Washington, quartier de Georgetown, 

Pendant ce temps, à Washington il est midi. Un van blanc remonte l'avenue Wisconsin du quartier chic Georgetown. À son bord, Hugo et Maxine, la nièce de Libby.

MAX (côté passager)
C'est drôle, on est à Washington, et j'ai l'impression de traverser un village.

HUGO
Tu dis ça parce qu'ici aucune maison n'a plus de deux étages ?

MAX
Oui... C'est très propret. C'est apaisant...

Hugo lui lance un regard. D'après ce qu'il a compris, Max n'a pas eu une enfance facile.

HUGO
Alors comme ça tu viens de l'Indiana ? C'est quoi le nom de ton village déjà ?

MAX
Hawkins.

HUGO
Connais pas.

MAX (soupirant)
Il n'y a rien à dire...

Elle regarde par la fenêtre les pots de fleurs remplis de pétunias accrochés aux lampadaires.

HUGO
Et tes parents étaient d'accord pour te laisser deux mois en stage aussi loin d'eux ?

MAX
Mon père n'est plus là, il est parti il y a 2 ans. Et ma mère...

Elle soupire. Sa mère se bourre de médocs et d'alcool du matin au soir depuis que son père les a abandonnés.

HUGO
Je vois... C'est pas la joie.

MAX
Non...

HUGO
Moi aussi j'ai connu des étés difficiles. On n'avait pas beaucoup d'argent à la maison. Ma mère faisait des ménages et mon père était ouvrier dans le bâtiment. Et puis un jour, pour mon anniversaire il m'a offert ma première caméra.

Max se tourne vers lui, comprenant qu'il cherche à lui faire passer un message.

MAX
Et ?

HUGO
Et ça a changé ma vie, la vision que j'en avais. Je filmais tout ce que je trouvais. C'était tellement libérateur.

MAX
C'est comme ça que tu es devenu caméraman pour le Washington Post ?

HUGO
Ouep ! ll faut toi aussi que tu trouves ta voie. La chose qui va te tirer de ton monde pour te faire plonger dans un autre, plus fun.

MAX (soupirant)
Je n'attends que ça.

HUGO
Qui sait... si ça se trouve tu es la prochaine Juliette Burke !

L'idée séduit Max. Elle connaît Juliette grâce à sa tante. Elle admire son travail. Elle rêve en secret d'embrasser une carrière similaire.

HUGO (entrant dans une propriété)
On est arrivé !

Hugo se gare dans la cour.

MAX (descendant du van)
C'est quoi cet endroit ?

HUGO
Dumbarton Oaks ! Le berceau de l'ONU. Je dois venir faire des plans vidéos pour un reportage.

MAX
Cool !

Le gardien les reçoit.

GARDIEN
Bonjour. Vous êtes Hugo Reyes je suppose ?

HUGO
Vous supposez bien. Et voici mon assistante Maxine.

MAX
Bonjour.

GARDIEN
Bonjour jeune fille. Bienvenue à la villa de Dumbarton Oaks.  Venez, je vais vous faire visiter l'intérieur avant qu'une délégation arrive. Après, ça sera plus compliqué.

HUGO
J'ai pile une heure devant moi.

GARDIEN
Ça suffira largement. Ils reviennent vers 14h30.

Il les entraîne sous une verrière.

GARDIEN
Savez-vous que le premier projet de l'ONU a été élaboré ici ? (Se tournant vers la jeune fille) Tu connais l'ONU ?

MAX
Bien sûr ! L'Organisation des Nations Unies. On en entend beaucoup parler aux infos, depuis les attentats de Genève...

GARDIEN
Oui... Effectivement... C'est un peu la référence ces derniers mois.

Il les entraîne à l'intérieur de la maison, dans une pièce ancienne.

MAX
Waouh ! J'ai l'impression d'être dans un château médiéval français !

GARDIEN
La Conférence de Dumbarton Oaks s'est déroulée ici, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, du 21 août au 7 octobre 1944 précisément !

MAX
Ils lui ont donné le nom de la villa... c'est chouette !

