Washington, cimetière d'Arlington, mercredi 11 heures

Alors qu'Hugo s'est démené pour convaincre Miles et John d'emmener Juliette hors du Pentagone, cette dernière lui a fait comprendre qu'elle n'avait plus confiance en lui. Pire même, après lui avoir expliqué ses visions sur Sophie, Juliette le prend à présent pour un fou, tout comme Miles.

HUGO (soupirant en regardant le caveau de Sophie)
Jamais personne ne me croira....

VOIX OFF
Il ne faut jamais dire jamais ! Moi je te crois !

Une voix derrière lui le fais sursauter. Un homme sort de derrière l'arbre.

HUGO (voyant un grand et bel homme)
Bon sang vous êtes qui vous ???

HOMME
James...

HUGO
Et pourquoi vous venez de dire que vous me croyez ?

JAMES (regardant tristement le caveau)
Parce que Sophie était... ma sœur !

HUGO
Vous êtes le frère de Sophie ?

JAMES
Oui...

HUGO
Mais vous n'étiez pas à l'enterrement sur les photos...

JAMES (s'avançant vers lui)
C'est quoi cette histoire au juste, le Mexique ? C'est ce qu'elle t'a dit ?

HUGO (ouvrant de grands yeux)
Alors, c'est vrai ?? Vous me croyez ??

JAMES
Je viens de te le dire, non ?

HUGO
Pourtant, tous ceux à qui j'en ai parlé m'ont traité de fou.

JAMES
Ouais je sais parfaitement à quoi ça ressemble...

James s'avance vers le caveau.

JAMES
Elle m'est apparue aussi.

Hugo ouvre la bouche.

HUGO
Noooooooon !

JAMES
T'emballe pas, elle m'est apparue en rêve.

HUGO
Oh... Je vois...

JAMES
Et tu sais ce qui est le plus fou ?

HUGO
Non...

JAMES
Elle m'a dit à peu près la même chose qu'à toi.

HUGO
Je ne comprends pas...

JAMES
D'éloigner Tom de Washington, qu'il courrait un grave danger. Autant te dire que quand je t'ai entendu en venant ici, ça m'a glacé le sang.

HUGO
C'est pour ça que vous vous êtes caché ?

JAMES
Entre autres...

HUGO
Et vous la croyez ?

JAMES
Jusqu'à présent, je prenais ça pour un rêve... Mais avec ce que tu viens de dire... Je ne suis pas du genre à croire aux hasards, même si j'ignore comment c'est possible. Tu connaissais ma sœur ?

HUGO
Je ne l'ai jamais rencontré avant. J'ai juste entendu parler d'elle à la télé, comme le monde entier. Je suivais les championnats d'eSport avant le grand tournoi. C'est l'une des rares filles a avoir été sélectionnée par l'IA. Et après, il y a eu les attentats du Louvre...

JAMES
Ouais elle et Tom ont eu une sacré presse, je suis sûre qu'ils n'étaient même pas au courant.

Il regarde le caveau en soupirant.

JAMES
C'est qui ce mexicain dont tu parlais ? Felipe ? C'est lui le responsable de sa mort ?

HUGO
Vous avez tout entendu ??

JAMES
Je t'ai posé une question...

HUGO
C'est ce qu'elle m'a dit.

JAMES
Et tu n'as aucune idée de comment le trouver ?

HUGO
Mis à part qu'il a travaillé à Washington.

James sort un téléphone portable. Hugo s'approche.

HUGO
Qu'est-ce que vous faites ?

JAMES
Une recherche Google...

HUGO
Pourquoi je n'y ai pas pensé...

JAMES
Peut-être parce que jusqu'ici tu étais convaincu que tout ceci n'existait pas....

HUGO
Ouais.... sûrement.

James pianote et parcourt des articles.

JAMES
Je crois que j'ai quelque chose... Felipe Hernandez, généticien mexicain.

HUGO
C'est lui !!!!

Il s'approche et regarde l'écran du smartphone.

JAMES
Il est venu ici au début des années 2010,  à l'université de Georgetown.

James lui montre une photo.

JAMES
On dirait que c'est le seul mexicain du groupe... Voici notre homme.

HUGO
Je connais le type qui est à côté de lui. C'est le doyen de l'université. On va souvent l'interviewer avec Juliette.

JAMES
Eh bien, je crois qu'on a notre après-midi de réservée...

HUGO
Vous voulez venir avec moi ?

JAMES
Avec qui d'autre tu veux y aller ? Tes potes ne te croient pas.

HUGO
Euh... Ok, mais je ne sais rien de vous.

JAMES
Relax, tout comme toi, je veux connaître le fin mot de toute cette histoire. Il s'agit de ma sœur, et (serrant les poings) du salopard qui l'a tué.

HUGO
Ok, dans ce cas venez. Je suis garé pas très loin. Je vais vous expliquer ce qu'elle m'a dit.

James sourit.

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Washington, Université de Georgetown

Hugo se gare devant l'Université Georgetown de Washington.

