Micronésie, île de Pohnpei

Steve et Lise ont perdu la trace de Tracy Strauss et de Boone sur l'île de Pohnpei, située en plein océan Pacifique. Pendant que Joe White tente de négocier leur immunité diplomatique avec le Pentagone depuis Hawaï, Steve s'arrête à l'ambassade américaine de la capitale de l'île, Kolonia. Ils font la rencontre du jeune ambassadeur Peter Campbell qui leur propose son aide. Peter semble subjugué par Lise.

AMBASSADEUR (regardant Lise)
Vous pouvez m'appeler Peter. Donc si je comprends bien, c'était vous aux commandes du F35 ?

LISE
En effet.

PETER
Impressionnant ! Vraiment.

LISE
Vous dites ça parce que je suis une femme ?

PETER
Oui, je dois bien l'admettre, mais n'y voyez aucune forme de sexisme, bien au contraire. Je dirais que c'est de l'admiration. Ce n'est pas tous les jours que l'on voit nos forces militaires atterrir ici en aussi charmante compagnie !

Lise lui sourit. Elle le trouve agréable comme garçon.

LISE
Nous avons malheureusement deux criminels dans la nature : Tracy Strauss et Boone Carlyle. Steve est en train de voir avec le Colonel Joe White à ce qu'aucun bateau ni transport ne partent de l'île.

AMBASSADEUR
Il va falloir se dépêcher dans ce cas.

Steve raccroche avec Joe et fixe l'ambassadeur.

STEVE
Comment ça ?

AMBASSADEUR
Parce que des navires sont sur le point de partir. Ils font la jonction avec les îles Marshall.

STEVE
Vous pouvez nous emmener au port ?

AMBASSADEUR
Oui, bien sûr.

Peter jette un œil à la petite voiture de fortune des deux agents.

PETER
Prenons ma voiture, vous voulez bien ?

STEVE (ne se faisant pas prier)
Avec plaisir !

Il fait signe à un majordome.

PETER
Appelez mon chauffeur, je vous prie.

MAJORDHOMME
Bien monsieur.

Ils grimpent dans une berline de luxe. Lise sourit à Steve.

STEVE
Après vous, gente dame !

Dans la voiture, Steve et Lise expliquent la situation à l'ambassadeur. Les attaques à l'aéroport d'Honolulu, et la fuite de Tracy à bord d'un Cessna SkyCourier.

PETER
Donc vous dites que c'est suite à l'extraction du prisonnier Boone Carlyle vers le continent américain que Tracy a orchestré son enlèvement se soldant par une attaque à l'aéroport d'Honolulu.... Et à présent, ils se trouvent sur cette île ?

STEVE
Nous pensons que c'est une étape provisoire.

LISE
À l'aéroport de Kolonia, le capitaine de police nous a appris que leur avion était tombé en panne. Mais nous en doutons. Nous pensons qu'ils sont venus faire le plein. J'imagine que notre venue a dû semer la zizanie.

STEVE
Ils vont chercher un moyen de quitter l'île.

PETER
Dans ce cas, pourquoi n'ont-ils pas pris l'hélicoptère qui a décollé tout à l'heure ?

STEVE
C'était une diversion, comme à Honolulu. Ils vont certainement essayer de quitter l'île par bateau pour s'enfuir.

PETER
Dans ce cas nous devons vite les arrêter, car ce n'est pas les îles qui manquent dans le coin...

STEVE (voyant un panneau)
Pourquoi vous retournez à Kolonia ?

PETER
Le port se situe vers l'aéroport.

Steve et Lise se lancent un coup d'œil.

LISE
Tu penses qu'ils sont revenus sur leur pas ?

STEVE
Ça n'a aucun sens, mais c'est bien possible...

LISE
Monsieur l'ambassadeur... Pardon, Peter, il n'y a qu'un port sur l'île ?

PETER (souriant)
En activité, oui.

STEVE
En hors activité ?

PETER
Il y a bien le port d'Outer, tout au sud de l'île, mais plus aucun bateau n'y accoste.

STEVE (regardant Lise)
Ma main à couper qu'ils sont là !

LISE
Oui, je pense aussi.

Peter s'approche du chauffeur.

PETER
Mori, changement de programme. Nous allons à Outer Harbor !

CHAUFFEUR
Très bien monsieur.

Le chauffeur fait rapidement demi-tour.

Une heure plus tard, il se gare devant une église protestante.

Pendant que Steve examine les lieux, Lise entre dans l'église et demande aux pèlerins s'ils ont vu une femme blonde et plusieurs hommes. Elle ressort rapidement. L'ambassadeur s'approche d'elle.

AMBASSADEUR
Alors ?

LISE
Non... Personne.

STEVE (les rejoignant)
C'est pas vrai.

LISE
En même temps, ils étaient tous à l'intérieur de l'église.

PETER
Peut-être aurons-nous plus de chance en direction de l'ancien port maritime.

Steve s'avance sur le chemin et s'accroupit pour examiner le sentier.

STEVE
Aucune voiture n'est passée par là. C'est une mauvaise piste.

LISE
Donc, quoi... Ils se seraient enfuis depuis le port de Kolonia ?

