Los Angeles, siège du FBI

Nancy et Jonathan sortent des locaux du FBI de Los Angeles.  Ils ont été retenus plus de deux heures dans les locaux par l'agent Hotchner les interrogeant sur John Locke. En sortant du commissariat, ils ont croisé le journaliste du New York Times qui leur a révélé que la femme suspectée de l'assassinat du Président américain n'est autre que Mary Majorana, leur nouvelle collègue fraîchement embauchée au Washington Post.

JONATHAN
Pourquoi tu n'as rien dit aux fédéraux pour Mary ?

NANCY
Parce que tu voulais passer les deux prochains jours au FBI ? Non, merci...

JONATHAN
Tu préfères mener l'enquête, c'est ça ?

NANCY
Oui. Si on lâche le nom de Mary en pâture, ils n'en feront qu'une bouchée. Si elle est innocente... Tu sais comme moi que le journal ne s'en remettra jamais... Et on risque de perdre nos emplois.

Elle voit des agents sortir du siège du FBI et l'entraîne à l'écart dans un parc.

NANCY
Quand Sayid m'a appelée pour me prévenir que je devais également prendre sous mon aile Mary pour cette conférence de presse, j'ai cru que c'était un gag.

JONATHAN
C'est sûr que te demander ça après t'avoir imposé Maxine, ça n'est pas cool. Toi, tu as travaillé dur pour avoir ta place... Mary n'a jamais fait de journalisme.

NANCY
Et pour couronner le tout, elle s'est pointée bourrée ce matin. Je me suis vite éloignée d'elle, car j'ai compris qu'elle serait ingérable et allait ternir la réputation de notre journal.

JONATHAN
Mais alors... Pourquoi Sayid a fait ça ? Et surtout comment se fait-il que la Maison-Blanche ait autorisé Mary à venir sur le site alors qu'elle n'a aucune expérience ?

NANCY
Si tu veux mon avis, toute cette histoire n'est pas claire. Entre John qui pète complètement les plombs et maintenant cette femme suspectée du plus gros scandale de la décennie.... Tout ça devient trop surréaliste.

JONATHAN
Par où tu veux commencer ?

NANCY
Sayid !  Il doit me rendre des comptes !

Elle s'assoit sur un banc, et sort son téléphone.

NANCY
On a enfin du réseau, mais bien sûr, son téléphone ne répond pas...

JONATHAN
Ma main à couper que le FBI a piraté ton téléphone pendant qu'on était retenu prisonnier dans cette salle.

NANCY
Tu crois ?

JONATHAN
Ils veulent des informations sur Locke... Ils sont prêts à tout.

NANCY (raccrochant)
Ok... Alors on fait quoi ?

Jonathan regarde la colline.

JONATHAN
Tu l'as dit... C'est le plus gros scoop de la décennie. On y retourne !

Nancy s'apprête à éteindre son téléphone, quand elle voit une notification.

NANCY
Qu'est-ce que....

Elle ne termine pas sa phrase et lit le message.

NANCY
Oh mon dieu !!

JONATHAN
Quoi ??

NANCY
Il y a une alerte tsunami près des côtes d'Hawaï. Ça a l'air sérieux. C'est suite... (lisant la suite) oh non...

JONATHAN
Quoi ???

NANCY
Les 5 volcans de Big Island à Hawaï sont entrés en éruption.

JONATHAN
Les 5 ??!

NANCY
Oui... Ce n'est vraiment pas bon signe.

JONATHAN
Écoute, tout ça est très perturbant, mais on s'en occupera plus tard. Pour l'instant on doit couvrir l'attentat du Président américain et retrouver Mary.

NANCY
Tu as raison.

Un peu plus tard,

Ils arrivent sur le site de l'observatoire Griffith sur les hauteurs de Los Angeles et découvrent le parvis noir de monde. 

JONATHAN
Attends, je rêve ou ils refont une conférence de presse ?

NANCY
Incroyable, les journalistes sont tous revenus.

Ils remarquent les techniciens en train de recâbler la scène sur le parvis, et de découper le tapis couvert du sang du Président.

NANCY
Ils nettoient déjà la scène de crime... Mon dieu, mais ils ont perdu l'esprit ??!!

Elle interpelle au même moment un journaliste qu'elle connaît.

NANCY
Jamie !!

JAMIE
Nancy ! Salut.

NANCY
Il se passe quoi au juste ? On a dû s'absenter deux heures...

JAMIE
Toi... Absente d'un moment pareil ?

NANCY
Ce n'était pas pas gaieté de cœur, crois-moi. Pourquoi ils sont en train de réinvestir les lieux ? L'enquête est bouclée ?