HUGO
Voilà tu sais tout ce que je sais.

JAMES
Et ton doyen, il va parler tu crois ?

HUGO
Eh bien, je sais qu'il m'aime bien, mais c'est Juliette qui lui délie la langue.

James le regarde bizarrement.

JAMES
Juliette, c'est la femme qui était là tout à l'heure?

HUGO
Oui, elle est journaliste.

JAMES
Ok, je vois... L'ombre d'un instant, j'ai cru que tu me parlais d'autres choses...

HUGO
Beurk, non... Juliette n'est pas de ce genre-là. Elle obtient les informations par la ruse. Une vraie magicienne, ou guerrière, c'est selon l'angle...

JAMES
Je n'ai eu que le son, pas l'image...

HUGO
Pourquoi tu te planquais derrière l'arbre ?

JAMES
Parce que je ne vous avais pas vu à l'enterrement de Sophie.

HUGO
Mais tu étais là ?

JAMES
Bien sûr, mais j'étais à l'écart. La douleur... c'est quelque chose que je ne supporte pas de montrer... (Changeant rapidement de sujet) Bon, écoute-moi bien. Si les choses s'enveniment dans le bureau du doyen, s'il n'est pas coopératif, tu me laisses faire. Surtout tu ne dis rien, tu te contentes d'acquiescer, c'est bien clair ?

HUGO
Euh, on ne va pas avoir de problèmes ?

JAMES
Mais non, t'inquiètes. On peut dire que je sais y faire en affaire.

HUGO
Ok, moi ça me va, le business c'est pas mon truc.

JAMES
Ton patron au Washington Post c'est qui ?

HUGO
Sayid Jarrah. Pourquoi ?

JAMES (souriant)
Pour rien...

Ils sortent de la camionnette et foncent vers l'entrée. L'hôtesse d'accueil reconnait Hugo, elle lui fait un grand sourire.

HUGO
Bonjour Angélique.

HÔTESSE
Bonjour Hugo... J'imagine que tu viens voir le doyen ?

HUGO
Affirmatif, m'dame.

HÔTESSE
Un instant, je l'appelle.

Pendant qu'elle passe son coup de fil, James lève discrètement le pouce vers le haut à Hugo.

HÔTESSE (raccrochant)
Vous avez de la chance, le doyen est disponible. Vous savez comment y aller ?

HUGO
Je connais le chemin...

Elle lui sourit. Ils empruntent un couloir donnant sur un patio.

JAMES
Eh ben, on peut dire que tu as tes entrées ici.

HUGO
C'est la carte de presse qui fait ça...

Ils sont reçus dans le bureau du doyen.

DOYEN
Vous avez de la chance, mon rendez-vous est annulé. Alors que puis-je pour le Washington Post, Hugo ?

HUGO
Oh, je ne suis pas là pour le travail.

DOYEN (surpris)
Ah...

HUGO
En fait si je viens vous voir, c'est parce que nous avons une question à vous poser sur l'un des chercheurs de l'université.

DOYEN
Si je peux vous aider, je le ferai. Prenez place, je vous prie.

Ils s'installent sur des fauteuils club en cuir bien rebondis.

DOYEN
Vous voulez connaître son rayon de recherches ?

HUGO (faisant la grimace)
Pas exactement...

Le doyen semble contrarié de ne pas pouvoir faire la promotion d'un de ses intervenants. Il croise le bras et les jambes en signe de son mécontentement. James réagit rapidement.

JAMES
Tout d'abord j'aimerais me présenter, James Ford. Je suis un associé dans un cabinet d'affaires new-yorkais. Je tenais à vous remercier pour le temps précieux que vous nous accordez. Je sais que cette entrevue n'était pas prévue, mais en déjeunant avec Hugo Reyes ce midi, il m'a parlé de votre établissement, et je dois dire qu'il n'a pas tari d'éloges.

Le doyen regarde Hugo avec un grand sourire.

JAMES
L'objet de notre visite est simple. J'étais dans les locaux du Washington Post quand Sayid, pardon le rédacteur en chef, c'est un ami, m'a recommandé de venir vous voir à l'improviste.

DOYEN
Monsieur Jarrah a bien fait. En quoi puis-je vous aider ?

JAMES
À dire vrai, je suis ici pour monter un juré.

Hugo le regarde de travers. James lui donne un coup de pied.

DOYEN
Un juré, mais pour quoi ?

JAMES
Mon cabinet est en train de monter une fondation autour de la recherche fondamentale. Nous sommes bien sûr basés à New York et étendons notre champ d'action sur toute la côte Est.

DOYEN
Je peux avoir le nom de votre formation ?

JAMES (sortant une carte de visite)
La PAN Initiative pour Protected Areas Network.

DOYEN
Intéressant. Et votre cabinet (lisant la carte) le cabinet  Sawyer ? Son nom ne me dit rien.

JAMES
C'est exact. Nous sommes une structure récente. Mais nous disposons de gros capitaux et d'investisseurs prêts à nous suivre.

