mon honneur. Je serais ravi de vous avoir au bras afin que vous puissiez régaler mes amis des potins de  Washington. Car j'imagine que vous en avez... 

NANCY (mentant)
En effet..

RODIN
Alors c'est entendu ! Accompagnez-moi !

Nancy sourit. Elle est mal. Même si son charme a agi une fois de plus, elle a tendance à oublier que ses références du futur ne sont pas les mêmes qu'ici. Mais une occasion comme celle-ci ne peut se manquer. Tant pis, elle improvisera.

NANCY
Ce serait un grand honneur, maître Rodin !

RODIN (riant)
Mais non, voyons, appelez-moi Auguste !

Il lui tend son bras que Nancy s'empresse de prendre. 

Après quelques minutes de marche à parler de tout et de rien, ils arrivent devant l'entrée du Louvre.

NANCY
Votre réception est au Louvre ?

RODIN
Oui... J'y passe tout mon temps. Il y a de vraies merveilles à l'intérieur. 

NANCY
Nul doute !

RODIN
La réception a lieu dans la nouvelle aile du Louvre, le long de l'avenue de Rivoli. Venez.

A son arrivée, Rodin est reçu sous un tonnerre d'applaudissements.

NANCY
Quel accueil !

Des femmes s'empressent de le congratuler.

FEMME
Félicitations Auguste ! Vous devez avoir hâte !

Les femmes dirigent leur regard vers Nancy et scrutent sa tenue maigrichonne dans les moindres détails.

FEMME
Vous avez perdu votre chapeau ?

NANCY
Euh, je...

Rodin arrive à son secours.

RODIN
Mesdames, je vous présente Nancy Whealer, une amie américaine !

En apprenant la nouvelle, les femmes la dévisagent de plus belle, jalouses soudainement de sa tenue.

FEMME
Oh.. Vous avez fait tout ce voyage pour venir ici ?

NANCY
Pour couvrir l'exposition Universelle, à vrai dire. Je suis journaliste.

FEMME
Vraiment, vous travaillez ?

NANCY
Bien sûr ! C'est un choix.

Les femmes se lancent un regard condescendant entre elles. Rodin prend les devants avant que les questions désagréables ne fusent de toute part.

RODIN (prenant vite congé)
Mesdames, ravi de vous avoir vues !

Ils s'éloignent rapidement, pendant que les commérages reprennent bon train.

NANCY (chuchotant)
On dirait bien que je les ai choquées d'être apparue sans chapeau et en ayant un métier.

RODIN
Ne vous en faites pas, elles s'en remettront. 

NANCY
Allez-vous me dire ce qu'il se trame ici ?

Il lui montre une cloche en verre abritant une médaille très particulière que Nancy reconnaît tout de suite.

NANCY
Ça alors, ils vont vous remettre la Légion d'honneur ?

RODIN
En effet !

NANCY
Toutes mes félicitations, Auguste !

Un homme derrière eux s'incruste.

HOMME
Auguste, te voilà... accompagné ! Qui est cette ravissante jeune femme ?

RODIN
Albert, je te présente Nancy, une de tes consœurs...

HOMME
Une journaliste ?

NANCY (tendant sa main)
Enchantée, monsieur.

ALBERT (lui faisant un baise-main)
Albert Kaempfen, je suis le Directeur du Louvre et des Musées Nationaux.

NANCY (répétant impressionnée)
Enchantée, vraiment !

RODIN (commentant)
Albert est aussi un brillant journaliste !

ALBERT (regardant Nancy)
Alors, comme ça un journal vous a engagée ???

L'homme semble surpris qu'une femme puisse occuper un tel poste. Nancy relève la tête et les épaules tout en parlant fort pour impressionner son monde.

NANCY
En effet, je suis journaliste au Washington Post !

ALBERT
Vraiment ?

Nancy se vexe. Elle décide d'épater la galerie, c'est le moment où jamais de briller en société.  La tentation est trop grande.

NANCY
J'occupe ce poste depuis 15 ans ! Je suis d'ailleurs Correspondante à la Maison-Blanche, j'interviens auprès du Président des États-Unis !

RODIN
Impressionnant !

Se sentant pousser des ailes, Nancy a pourtant oublié un détail... que le Directeur du Louvre remarque immédiatement.

ALBERT
15 ans vous dites ? Mais il me semblait que le journal arrivait sur son 10ème anniversaire...