GARDIEN
Les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Union soviétique et la Chine ont participé à la toute 1ère conférence de l'ONU. Il s'agissait de promouvoir les Nations Unies en s'inspirant de la Société des Nations, mais cette fois avec une implication particulière des États-Unis.

HUGO (filmant)
On se demande bien pourquoi...

MAX
Et qu'est-ce qu'ils ont fait pendant cette conférence ?

GARDIEN
Ils ont échafaudé la Charte des Nations Unies !

MAX
Ça sonne comme le Nouvel Ordre mondial....

GARDIEN
Tu es fan des théories du complot ?

MAX
Moi non. Mais mes amis à Hawkings, c'est une autre histoire...

HUGO (entre ses dents)
Vive Internet....

GARDIEN
C'est ici qu'ont vu le jour certaines institutions comme l'Assemblée générale, le Conseil de Sécurité, le Secrétariat et la Cour de Justice internationale de La Haye.

Il leur fait visiter les lieux pendant plus d'une heure et les entraîne dans un bâtiment moderne, tout en baies vitrées.

HUGO (apercevant des objets en vitrine)
Je peux filmer ces objets ?

GARDIEN
Bien sûr, il s'agit d'une collection d'objets byzantins et précolombiens.

MAX
C'est superbe !

Le gardien comprend que la petite n'a pas souvent l'occasion de visiter des musées. Il décide de lui présenter quelques pièces.

GARDIEN
Là, vous avez ce qu'on appelle "Le Sarcophage des Saisons". Dans le médaillon central, on peut y voir un couple, entouré de 4 anges.

MAX (se rapprochant pour voir l'anneau)
C'est les signes du zodiac ?

GARDIEN
Exact ! C'est une allégorie du temps qui passe, les saisons, les heures...

Max fait le tour des lieux, émerveillée par les différentes collections, pendant que Hugo filme.

GARDIEN
Nous avons également une bibliothèque de recherche avec plus de 200 000 articles ! Venez, je vous montre.

La jeune fille s'approche d'un vieux livre mis en évidence dans une vitrine.

MAX (lisant le descriptif à voix haute)
"Anciens monuments de l'Amérique centrale, du Chiapas et du Yucatan". C'est où ça ?

Hugo s'empresse de répondre à la place du gardien.

HUGO
Au Mexique !

Le gardien se tourne vers lui, en plissant les yeux.

GARDIEN
Votre nom, Reyes, vous êtes d'origine mexicaine ?

HUGO
Yep ! Du Yucatan justement.

MAX
Ce livre vient du Yucatan !

HUGO
Comme beaucoup de choses....

Hugo regarde sa montre.

HUGO
Oh mon dieu, je n'ai pas vu l'heure ! Je dois y aller.

GARDIEN
Déjà ?

HUGO
Oui, j'ai un autre rendez-vous. Merci encore pour tout. J'ai les rushs qu'il me fallait. Je vous tiens au courant pour leur diffusion.

GARDIEN
N'hésitez pas à revenir me voir si vous avez besoin de quoi que ce soit.

Hugo est déjà sur le départ, paniqué. Max le remercie.

MAX
Merci encore monsieur. C'était vraiment incroyable ! Vous avez une bien belle collection !

GARDIEN (lui souriant)
Tu peux m'appeler Sam.

MAX
Entendu... Sam.

Elle lui sourit timidement et disparaît dans la cour. Le gardien la regarde partir, attendri.

SAM
Vraiment adorable cette petite.

Hugo démarre la camionnette.

MAX (grimpant côté passager)
Tu es bien pressé ?

HUGO
C'est parce que je n'ai pas vu l'heure. Je dois te déposer au journal.

MAX
Je ne peux pas venir avec toi ??

HUGO
Euh, non... (Dans sa barbe) Sûrement pas.

Max fronce les sourcils et regarde dans le rétroviseur la villa disparaître derrière des arbres.

Hugo se retrouve vite piégé dans les bouchons.

HUGO
C'est pas vrai, il n'y avait pas tout ce monde quand on est arrivé !!

MAX
C'est parce que les gens étaient au restaurant...