DOYEN
Très bien, mais quel est l'objet de votre fondation ?

JAMES
Financer des recherches scientifiques. Nos investisseurs sont à l'affût de nouvelles technologies hors normes et sont prêts à aider toutes initiatives sortant des sentiers battus.

Le doyen se sent tout de suite à l'aise, pile dans son élément, oubliant de demander ses références.

DOYEN
Eh bien, je peux certainement vous aider. L'université de Washington abrite tout un panel de scientifiques des plus doués. Nous sommes d'ailleurs classés parmi les quinze premières universités des États-Unis.

JAMES
Une chance qu'ils ne soient pas tous au MIT...

DOYEN
Non en effet. Notre école de médecine est très réputée.

JAMES
J'avais remarqué. Vos locaux sont superbes.

Pendant que James passe de la pommade, le doyen se lance dans des explications faisant déjà regretter Hugo d'être venu.

DOYEN
Dès sa création, Georgetown s'est consacrée à la poursuite de la connaissance afin de servir la communauté. L'expérience médicale de l'université se concentre sur le principe de cura personalis : soin de la personne intégrale, psychologie, spiritualité et sociale, bien-être de l'individu, soin d'autrui ainsi qu'aux besoins sanitaires de notre société. Cette philosophie s'exprime à travers la recherche et la pédagogie, ainsi que le dialogue de sciences, de service, de foi et de technologie.

James voit Hugo taper du pied, s'impatientant. Il entre avec son plus beau sourire dans le vif du sujet, histoire de ne pas subir une présentation d'une heure sur l'une des ailes de l'Université.

JAMES
Monsieur Jarrah m'a parlé d'un certain professeur Hernandez et de son sujet de recherches. Pardonnez-moi, mais je n'ai pas bien tout saisi.

DOYEN
Le Docteur Felipe Hernandez, oui, en effet, mais ça fait quelques années qu'il n'exerce plus ici.

JAMES
Ses travaux avaient l'air très avant-gardistes.

DOYEN
Ça oui... Il travaillait sur le stockage ADN.

JAMES
Le stockage ADN, c'est ça ! Bien sûr ! Vous sauriez où nous pouvons le contacter ?

DOYEN
Euh... Non. Malheureusement, nous ne sommes plus restés en contact.

JAMES
Ah... C'est extrêmement ennuyeux...

Hugo sort de sa réserve pour venir en aide à James.

HUGO
Personne n'a repris ses travaux ou d'autres personnes avec qui il aurait travaillé ?

James le regarde. Hugo n'est pas Juliette, mais il sait ce qu'elle aurait dit à cet instant.

DOYEN
Eh bien, oui, il y a encore une personne dans cet établissement qui a travaillé avec lui, le professeur Bakounin.

JAMES (affichant un grand sourire)
Et pouvons-nous le rencontrer ?

DOYEN
Dans son laboratoire de chimie dans l'aide Sud.

JAMES
Si ça ne vous dérange pas, je serai ravi de l'interroger sur ces recherches.

DOYEN
Je doute qu'il ait changé de sujet depuis ce temps...

JAMES (se levant)
Et bien, ce sera le cas de connaître d'autres talents de votre établissement.

DOYEN
Vous ne voulez pas connaître les autres projets en cours ? Je peux vous présenter plusieurs professeurs.

JAMES (tapant sur l'épaule d'Hugo)
Je laisse monsieur Reyes revenir vers vous sur ces sujets. (Se levant) J'ai un autre rendez-vous. Mais je serai curieux d'entendre le professeur Bakounin.

DOYEN (contrarié)
Euh, très bien. Faites. Surtout, n'hésitez pas à revenir vers moi.

JAMES
Je le ferais. Merci.

Ils quittent rapidement le doyen, mais ce dernier n'est pas décidé à laisser s'échapper une chance de renflouer ses caisses.

DOYEN (interpellant sa secrétaire)
Caroline, vous prendrez rendez-vous avec Monsieur Reyes dans mon agenda.

SECRÉTAIRE
Très bien monsieur le Directeur.

Elle se tourne vers Hugo.

HUGO
Je repasse vous voir... J'ai un coup de fil à passer.

Elle les regarde partir, sans s'alarmer.

Une fois dehors, dans la grande cour...

HUGO (mécontent)
Je peux savoir à quoi tu joues ? C'est quoi cette histoire de dharma projet ??

JAMES
Relax, si on avait continué sur ta lancée, il ne nous aurait rien lâché.

HUGO
Qu'est-ce que tu en sais ?

JAMES
Il était en train de se braquer... Désolé de te le dire, mais tu ne sais pas t'y prendre avec ce genre de personnes. Il faut flatter constamment leur égo si tu veux qu'ils t'accordent la moindre confiance.

Hugo s'arrête de marcher et le regarde l'air mécontent.

HUGO
Ah ouais ??? Mais t'es qui toi d'abord ? C'est quoi ton boulot au juste ? Menteur professionnel ?

JAMES (souriant en coin)
Tu ne crois pas si bien dire...