JAMIE
Oui, ils ont trouvé la coupable.

Nancy jette un œil à Jonathan.

NANCY
Et alors ?

JAMIE
Une mystérieuse femme a disparu quelques minutes avant que le président se fasse descendre.

NANCY
On connaît son nom ?

JAMIE
Non, le FBI convoque en ce moment même tous les journalistes ici pour les interroger. Tu n'as pas reçu de SMS ?

NANCY
J'en ai reçu plein, mais je n'ai pas eu le temps de les dépiler.

JAMIE
Un conseil, présentez-vous à l'heure, ces gars ne plaisantent pas.

NANCY (entre ses dents)
Sans blague...

Le journaliste prend congé. Jonathan s'approche pour parler doucement.

NANCY
Il faut qu'on retrouve Max, rapidement. Elle a peut-être des infos sur Mary, vu qu'elles ont commencé le même jour.

JONATHAN
Tu crois que Max est impliquée, elle aussi ?

NANCY
Tu ne trouves pas ça bizarre, que la Maison-Blanche ait choisi une ado comme porte-parole ?

JONATHAN
Ben si... Mais je ne vois pas Maxine compromise dans quelque chose d'aussi gros.

NANCY
Elle est peut-être victime d'une machination qui nous dépasse tous. C'est ce que nous devons découvrir.

Ils se fraient un passage dans la foule et arrivent devant la porte d'entrée du hall. Plusieurs journalistes manifestent leur mécontentement de ne pas pouvoir entrer dans l'observatoire interviewer la nouvelle équipe dirigeante.

JONATHAN
Par là !

Nancy reconnaît Hugo essayant de rentrer dans le hall.

NANCY
Hugo !! Tu es là !

HUGO (se retournant)
Ah ben c'est pas trop tôt !! Des têtes connues. Ces types ne veulent pas me laisser entrer. Je ne suis soi-disant pas accrédité.

NANCY
Il se passe quoi ?

HUGO
Aucune idée. Maxine est restée à l'intérieur. Mais pas moyen d'entrer. Et j'ai une requête vraiment urgente à faire parvenir à la cousine de l'attachée de presse.

NANCY (étonnée)
Tu lui veux quoi à Betty Applewhite ?

HUGO
Désolé, c'est top confidentiel.

Nancy et Jonathan se regardent, intrigués.

HUGO
Je peux rien dire.

NANCY
Allons discuter ailleurs, Hugo. J'ai moi aussi quelque chose d'important à te dire.

HUGO
Je ne peux pas ! Il faut vraiment que je communique cette info de toute urgence.

Il montre au même moment un bout de papier. Nancy comprend que quelque chose d'important se joue.

NANCY
Hugo... Crois-moi, tu voudras avoir toi aussi mon info !

Hugo hésite quelques secondes. Mais en entendant le vigile monter d'un ton pour dire aux journalistes de rebrousser chemin, il comprend qu'il  ne pourra pas franchir ce barrage.

HUGO
Ok... Je vous suis. Mais vite.

Ils se mettent dans le parc, un peu à l'écart. Nancy prend le ton de confidente.

NANCY
Je ne pourrais te révéler cette information -  à une condition - que tu me révèles la tienne.

HUGO
Mais c'est du chantage, ça !!

NANCY
Disons que c'est un échange de bon procédé.

HUGO
Tu n'es pas en train de me la faire à l'envers au moins ?

JONATHAN (intervenant)
Crois-la, son info est solide, Hugo !

NANCY
Même Sayid n'est pas au courant...

HUGO
Bon... Ok... Alors après toi !

NANCY
Très bien. Je viens d'apprendre que John Locke est recherché par le FBI

HUGO
Quoi ?? Mais pourquoi ??!

Nancy lui raconte l'histoire dans les grandes lignes.

HUGO
Noooon !! J'le crois pas !! Mais comment il a fait pour se mettre dans un pétrin pareil ?

NANCY
Aucune idée. Et impossible de joindre Sayid.

JONATHAN
À ton tour de nous dire pourquoi tu cherches Betty Applewhite.

HUGO
C'est l'attachée de presse qui m'a demandé de lui remettre une information.

Nancy le dévisage.

NANCY
Quoi ? Comment ça ? L'attaché de presse est à l'intérieur de l'observatoire avec l'équipe des conseillers du Président, non ? Pourquoi elle ne lui remet pas directement ?

HUGO
Euh.. c'est compliqué...

JONATHAN
Compliqué comment ?

HUGO (lâchant le morceau)
Ils l'ont virée.

NANCY
Qui ça ??