HUGO (voyant l'heure tourner)
Non, non, non... Je ne vais pas avoir le temps de te déposer. Raaa, quel imbécile !!

MAX
Relâche-moi à un arrêt de bus. Je me débrouillerai.

HUGO
Tu veux que ta tante me lapide ? Non... hors de question !

Max le dévisage sentant que sa tante Libby l'impressionne.

MAX
Vous vous connaissez depuis combien de temps ?

HUGO
Avec Libby ? Ça doit faire 3 ans.

Il s'arrête à un feu et regarde l'heure, préoccupé.

HUGO
Si  je t'emmène avec moi, tu pourras m'attendre dans le van ?

MAX
Oui... comme tu voudras.

Hugo descend plusieurs artères dans Georgetown et arrive près de la Maison-Blanche. Il montre sa carte de presse à un guichet.

MAX (écarquillant les yeux)
Mais c'est... la Maison-Blanche ?! Tu as rendez-vous ici ?

HUGO
Oui... Écoute, j'aimerais que cette histoire reste entre toi et moi.

MAX
Ok.

Il se gare sur un parking visiteurs et laisse Max a l'intérieur du van.

HUGO
Je me dépêche. Je n'en ai pas pour longtemps.

Il fonce au Visitor Center de l'aile Est.

Il se présente au guichet du musée.

HUGO
Un adulte s'il vous plaît.

CAISSIÈRE (le voyant seul)
Le musée est uniquement ouvert aux enfants accompagnés d'un parent.

HUGO
Oh d'accord. Je... Je reviens.

La caissière le dévisage se demandant à quoi il joue. Il revient avec Max.

HUGO
Et voilà. Un adulte et un enfant s'il vous plaît !

La femme lui lance un regard suspicieux.

HUGO
C'est ma nièce, elle n'avait pas envie de suivre. Je pensais faire un petit tour rapide.

La caissière s'interroge sur cet adulte ayant laissé sa nièce sur le parking. Elle sort deux billets et lui tend en le mitraillant du regard.

HUGO
Merci.

À l'intérieur Max se rapproche de lui pour lui parler discrètement.

MAX
Tu peux me dire ce que tu es venu faire ici ??

HUGO
Je ne peux pas. Écoute, ne dis rien à personne, pas même à ta tante. On est d'accord ?

MAX
Oui... C'est pas comme si je faisais un stage d'observation...

HUGO
Voilà, c'est ça. Un stage d'observation... mais à garder pour toi ! Du moins cette partie.

MAX
Ok, j'ai compris...

Hugo repère une maquette au fond du couloir.

HUGO (s'approchant)
Elle est là !

MAX
C'est la maquette de la Maison-Blanche ?

HUGO
Oui.

Il regarde sa montre, nerveux.

HUGO
14h58....  (Sortant un billet de 10 dollars) Tu ne veux pas aller nous prendre une boisson à l'entrée, vers le vestiaire ?

MAX
On dirait que tu cherches à te débarrasser de moi...

HUGO
Mais non. J'ai très soif. Un coca fera l'affaire.

MAX
Tu ne veux pas venir avec moi ?

HUGO (nerveux)
Je peux pas. S'il te plaît !

MAX (soupirant)
Très bien, j'y vais...

Max part en se disant que deux mois comme ça, ça risque d'être long. Elle se demande si elle n'aurait pas dû rester à Hawkings tout compte fait pour les vacances. Mais la perspective de vivre H24 avec sa mère ne l'enchantait guère.

Pendant ce temps, Hugo tente de se calmer. Il voit un homme arriver dans sa direction avec une mallette. Il se redresse, tétanisé. L'homme tourne dans un autre couloir et disparaît.

HUGO (reprenant son souffle)
Du calme... Tout va bien se passer...

Une voix féminine le fait sursauter derrière lui.

FEMME
Hugo ??? Qu'est-ce que tu fais ici ?

Hugo se retourne et sursaute en voyant la correspondante du Washington Post à la Maison-Blanche.

HUGO
Nancy ?? Ne me dis pas que c'est toi... "Mittelos" ?!!!