Paris - Porte Maillot, Palais des Congrès, enseigne de luxe

Au rez-de-chaussé du Palais des Congrès, Tom et Kate sont cachés dans les cabines d'une enseigne de luxe. L'un des tueurs à leur poursuite a repéré la vendeuse se dirigeant vers les cabine avec un costume à la main. L'homme s'approche du magasin, suspectant leur présence dans les cabines. Tom jette un coup d'œil à travers le rideau et le voit prêt à franchir le seuil de la porte.

TOM (parlant doucement)
J'ai oublié de vous dire, je cherche un costume rouge.

La vendeuse s'arrête en chemin, estomaquée.

VENDEUSE
Rouge ??

KATE (cachée dans sa cabine)
Oui, c'est une soirée à thème.

VENDEUSE
Euh.. très bien.

Dehors le deuxième tueur s'approche du premier stoppé à l'entrée et lui demande ce qu'il se passe. En voyant la vendeuse poser le costume sur une pile et soupirer, il regarde son collègue.

TUEUR
J'ai cru que.. (La vendeuse se retourne et les dévisage). Non, rien. Ils doivent être ailleurs.

Les deux hommes s'éloignent, pendant que la vendeuse repart dans son stock.

TOM (passant un coup d'œil derrière le rideau)
Ils sont partis !

KATE
Bien joué Tom !

Tom entre dans la cabine de Kate. Cette dernière est en entrain d'enlever son pantalon. Il sort aussi vite qu'il est entré et part se cacher à nouveau dans sa cabine.

TOM
Je... Je suis désolé Kate.

Au bout de quelques instants, Kate ressort et ouvre le rideau de Tom. Elle a enfilé la robe, fourreau verte.

TOM
Mon dieu, tu es... Tu es... Divinement belle !

La robe moule à la perfection son corps de rêve, décrivant de jolies courbes sur une silhouette fine et athlétique.

TOM
Prends-là, ce serait un crime de la laisser ici !!

VENDEUSE (réapparaissant derrière eux)
J'appuie ce jeune-homme. Cette robe vous va comme un gant.

KATE (se regardant dans la glace)
Et bien, j'avoue que je n'ai pas eu l'occasion de porter beaucoup de robes de ce genre.

VENDEUSE (tendant un costume bordeaux sombre à Tom)
Voici pour vous. Vous avez de la chance. C'est mon dernier.

TOM
Euh...

KATE
Vas-y, essaye le pour voir.

TOM
Ok.

Au bout de quelques instants, Tom réapparaît. Le costume lui sied à merveille.

KATE
Waouh !  Tu es superbe dedans.

VENDEUSE (se frottant les mains, ravie)
Vos tenues sont absolument assorties. Je suis certaine que vous formerez le plus beau couple de la soirée.

Kate sourit à la remarque. Tom se gratte la nuque mal à l'aise.

KATE
Est-ce que vous avez des chaussures pour aller avec ces habits ?

VENDEUSE
Oui. Votre taille ?

KATE
38.

TOM
43.

VENDEUSE
Je vais vous chercher ça.

La vendeuse s'éloigne. Tom regarde Kate.

TOM
Mais Kate, on ne va rien prendre, on n'a pas assez d'argent.

KATE (souriant)
Ne t'inquiète pas, j'ai un compte dans ce magasin.

La vendeuse revient avec deux paires de chaussures aussi chères que les costumes. Kate essaye des escarpins dorés, rehaussant sa silhouette.

KATE
Je les prends ! Et ceux de Tom aussi.

La vendeuse s'éloigne en direction de la caisse.

TOM
Je ne pourrais jamais te rembourser... Je gagne à peine le smic.

KATE
Oui et tu ferais mieux de changer de job. Dès que tout ça se termine, je vais tenter d'y remédier.

Tom rougit. Il se frotte les yeux en regardant du côté de la sortie.

KATE
Pardon, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise.

TOM
Non, ça va t'inquiète, je gère... Je suis un grand garçon.

Kate lui attrape les mains.

KATE
Va faire un tour dehors, pendant que je règle.

Tom sort du magasin en prenant soin de regarder si les tueurs ne sont plus dans les parages.