HUGO
La nouvelle Conseillère du Président,  la plus jeune du lot. Je sais plus son nom, la femme en rose, canon. Elle donne une conférence de presse dans le hall en ce moment.

JONATHAN
Mais l'attachée de presse est partie où ?

HUGO
Chais pas trop, mais elle était toute bizarre. Elle m'a tapé la bise... Genre, comme si on se connaissait.

JONATHAN
Vraiment ?

HUGO
Ouais...

NANCY
Quoi d'autre ?

HUGO
Elle était accompagnée par deux mecs du FBI.

NANCY (sourcillant)
"Accompagnée" ?

JONATHAN
Autrement dit, elle s'est fait remercier par la méthode forte...

HUGO
Ça en avait tout l'air !

Nancy et Jonathan se regardent, allant de surprises en surprises.

NANCY
Ça n'a pas de sens. Ils ne peuvent pas la renvoyer à un moment aussi crucial de l'histoire américaine.

JONATHAN
Sauf si elle a fait une erreur stratégique en pleine crise médiatique.

NANCY
Qu'est-ce qu'elle t'a dit exactement, Hugo ?

HUGO
Rien du tout, elle était toute bizarre. Elle m'a juste remis un bout de papier demandant de contacter Béatrice Applewhite. J'ai dû demander à une dizaine de journalistes avant de comprendre qu'il s'agissait de sa cousine et qu'elle est dans l'observatoire en ce moment même.

NANCY
Je peux voir ce bout de papier ?

HUGO
Si tu veux. Moi j'y comprends rien.

Nancy le lit.

NANCY
"Contacter Betty Applewhite ASAP ! 400". C'est tout ?

HUGO
Ouais... Si tu comprends quelque chose, dis-le-moi.

NANCY
"Asap" signifie de toute urgence en anglais. Mais ce chiffre 400... J'ignore ce que ça veut dire.

JONATHAN
Ça doit être un code !

Soudain Nancy repère Maxine près de la porte d'entrée de l'observatoire. Elle semble les chercher du regard parmi la foule de journalistes.

NANCY (criant)
Maxine !!

Jonathan et Hugo lui font de grands signes. Maxine les aperçoit et les rejoint. 

NANCY (l'étreignant)
Dieu merci, tu vas bien !!

MAXINE
Je n'ai que quelques minutes. Je dois retourner dans le hall pour continuer les annonces du gouvernement...

Elle leur montre du regard l'agent du FBI Desmond Humes, posté à l'entrée de l'observatoire.

NANCY
Ok, alors ce ne sera pas long... Est-ce que tu peux remettre ceci à Béatrice Applewhite de toute urgence ?

Dans le hall, l'agent du FBI Desmond Humes voit l'échange du bout de papier.

MAXINE
Qu'est-ce que c'est ?

NANCY
Aucune idée... Mais c'est urgent. C'est l'attachée de presse qui nous a dit de le remettre à sa cousine.

MAXINE
Vous savez où elle est ? Je m'inquiète.

HUGO
Euh...

Ils se regardent tous les trois.

MAXINE
Quoi ?

Nancy lui avoue la vérité.

MAXINE
Gilda l'a virée sous mes yeux. Je ne pensais pas que ce serait à effet immédiat...

NANCY
Tu sais pourquoi ?

MAXINE
Elles n'étaient pas d'accord sur la manière de gérer cette crise, et aussi...

Soudain Desmund arrive.

DESMUND
Rentre tout de suite, Maxine !

HUGO (s'interposant)
Ça va, on peut causer !

NANCY (sur le ton du reproche)
Combien de temps encore, vous aller séquestrer notre stagiaire ??

DESMUND
Je vous préviendrai.

NANCY
Trop aimable. Maxine, tu as mon numéro ?

MAX
Oui, mais, ils m'ont....

Elle n'a pas le temps de lui dire que l'agent Humes a confisqué son téléphone, qu'il lui coupe la parole.

DESMUND (toisant Nancy)
Je vous l'ai dit... Je vous préviendrais !!

Maxine retourne rapidement dans le hall, avant que la situation dégénère. Elle demande à un journaliste de lui indiquer la personne.

MAXINE
La voilà !

Elle remonte la foule en esquivant les demandes d'interviews.

MAXINE
Madame Applewhite ?

BÉATRICE (étonnée)
Oui...

MAXINE
J'ai un message pour vous.

Elle tend le bout de papier. En lisant le texte, Béatrice écarquille les yeux, avant de chercher quelqu'un dans l'assemblée.

BÉATRICE
Qui te l'a donnée ?

MAXINE (montrant Nancy dehors)
Nancy Whealer.

BÉATRICE
Je ne comprends pas. Où est ma cousine, l'attachée de presse ?

