Suisse, Observatoire du Sphinx, 5h du matin

Alors que le scientifique Bernard tente de retrouver le garde avec le bluetooth activé sur  son téléphone portable, Leslie le ramène de force à l'intérieur de l'observatoire du Sphinx. Bernard simule une crise de panique et s'écroule à terre devant l'entrée. Furieux, Leslie le met en joue quand une explosion retentit derrière l'observatoire. Bernard se plaque immédiatement au sol.

LESLIE (se redressant)
Oh non, c'est un désastre !!

Au même moment il voit le dôme mécanique de l'observatoire se refermer sur la lunette astronomique.

LESLIE (ouvrant de grands yeux)
Il faut couper le courant tout de suite !!!!! (Hurlant aux techniciens à l'intérieur du salon) Couper le courant !!! C'est un ordre !!

Il se précipite à l'intérieur du bâtiment avec les gardes, pour tenter de stopper les dégâts. Bernard s'approche discrètement de l'entrée, cherchant Kate.

BERNARD (murmurant, en voyant le chaos s'animer)
Dépêche-toi....

Il jette un œil au dôme et le voit entrer en collision avec la lunette astronomique, provoquant un grand boum métallique. Soudain, tout devient noir. Les lumières de sécurité du rez-de-chaussée s'enclenchent automatiquement.

Bernard regarde les ombres se mouvoir dans tous les sens. 

VOIX OFF
Pssit, Bernard !!

Il reconnaît la voix de Kate, cachée derrière une pile de couvertures.

BERNARD (retrouvant le sourire)
Kate, tu as réussi !!

KATE (jetant les couvertures au sol)
Il faut filer, vite, avant qu'ils se rendent compte du pot aux roses. L'hélicoptère est ici ?

BERNARD (faisant une grimace)
Non, il n'est pas revenu.

KATE
Alors, il faut trouver un autre moyen de quitter les lieux... par la falaise.

BERNARD
J'ai vu quelque chose qui pourrait nous aider dans le hangar.

Ils se mettent à courir vers le petit bâtiment annexe pendant que Leslie continue d'aboyer ses ordres dans le salon..

BERNARD (se tournant vers Kate)
C'était toi l'explosion ?

KATE
Non... Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

BERNARD
Aucune idée...

Soudain, ils entendent leur nom. A l'intérieur de l'observatoire, Leslie les appelle, en vain.

LESLIE
Retrouvez-les !!!

Bernard montre à Kate les traces de pas dans la neige, faites quelques minutes plus tôt.

BERNARD
Ces traces vont nous laisser un peu de répit....

KATE (le tutoyant dans le feu de l'action)
Qu'est-ce que tu voulais me montrer ?

Le scientifique fonce dans le hangar et en sort un petit bateau pneumatique.

BERNARD
Ils s'en servent pour apporter des vivres par la voix des airs.

KATE (sourcillant)
Tu veux descendre la falaise avec ?

BERNARD
Je connais un petit passage sans roche, très pentu, couvert de neige. On a peut-être une chance d'en réchapper en se laissant glisser sur ce canot pneumatique. La lune va nous aider. Elle  éclaire plus qu'à l'accoutumée, ce soir.

KATE
Et leurs skis ?

BERNARD (indiquant l'observatoire)
Ils sont de l'autre côté...

KATE
Ok. On n'a pas le temps... Go !

Ils sortent le canot et passent derrière le hangar.

Pendant ce temps dans le salon, Leslie s'époumone.

LESLIE
Comment ça, ils ne sont pas là ??! Alors retrouvez les !!! Vous avez regardé dehors ?

GARDE
Non...

LESLIE (hurlant)
Et vous attendez quoi ??? Une invitation ??!!!

Plusieurs gardes sortent de l'observatoire et cherchent des ombres se mouvant dans la lueur de la lune. Ne trouvant rien, ils se séparent.

Kate et Bernard sont plus bas. Ils dévalent le fossé couvert d'une trentaine de centimètres de neige, en portant de chaque côté le canot pneumatique.

