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138. Jus de chaussette

Suisse, Observatoire du Sphinx



Alors que Kate se retrouve prisonnière tout en haut de l'un des plus grands observatoires du monde, le Sphinx, elle fait la rencontre d'un scientifique, Bernard. Ce dernier a compris qu'elle a eu une vision en touchant un drôle de cadran métallique posé sur le sol du salon. Bernard tente discrètement d'en apprendre plus sur cette vision, sans en parler à Leslie.



BERNARD (murmurant à Kate)
Si vous avez vu quelque chose comme je le crois, alors sachez que je suis votre seule chance pour vous sortir de là.... en vie !



Leslie revient avec son café, en souriant. Au même moment, Henry descend et l'interpelle.



HENRY
Leslie, on aurait besoin d'un coup de main là-haut.




Leslie regarde Kate en faisant une grimace. Bernard se saisit de l'occasion.




BERNARD
Vas-y... Je la surveille.

LESLIE
Merci Bernard. Je reviens vite, Kate ! Ne fais rien de stupide pendant ce temps ! (Montrant les techniciens dans le salon) Tout ces gens sont armés. Donc n'essaie pas de t'enfuir ! Tu ne peux aller nulle part....



Kate lui sourit en serrant les dents, jouant toujours la comédie. Bernard la dévisage et attend que Leslie et Henry disparaissent à l'étage.




BERNARD (parlant fort, mal à l'aise)
Kate, j'imagine que tu dois vouloir du vrai café ?



Il lui fait un petit signe de tête pour qu'elle dise oui.




KATE
Eh bien, j'avoue que ce café est juste.... "immonde" !

BERNARD
C'est normal, cette machine n'a pas été révisée depuis quelques ann... enfin, quelque temps !




Kate ouvre de grands yeux et repose immédiatement le verre sur une table.




BERNARD
Dans la cuisine, il y a du vrai café. Suis-moi.



Elle regarde les 5 techniciens en tenue de laboratoire blanche, qui paramètrent du matériel informatique, sans leur prêter la moindre attention.



KATE
Très bien.



Bernard l'entraîne au fond du salon, et la fait entrer dans une cuisine construite en longueur. Il referme la porte et l'emmène à l'autre bout, vers la porte de sortie.



BERNARD (parlant doucement)
Très bien, dis-moi ce que tu as vu.



Kate le dévisage. Elle ne sait pas si elle peut lui faire confiance.



BERNARD
Je sais... tu te demandes si tu peux me faire confiance. Mais crois-moi, je suis ta seule porte de sortie.



Kate regarde la porte, pensant qu'il va lui ouvrir.



BERNARD
Non, je ne parlais pas de cette porte là. Elle est verrouillée. Je n'ai pas les clés. Tout ce que tu dois savoir, c'est qu'une fois que tu les auras aidés, ils t'élimineront.

KATE
C'est ce que l'Hydre leur a dit de faire, j'imagine ?



Bernard fait une petite moue et hoche la tête. Kate doit comprendre avant tout ses motivations avant de lui parler de ce qu'elle a vu.




KATE
Pourquoi vouloir m'aider ? Vous êtes leur prisonnier, vous aussi ?

BERNARD
Tu te doutes bien que je ne suis pas ici de mon propre chef... Je suis un scientifique. Je n'aime pas travailler avec une pression pareille... des techniciens avec des fusils, quelle hérésie !

KATE
Donc, ils vous gardent prisonnier... Pourquoi ?

BERNARD
Disons que je collabore parce que je n'ai pas le choix. Je ne peux rien te dire de plus...



Elle le fixe. Bernard semble sincère et effrayé.



BERNARD (lui prenant les mains)
Ne perdons pas de temps, dis-moi ce que tu as vu !



Kate réfléchit. Lui parler de Sophie n'aurait aucun sens. Elle tente une approche plus raisonnable.



KATE
Quand j'ai touché le cercle métallique, j'ai comme été... téléportée, enfin mon esprit. Mon corps était toujours là, dans le salon de l'observatoire.

BERNARD
Tu as été téléportée?? où ça ?

KATE (reculant en le dévisageant)
Euh.... Ça ne vous paraît pas incongru ce que je dis ? Que j'emploie le mot "téléportation" ??

BERNARD
Crois-moi, depuis que je travaille pour eux, le mot incongru est passé dans le langage courant. Où as-tu été téléportée ? Enfin, ton esprit ?

KATE
Dans un lieu sombre, il n'y avait pas de lumière du soleil.

BERNARD (ouvrant de grands yeux)
Tu parles d'une planète ?

KATE
Je crois, oui. Vous aussi, vous l'avez vu ?

BERNARD
Mon esprit a voyagé, mais dans un endroit différent. J'étais dans une sorte de jungle.

KATE
Une jungle ??

BERNARD
Un peu comme celle du Mexique. Une végétation luxuriante.

KATE (reculant à nouveau)
Du Mexique ??

BERNARD
Mais ce n'était pas ça.

KATE
Comment vous pouvez le savoir ?

BERNARD
Parce que le ciel avait une couleur bien différente, une couleur rose, violette, avec une ceinture d'astéroïdes la parcourant mais sans retomber, comme si les lois de la pesanteur lui étaient totalement étrangères.

KATE (étonnée)
Qu'est-ce que ça veut dire ?



Soudain la porte s'ouvre. Leslie apparaît. Kate serre les poings. Bernard le remarque et se retourne de façon à la cacher. Leslie dégaine le premier.



LESLIE
Ah, vous êtes là. !!! (Faisant une drôle de tête) Qu'est-ce que vous faites là d'ailleurs ???