MAXINE
Euh... On lui a demandé de partir.

BÉATRICE
Qui ça ?

MAXINE (indiquant Gilda en train de discuter avec ses conseillers)
Cette femme !

Béatrice comprend que quelque chose de grave est en cours. Maxine voit le regard noir de Desmund qui vient de la retrouver. Elle met fin à leur conversation.

MAXINE
Si vous voulez bien m'excuser, je dois aller rejoindre madame Majorana pour la prochaine conférence de presse.

BÉATRICE
Bien sûr.

Soudain, Béatrice lui attrape le bras.

BÉATRICE
Petite...

MAXINE
Oui ?

BÉATRICE (murmurant)
Soit très prudente...

MAXINE (acquiesçant terrifiée)
Promis...

Béatrice sort rapidement du bâtiment et rejoint l'équipe du Washington Post dans le parc.

BÉATRICE (montrant le papier)
Je peux savoir où vous l'avez eu ?

HUGO (s'immisçant entre elle et Nancy)
C'est moi ! Votre cousine me l'a donné avant de partir. Vous êtes Betty Applewhite ?

BÉATRICE
C'est cela... et vous êtes l'équipe du Washington Post, si je ne m'abuse.

NANCY
En effet... Madame Applewhite, pouvez-vous nous éclairer sur ce qu'il se passe en ce moment même dans les coulisses du pouvoir ?

Nancy aime les approches directes. Elle voit le regard sombre et la mâchoire serrée de la journaliste.

BÉATRICE
Hélas, je ne peux rien dire.

Mais Jonathan n'y tient plus.

JONATHAN
Ça a un rapport avec l'éviction de votre cousine, n'est-ce pas ?

BÉATRICE
Comment savez-vous qu'ils l'ont renvoyée ?

HUGO
Je l'ai vu ! Elle était escortée par deux agents du FBI. Il se passe quoi au juste ? C'était quoi ce message ?

Béatrice regarde tout autour d'eux et s'assure que personne ne les écoute.

BÉATRICE (chuchotant)
Baissez d'un ton...

HUGO
Pourquoi ??

BÉATRICE
Un putsch est en ce moment même en cours...

NANCY
Quoi ?!!!

BÉATRICE
Moins fort, et ne feignez pas la surprise ! Il y a des caméras partout au cas où vous ne l'auriez pas remarqué !

JONATHAN (chuchotant)
Comment savez-vous que c'est un coup d'État?

BÉATRICE
Parce que Caroline a signé "400"sur ce papier.

HUGO
400 ? Qu'est-ce que c'est ?

BÉATRICE
Avec Caroline, nous utilisons des noms de codes pour parler d'événements graves.

HUGO
Et il correspond à quoi celui-là ?

BÉATRICE
Au conseil des 400, une institution créée après le coup d'État en pleine guerre du Péloponnèse à Athènes, en -411 av. J.-C.

NANCY
Donc, votre cousine essaye de vous dire qu'un coup d'État est en cours... ici ??

BÉATRICE
Hélas... ça en a tout l'air !

JONATHAN
Qui est derrière tout ça ?

BÉATRICE
Vous ne voyez pas ce qu'il se passe ?

NANCY
Pour notre défense, nous étions retenus au siège du FBI pendant 2h au lieu de couvrir l'attentat.

BÉATRICE (intéressée par l'information)
Vraiment ?

NANCY
C'était hélas pour une autre affaire sans aucun lien. Ce qui nous retient ici est bien plus important ! Que se passe-t-il ?

BÉATRICE
Les nouveaux conseillers ont pris le relais de l'exécutif.

JONATHAN
C'est normal, non ? Ils assurent l'intérim le temps que la Vice-Présidente arrive de Washington en avion.

BÉATRICE
Nous serons fixés d'ici 2h...

NANCY
Donc, ce que votre cousine essaie de dire, c'est que les nouveaux conseillers du Président essayent en ce moment même de renverser le pouvoir ?

BÉATRICE
J'en ai bien peur...

HUGO
Il faut prévenir les autorités !

BÉATRICE
Malheureusement sans preuve, cela va être difficile. Ce sera notre parole contre la leur. Et je ne sais pas vous, mais les agents du FBI sont particulièrement sur les nerfs...

JONATHAN
On avait remarqué....

NANCY
Donc, il faut trouver des preuves !

BÉATRICE
Et je ne vois qu'un moyen d'y parvenir.

Béatrice dirige son regard vers le hall d'entrée, où Maxine récite son texte aux journalistes devant Gilda....

BÉATRICE
Il nous faut un cheval de Troie, quelqu'un qui les approche suffisamment de près, tout en leur paraissant inoffensif....