STEVE (sortant le téléphone satellite)
Je rappelle Joe pour voir s'il a pu négocier avec les autorités le confinement de l'île.

Il passe son coup de téléphone. Lise jette un regard à l'ambassadeur. Elle est d'humeur taquine.

LISE
Alors, parlez-moi de vous. Vous avez quoi 30 ans ? Et vous êtes déjà ambassadeur ? Quel est votre secret ?

PETER (riant)
De bonnes études... Il est vrai qu'être issu d'une branche de l'aristocratie n'y est pas étranger. Je l'admets.

LISE
Quelle branche ?

PETER
De la noblesse européenne du côté de mon père. Et de l'autre côté, des notaires ou des bureaucrates de Washington et New York.

LISE
C'est sûr qu'avec ce bagage, vous êtes parés pour réussir.

PETER (riant)
En effet ! Et vous ?

LISE
Je viens d'un foyer modeste. Ma mère avait deux boulots et mon père était militaire, donc souvent absent.

PETER
Oh...

LISE
Ne vous inquiétez pas, c'est ce qui a forgé mon caractère.

PETER
Aussi délicieux soit-il !

Steve raccroche et dévisage Lise. Il n'aime pas ce qu'il vient d'entendre, et n'apprécie pas de voir ce rapprochement si soudain.

LISE (désamorçant la bombe)
Alors ?

STEVE
J'ai eu Danny au téléphone. Joe attend encore les directives du Pentagone... Danny n'a pas plus d'infos.

LISE
Mais des bateaux ont dû partir à l'heure qu'il est !

STEVE
Oui... Je suis en rogne, crois-moi !!!

LISE (soupirant, désespérée)
Tracy va réussir à nous filer entre les doigts.

Le téléphone de l'ambassadeur sonne.

PETER
Veuillez m'excuser.

Il s'écarte à son tour et décroche.

PETER
Du nouveau ? Oh... très bien.... D'accord... Oui, je leur dis. D'accord, tenez-moi informé. Merci monsieur.

Il raccroche et regarde les deux touristes l'air désolé.

PETER
C'était le capitaine de police de Kolonia...

STEVE
Qu'y a-t-il ?

PETER
Lors des échanges de tirs, une balle perdue a perforé le réservoir d'essence de votre avion de chasse.

STEVE
Il ne manquait plus que ça. (Sarcastique) on va devoir rentrer en vol long-courrier...

LISE (mécontente)
Non Steve.... Je dois rapporter cet avion à bon port.

STEVE
Ça veut dire qu'on est bloqué ici, pendant que Tracy s'est fait la malle, je ne sais où. (Regardant l'ambassadeur) Savez-vous combien de bateaux sont partis depuis une heure et dans quelle direction ?

PETER
Je vais passer quelques coups de téléphone pour avoir l'information.

Il s'éloigne à nouveau, pendant que Steve affiche une mine désespérée.

STEVE
On va devoir passer la nuit ici...

LISE
Tu dis ça comme si c'était la fin du monde. C'est une magnifique île !

STEVE
Oui, mais je trouve cet ambassadeur un peu trop attentif.

LISE
Serait-ce là de la jalousie ?

STEVE
Ça se pourrait bien...

Lise sourit.

LISE
Mon dieu... s'il connaissait notre histoire...

STEVE
Oui, il vaut mieux qu'il l'ignore...

Lise n'apprécie pas la réponse de Steve. Elle attendait au contraire qu'il la réconforte. Mais Steve répond comme toujours à côté de la plaque. Il se dit intérieurement qu'il a merdé tout le long, en ne voulant jamais s'engager avec elle. Il ignore à quel point il a merdé...

LISE (vexée)
Très bien, on va passer la nuit ici ! (Soupirant) La nuit porte conseil !

Steve le prend mal, à son tour. Ils ne se comprennent visiblement pas. Peter revient.

PETER
J'ai une mauvaise nouvelle. Deux navires font route vers les îles Marshal, 4 vers l'Australie, et 3 vers la Polynésie française.

STEVE
C'est pas vrai... Bon je tente de joindre Joe pour lui dire qu'on a foiré notre mission royalement ! Soyez sages tous les deux.

Il s'éloigne. Peter fronce les sourcils, s'interrogeant sur la signification de cette dernière phrase. Lise désamorce rapidement la bombe.

LISE
Ne vous inquiétez pas... C'est la fatigue du voyage.

PETER
J'ai cru l'espace d'un instant qu'il me faisait passer un message...

LISE
Steve ?? (Mentant) Noooon, c'est pas son genre.

PETER
J'imagine que vous allez devoir passer la nuit sur l'île.

LISE
En effet...

PETER
Alors, permettez-moi de vous recommander un superbe resort tout proche d'ici.

LISE
Ce serait avec plaisir, mais nous sommes partis d'Hawaï comme des voleurs. Je vais voir avec Joe s'il peut nous prendre deux chambres low cost pour éviter d'aggraver notre situation...

PETER
Dans ce cas, laissez-moi vous inviter ! Ce n'est pas tous les jours que nous avons des hôtes de luxe.