BERNARD (s'arrêtant brusquement)
Stop ! Pas un pas de plus.

Kate devine un ravin, se dessiner à quelques mètres dans la pénombre.

BERNARD (inquiet)
On y est !

Ils s'approchent doucement, en posant le matelas sur le manteau neigeux.

BERNARD (montrant la falaise en contrebas)
J'ai eu le temps d'observer les lieux, plusieurs fois. Tu vois ce petit couloir blanc ?

KATE (inquiète)
Oui...

BERNARD
Certains gardes s'amusent à le descendre en ski... Il est pratiquement droit et descend sur 200 mètres. En gros il est aussi étroit qu'une rampe de lancement de saut de ski, des JO...

Plus haut, à la cime du pic, un garde se met à crier.

GARDE (Voix Off)
Par ici !! Il y a des traces dans la neige !!!

Kate se retourne vers Bernard.

KATE
On n'a plus le temps. Il faut y aller !!!

Ils placent le matelas près du bord du précipice et se positionnent à l'intérieur.

Au même moment, des rayons lumineux éclairent les airs en gigotant dans tous les sens.

BERNARD (se retournant)
Ils ont des lampes torches. Ils vont nous voir !!

KATE
Alors, allons-y !!!

Kate donne une grande impulsion, faisant basculer le matelas sur la piste inclinée presque à la verticale. Le bateau se lance sur la micro piste prenant très rapidement de la vitesse.

KATE (prenant une respiration, l'air fébrile)
C'est le grand plongeon....

BERNARD (terminant la phrase)
Ou le saut de la mort...

Les deux scientifiques s'agrippent aux poignées de chaque côté du canot. Le bruit du vent finit par couvrir la voix des gardes. Le vent siffle entre leurs oreilles, devenant de plus en plus strident en l'espace de quelques secondes.

Secouée de toutes parts, Kate commence à regretter son choix.  La petite file blanche devant elle, défile à toute allure. Les roches noires se rapprochent très vite du centre de la piste. Soudain, elle aperçoit une flaque noire sur la petite piste.

KATE
Oh non.... (criant vers Bernard) Accroche-toi !!!!

Bernard ferme les yeux et serre les poignées encore plus fort. Le canot passe sur une roche à toute allure, dans un grand craquement, le ralentissant un court instant mais surtout, le fissurant. Le matelas pneumatique commence à vibrer de toute part.

KATE (voyant la piste s'élargir)
On a quitté le couloir !!! On arrive sur une vallée moins pentue !

Bernard tente de résister pour ne pas lâcher le canot, tant les secousses deviennent de plus en plus fortes.

BERNARD
Le canot est percé, il ne tiendra plus très longtemps !!

Il se penche en arrière, presque couché, pour tenter de contenir un maximum de vibrations.

KATE (voyant une ombre se dessiner, paniqueé)
Non, non, non, il faut ralentir !!

Bernard tente de se redresser pour voir ce qu'il se passe, en vain. Le matelas s'approche à  grande vitesse d'une forêt sombre.

KATE (criant)
On fonce tout droit sur les arbres !!!!

Bernard penche la tête sur le côté et se fige de terreur.

KATE (criant)
Il faut chavirer tout de suite !!!!

Au prix d'un effort colossal, le scientifique parvient à se redresser.

KATE (tentant de le rassurer)
On est sur une plaine enneigée. C'est maintenant !!!

Kate se penche violemment de gauche à droite, imitée par Bernard. Le matelas commence à bouger dangereusement.

KATE
A la une, à la deux...

Elle n'a pas le temps de finir sa phrase que le matelas se retourne violemment sur la neige, provoquant une explosion de poudre blanche. Les deux scientifique se retrouvent propulsés dans les airs à une grande vitesse. Ils retombent violemment au sol, en dévalant lourdement le manteau neigeux sur plusieurs mètres. 

Au bout de quelques secondes qui paraissent durer une éternité, le silence finit par reprendre ses droits et inonder la vallée claire-obscure.