BERNARD
Kate ne se sentait pas bien...



Leslie les dévisage en silence, avec une expression bizarre. Kate examine en un clin d'œil la salle et rebondit immédiatement.



KATE (passant devant Bernard)
Ok, très bien. Je vais lui dire la vérité.

LESLIE (se redressant en croisant les bras, sur la défensive)
C'est-à-dire ?!



Bernard panique intérieurement. Il a envie de saisir la main de Kate pour la stopper, mais s'abstient.



KATE (montrant une casserole de café fumant)
J'ai supplié Bernard de m'offrir un vrai café !



Soudain, elle s'énerve contre Leslie.



KATE
Non, mais, comment tu fais pour boire un jus de chaussette pareil ??? Tu as été trop aux États-Unis, Leslie ! Ce café est tellement imbuvable !! J'ai cru que j'allais vomir...




Leslie paraît étonné. Bernard se reprend et joue lui aussi la comédie.




BERNARD
Désolé, Leslie, je ne cherchais pas à te mettre dans l'embarras...



Leslie les regarde en silence. Il affiche toujours cette tête bizarre. Kate n'arrive pas à savoir s'il a deviné leur petit jeu. Une chance pour elle, qu'Henry ne soit pas là. Il l'aurait aussitôt démasquée. Elle profite de l'occasion pour servir une tasse de café bien chaude à Leslie et lui apporte.



KATE (parlant avec sa voix suave)
Tiens, goutte-le. Tu vas voir, celui-ci est divin en comparaison !



Kate n'a bien sûr pas eu le temps de le goûter. Elle prie de toutes ses forces pour que sa prophétie s'accomplisse. Leslie trempe ses lèvres.

Bernard s'approche, complètement paniqué intérieurement.



BERNARD
Alors, verdict ?

LESLIE (souriant)
Je dois avouer qu'il n'y a pas photo !!! Tu aurais pu le dire, Bernard, avant de faire subir une torture pareille à mon estomac...



En disant ça, Kate et Bernard entendent les borborygmes, ces fameux bruits d'estomacs, émaner du ventre de Leslie. Soudain son visage bizarre se tord de douleur. Leslie plie les genoux en reposant le café sur le plan de travail.



LESLIE
Je dois aller aux toilettes.... C'est une urgence !

BERNARD (bafouillant)
Je suis sincèrement désolé.... j'étais absorbé dans mes pensées tout à l'heure... Si j'avais sur pour la machine, je t'aurais...

LESLIE (parlant fort, en tapant du pied)
Les toilettes Bernard !!!!!

BERNARD

À l'étage.... La première porte à droite, après l'escalier.




Ni une ni deux, Leslie décampe en marchant les genoux pliés et en se tenant le ventre. Bernard et Kate attendent que la porte se referme pour rire doucement.



BERNARD (se grattant la nuque)
En plus c'est vrai, je n'y ai pas pensé sous le coup...



Kate se retourne immédiatement vers Bernard, et affiche un visage inquiet.



KATE
Comment pouvons-nous nous enfuir ?!



Bernard la regarde avec une expression de frayeur.



BERNARD
Je vous l'ai dit, je ne peux pas...

KATE
Alors, aidez-moi ! Quand l'hélicoptère s'est posé, je n'ai vu aucune route ni aucun chemin mener jusqu'ici.

BERNARD
C'est parce que l'observatoire n'est accessible que par la voie des airs... Vous avez vu sur quoi il repose ? Un pic rocheux, à flanc de falaise... On ne peut pas s'en échapper.



Kate regarde ses pieds et réfléchit à toute vitesse. Elle aurait du passer sa licence de pilote d'hélicoptère quand c'était l'heure. Mais au lieu de cela, elle avait demander à passer toutes les certifications sur le SecNumCloud, la dernière tendance en matière de cybersécurité, pour enrichir son CV. Si seulement Mickaël était là... Elle ne voit à présent qu'une solution pour s'échapper.



KATE
Alors je vais devoir prendre en otage le pilote de l'hélicoptère !



En disant cela, elle se saisit d'un couteau suisse traînant sur le plan de travail de la cuisine, derrière le café de Leslie.



BERNARD (effrayé)
Qu'est-ce que vous faites ??

KATE
Ne vous inquiétez pas ! Si le pilote coopère, je ne lui ferai aucun mal !

BERNARD
Comment allez-vous faire ? Vous avez vu le nombre d'employés ici ? En plus des gardes, tous les techniciens dans le salon sont armés !!!

KATE
Je trouverai bien un moment.

BERNARD (la prenant par l'épaule)
Écoutez, Kate, je ne mets pas en doute votre courage, même si je le qualifierai de folie. Mais attendez au moins cette nuit pour intervenir !

KATE
Et si le pilote quitte les lieux avant ?

BERNARD (la suppliant)
Non ! Il fait partie lui aussi du plan...



Kate s'apprête à lui demander de quel plan il s'agit, quand la porte de la cuisine s'ouvre avec fracas devant eux. Cette fois-ci, Henry surgit, et les mitraille des yeux tous les deux.



HENRY (hurlant sur Bernard )
Elle n'a rien à faire ici !!!



Il leur indique le salon en tenant la porte.



BERNARD
Du calme Henry... Nous venions chercher du vrai café. D'ailleurs vous en voulez ? Parce que Leslie a eu le malheur d'en boire et...

HENRY (sortant son arme et la pointant sur la tête de Bernard)
Encore une tentative de ce genre, Bernard, et vous êtes un homme mort !! Tout comme votre fils......

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