Il lui fait un grand sourire charmeur. Steve s'en aperçoit au loin et raccroche énervé. Il n'arrive toujours pas à joindre Joe depuis qu'ils sont partis de l'ambassade...

Pendant ce temps à Hawaï, Joe vient enfin de se connecter en visio avec Sun Kwon du Pentagone. Elle le regarde mal à l'aise, toujours étonnée par la forte ressemblance avec son ami, le journaliste John Locke.

SUN
Bonjour Colonel White.

Elle marque une pause, l'air fébrile. Joe fronce les sourcils.

JOE
Bonjour Sun. Avez-vous pu examiner ma requête ? Le Commandant Steve McGarett et le Major Lise Rollings attendent que nous confinions l'île pour pouvoir prendre en chasse Tracy Strauss.

SUN
Votre requête est rejetée par le Pentagone.

JOE (surpris)
Oh ! Puis-je savoir pourquoi ?

Joe tente de sourire pour cacher son malaise.

Il voit Sun émettre un discret soupir. La situation ne semble pas lui plaire à elle aussi. Il ne tarde pas à être fixé.

SUN
Colonel... Dois-je vous rappeler que vous et votre équipe avez enfreint plusieurs de nos lois, dont le vol d'un F35, qui a été endommagé à deux reprises ?

JOE
Eh bien...

SUN (lui coupant la parole)
La première, lors d'une procédure dangereuse visant à forcer l'atterrissage. Décision prise par vos deux pilotes et contraire aux ordres donnés par le Pentagone. La deuxième, pendant l'attaque à l'aéroport de Kolonia. L'avion de chasse a été endommagé, et deux membres de l'US Navy exposés à une attaque hors sol américain. Sans compter que cette fusillade ne se serait pas produite sans leur présence.

JOE
L'enquête nous le prouvera. Car j'imagine qu'il y aura une enquête interne ?

SUN
C'est déjà tout vu, Colonel. Le gouvernement micronésien va se servir de ce faux pas comme d'un prétexte pour asseoir un peu plus son autorité dans les eaux maritimes américaines et renégocier ses contrats. Vos agents doivent immédiatement quitter les lieux par leurs propres moyens. Le gouvernement américain se désolidarise de leur action.

JOE
J'ai peur de comprendre...

SUN
Nous devons imposer des sanctions, ceci afin de préserver les relations avec les territoires océaniques et éviter à tout prix que la presse ne s'empare du sujet en raison des tensions récentes.

Il la voit déglutir, ayant un très mauvais pressentiment.

SUN
C'est pourquoi, en accord avec les membres du Conseil de Sécurité américain, nous nous voyons dans l'obligation de vous relever de vos fonctions, Colonel, ainsi que le Commandant McGarett et le Major Rollings.

JOE (écarquillant les yeux)
Que dîtes-vous ?

SUN
Ceci a effet immédiat.

Un homme élégant entre au même moment dans la warrior room. Joe le dévisage.

JOE
Qui êtes-vous ?

HOMME
Votre remplaçant, il semblerait.

Il s'avance vers lui et lui tend la main.

HOMME
Permettez-moi de me présenter. Je suis le nouveau Gouverneur Charles Widmore !

JOE (se tournant vers Sun)
Le nouveau Gouverneur ??

WIDMORE
L'ancien Gouverneur a été retrouvé mort.

JOE (s'étranglant)
Quoi ?! Quand ça ?

WIDMORE
Il y a une heure. Le médecin légiste a confirmé le décès par pendaison.

JOE
Oh mon dieu !

SUN
Le Gouverneur va prendre le relais avec nous.

JOE (amer)
Vous ne perdez pas de temps !

SUN
Nous appliquons la procédure, monsieur White.

Sun l'a appelé par son nom et non par son titre. Comme si elle venait d'effacer d'un revers de la main, 30 ans de sa vie, 30 ans de carrière à servir son pays.

JOE (abasourdi)
Très bien... Je... Je comprends.

Il se dirige vers sa chaise, l'air fébrile.

JOE
La place est à vous "Gouverneur".

WIDMORE
Merci.

Le nouveau Gouverneur se tient debout devant la chaise, attendant que Joe sorte de la salle, pour s'asseoir. Visiblement l'homme aime marquer son autorité.

JOE
Je suppose que je dois y aller...

WIDMORE (sarcastique)
Vous supposez bien !

Joe referme la porte doucement. Il se tient devant le bois en merisier, l'air complètement perdu. Il n'arrive pas à y croire. L'impensable vient d'arriver. Danny arrive au même moment dans le couloir et voit la scène.

DANNY
Joe, ça va ?

JOE (se tournant doucement)
Je... Oui... enfin...

DANNY (s'approchant)
Oh là, il se passe quoi ? Il est arrivé quelque chose à Steve et Lise ??

JOE
Non... enfin... Rien de grave, si ce n'est que nous venons d'être renvoyés tous les 3 de nos fonctions par le Pentagone.

DANNY
Quoi ?? Tu plaisantes ?!! Pourquoi ils auraient fait une chose pareille ?

JOE
Sortons... J'ai besoin de prendre l'air...