Il apperçoit un magasin d'un opérateur téléphonique et entre.

VENDEUR (avec un grand sourire)
Comment puis-je vous aider ?

Tom dévisage pendant quelques secondes le vendeur, qui se demande ce qu'il se passe.

TOM
Pardon, j'ai bugué, c'est juste que ce genre de phrase m'est très familière... Enfin, dans une autre vie.

Le vendeur tousse, mal à l'aise, ne sachant que répondre.

TOM
J'aimerais tester votre connexion wifi sur votre dernier modèle de téléphone, pour savoir si la connexion est rapide.

VENDEUR
Ah ça, elle l'est !!

Le vendeur l'amène vers un téléphone portable dernière génération.

TOM
Merci.

Le vendeur s'écarte. Tom consulte l'actualité.

TOM
Bon sang, ils maintiennent bien le sommet de ce soir au Louvre !!

Un homme se rapproche de lui.

HOMME
Oui, ça ne sent pas bon... Hein ?

TOM
Et bien..

HOMME
Avec ce qu'il s'est passé au musée d'Orsay, c'est de la folie de continuer de la sorte.

TOM
Ils n'ont peut-être pas le choix, vous savez...

HOMME
Voyons, on ne va pas se laisser dicter notre conduite par des machines artificielles.

TOM
Il s'agit d'une IA qui a accès à tout ce qui est numérique et même plus encore.

HOMME
Raison de plus. L'Homme a-t-il perdu la raison en laissant entrer l'IA dans nos vies ? Regardez, la machine est en passe de surpasser l'homme et de lui dicter sa conduite.

TOM
Et bien, je serai ravi d'en débattre, mais là je dois y aller.

HOMME (continuant sa tirade)
Nous sommes inconscients. Cela  ne présage rien de bon. Si ça continue, l'arme nucléaire ne sera même plus entre nos mains... Imaginez..

TOM
A vrai dire, je ne préfère pas.

HOMME
C'est bien là tout votre tord. Nous nous devons de combattre cette impérialisme technologique, sous peine de voir un jour notre monde éradiqué par une suite de 1 ou de 0.

TOM
Je pense que le problème est tout de même plus complexe.

L'homme le détaille de la tête au pieds.

HOMME
Hitler au pouvoir, vous savez, c'était la même chose ! On l'a laissé tranquillement faire ses manœuvres inhumaines pendant des années, avant de réagir trop tard.

TOM
Je n'irais pas jusque là...

HOMME
Et pourtant... Regardez autour de vous. Depuis l'annonce de ce championnat, si on peut appeler ça un championnat, le monde va très mal.

TOM
Mal comment ?

L'homme recule.

HOMME
Vous étiez enfermé où ces dernières semaines ?

TOM
J'étais... malade... Une opération. A vrai dire, oui je débarque un peu. Il s'est passé quoi ?

HOMME
Mais enfin... la bourse a déjà chuté, les salaires sont gelés, les ménages ne consomment plus, les emplois se raréfient. La société entière tourne au ralenti.

Le vendeur, écoutant la conversation discrètement, se rapproche.

VENDEUR
Ah ça ne me le faites pas dire. C'est catastrophique. Plus personne ne nous achète de téléphone. La paranoïa s'est emparée de tout le monde. A croire qu'ils rejettent tous la technologie à présent.

TOM
A ce point ??

VENDEUR
Bien sûr ça s'est calmé au fil des semaines, au début, c'était la panique, un peu comme si une guerre avait éclaté. Mais maintenant les gens vivent reclus.

HOMME
C'est pour ça que je dis qu'il faut éradiquer toute forme de technologie intelligente, avant que ce soit nous qui qui nous nous faisions rayer de la carte.

Au même moment, l'homme pousse un affreux cri. Il sort de sa poche son téléphone qu'il jette avec force par terre. Le téléphone prend feu. Le vendeur revient avec un extincteur.

VENDEUR
Il se passe quoi ?

HOMME
Satanée technologie !!!

Les lumières du magasin s'éteignent au même instant.  Un bruit de surtension s'amplifie au plafond.

TOM (poussant l'homme et le vendeur vers la sortie)
Il faut quitter cet endroit TOUT DE SUITE !!!